CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE : ETUDE DU
PROBLEME
1.1 Problématique
L'Afrique sub-saharienne a connu les taux les plus
élevés de croissance démographique depuis les
années 1970 et les taux les plus élevés d'infection
à VIH au cours des dernières années. Elle connaît
également des niveaux élevés de pauvreté
attribués dans une large mesure à la mauvaise gestion des
économies nationales, aux troubles sociaux et à la corruption.
Dans le cadre de la lutte contre les grands fléaux qui
menacent les populations, et celle contre la pauvreté et la promotion de
la bonne gouvernance, les organisations non gouvernementales et autres
associations qui ont proliféré dans la plupart des pays d'Afrique
sub-saharienne ont été les principales
bénéficiaires de fonds des partenaires techniques et
financiers. Les services fournis par le secteur public se sont
détériorés et sont devenus presque inexistants dans
certains pays mais les ONG ont largement comblé les fossés en
matière de services de base, de santé, de promotion et de
protection sociale, etc.
Il faut noter que certains spécialistes ne s'accordent
pas sur la définition d'une ONG ou Association. Certains y incluent des
organisations de base ou des associations des ressortissants d'une
communauté ou d'une localité donnée qui existaient
déjà du temps de la colonisation. Le panorama est large et va de
la structure paragouvernementale à la coquille vide créée
artificiellement sous l'impulsion ou sur le modèle des ONG
occidentales.
Quoique le nombre exact ne soit pas disponible, il y a eu un
accroissement rapide des ONG et Associations opérant dans le secteur de
l'Action Sociale. Ce développement a été en partie
accéléré par la reconnaissance de l'ampleur du VIH/SIDA,
la pauvreté croissante, les ajustements structurels et
l'incapacité des gouvernements à fournir certains services
essentiels. Beaucoup de donateurs ont été également
réticents à financer le secteur public `corrompu'. Comme
conséquence, les ONG ont continué à être
perçues comme d'importants acteurs privés pouvant être des
prestataires plus efficaces de services à l'endroit des populations.
Ainsi, le rôle et le développement des ONG et
Associations est étroitement associé aux changements des
conditions sociales, économiques et politiques des pays africains.
Celles-ci ont ainsi subi des changements importants au niveau de leur forme
d'organisation juridique, du contenu de leurs activités, de leurs
stratégies et de leurs zones d'intervention. A cet égard, les
changements contextuels des conditions politiques et sociopolitiques, la nature
des interventions des donateurs, et la mobilisation croissante des habitants
des zones rurales et urbaines ont eu un impact significatif sur la
manière d'opérer des ONG et Associations. Les réformes
économiques, le VIH/SIDA, les sécheresses et les guerres ont
conduit à des changements importants dans leurs activités. Aussi,
La transition d'une économie dirigée vers une économie
libéralisée au cours des dix dernières années a
également posé des problèmes majeurs aux ONG et
Associations dans le domaine des prestations de services et du plaidoyer.
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La gestion et le fonctionnement des ONG et Associations font
apparaitre certaines difficultés. Ainsi, on note une certaine
opacité dans le financement des acteurs de développement. Il
n'est actuellement pas possible de mesurer précisément la part du
secteur non lucratif dans les économies africaines. On ne sait pas non
plus dans quelle mesure les ONG locales dépendent des financements
publics ou des subventions des coopérations occidentales. De fait, elles
rendent peu compte de leurs activités aux services techniques. Sous
prétexte qu'elles sont fragiles et qu'elles oeuvrent pour le bien
commun, les ONG africaines échappent en grande partie aux exigences de
transparence que les bailleurs de fonds imposent à leurs homologues du
Nord, souvent instrumentalisées afin de répondre à des
objectifs de politique extérieure.
Dans un contexte de décentralisation qui rapproche le
pouvoir du citoyen, favorise l'engagement et la participation des acteurs et
des populations à la résolution des problèmes locaux , il
apparait donc la possibilité de contrôler ,d'évaluer
,d'orienter ou de réorienter les priorités rendant ainsi l'ONG ou
l'association dans une position de dépendance , de
vulnérabilité pour résister à
l'instrumentalisation.
Certaines ONG refusaient de donner des informations aux
autorités locales au risque de renseigner des régimes
répressifs créant une opacité sur leur financement dont
certains responsables d'ONG ou associations tirent profit pour s'enrichir.
Mais, à long terme, on voit vite les limites d'une telle approche, qui
empêche l'État de coordonner les efforts de développement
dans un cadre cohérent sur le plan national. Le Burkina Faso, qui compte
une pléthore d'ONG, illustre le problème de façon
saisissante. Une fois agréées par les autorités, certaines
ONG et associations de développement ne rendent en effet pas de rapports
d'activités et de bilans financiers à l'instance chargée
de contrôler leurs activités. Il est donc impossible
d'intégrer leurs réalisations dans les plans quinquennaux du
gouvernement. Incapables de remédier à la situation, les pouvoirs
publics ne semblent pas non plus en mesure d'éviter les abus. En
théorie, l'instance chargée de contrôler, pourrait
parfaitement suspendre, voire ordonner la fermeture des groupements inactifs ou
véreux qui continuent de profiter de facilités fiscales. En
pratique, elle n'use quasiment pas de son droit d'éviction. Craignant
d'être accusée d'attenter à la liberté associative,
elle laisse les ONG ou Associations bénéficier des avantages
octroyés par l'État sans risquer de sanctions lorsqu'elles se
dérobent à leurs obligations.
Les exigences de transparence peuvent pourtant se comprendre
dans un contexte où les associations n'échappent pas à la
corruption ambiante, travaillent sans contrôles financiers et s'appuient
sur des systèmes de gestion « inadéquats » si l'on en
croit des enquêtes universitaires. En l'occurrence, les pratiques
répressives des autorités ont plutôt servi à
justifier l'opacité des ONG, voire leur passage dans la
clandestinité. De fait, les associations humanitaires ont beau jeu de
dénoncer des manoeuvres liberticides lorsqu'un État leur demande
des comptes.
Dans bien des cas, un tel processus revient en fait à
déposséder les États de leurs prérogatives et
à confirmer la privatisation des services publics désormais
confiés à des acteurs associatifs. Aux yeux des bailleurs de
fonds de l'aide internationale, les ONG de développement sont en effet
parues plus fiables et plus efficaces que les administrations de gouvernements
très
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corrompus. Chargées de mettre en oeuvre les programmes
de l'aide internationale, elles ont permis de combler les défaillances
d'États qui n'avaient ni l'envie ni les moyens techniques d'assumer
leurs responsabilités sociales. Ce faisant, elles ont
entériné l'affaiblissement de pouvoirs publics qui, à
mesure que le secteur non lucratif s'étendait, ont souvent
renoncé à leur rôle de coordination en matière de
développement. Dans les États les plus pauvres, les ONG
occidentales et leurs partenaires locaux ont même concouru à vider
la fonction publique de ses meilleurs éléments en les attirant
avec de meilleurs salaires.
Une méfiance croissante depuis lors, les bailleurs de
fonds sont certes revenus sur leur enthousiasme à l'égard du
secteur associatif. Des interrogations ont vu le jour concernant la
représentativité et l'efficacité des ONG locales comme de
leurs équivalents internationaux. Le doute a gagné la
société civile.
En Afrique, la population a également commencé
à exprimer ses réticences.
Les spécialistes eux-mêmes en conviennent :
« Les ONG sont présentées comme les championnes du
développement de la lutte contre la pauvreté. Leur action est
expliquée, émaillée de louanges variées, mais pas
un mot sur l'ombre de leur tableau, aucune ne réserve sur leurs
insuffisances ».
A cette observation, certains répondent qu'il faut
ménager la sensibilité du public, mais surtout épargner
les donateurs. La difficulté de récolter des fonds obligerait
à une certaine retenue dans l'information. Si l'argument tient en
partie, il faut cependant se garder de se voiler la face et
méconnaître la réalité du terrain.
Le rôle des acteurs non étatiques dans la lutte
contre la pauvreté n'est plus à démontrer. En
témoigne l'implication croissante des ONG et Associations, aux
côtés du gouvernement et des PTF dans l'élaboration et la
mise en oeuvre des politiques et programmes de développement à
l'échelle nationale. Les ONG et Associations bénéficient
en outre de plusieurs atouts tels qu'une expérience de terrain reconnue,
un travail de proximité avec les populations, un engagement citoyen
à participer au processus de développement et à veiller
auprès du gouvernement au respect de ses engagements à travers
notamment l'élaboration, la participation à la mise en oeuvre et
au suivi du CSLP au niveau national.
Dans le cadre de cette contribution les ONG et Associations
doivent également s'assurer que les intérêts des
différentes catégories sociales - et notamment des hommes et des
femmes- sont réellement pris en compte, leurs droits respectés et
l'égalité en termes d'opportunités, d'accès aux
ressources et aux retombées des actions de développement
atteinte.
Malgré les appuis et les tentatives de structuration,
les ONG et Associations du Burkina souffrent de nombreuses déficiences
et contraintes structurelles comme le manque de coordination, le
dysfonctionnement interne, le déficit de communication institutionnelle,
un faible degré de concertation entre les diverses organisations et
entre celles-ci et les pouvoirs publics, un manque de transparence dans la
gestion des organisations, l'insuffisance de ressources humaines,
matérielles et financières, une faible capitalisation des
expériences et le trafic d'influence.
Ces faiblesses ont pour conséquence principale,
l'éloignement des organisations de leurs missions, de leurs objectifs
ainsi que de leurs bénéficiaires, mais aussi, et surtout,
entraînent une perte de crédibilité, de
légitimité et de visibilité de leurs actions. Dans ces
conditions, le malaise est profond et affecte tant les individus que les
différentes organisations et institutions. L'individu est aussi
incertain que la famille, la fatigue d'être soi concerne nombre de nos
contemporains tandis que les phénomènes d'isolement, de
marginalisation, d'anomie et de désaffiliation connaissent une
croissance exponentielle. On ne compte plus les essais faisant le constat d'une
société en quête de sens et dont les institutions
traditionnelles, école, syndicats, églises, partis etc. sont
éprouvées jusque dans leur existence même.
Les associations qui interviennent dans le secteur de l'action
sociale n'échappent pas à cette remise en cause fondamentale,
crise de la représentativité, crise de recrutement des
bénévoles, fonctionnement démocratique plus formel
qu'effectif, projet associatif non réactualisé, production de
services insuffisamment professionnalisée... Tout acteur associatif
lucide ne peut aujourd'hui nier la nécessité d'interroger les
fonctionnements des ONG et associations tant au niveau de l'instance politique
de l'association que de l'organisation productrice de services qu'elle
gère.
Dans la Région du Plateau central, on observe la
présence d'une Centaine d'associations et ONG qui oeuvrent dans divers
secteurs dont celui de l'action sociale. On constate des difficultés
dans la mise en oeuvre des actions en faveur des publics cibles. Ce
dysfonctionnement engendre des difficultés de suivi, de capitalisation
et de coordination tant au niveau provincial et régional qu'au niveau
national.
Au regard de ce qui précède, il nous
paraît opportun de susciter une réflexion qui puisse amener chaque
acteur, responsables ONG/Associations, services déconcentrés et
décentralisés et bénéficiaires à jouer
pleinement son rôle .Aussi , Cela nous a conduit formuler notre question
centrale qui est :
Comment les associations et ONG intervenant dans le
secteur de l'action sociale de la région du plateau central
interviennent- elles auprès des populations ?
Afin de cerner tous les contours de notre thème de
réflexion, nous tenterons à partir de cette question centrale de
répondre aux questions secondaires suivantes :
Quel est le nombre des ONG et Associations qui interviennent dans
le secteur de l'action sociale de la région du plateau central ?
Quels sont les domaines d'interventions des ONG et associations
intervenant dans la région du plateau central ?
Quel est la nature des interventions des ONG et associations
intervenant dans la région du plateau central?
Quelles sont les difficultés liées aux
interventions et à la coordination des interventions ?
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