RESUME
Une étude a été menée sur
l'évaluation du niveau d'attaque de la striure brune
du manioc (CBSD) au plateau des Batéké dans la ville de
Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Au total 6
localités : Mutiene, Bwantaba, Mbankana, CADIM, Mongata et Kingawa
avaient été prospectées. Dans chaque localité, 5
champs choisis au hasard avaient fait l'objet d'analyses phytosanitaires.
Les résultats obtenus ont révélé
que la CBSD était présente dans les localités de Bwantaba,
Mbankana, CADIM et Mongata, tandis qu'elle était absente dans les
localités de Mutiene et Kingawa. La plus forte incidence de la maladie
était de 49%, enregistrée à Bwantaba alors que la plus
faible incidence était de 9%, enregistrée à Mongata. La
sévérité de la CBSD la plus élevée
était évaluée à la cote 3, observée dans les
localités de Bwantaba, Mbankana et la cité de CADIM alors que la
plus faible sévérité équivalant à la cote 2
avait été notée dans la localité de Mongata.
L'analyse de l'incidence de la maladie par
variété de manioc a révélé que la plus forte
incidence soit 70% a été enregistrée chez la
variété Mahungu tandis que les variétés Zizila et
Likando avaient exprimé la plus faible incidence, soit 20% des sujets
attaqués. La plus forte sévérité de la CBSD par
variété équivalait à la cote 3 et avait
été enregistrée chez les variétés Mvuama,
TME 419, Likando, Sadisa, Mahungu, Kingawa, Mambungu et Mbankana, alors que la
plus faible sévérité moyenne équivalait à la
cote 2 et avait été enregistrée chez les
variétés RAV et Zizila.
L'analyse des facteurs agro-environnementaux a permis de
conclure que ces facteurs n'ont pas influencé de manière
significative, le développement de la CBSD dans les différents
champs prospectés. Au regard de l'kge des champs, on a noté que
les champs âgés de 1 à 6 mois n'avaient pas
présenté les symptômes de la CBSD contrairement aux champs
âgés de 7 à 12 mois, et de plus de 12 mois.
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INTRODUCTION
Le manioc appartient au genre Manihot et
désigne à peu près une centaine d'espèces dont
l'aire d'origine se situe en Amérique du Sud, plus
précisément dans le bassin d'Amazonie. Une seule espèce
(Manihot esculenta) est cultivée pour ses racines
tubérisées. Cette espèce est considérée
comme originaire du Brésil (Rogers et Appan, 1973).
Le manioc est considéré comme une plante
rustique, présentant de grandes facultés d'adaptation à
des conditions écologiques variées, souvent défavorables
pour d'autres espèces de culture. Sa culture s'étend
approximativement entre 30° de latitude Nord et Sud, et dans ces limites,
jusqu'à 2000 m d'altitude au plus. La production satisfaisante du manioc
dépend également de la variété, des soins
culturaux, de la qualité du matériel de plantation, de
l'époque de plantation et de l'état phytosanitaire de la
plantation (Sylvestre et Arraudeau, 1983).
Dans la plupart des pays humides du monde, excepté la
Thaïlande; le manioc est une source importante d'hydrates de carbone. A
l'échelle mondiale, l'Afrique demeure la zone de plus forte production,
mais elle est rattrapée par l'Asie, dont la production autres fois
inférieure à celle de l'Amérique latine, la dépasse
maintenant largement (FAO, 2000).
La République Démocratique du Congo (RDC) se
classe à la 5eme place au monde après le Nigeria, le
Brésil, la Thaïlande, et l'Indonésie et à la
2ème place en Afrique après le Nigeria, sur base de
tonnes des racines produites par an. Le Manioc en RDC, est la principale
denrée de base et constitue à la fois une source de revenus pour
environ 70% de la population (FAO, 2001). La production locale satisfait la
demande nationale, et ne connait pas officiellement l'importation contrairement
au Maïs et au riz qui connaissent un accroissement dans l'importation.
Les données statistiques de la FAO (2000) indiquent
qu'en RDC, la production des racines tubéreuses du manioc qui
était évaluée à 19.4 millons de tonnes en 1995 est
descendue à 15.8 millions de tonnes en 2000. Les causes de cette baisse
de production et de faibles rendements du manioc en milieu paysan sont
multiples. On peut citer à titre illustratif la baisse de
fertilité des sols, l'usage des variétés
dégénérées et pratiques culturales non
performantes, auxquelles s'ajoutent les attaques des ravageurs et maladies qui
entrainent d'énormes pertes de rendement en champ.
Parmi les maladies, Ntawuruhunga & Legg (2007) soulignent
que des attaques de la mosaïque africaine, African cassava
mosaïque virus (ACMV) et de la striure brune du manioc, Cassava
brown streak virus (CBSV), apparaissent actuellement comme des contraintes
majeures de la culture du manioc, avec des grandes conséquences
économiques. Dans le contexte de la RDC, pareille situation est de
nature à perpétuer davantage l'insécurité
alimentaire dans ce pays connaissant des guerres civiles à
répétition.
2
situation sanitaire du manioc dans plusieurs zones
agro-écologiques de la RDC et d'autres pays africains reste alarmante.
Dans le cas de notre travail, les hypothèses suivantes peuvent
être évoquées :
- le virus de la striure brune du manioc est présent dans
les champs paysans installés au plateau des Batéké ;
- les variétés améliorées en
diffusion au plateau des Batéké, de même que les
variétés locales ne possèdent pas la résistance
face à la striure brune du manioc et sont l'objet d'attaque par cette
dernière.
Le présent travail se situe dans le contexte de
l'évaluation du niveau d'attaque de la striure brune du manioc au
plateau des Batéké. L'objectif est d'analyser l'incidence et la
sévérité de cette maladie dans les champs paysans
installés dans les localités paysannes situées au plateau
des Batéké. Les résultats de ce travail, nous permettront
de se rendre compte de la situation actuelle et de formuler les recommandations
utiles pour la protection de la culture du manioc contre cette maladie. Ce
travail comporte trois chapitres. Le premier chapitre se rapporte à la
revue de la littérature, le deuxième chapitre traite du
matériel et méthodes, et le troisième chapitre
présente les résultats et discussion. La conclusion et quelques
perspectives mettent un terme à ce travail.
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