Chapitre 3 : Forme et symbolique de
la peinture contemporaine.
3.1 Technique
La toile a vite remplacé le panneau utilisé dans
les premiers temps du courant artistique pour des facilités de transport
et de stockage dans le cadre du marché. Les artistes utilisent
principalement l'acrylique, de couleurs traditionnelles ou non, selon leurs
préférences. Les aplats sont faits à l'aide de pinceaux
alors que les points sont peints soit traditionnellement avec le bout d'un fin
bâton (ILL.47) ou avec les doigts, soit avec un coton tige ou un pinceau
(le bout du manche tout comme les poils). Comme pour les peintures de sable, la
toile est posée par terre et l'artiste (ou les artistes) tourne(nt)
autour pour peindre (ILL.48). Les motifs principaux sont peints en premier
(ILL.49) suivis des motifs secondaires puis le fond (Isaacs 1999, 13-4).
Certaines règles liées aux connaissances
religieuses et à la parenté organisent les rapports entre
peintres. On est le kirda d'un Rêve hérité de son
père et le kurdungurlu d'un Rêve hérité de
sa mère. Le kirda est « propriétaire » de la
terre associée au Rêve, il a sur celle-ci des droits
économiques et spirituels alors que les kurdungurlu sont les
gardiens de la terre possédée par les kirda. Il en est
de même pour les peintures de Rêve : les kurdungurlu
vérifient que le kirda qui peint le Rêve respecte
les règles de représentation. Ces règles ne sont pas
appliquées aussi strictement pour les peintures destinées au
marché que lors des cérémonies mais personne ne peut
peindre un Rêve sans la permission du kirda et du
kurdungurlu (Anderson 1989, 102-3). Généralement, une
peinture est le travail de deux ou trois peintres, dont le kirda qui
connaît le Rêve le plus profondément. Il est souvent celui
qui peint les éléments principaux de la peinture ou si ce n'est
pas le cas, il supervise le déroulement des opérations, donnant
des indications à un peintre peut-être plus talentueux que lui.
Les peintres chantent souvent les chants
associés au Rêve qu'ils représentent.
(Anderson 1989, 102-3).
3.2 Description formelle
3.2.1 Caractéristiques générales
Les peintures du désert apparaissent abstraites aux
néophytes. Comme les peintures corporelles, de sables ou rupestres, les
principaux motifs utilisés dans les peintures contemporaines du
désert sont des cercles concentriques, des lignes, des points et des
signes en flèches, en U ou en E (ILL.50). On pourrait dire qu'en
général, la peinture est composée d'un fond de points
colorés sur lequel sont placés les motifs significatifs mais la
réalité est plus diversifiée, tant selon les
régions que selon les artistes. Certains n'utilisent pas du tout de
points mais des traits de pinceau (ILL.51), d'autres n'utilisent de points que
pour contourner les motifs principaux laissant le fond uni (ILL.33), d'autres
encore font des tableaux uniformes sans qu'aucun motif précis ne s'en
détache (ILL.52) ou insèrent des personnages et des
éléments figuratifs...(ILL.34)
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