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L'art du désert - Etude des peintures aborigènes contemporaines du désert central d'Australie dans le contexte de la culture aborigène et du marché de l'art.

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par Amandine Dooms
Université Libre de Bruxelles - Histoire de l'Art et Archéologie. Civilisations non-européennes 2001
  

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3.2.2 Tentative de classification

On ne trouve pas, dans la littérature sur le sujet, de classification nette de l'art du Désert. Certains auteurs donnent quelques caractéristiques propres à telle ou telle région mais sans analyse approfondie. Je pense qu'une classification correspondant aux principaux centres de production est judicieuse et justifiée. En effet, en observant l'ensemble de la production, on voit que certains éléments caractérisent telle ou telle provenance. Ces caractéristiques sont principalement le fruit de l'histoire de chaque centre de production, par les choix successifs des peintres et l'influence des conseillers artistiques. L'artiste n'est pas limité par un

académisme régional, on trouve donc dans chaque centre une production diversifiée mais avec presque toujours un style dominant. J'ai tenté de mettre en évidence les éléments qui caractérisent ce style dominant. Sans entrer dans les détails, cette analyse me semble suffisante pour pouvoir resituer un tableau (appartenant au style dominant) dans son contexte grâce à ses caractéristiques formelles.

3.2.2.1 Papunya

Papunya est le lieu du commencement du courant artistique (cf p.35-8). L'organisme Papunya Tula artists Pty Ltd, créé sous Geoffrey Bardon, rassemble les oeuvres des artistes de Papunya, et des artistes pintupi de Kiwirkura et de Kintore9 (communication personnelle :Petitjean 2002). Les peintures de Papunya Tula ont suivi une nette évolution. Au début des années septante, les tableaux (ILL.32-37) sont souvent faits assez grossièrement sur un morceau de bois trouvé au hasard. Les artistes expérimentent alors ces nouveaux médiums et cela se sent. Les couleurs sont traditionnelles. La composition n'est pas toujours bien maîtrisée, on sent des difficultés pour s'adapter à la forme rectangulaire : les angles sont souvent laissés vides. On trouve déjà des points chez quelques artistes mais peu les utilisent pour couvrir tout le fond. Johnny Warrangula Tjupurrula (ILL.35) est l'initiateur de ce fond de points qui va se généraliser. Les tableaux, d'abord petits et sur bois, se sont progressivement aggrandis et l'utilisation de la toile s'est imposée dès 1975. De 1979 à 1981, Andrew Crocker, alors conseiller artistique de Papunya, soucieux de faire entrer l'art aborigène dans la sphère de l'art contemporain, a encouragé les artistes à faire des très

grands formats. Parallèlement, il a fait des monographies d'artistes et des fiches d'authenticité semblables à celles du marché contemporain (communication personnelle 2002 Georges Petitjean ; Ryan 1989, 24-9).

Aux débuts du courant artistique, des éléments réalistes comme des figures humaines (ILL.34) et des instruments rituels étaient représentés mais ils ont disparu assez rapidement laissant la place exclusive aux signes symboliques, notamment pour mieux conserver le caractère secret et ésotérique : les signes symboliques avec leur polysémie permettent différents niveaux d'interprétation selon les connaissances (Caruana 1994, 109-10) (cf. p.52-3). Les peintures de Papunya Tula se caractérisent par la présence quasi systématique d'un fond de points placés en lignes qui épousent les contours des symboles géométriques de base comme les cercles et les lignes (ILL.53). Les compositions sont souvent très organisées symétriquement. Les couleurs utilisées sont les quatre couleurs traditionnelles : le noir, le blanc, et les ocres rouges et jaunes. Actuellement, les points ont tendance à se coller les uns aux autres ce qui procure à la peinture un effet de texture très particulier et ce qui, lorsque les points sont blancs, les pousse à l'avant-plan (ILL.54, 55).

Les femmes de Papunya Tula peignent depuis l'arrivée en 1981 de la conseillère artistique Daphne Williams. Actuellement, leurs tableaux se caractérisent par l'utilisation de cette texture particulière dans des couleurs pastel (ILL.56, 57) (Isaacs 1999, 26).

D'autres artistes de Papunya Tula ont fait preuve de plus de liberté par rapport
aux traditions, ils rencontrent d'ailleurs la désapprobation d'autres initiés

9 Les pintupi du Kintore étaient dans le centre de Papunya jusqu'à leur libération en 1976 lorsque le gouvernement mit fin à la politique d'acculturation. Ils sont alors retournés sur leurs terres d'origine du Kintore (Communication personnelle: Petitjean 2002).

aborigènes (cf. p. 63). Ce sont, par exemple, Ronnie Tjampitjimpa (ILL.59), Mick Namarai Tjapaltjarri (ILL.60), Turkey Tolson Tjupurrula (ILL.61) ou Timmy Payunka Tjapangati (ILL.63). Ils sont partis d'un signe particulier (ILL.58, 58b, 62) de leur Rêve et le monumentalisent ou le juxtaposent formant ainsi des oeuvres géométriques et très abstraites, dans lesquels les initiés qui ne connaissent pas la démarche ne reconnaissent plus le Rêve (cf. p.62)(communication personnelle Petitjean 2002).

Dans une production tellement abondante que les qualités des peintures sont très variées, Papunya s'impose comme un lieu de production d'oeuvres assez exceptionnelles.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand