3.2.2.2 Utopia
Utopia est une communauté aborigène
située à environ deux cent soixante kilomètres au nord-est
d'Alice Spring. Utopia est le nom donné par les cultivateurs blancs au
début du vingtième siècle, il est resté mais son
vrai nom aborigène est Angarapa (Ross-Manley 1997, 53). Vers
1975, une femme d'Ernabella a enseigné aux femmes d'Utopia la technique
du Batik. Il n'a pas fallu longtemps pour que de nombreuses femmes adoptent
cette technique qui correspond tout à fait aux habitudes collectives des
femmes aborigènes. Elles sont assises ensemble autour de la cuvette de
cire et elles peignent en discutant. La teinture se fait à la
chaîne. Le bouillon, pour faire fondre la cire, est tout aussi collectif
puisqu'il faut de nombreuses mains pour alimenter le feu. La cohésion du
groupe et le plaisir de la soie et des couleurs ont rapidement rendu le batik
populaire. La vigueur qui ressort de leur soie est due à la
rapidité et la spontanéité dont il faut faire preuve pour
appliquer la cire sans qu'elle ne durcisse trop vite (ILL.64, 65) (Ross-Manley
1997, 53-7).
Dans les batiks, le rouge, l'orange, les jaunes et les bruns
prédominent : les couleurs du désert. Certains, plus rares,
utilisent aussi des verts et des bleus. C'est plus tard que les toiles ont
commencé à intéresser les femmes d'Utopia. Leur style vif
et spontané s'est transposé sur la toile en grands traits fluides
et confiants et caractérise maintenant une grande partie de la
production d'Utopia (ILL.66, 67).
Certaines femmes d'Utopia utilisent les points d'une
façon particulière: elles les juxtaposent en différentes
couches créant ainsi des effets qui rappellent la technique des
postimpressionnistes (ILL.68-71). Les techniques d'aquateinte et de gravure ont
également fait leur apparition chez les femmes d'Utopia. (Ross-Manley
1997,53-7)
3.2.2.3 Yuendumu
Les peintures de Yuendumu se distinguent de celles de Papunya
par un style très libre et désordonné, aux couleurs
vibrantes et variées. Les peintures des femmes (ILL.40, 72, 73)
utilisent plus de courbes que celles des hommes où les lignes droites
des voyages parcourus organisent l'espace (ILL.38, 74). Cependant, les
peintures de Yuendumu sont rarement aussi organisées que celles de
Papunya. Les points utilisés par les femmes sont également
beaucoup plus petits que ceux des hommes (Ryan 1989, 68-72). Les conseillers
artistiques qui se sont succédés à Yuendumu ont
participé à la conservation des caractéristiques des
peintures, si ce n'est que certains artistes ont tenté d'organiser un
peu plus leur espace. (Ryan1989, 68-72).
3.2.2.4 Lajamanu
L'art de Lajamanu n'a jamais été pris en main
par un conseiller artistique. Les artistes ont donc pu évoluer librement
et chacun a trouvé son style. La production de Lajamanu s'en trouve
particulièrement diversifiée. On peut néanmoins trouver
quelques caractéristiques générales à l'art de
Lajamanu : dans les premières années surtout, les fonds de points
était très souvent blancs (ILL.42, 43) ce qui est plutôt
rare à Papunya et Yuendumu. Les compositions sont plus simples et plus
ordonnées qu'à Yuendumu mais n'atteignent pas l'ordre
austère que l'on retrouve souvent dans les peintures de Papunya Tula
(ILL.75). La palette de couleurs est plus variée qu'à Papunya
mais peu d'artistes utilisent une palette aussi large que celle de Yuendumu ou
de Balgo Hills.
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