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Le roman pour adolescents et les outils numériques, évolution d?un paysage éditorial. comment internet devient le tremplin du marketing littéraire et des grands formats jeunesse ?

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par Adriana Tourny
Université de Villetaneuse Paris XIII - Commercialisation du livre - en alternance 2011
  

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Conclusion

La littérature ados et jeunes adultes a été marquée par le succès triomphant d'Harry Potter. Le petit sorcier est venu modifier toute la chaîne de l'édition jeunesse, installée dans ses traditions pédagogiques et prescriptives. Les jeunes s'emparent des romans grands formats, la peur de cet acte solitaire s'évapore pour faire place à une frénésie. Les éditeurs, en voyant ce lectorat s'éveiller, vont prendre conscience que des centaines de possibilités se dessinent devant eux. Plaire aux jeunes n'est pas une tâche aisée et les éditeurs acceptent de revoir leurs politiques éditoriales ainsi que leur image de marque. Ainsi, des collections entières sont relookées, arrêtées et créées. L'édition jeunesse, en étudiant de plus près ces jeunes lecteurs, a remarqué l'influence grandissante d'Internet et du téléphone portable. Les jeunes communiquent sans cesse, sur tout et à propos de tout. Des communautés se créent autour de passions communes dont évidemment, la littérature. Ainsi, la prescription traditionnelle des professionnels du livre et des parents s'estompent pour laisser la place à la prescription des pairs. Les jeunes s'influencent les uns les autres, ils préfèrent s'écouter plutôt que d'écouter les marques dont ils doutent, légitimement, de l'honnêteté. C'est ainsi que les jeunes prennent du pouvoir aux éditeurs. Les lecteurs et même les non-lecteurs vont sur le Net pour exprimer leurs envies. Envie d'un nouvel Harry Potter, envie de frissons, d'aventures, d'une histoire fantastique sans fin... Les blogs, les forums et les réseaux sociaux comme Facebook deviennent de véritables plateformes de discussions littéraires. Les internautes commentent, critiquent et conseillent les éditeurs sans se soucier si ceux-là écoutent ou non. Pourtant, les éditeurs écoutent et enquêtent. Ces jeunes, issus de la génération Google, de la génération « zapping », savent se faire entendre et intéressent les éditeurs qui voient en eux l'occasion de se renouveler et de lâcher prise. Les digitals natives obligent les éditeurs à comprendre Internet et ainsi à adhérer aux nouvelles techniques de communication. L'ère numérique a commencé, elle n'est plus un projet, une possibilité. Par conséquent, s'initier au webmarketing et au socialnetworking paraît l'une des premières choses à connaître avant même de penser produire des livres numériques. Les éditeurs jeunesse se sont donc aventurés dans la communication et la promotion online en créant des mini-sites dédiés, des pages Facebook ou des blogs. Ils ont compris que les internautes-lecteurs réclament une interactivité. La passivité est exclue. L'éditeur doit nourrir constamment ses sites de nouvelles informations (vidéos, photos, extraits...). Un véritable travail supplémentaire de création de contenus est

ajouté au travail d'origine de l'éditeur. Il faut animer des quizz, organiser des jeuxconcours, répondre aux internautes et pour cela, lire leurs commentaires. Les services marketing voit aussi leur travail doubler, du offline au online, la communication se complexifie. Le marketing traditionnel devient rapidement du marketing viral que les éditeurs ont du mal à contrôler. Les internautes s'emparent des informations des professionnels pour animer leurs discussions d'un site à un autre. Faire remonter l'impact d'une campagne promotionnelle sur le Net peut paraître impossible aux éditeurs qui n'ont pas encore toutes les techniques pour maîtriser leur travail. De cette demande découle la création d'un nouveau métier, très en vogue aujourd'hui, celui de community manager.

Chargé d'animer les communautés sur le Net, le community manager est un poste entre responsable marketing, éditeur et attaché de presse. Il veille au bon déroulement de la campagne Internet, tisse des liens forts avec les internautes et étudie l'impact de la campagne. La responsabilité du community manager est très lourde. La e-réputation d'une marque peut être rapidement entachée si le community manager ne fait pas correctement son travail. C'est pourquoi ces postes attirent plus particulièrement des jeunes personnes, initiées au numérique ainsi qu'à la communication via les réseaux sociaux. Il est bon signe pour les futures générations que l'édition s'ouvre sur de nouveaux métiers. Le dynamisme actuel qui habite les maisons d'édition doit être mis au service de la création. Internet est venu modifier notre communication mais aussi nos liens avec la culture. Les adolescents et jeunes adultes ont compris qu'Internet peut leur permettre de se faire entendre auprès des marques. L'édition de littérature jeunesse, qui ne connaissait que la devise : << L'offre crée la demande » doit aujourd'hui s'habituer à << La demande crée l'offre ». Et si la demande ne crée pas totalement l'offre, elle l'influence beaucoup.

Alors, à la question : << Dans quelles mesures les nouvelles technologies, dont principalement Internet, prises comme armes marketing littéraire, ont-elles participé à imposer le roman pour adolescents sur le marché éditorial ? », nous pouvons désormais répondre que les nouvelles technologies participe grandement au succès actuel du roman ados. La reconnaissance de cette littérature n'est pas encore totale au sein du monde du livre, qui la relègue souvent au stade de littérature de divertissement. Pourtant, les chiffres

reflètent un changement d'esprit138 au sein de la population de lecteurs français. Si les bestsellers sont en majorité des sagas anglo-saxonnes, certains éditeurs publient des romans ados - adultes français, originaux, engagés et de qualité littéraire similaire à la littérature générale. Comme cette dernière, la littérature jeunesse est faite de différents styles pour les goûts de chacun mais elle mérite une reconnaissance absolue de littérature à part entière.

De là, nous pouvons aussi répondre à la question : << Comment le roman pour adolescents permet à l'édition de se renouveler grâce à un lectorat qui s'affirme largement dans le paysage culturel avec des pratiques innovantes ? ».

Les jeunes lecteurs ont attiré les éditeurs sur la Toile et les ont obligés à revoir leurs politiques éditoriales et leurs stratégies marketing. Les digitals natives ont fait entrer l'édition, et non seulement l'édition jeunesse, dans une nouvelle ère. La communication n'est plus autoritaire et descendante mais horizontale. Les internautes-lecteurs communiquent avec les éditeurs, ils les remercient, les guident et parfois les critiquent. De véritables échanges se font grâce à Internet. L'interactivité réclamée par les jeunes inspire les éditeurs. Bayard prouve, avec Cathy's Book et Skeleton Creek, que le livre imprimé regorge de possibilités avec le soutien des technologies. Il ne s'agit plus seulement de promotion mais de relation et de création. Du livre papier interactif on imagine déjà ce qu'un livre numérique pourra contenir. Échanges instantanés sur un paragraphe, annotation d'une phrase, envoi d'un extrait à un ami etc.

L'éditeur doit évoluer, devenir marketeur, community manager et << ami » des lecteurs. Le roman ados a relevé un challenge que la littérature générale commence à peine à toucher du doigt. Car si quelques éditeurs et auteurs de paralittérature générale, comme Guillaume Musso et Marc Levy, ont depuis longtemps leur site et leur blog, ce n'est que récemment que les maisons d'édition de littérature générale comme Gallimard se lancent. Les éditions du Seuil, Flammarion, Plon et beaucoup d'autres n'ont encore rien développé sur Internet. Pourtant, viendra un jour où les jeunes lecteurs, les digitals natives seront adultes et se tourneront vers la littérature générale. Que se passerait-il si les éditeurs n'étaient pas au rendez-vous ?

138 Op.cit. Annexe D. Etudes GfK : Courbe de saisonnalité des sorties caisse GfK des romans ados de janvier à juillet 2010 et 2011 en chiffre d'affaires, avec et sans l'effet Twilight.

L'édition du livre se modifie et il peut être difficile de prendre assez de recul pour comprendre les évolutions et en tirer des leçons. Par conséquent, les éditeurs doivent s'entourer de personnes aptes à les conseiller et les guider. Reculer ne servirait à rien. L'édition ne sera en danger que si les éditeurs ne se préparent pas aux futurs changements que les nouvelles technologies engendrent. Le passage au numérique ne se fera que si tous les acteurs de la chaîne du livre s'y mettent à leur tour. Comme nous l'avons vu pour la littérature ados - jeunes adultes, certaines librairies et bibliothèques ont déjà adopté Internet afin d'améliorer leur communication et favoriser la diffusion de la culture. Internet va rendre plus accessible la lecture à ceux qui n'avaient pas les moyens ou les reflexes de s'y intéresser. C'est un devoir pour les éditeurs, en tant que passeurs d'art et d'idées, que d'investir cet outil et de le maîtriser parfaitement.

La ville de Paris et l'organisme Region Innovation Lab ont décidé de créer le laboratoire de l'édition numérique. En plein coeur du Quartier Latin, un immeuble de 500m2 sera entièrement consacré à l'avenir du livre numérique.

À la fois incubateur de projets innovants et plateforme d'informations et de rencontres sur les mutations du secteur, le Labo de l'édition va accompagner les acteurs traditionnels dans leur adaptation aux enjeux du numérique. Son objectif est aussi d'aider les jeunes éditeurs à croître et à trouver leur pérennité professionnelle. Piloté par Lyne Cohen-Solal, adjointe au Maire de Paris chargée du Commerce, de l'Artisanat et des Métiers d'art et par Jean-Louis Missika, adjoint au Maire de Paris chargé de l'Innovation, de la Recherche et des Université, le Labo aura également pour vocation de s'ouvrir au grand public et de contribuer ainsi à la diffusion de l'information sur les nouveaux supports et nouveaux usages.

Trois objectifs seront déterminants pour le rôle que ce labo veut endosser :

· accompagner les professionnels du livre, libraires et éditeurs indépendants désireux d'accéder au marché numérique.

· soutenir les projets innovants du secteur de la librairie et de l'édition numérique.

· mutualiser des compétences, des espaces de réunion, de travail, de convivialité, des outils (réseau internet haut débit, banc d'essai multi supports du livre numérique, local d'enregistrement audio).

Ce projet est signe d'un réel besoin de formation auprès des acteurs de la chaîne du livre. Si le livre papier a encore beaucoup de temps devant lui, les techniques de ventes, de promotion, de distribution et de diffusion vont peu à peu se dématérialiser. C'est grâce à ses jeunes lecteurs, issus de la génération numérique, que l'édition jeunesse a pu anticiper ces modifications. Il est certain que l'avenir de l'édition sera fait de surprises. Toutefois, nous pouvons encore nous demander qui, entre les éditeurs et les lecteurs, nous surprendra le plus ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo