REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
INSTITUT DES REVISEURS-COMPTABLES
« I.R.C »
KINSHASA/GOMBE
Compétence
Indépendance
Dignité
LE REVISEUR COMPTABLE FACE A LA FRAUDE
CONTEXTE CONGOLAIS - R.D.C
Grégoire KALONJI TSHINTU
Expert-comptable IRC
Travail présenté et défendu en
vue de l'obtention du titre de Réviseur Comptable
Maître de stage : Jean Pierre NZAU
Réviseur-comptable
2011
Table des matières
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
i
INSTITUT DES
REVISEURS-COMPTABLES
i
« I.R.C »
i
KINSHASA/GOMBE
i
LE REVISEUR COMPTABLE FACE A LA
FRAUDE
i
Grégoire KALONJI
TSHINTU
i
Maître de stage : Jean Pierre
NZAU
i
Réviseur-comptable
i
Liste des Abréviations
i
Liste des Tableaux
i
Dédicace
i
In memoriam
i
Avant-propos
i
Epigraphe
i
PREMIERE PARTIE :
1
Généralités
1
CHAPITRE 1 :
1
Introduction
Générale
1
Section 1 : Etat de la
question
1
Section 2 :
Problématique
1
La question vaut la peine d'être
posée.
1
Section 3 : Hypothèse
1
Notons d'ores et déjà que dans la
présente étude, les vocables « reviseur comptable
d'entreprise », « auditeur externe »,
« commissaire aux comptes » seront indifféremment
employés dans la conception générique comme professionnels
de la comptabilité, à l'exception de certains
développements spécifiques en cas de besoin.
Erreur ! Signet non
défini.
Section 4 : Intérêt du
sujet
1
Section 5 : Limitation de l'objet de
l'étude.
1
Section 6 : Méthodes et
techniques.
1
Section 7 : Canevas de
l'étude
1
CHAPITRE 2 :
1
Généralités sur la
fraude
1
Section 1 :
Définition
1
La fraude peut être définie selon
trois points de vue.
1
Source :Mémoire de fin du 2e
cycle ISC, Kodila 2005
Erreur ! Signet non
défini.
Section 2 : Quelques
considérations sur la fraude.
1
Source : Mémoire de fin du
deuxième cycle ISC, Kodila, A., 2005
Erreur ! Signet non
défini.
Source :La problématique de la
détection de la fraude et de la prévention du risque de fraude...
Kodila, A.,Mémoire 2e Cycle ISC.2005.
1
2.1. Causes, raisons, indices et triangle
de la fraude
1
· Causes
1
· Raisons et indices de
fraudes
1
La première condition
Erreur ! Signet non
défini.
La deuxième condition
Erreur ! Signet non
défini.
La troisième condition
Erreur ! Signet non
défini.
2.2. Caractéristiques et types de
fraudes
1
·
Caractéristiques
1
· Types de fraudes
1
Le premier type comprend une liste de
fraudes sous l'aspect comparatif.
1
Le deuxième type ce sont des fraudes
classées selon l'enquête de PWC de 2005 en France, Europe de
l'Ouest et dans le monde
1
Le troisième type de fraudes, ce
sont de formes des fraudes dans les entreprises
1
Le Quatrième type ce sont des
fraudes empruntées au Rapport de Transparency International sur la
corruption en RDC.
1
2.3. Conséquences et Coûts de
la fraude
1
· Conséquences de la
fraude
1
· Coûts de la
fraude
1
2.4. Bref aperçu de la fraude en
France, en Europe de l'Ouest et dans le monde
Erreur ! Signet non
défini.
Tableau n°3 : Victimes de la
fraude par industries (monde)
Erreur ! Signet non
défini.
Tableau n° 5 : Victimes de
fraudes par l'industries (monde)
Erreur ! Signet non
défini.
La fraude en RDC fera l'objet d'une analyse
approfondie dans l'annexe C.
Erreur ! Signet non
défini.
2.5. Lutte antifraude
Erreur ! Signet non
défini.
2.6. Gestion de la fraude :
Prévention, Détection, Révélation,
Sanction.
1
·
Prévention
1
· Détection
1
Tableau n° 4 Comment la fraude
a-t-elle été détectée ?
1
·
Révélation
1
DEUXIEME PARTIE :
1
Le Reviseur Comptable face à la Fraude
1
Section 1 Quelques rappels sur l'audit
externe
1
Section 2 : Evolution des objectifs de
l'audit : de la répression de la fraude à l'image
fidèle des comptes annuels.
1
Chapitre 4 :
1
Approche d'une mission d'audit et la
fraude
1
Section 1 : Normes d'audit relatives
à la fraude.
1
Section 2 : Risque de
fraude
1
2.1 Rappel sur le concept de
risque
1
2.2 Types de risque de fraude
1
Risque de mission d'audit = risque
inhérent x risque de contrôle × risque de non
détection par l'auditeur.
1
2.3 Evaluation des risques de
fraude
1
Source : Audit et Contrôle des comptes,
Robert OBERT
1
Section 3 : Introduction de facteurs
de risques spécifiques à la fraude dans la démarche
d'audit
1
3.1. Des facteurs de risque de fraudes
relatifs à des anomalies pouvant conduire à la
présentation d'états financiers mensongers.
1
· Attitude et comportement de
la direction et son influence sur le système d'organisation du
contrôle interne.
1
· Caractéristiques
propres à l'industrie
1
3.2. Des facteurs de risque de fraudes
provenant des caractéristiques opérationnelles de l'entité
et de sa stabilité financière
1
3.3. Des facteurs de risques de fraudes
pouvant conduire à des anomalies provenant de détournement
d'actifs
1
Section 4 : Démarche de
l'auditeur dans une mission avec prise en compte de risques de fraudes et
irrégularités
1
4.1. Etapes de la démarche de
l'audit avec risque de fraudes
1
i. Principe de
base
Erreur ! Signet non
défini.
ii. Objectif et principes
généraux de l'audit d'Etats Financiers
Erreur ! Signet non
défini.
iii. Code d'éthique professionnelle
des comptables IFAC
Erreur ! Signet non
défini.
4.2 Quelques considérations sur
l'approche d'audit
1
· Démarche
d'audit
1
· Documentation
1
· Non détection de
fraudes
1
Beaucoup d'auditeurs ne détectent jamais la
fraude parce qu'ils n'intègrent pas dans leur approche d'audit
l'évaluation du risque de fraude et l'élaboration des
réponses (plan et programmes d'audit) appropriés aux moyens
identifiés.
1
· Limites
inhérentes
1
· Modalités
d'évaluation du risque de fraude et le contrôle
interne
1
· Conclusion
Erreur ! Signet non
défini.
Section 5 : Décalage entre
l'attente du public et les limites de l'audit dans la détection de la
fraude « audit- expectation GAP »
1
CHAPITRE 5 :
1
Rôles et responsabilités du
réviseur comptable en cas de fraude.
1
Section 1 : Responsabilités
juridiques
1
1.1. Responsabilité
civile
1
1.2.
Responsabilité pénale
1
1.3. Extension du nombre des actions en
responsabilité
1
1.4. De la responsabilité des
mandataires en République Démocratique du Congo.
1
Section 2 : Responsabilités du
réviseur selon les normes professionnelles.
1
2.1. Rappel des
responsabilités respectives dans la gestion de la fraude de
l'entreprise
1
2.2. Responsabilités des dirigeants
en matière de fraudes et d'irrégularités
1
Des procédures doivent être mises
en oeuvre au sein de chaque entreprise en vue de
réduire à titre préventif le risque de fraudes ou
d'irrégularités.
1
2.3. Responsabilités du
réviseur comptable.
1
2.4. Objectifs de la mission de
commissariat aux comptes en République Démocratique du
Congo.
1
2.5. Limites inhérentes à
l'audit
1
2.6 Conclusion
1
Présentation de quelques cas de
fraudes dans les entreprises auditées par les firmes
d'audit.
1
Section 1 : Premier cas :
Scandale Enron et Arthur Andersen
1
Section 2 : Deuxième cas :
Sabena et KPMG
1
Section 3 :Troisième cas :
Parmalat et Deloitte & Touche plus Grant-Thornton
1
Section 4 : Quatrième
cas : Assurance Chômage du Canton de Fribourg
1
Section 5 : Cinquième
cas : Coopérative Union Laitière Normande (Lacour 1999)
France
1
Section 6 :
Sixième cas : liste de quelques exemples de fraude en
République Démocratique du Congo et rôle du Réviseur
Comptable
1
CHAPITRE 7 :
1
Conclusion
Générale
1
ANNEXE A :
Démarche de l'auditeur dans une
mission avec prise en compte de risques de fraudes et
irrégularités
1
ANNEXE B :
Extraits sur divers documents relatifs aux
cas de fraudes détectées dans les entreprises auditées par
les sociétés d'audit.
1
ANNEXE C :
Synthèse de la révision
comptable face a la fraude en RDC et sugestions ;
1
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1
BIBLIOGRAPHIE
1
Liste
des Acronymes
AIPCA
BCECO
CHF
COSO
CNCC
DGI
IIA
IFAC
IFACI
IRC
IRE/IBR
ISA
ISC
FEC
GECAMINES
MEDEF
OD
OHADA
PIB
PCAOB
PWC
RDC
RFI
RTBF
SADC
SAS
SEC
SOZACOM
|
:
:
:
:
:
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:
:
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:
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:
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:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
|
American Institute of Certified Public
Accountants
Bureau Central de Coordination
Franc Suisse
Committee of Sponsoring Organizations of The Treadway
Commission.
Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes
(France)
Direction Générale des
Impôts
Institute of Internat Auditors
International Federation of Accountants
Institut Français de l Audit et Contrôle
Interne
Institut de Réviseurs Comptables (RDC)
Institut des Réviseurs d'Entreprises
(Belgique)
Infernal Standards of Auditing
Institut Supérieur de Commerce
Fédération des Entreprises du
Congo
Générale des Carrières et des
Mines
Mouvement des Entreprises de France
Operations Diverses
Organisation pour l'Harmonisation de Droit des
Affaires en Afrique
Produit Intérieur Brut
Public Company Accounting Oversight Board
PriceWaterhouseCoopers
République Démocratique du
Congo
Radio France Internationale
Radio Télévision Belge Francophone
Southern African Development Community
Statements on Auditing Standards
Securities and Exchange Commission
Société Zaïroise de
Commercialisation des Minerais
|
Liste des
Tableaux
Tableau n°1
Tableau n°2
Tableau n°3
Tableau n°4
Tableau n°5
Tableau n°6
Tableau n° 7
|
:
:
:
:
:
:
:
|
Synthèse de la définition (de la
fraude).p.9
Type de fraudes rencontrées p.14
Victimes de la fraude par industries (monde).p.18
Comment la fraude a-t-elle été
détectée. p.22
L'évolution des objectifs de l'audit externe face à
la fraude p.30
Illustration de la révélation entre les composantes
du risque d'audit. p.34
Rôles et responsabilités en matière de
fraude. p.48
|
Dédicace
Notre marque suprême de gratitude s'élève
à l'Eternel Dieu Tout Puissant, de qui découle toute intelligence
et toute sagesse, pour sa miséricorde à son peuple en lui ayant
envoyé en ces temps de la fin le 7ème ange de
l'Apocalypse en la personne de son prophète William Marion BRANHAM et
un éphésien 4 en la personne du Révérend Richard
DIYOKA NSANGULUJA notre Pasteur, pour sa caution morale et son encadrement
spirituel dans un monde totalement corrompu.
Nous dédions ensuite cette dissertation
à son Excellence, Monsieur Joseph KABILA KABANGE, Président de la
République comme artisan de la paix retrouvée dans notre pays et
pour sa volonté affichée de lutter contre la fraude et la
corruption particulièrement en diligentant des audits dans les
entreprises publiques, laquelle lutte sera renforcée lors de
l'exécution de ses cinq chantiers.
In memoriam
Une pensée pieuse
s'élève vers nos précieux et regrettés parents
Félicien KABAMBA et Victorine KAPINGA, que Dieu a rappelés
auprès de Lui en 2007. En effet, ils ont fait de nous ce que nous sommes
devenus. Nous nous faisons l'obligation de leur rendre ici l'hommage qu'ils
méritent.
La recherche et la rédaction de cette dissertation ont
été possibles grâce à l'appui moral de
Marie-Josée, notre épouse et de tous nos enfants, acteurs et
témoins privilégiés de longs mois de dur labeur ;
nous leur dédions ce travail pour leur amour, leur patience, leurs
sacrifices et leurs prières. Ces vertus méritent une mention
spéciale et exigent de notre part de la reconnaissance que nous ne
manquerons de leur témoigner.
Avant-propos
La rédaction de ce type d'ouvrage ne peut-être
envisagée sans bénéficier de tout un ensemble de
précieux soutiens et compétences.
Nos expressions sont incapables de traduire notre
reconnaissance envers notre partenaire institutionnel, l'Institut des
Réviseurs Comptables « IRC », pour l'encadrement
professionnel dont nous avons été l'objet durant tout notre
cursus de stagiaire.
Pour sa disponibilité constante, sa patience et sa
rigueur, quel mot de reconnaissance pouvons-nous adresser à notre
maître de stage Jean-Pierre Nzau, Réviseur Comptable?, Sinon de
lui dire tout simplement « merci ».
Nous ne pouvons pas passer sous silence ses éminents
confrères en la personne de Benjamin NZAILU, Théo NDANGI, Danny
NKUVU, André FOKO, Emile KAKESSE, , Bruno KAMBAJA, Jean pierre PFINGU,
Bruno KABUNDA et tant d'autres que nous ne pouvons mentionner nommément.
Sans oublier d'autres contradicteurs anonymes qui ont lu notre draft ; ils
ont fait un travail remarquable .Ils ont droit à notre
gratitude.
Nous avons bénéficié du soutien et de
l'assistance de nos frères et soeurs en Christ .Parmi ces âmes
généreuses figurent Ben TCHEY, Godson LEWA, Esther KABEYA,
Vicky KAPINGA et Lambert MUNGAYI. Nous leur restons sincèrement
reconnaissants
Epigraphe
Proverbes 16,8 : Mieux vaut peu avec justice
Que d'abondants revenus sans
droiture
Osée 12,8-9 : Canaan a dans ses mains des balances
fausses
Il aime à opprimer
Éphraïm dit
A la vérité je me suis
enrichi
Je me suis acquis de la fortune
Mais c'est entièrement le produit de
mon travail
On ne trouvera chez moi aucune faute qui
soit un péché
Psaume56,8 C'est par la fraude qu'ils échapperaient
Dans ta colère ô Dieu
précipite les peuples
PREMIERE
PARTIE :
Généralités
CHAPITRE 1 :
Introduction
Générale
Section 1 : Etat de la
question
La fraude est considérée sous toutes ses formes
comme un mal absolu qui ronge tous les secteurs d'activités et cela
à tous les niveaux hiérarchiques, et dans les pays riches comme
pauvres.
En effet la fraude est un phénomène de
société qui remonte à l'origine de l'humanité avec
Adam et Eve et plus tard, avec la supercherie de Jacob et Esaü (1).
.La République Démocratique Congo (
RDC) , notre pays n'échappe pas à ce phénomène,
lequel est même considéré comme structurel, le spectre de
fraudes couvre une panoplie de pratiques allant de la fraude documentaire et
physique au détournement de l'aide extérieure en passant par le
détournement des salaires de la fonction publique et de l'armée
ainsi que par la fraude fiscale et douanière.
Les pouvoirs publics de la République
Démocratique du Congo (RDC), gangrenés eux-mêmes par ce
fléau s'organisent à leur manière et non sans peine
à éradiquer ce mal.
Confronté aux cas de fraudes au cours de ses missions
d'audit dans les entités auditées, le réviseur comptable
devrait prendre conscience de sa part de responsabilité dans la lutte
anti - fraude, à coté des pouvoirs publics.
Dans ce contexte, l'exercice du métier de
réviseur comptable nous amène dans la réflexion sur le
rôle dévolu à celui-ci, lorsqu'après avoir
audité une entreprise et déposé son rapport sans
réserves, des scandales de fraudes éclatent.
En effet, les grands scandales financiers largement
médiatisés, au cours des dernières années, dont
notamment Enron et Andersen, Worldcom, Medco, Sabena et KPMG et plusieurs
autres ont remis en évidence la sensibilité du grand public
à l'égard du rôle que le réviseur comptable doit
à ses yeux jouer en cas de fraude.
Ceci est le problème que se pose
généralement ce grand public qui ne comprend vraiment pas qu'une
fraude ou irrégularité ait pu se développer dans une
entité nonobstant le contrôle d'un reviseur comptable.
Peut être existe-t- il en ce moment un fossé
important entre ce que le public croit pouvoir attendre de la révision
d'entreprise et la façon dont les réviseurs comptables
perçoivent leurs propres rôles en la matière.
Un certain nombre d'approches différentes ont
été suggérées par des commissions professionnelles
de l'audit et des chercheurs pour réduire cet écart. C'est l'un
des chantiers de la profession revisorale.
Section 2 :
Problématique
Compte tenu des conséquences néfastes de la
fraude sur les entités auditées notamment de lourdes pertes
financières et un déficit d'image considérable, le grand
public tient le réviseur comptable responsable de la non-
détection de ces fraudes au cours de ses missions d'audit.
En effet, plusieurs études,
réalisées dans les pays anglo-saxons, montrent que seulement 5%
de cas de fraude sont souvent découverts par les auditeurs externes,
malgré la présence d'inexactitudes dans les états
financiers dans 65% de ce cas.
En plus, les enquêtes effectuées dans les
entreprises à ce propos par les grands cabinets d'audit tel que
PriceWaterHouseCoopers confirment le faible taux de détection des
fraudes par les réviseurs comptables (3).
Et plus près de nous, nous nous permettons de citer les
reproches faites aux firmes internationales d'audit au Zaïre (RDC) par
le Premier Commissaire d'Etat KENGO en 1984 en ces termes :
« Les résultats des sondages effectués par la cellule
d'audit attachée à mon cabinet révèlent que la
gestion d'un grand nombre d'entreprises publiques est encore laxiste. Et
pourtant, les arrêts d'exercices de ces entreprises sont certifiés
sincères et véritables chaque année, par des cabinets
fiduciaires internationaux et par le département de tutelle »
(4).
En considérant les problèmes qui ont
dominé et dominent encore la profession revisorale ces dernières
années, la responsabilité des réviseurs comptables dans
une mission d'audit avec risque de fraude suscite beaucoup de controverses.
Ainsi notre problématique se fonde substantiellement
sur le décalage entre l'attente du public et les limites de l'audit
dans la détection de la fraude.
En résumé, la préoccupation majeure de
cette étude est constituée d'un triple questionnement ainsi
formulé :
- La responsabilité de prévention et de
détection des fraudes et irrégularités incombe-t-elle au
réviseur comptable d'une façon exclusive dans les entités
auditées ?
- Si non, quelle est sa part de responsabilité et ses
limites en la matière d'une part et celle des dirigeants de ces
entités d'autre part ?
- Comment combler les attentes du public, qui présume
que la mission du réviseur comptable consiste à dépister
systématiquement toutes les fraudes de l'entité
auditée ?
La question vaut la peine d'être posée.
Section 3 : Hypothèse
La mission du réviseur comptable a pour objet
l'expression d'une opinion selon laquelle les états financiers ont
été établis, dans tous leurs aspects significatifs,
conformément à un référentiel comptable
identifié ; cette mission n'implique pas la vérification de
la totalité des écritures par le moyen d'une révision
complète mais seulement la pratique de sondages et de
vérifications approfondies en cas de découvertes d'anomalies. On
peut dès lors se poser la question à partir de quel moment la
responsabilité du réviseur comptable est-elle engagée en
cas de non détection de la fraude lors de la mission d'audit ?
Très souvent, en cas de fraude dans une entreprise,
l'auditeur externe est le premier à être montré du
doigt et on lui reproche de ne pas avoir su ni pu détecter des fraudes
ou irrégularités , ou de ne pas avoir émis des
réserves sur le non respect par l'entreprise d'une telle ou telle autre
loi, De plus une étude de PriceWaterHouseCoopers démontre que 35%
de fraudes sont découvertes par hasard ou à la suite des rumeurs.
Les commissaires aux comptes en particulier s'estiment montrés du doigt.
Certes, ils ne détectent que 4% des fraudes, selon PWC.
C'est une erreur, et ces accusations semblent injustes car la
mission d'un réviseur comptable consiste à réduire le
risque de ne pas identifier des anomalies dans les comptes et le
réviseur comptable n'a qu'une obligation de moyens en matière de
détection. Tous les professionnels concernés rappellent que
l'audit n'a rien d'une assurance tous risques, le risque zéro n'existant
pas. Jean Michel ARLANDI responsable de fraudes chez Ernst & Young,
souligne que « beaucoup d'entreprises, pour des raisons liées au
coût de certification, n'osent pas augmenter les honoraires pour mieux
prendre en compte le risque de fraudes ».
Très souvent, on entend le réviseur d'entreprise
dénier toute responsabilité en matière de fraude. C'est
aussi une erreur. Il existe une responsabilité, mais il faut en mesurer
la portée et rappeler que le domaine comptable est seul
concerné.
Il est souhaitable de rapprocher les deux points de vue ;
les nouvelles normes d'audit internationales et les nouveaux règlements
financiers internationaux répondent à ces questionnements en
redéfinissant non seulement la responsabilité des équipes
dirigeantes, mais aussi celle des organisations chargées de l'audit
externe. En outre, des suggestions sont faites par des chercheurs pour
réduire l'écart entre les perceptions des utilisateurs des
rapports d'audit et du public d'une part et les performances des auditeurs
d'autre part.
Voilà ce que nous essaierons de développer tout
au long de l'écriture de ce sujet, afin de formater certaines
conceptions et pratiques en la matière riveraines de l'erreur.
Section 4 :
Intérêt du sujet
Le réviseur comptable est au centre des
intérêts divergents et parfois contradictoires, il doit
émettre une opinion qui réponde aux préoccupations de
toutes les parties intéressées à la vie de l'entreprise,
il est une référence, un agent de l'ordre public (5),
l'église au milieu du village.
Le professionnel comptable devrait situer l'importance de son
métier dans la stratégie de développement de son pays et
de toutes les unités économiques.
Or tous les secteurs de la vie nationale de la RDC sont
minés par une fraude endémique, nous l'avons relevé plus
haut dans le texte. Cette fraude détériore les relations
commerciales de l'entreprise, décourage les investisseurs
sérieux, produit un effet négatif sur la réputation/image
de marque, baisse la motivation du personnel et le cours de bourse, porte
atteinte aux revenus de l'entreprise et par conséquent au PIB du pays.
Donc l'intérêt du sujet n'est plus à
démontrer, d'autant plus que les évènements
économiques de ces dernières années et les
différents scandales financiers ont provoqué une profonde crise
de confiance affectant à la fois les entreprises, les dirigeants et tous
ceux qui interviennent dans la production, le contrôle, l'analyse de
l'information d'entreprise, dont les réviseurs comptables et les
commissaires aux comptes.
En l'occurrence, la chute du cabinet Arthur Andersen, un des
« Big Five » précipité par la
faillite d'Enron dont il était auditeur légal et des
procès fleuves qui s'en suivirent, a conduit à s'interroger sur
la qualité des travaux des auditeurs et sur leur responsabilité
face à la détection de la fraude.
Dès lors, « le reviseur comptable face
à la fraude » devient un élément
intéressant de recherches, tant pour les professionnels que pour le
public dans la mesure où il contribue au renforcement des
capacités des uns et à l'accroissement des moyens de lutte
antifraude pour les autres.
Nous espérons illustrer, à travers cette
étude, divers problèmes soulevés dans les
différentes considérations théoriques et de cas
vécus. Si ce travail peut justement arriver à saisir les concepts
de base de la fraude dans les entreprises, la démarche de l'audit avec
risque de fraudes et diverses responsabilités de l'auditeur en la
matière, il aura ainsi contribué à fournir des
éléments de réponse à la problématique
ci-avant formulée et formater une nébuleuse d'idées
erronées sur le sujet. C'est là, pensons-nous,
l'intérêt scientifique majeur et la contribution qu'il souhaite
apporter à la profession.
Loin de nous ébranler, les observations et critiques
que cette dissertation susciterait, constitueraient pour nous la preuve de
l'intérêt que sa publication aura provoqué. Nous les
accueillerons avec gratitude pour nos éditions futures.
Le sujet étant très vaste, nous sommes dans
l'obligation de fixer les limites de son développement.
Section 5 : Limitation de
l'objet de l'étude.
Cette étude n'a pas l'ambition de faire
l'historiographie ou la cartographie de la fraude ni de décrire
l'éthique sur le sujet. Des recherches, plus orientées dans cette
direction nous ont déjà donné certains de leurs
résultats et d'autres sont en cours de réalisation. Notre
dissertation n'est pas non plus un apport nouveau en révélations
sensationnelles de fraudes.
En réalité, le phénomène de la
fraude, auquel le réviseur d'entreprise peut être confronté
est plus large, il ne concerne pas seulement la présentation comme telle
de l'information financière, il englobe généralement toute
violation comme telle d'une loi, d'une réglementation, voire des statuts
sociaux, susceptibles d'influencer l'élaboration de cette information et
les qualités qu'elle doit revêtir pour ceux auxquels elle est
destinée.
La présente recherche a pour objet d'examiner, eu
égard aux normes, les rôles et les responsabilités du
réviseur comptable en présence du phénomène sur
lequel l'attention des praticiens est focalisée depuis quelque temps
face aux attentes des actionnaires et du grand public, à la suite de
plusieurs affaires retentissantes ; et d'examiner également le
degré de crédibilité à accorder aux rapports
d'audit de certification des comptes annuels des missions avec risques de
fraudes.
Il nous a semblé nécessaire de limiter notre
champ de réflexion au concept fraude ici restreint dans le contexte
d'entreprise, d'une manière spécifique, et l'étude va
s'appesantir sur les fraudes commises dans la comptabilité et les
états financiers.
Après avoir délimité le champ de notre
recherche, il y a lieu de déterminer la méthode que nous avons
adoptée pour la réalisation de cette étude.
Section 6 : Méthodes
et techniques.
Afin de mener à bonne fin cette étude, la
méthodologie que nous avons adoptée est articulée en six
points principaux :
- Identification du problème ;
- Collecte des données (analyse documentaire,
interview, observation, sondage)
- Analyse des données récoltées
(dialectique)
- Présentation des résultats ;
- Illustration avec quelques cas vécus ;
- Contribution au champ de la recherche ;
La méthodologie concernée ici est la
Méthode d'analyse. Cette méthode est complétée par
les techniques documentaires et d'interview.
Section 7 : Canevas de
l'étude
Notre dissertation sera orientée selon deux axes, la
première partie regroupe les chapitres qui abordent les aspects
conceptuels et les généralités théoriques sur la
fraude, la deuxième partie plus pratique sera composée de
chapitres sur Le Réviseur Comptable face à la Fraude. Ces deux
parties sont composées de sept chapitres, précédées
d'une introduction générale et clôturées par
conclusion tout aussi générale.
- Le premier chapitre sera consacré à
l'introduction générale ;
- Le deuxième chapitre traitera des notions
générales sur la fraude ;
- Le troisième chapitre analysera l'audit
externe ;
- Le quatrième abordera l'approche d'une mission
d'audit ;
- Le cinquième chapitre décrira les rôles
et responsabilités des réviseurs comptables ;
- Le sixième chapitre présentera des cas de
fraudes dans les entreprises auditées par les cabinets d'audit ; Le
septième et dernier chapitre conduira à la conclusion
générale de la présente étude.
CHAPITRE
2 :
Généralités
sur la fraude
Section 1 :
Définition
La
fraude peut être définie selon trois points de vue.
· Du point de vue général : le
Dictionnaire Larousse définit la fraude (latin : fraus,
fraudis) tromperie, acte de mauvaise foi en vue de nuire au droit
d'autrui. D'après J.L Siruguet p.6, on définit la fraude
aujourd'hui comme une tromperie délibérée commise en
infraction à la loi ou aux règlements, ou encore comme
irrégularités et actes illégaux commis avec intention d'en
tirer un avantage personnel ou au profit d'une organisation. (6)
· Dans le versant du contexte congolais : En
République Démocratique du Congo et du point de vue juridique, le
code pénal congolais ne définit pas la fraude d'une
manière générale ; Il qualifie et réprime
certains actes en rapport avec la définition générale de
la fraude : tel que le vol (simple, avec des circonstances aggravantes ou
à mains armées), absence de déclaration fiscale, abus de
confiance ou de biens sociaux, entente frauduleuse, chèques sans
provision, détournement de main d'oeuvre, faux en écriture,
corruption des fonctionnaires, trafic d'influence etc.
· Du point de vue des organisations
professionnelles : L'organisation professionnelle de l'audit externe
l'International Federation of Accountants (IFAC) nous fournit
par la norme ISA 240, une définition de la fraude du point de vue
comptable en insistant sur l'impact qu'une fraude peut avoir sur les comptes
et les états financiers.
L'IFAC définit la fraude comme « un
acte intentionnel commis par une ou plusieurs personnes faisant partie de la
direction ou constituant le gouvernement d'entreprise, ou faisant partie du
personnel ou des tiers, usant de moyens frauduleux pour obtenir un avantage
injustifié ou illégal. » (7)
Bien que la fraude soit un concept juridique très
général, l'auditeur est concerné par les actes frauduleux
pouvant résulter dans les anomalies significatives
décelées dans les états financiers.
Sont notamment considérés comme une
fraude ; la manipulation, la falsification ou l'altération de la
comptabilité ou des documents, le détournement d'actifs, la
suppression ou l'omission de l'incidence de certaines opérations dans la
comptabilité ou les documents, l'enregistrement d'opérations sans
fondement ou fictives, et l'application incorrecte de politiques
d'arrêté des comptes, la falsification des évaluations,
etc.
Et de même le lecteur trouvera dans ce texte les notions
voisines de la fraude, celles-ci pouvant prendre divers aspects notamment
l'escroquerie et le vol ; le faux et l'usage de faux ainsi que leurs
applications : la contrefaçon de monnaie et de cartes de paiement,
la contrefaçon intellectuelle ; la corruption et ses diverses
formes telles que : le trafic d'influence, l'abus d'autorité, le
blanchiment et le recel, l'entente frauduleuse, l'abus de marché, l'abus
de biens sociaux, la distribution des dividendes fictifs, le délit
d'initié.
.Le terme « erreur » se
réfère quant à lui à des anomalies non
intentionnelles, y comprise l'omission d'un élément
chiffré ou d'une information pertinente. (8)
La littérature internationale parle « d'actes
illégaux » par opposition aux fraudes et erreurs comptables
pour évoquer les violations de textes légaux et
réglementaires autres que ceux qui sont directement liés à
la comptabilité et aux comptes annuels ou consolidés.
L'acte
Interne
Externe
Pour soi-même
Pour l'organisation
Tirer profit
L'acteur
Section
2 : Quelques considérations sur la fraude.
005.
Section 2. Quelques considérations sur la
fraude.
2.1. Causes, raisons, indices et
triangle de la fraude.
· Causes
Avant de nous intéresser aux mécanismes de la
fraude, il est nécessaire d'analyser le rôle des parties en
présence dans une fraude courante.
Pour qu'il y ait fraude, il faut un FRAUDEUR ;
celui ci veut s'approprier indûment quelque chose qui ne lui
appartient pas : nous nommerons cette chose la CIBLE, celle-ci appartient
à une personne (physique ou morale) qui sera
dépossédée et que l'on désignera la VICTIME.
Pour que cette fraude se réalise, il faut que se
rencontrent un facteur humain et une opportunité, ce qui
nécessite une mise en relation entre un fraudeur, sa cible et une
victime (9).
Cette mise en relation se fera si l'environnement s'y
prête, comme l'explique la notion du triangle de la fraude ci -
après analysée.
Selon
le rapport de Transparency International, les causes profondes de la
corruption en RDC sont de trois ordres ; il s'agit premièrement de
causes d'ordre politique : coups d'état, sécessions,
rébellions, guerres et conflits ; deuxièmement quant aux
causes d'ordre économique, le rapport note les besoins du gouvernement
de trouver les capitaux frais, l'insuffisance des fonds alloués aux
provinces et aux entités territoriales décentralisées, les
agences parallèles d'exécution ou de passation de marchés,
une banque centrale inféodée, les taux élevés des
taxes, les règlements sur les importations et les exportations.
Enfin troisièmement s'agissant enfin de causes d'ordre
psychosocial, ce rapport épingle l'égoïsme des dirigeants ou
l'absence de notion de service public, le syndrome du chef, les logiques
socioculturelles, la culture de la tirelire et la résistance au
contrôle. (10)
Ces causes décrivent le cadre macro-économique
dans lequel opèrent les entreprises dont les trois conditions pour que
se réalise la fraude restent et demeurent l'existence d'une motivation
ou pression généralement sur les individus, l'opportunité
liée à une faille du contrôle interne et la capacité
du fraudeur à rationaliser son acte.
· Raisons et indices de fraudes
Voici
quelques raisons pour lesquelles des fraudes sont
perpétrées :
- passion des jeux de hasard ;consommation excessive
d'alcool et de drogues ;train de vie supérieur à ses
moyens ;fortes tensions financières (divorce coûteux, maladie
grave personnelle ou familiale, lourdes dettes) ; aventures
extraconjugales ; chantage, etc.
Voici également quelques indices ou comment
reconnaître le fraudeur :
- type d'agent trop zélé, faisant d'inutiles
heures supplémentaires et/ou peu d'absences de longue durée au
poste de travail ; allergique à l'audit, ayant horreur de
contrôle ; casier judiciaire chargé et de moralité
douteuse ; chef autocrate régentant tout un secteur et cumulant des
taches incompatibles ;auteur de transactions inexpliquées,
d'inutiles mouvements de caisse, des procédures non documentées,
objet de mises en garde des auditeurs, des dénonciations internes, des
réclamations des tiers, etc.
Il y a également lieu de signaler
qu'après découverte d'un cas, l'entourage professionnel de
l'auteur a toujours admis que des signes clairs de fraude étaient
présents mais que ceux-ci n'avaient pas été
remarqués ou pas été pris suffisamment au
sérieux
· Triangle de la fraude
La réalisation d'une
fraude est généralement possible lorsque trois conditions
suivantes sont réunies : la pression / récompense
(l'environnement), l'opportunité (l'organisation de l'entreprise),
l'attitude (l'individu).
Les trois conditions constituent les éléments
essentiels à l'existence de la fraude, et la base de l'évaluation
du niveau de risques de fraude dans l'entreprise ainsi que du programme d'audit
de la fraude et même de la stratégie de lutte contre la fraude.
2.2. Caractéristiques et types de fraudes
· Caractéristiques
Les signes distinctifs du phénomène qu'est la
fraude consistent en la suppression et /ou la dissimulation de la fraude. Le
processus de la fraude comporte trois étapes :
- la fraude est perpétrée ;
- l'avantage de la fraude est réalisé ou
acquisú;
- la fraude est éventuellement supprimée ou
dissimulée pour ne pas laisser des traces en comptabilité avec
des moyens suivants : jeux d'écritures, falsification et
altération documentaire, destruction des documents comptables
« fichiers, notes de crédit, O.D, etc. », collusion
avec les tiers ou d'autres personnes de l'entreprise chargées de la
comptabilisation, paiement, établissement des documents d'autorisation
de transactions.(11)
· Types de fraudes
La typologie de la fraude est très variée en
effet, la fraude peut revêtir d'innombrables formes qui peuvent
être répertoriées en quatre types ci-dessous :
Le premier type comprend une liste de fraudes sous
l'aspect comparatif.
Il y a les fraudes perpétrées en faveur de
l'entreprise et celles qui sont faites à son détriment.
Celles commises par les employés et celles commises par
les personnes qui gravitent autour de l'entreprise.
Celles qui sont perpétrées par les membres du
personnel, d'autres sont commises par la direction, qui peut contourner les
procédures de contrôle interne ou instruire le personnel à
perpétrer les fraudes.
Des fraudes individuelles et d'autres qui nécessitent
la collusion avec des personnes extérieures à l'entreprise
(fonctionnaires de l'Etat, agents de banque, fournisseurs ou clients,
cambrioleurs, constructeurs, assureurs).
Celles qui sont susceptibles de laisser des traces dans le
système comptable et celles qui n'en laissent pas.
Il y a celles qui portent préjudice à la fois
à l'entreprise et à certains tiers.
Le deuxième type ce sont des fraudes
classées selon l'enquête de PWC de 2005 en France, Europe de
l'Ouest et dans le monde
Selon cette enquête, si l'on analyse les matières
des fraudes les plus fréquentes, il s'avère que le
détournement d'actifs est la première catégorie en France
(55 % contre 43% dans l'enquête PWC 2003), suivi par la
contrefaçon (38% ; 20 % en 2003).
Viennent ensuite les fraudes liées à l'usage de
faux ou aux escroqueries 35%( non mesuré en 2003), les fraudes
comptables 19% (17% en 2003) et par ailleurs on note que la
contrefaçon est plus répandue en France (38%) qu'en Europe de
l'ouest (27 %) et dans le monde (25 %) vraisemblablement du fait de
l'importance du secteur français de luxe.
De manière générale, comme lors de
l'étude précédente de 2003, on
relève que : plus la taille de l'entreprise est importante,
plus le risque de fraude est élevé. (12) Voir le tableau n°
2.
Tableau
n°2 : Type de fraudes rencontrées
Contrefaçon
Blanchissement
Délit d'initiés
Corruption
Fraudes comptables
Usages de faux, escroquerie
Détournement d'actifs
|
25 %
27 %
38 %
7 %
9 %
6 %
4 %
5 %
7 %
24 %
14 %
16 %
24 %
22 %
19%
47 %
44 %
35 %
62 %
63 %
55 %
|
0 10 20 30 40 50
60 70
Monde
Europe de l'Ouest
France
Source : Enquête PWC sur la fraude dans les
entreprises en France, en Europe de l'Ouest et dans le monde 2005.
Le troisième type de fraudes, ce sont de formes
des fraudes dans les entreprises
Les fraudes dans les entreprises revêtent souvent des
formes suivantes comme décrit in la revue IRC sur la Fraude dans les
entreprises..., par JP, Pfingu, Octobre 2004 p.6-12
- Détournement d'actifs de l'entreprise
(Immobilisations corporelles ; stock des produits et
marchandises ; créances sur les clients, personnel et autres
tiers ; disponible en banque et en caisse).
- Fraudes comptables (falsification des états
financiers)
(Constatation des revenus, évaluation de stock,
évaluation des actifs immobilisés ou non et estimation des
dettes).
- Corruption
(La corruption est très fréquente en RDC dans
la passation de marchés publics et les approvisionnements des
entreprises publiques, ainsi que dans la fraude fiscale et douanière).
- Non respect des textes législatifs,
réglementaires et statutaires (fraude fiscale).
Ce troisième type de fraudes intéresse au plus
haut degré le réviseur comptable, qui le rencontre dans les
missions d'audit.
Le Quatrième type ce sont des fraudes
empruntées au Rapport de Transparency International sur la corruption en
RDC.
Les manifestations de la corruption en RDC se regroupent sous
des formes ci-après citées :
- La fraude documentaire et physique ; Les honoraires
sous la table ; La contribution des parents ; Le détournement
de l'aide extérieure ; Le coupage, le transport, les compensations
et la motivation des journalistes. La corruption judiciaire ;la
corruption législative ;les commissions illégales (13).
2.3. Conséquences et
Coûts de la fraude
La fraude constitue un enjeu et une menace importante et
croissante pour les entreprises, ses impacts financiers sont lourds, en
particulier en RDC avec des conséquences sur la réputation des
entreprises et la conduite de leurs affaires. Elle est donc une maladie
invalidante des entreprises.
· Conséquences de la fraude
Selon les enquêtes sur la fraude dans les entreprises,
en France, en Europe de l'Ouest et dans le monde, édition 2005 par PWC,
au niveau des entreprises, les conséquences indirectes des fraudes sont
la détérioration des relations commerciales 45 %, l'effet
négatif sur la réputation, l'image de marque 43%, la baisse de
motivation du personnel, 53 %, la baisse du cours de bourse. (14)
En RDC, parlant de l'impact négatif des pratiques de
prédation sur la situation macroéconomique, le professeur
KANKWENDA écrivait que le pouvoir au Zaïre (RDC) effectuait des
prédations aussi bien financières que matérielles ... Ces
prédations réduisaient la capacité d'autofinancement des
entreprises d'Etat et affectaient le maintien de l'outil de production. En
outre cela se répercutait sur l'activité des entreprises qui
avaient des relations d'affaires avec les entreprises d'Etat.
Pour se convaincre des effets négatifs de cette
prédation, il suffit d'observer les signes visibles : des routes,
des hôpitaux, des édifices inachevés ou en état de
délabrement peu de temps après leur réhabilitation sont
les aspects les plus visibles de détournement de l'aide
extérieure en RDC (15).
Dans la commission de la passation des marchés, la
corruption sert à influencer le choix des fournisseurs des biens et des
services à l'Etat et avoir une incidence sur les modalités
exactes de ces contrats d'approvisionnement et de renouvellement au cours de
l'exécution des projets. (16)
La fraude peut également entraîner des situations
dramatiques sur le plan humain : destruction de carrières, de
réputations et suicides.
· Coûts de la fraude
La fraude ne produit que des conséquences
néfastes vis-à-vis de l'intérêt
général et des effets induits très pervers, comme nous
l'avons décrit plus avant, elle est d'autant plus préjudiciable
qu'elle porte atteinte aux revenus de l'entreprise suivant un effet de spirale.
Une fraude portant sur 10.000 € par exemple obère d'autant le
revenu net. Ainsi, si la marge de profits de l'entreprise est de 10 %, elle
doit pour reconstituer son niveau net du niveau antérieur à la
fraude générer un revenu complémentaire allant
jusqu'à 100.000 € soit 10 fois plus que le montant de la fraude
initiale (17).
La fraude est une activité cachée, par
conséquent, on ne peut évaluer son impact et son étendue,
que par des moyens indirects.
Malgré les difficultés à évaluer
les impacts de la fraude, plusieurs études sont
régulièrement réalisées au niveau international et
leurs résultats sont édifiants :
A titre illustratif nous en citerons trois :
- L'enquête d'Ernest et Young, Global Fraud Survey 2002
qui mesure tous les deux ans l'ampleur, la nature et les causes de fraudes
pratiquées dans les entreprises.
- L'enquête de Price-Waterhouse-Coopers Economie Crime
Survey 2003 qui évalue l'ampleur des délits économiques
perpétrés au détriment des entreprises, leur impact sur le
résultat de l'exploitation et le niveau de sensibilité des chefs
d'entreprise à ce problème.
- L'enquête sur la fraude dans les entreprises en
France, en Europe et dans le monde édition 2005, qui a permis d'analyser
en profondeur et de manière comparative l'impact de la fraude et son
évolution en France, en Europe et dans le monde ainsi que par rapport
aux résultats de l'étude 2003.
En résumé, il ressort que :
- Le nombre d'entreprises touchées est
considérable (plus de 2/3). Les pertes sont importantes et le taux de
récupération faible.
- Dans la majorité des cas, la fraude concerne des
sommes inférieures à 90 000 USD.
D'une manière générale, la Chambre de
Commerce Américaine estime le coût de la fraude à 100
milliards de dollars par an, ce coût ayant un impact sur les
consommateurs, les sociétés d'assurance et les auditeurs
externes. Le Governmental Auditing Office (GAO) estime lui à
100 milliards de dollars par an les fraudes en col blanc, représentant
au total 5% de la dette américaine.
Plus récemment encore, il y a lieu d'épingler,
l'affaire Bernard Madoff 72 ans pouvant être considéré plus
important qu'Enron, Tygo, qui coutera 62 milliards de dollars à ses
clients et une condamnation à 150 ans de prison à l'auteur de la
plus grande fraude pyramidale de tous les temps.
2.4. Lutte antifraude
Nous avons décrit comme un mal absolu, un
phénomène de société, nous avons
épinglé ses conséquences ainsi que ses coûts que
supportent non seulement les entreprises mais également les
économies nationales de nos pays. C'est la raison pour laquelle un
combat est et doit être mené par diverses organisations contre ce
fléau dévastateur.
Dans plusieurs pays, pour lutter contre ce fléau,
beaucoup d'entreprises, de commissions de bourse et de gouvernements ont
organisé la lutte par des mesures, des réglementations ou des
programmes antifraude appropriés.
Des dispositifs législatifs spécifiques mis en
application tlse que la loi sur la sécurité financière en
France, la loi Sarbanes-Oxley aux USA ont joué un rôle à
travers le renforcement du contrôle interne. Les entreprises avec une
police d'assurance fraude ont plus de chance de récupérer plus de
60% de leurs pertes dues à la fraude.
Dans les pays à vieille démocratie, les
médias ne manquent aucune occasion pour fustiger la fraude des leaders
politiques à tous les niveaux, vient-il du chef de l'Etat lui-même
(cas de président NIXON avec WATERGATE, du président de
l'Estonie, démis de ses fonctions dernièrement pour corruption
Dans certains pays surtout fortement industrialisés,
les fraudes y sont aussi systématiquement prévenues,
détectées et sévèrement sanctionnées avec
des audits systématiques, de mises en examen, des procès et de
condamnations des dirigeants de grandes entreprises (affaires Enron, World
Com, Xerox et Arthur Andersen aux USA, affaire Elf en France, affaire Sabena et
KPMG en Belgique) etc.
Certains codes d'éthique prévoient la
création de lignes téléphoniques d'alerte ou de
dénonciation grâce auxquelles les collaborateurs peuvent signaler
anonymement les manquements de leurs collègues ; par ailleurs, une
des obligations de la loi Sarbanes-Oxley est précisément la
création de wistle blowing hotline. (Numéros de
téléphone verts ou rouges anonymes installés dans des
sociétés pour que les salariés dénoncent les cas
d'alcool, de drogue et de fraude ...).
En RDC, la fraude constitue bien une maladie contagieuse
à l'image de sida, difficile à combattre, puisque capable de
s'adapter à l'environnement pour déjouer les efforts
déployés pour éradiquer ce mal. Le phénomène
fonctionne comme un cercle vicieux difficile à casser. En matière
de lutte contre la fraude en RDC, il y a lieu de noter que le
législateur Congolais a doté l'Etat de dispositions
pénales pour lutter contre la fraude et la corruption. Le code fiscal
réprime également la fraude fiscale par des
pénalités et des amendes très sévères. En
outre la législation des entreprises prévoit la nomination des
dirigeants d'entreprise et de commissaires aux comptes.
Mais si un auditeur a une présomption de fraude dans sa
mission d'audit comment va-t-il la gérer, c'est ce que la section
suivante va nous livrer.
2.6. Gestion de la fraude :
Prévention, Détection, Révélation, Sanction.
La lutte contre la fraude passe par la maîtrise de la
prévention, la détection, la révélation ainsi que
la sanction de la fraude, l'analyse de ces concepts aide le réviseur
dans son approche d'audit et dans la compréhension de ses
responsabilités.
En effet, toute entreprise étant exposée aux
risques, il est nécessaire que l'auditeur puisse garder à
l'esprit l'équation ci-après :
Exposition aux risques - niveau de sauvegarde ou
sécurité en place = risques à gérer
gérer
· Prévention
La prévention consiste à prendre des mesures
pour décourager les fraudes et en limiter les raisons. La meilleure
prévention est le contrôle interne. La norme internationale
d'audit ISA 240 de l'IFAC traite la question de la fraude en précisant
que l'auditeur n'est pas et ne peut être tenu pour responsable de la
prévention des fraudes et des erreurs.
Une des premières responsabilités de la
direction générale est de se doter d'un système de
contrôle interne. Les auditeurs internes doivent aider la direction
générale à prévenir les risques de fraudes, en
évaluant la pertinence et l'efficacité des mesures de
contrôle interne, compte tenu des risques spécifiques à
chaque métier de l'entreprise.
L'objectif de l'auditeur externe ou réviseur est de se
forger une idée correcte quant à la qualité des
informations fournies par les comptes annuels des entreprises ; le
réviseur évalue notamment le risque de l'entreprise pour
déterminer l'ampleur des contrôles à effectuer.
Il porte un jugement sur la qualité du contrôle
interne et dès lors implicitement sur la probabilité de fraudes
ou d'irrégularités dans chaque entreprise contrôlée.
Dans l'Enquête PWC 2005 art.cit, 99% des entreprises
françaises interrogées déclarent disposer de mesures de
détection et de prévention des fraudes. En moyenne, huit mesures
ont été mises en place.
Voici ces mesures :recours à des consultants en
prévention de fraude, formation de sensibilisation à la fraude,
rotation du personnel, recherche d'informations publiques, comité
d'audit, système de gestion des risques, tests à l'embauche,
développement de techniques d'analyse anti-fraude, dispositif de
contrôle interne, contrôles de conformité, code
éthique/code de conduite, audit externe, procédures de
sécurité, audit interne.
Notons que ces mesures de risque doivent être revues
régulièrement étant donné les changements
fréquents dans la structure des entreprises.
Donc les contrôles internes sont la pierre angulaire
des stratégies de prévention de la fraude, l'environnement
éthique en est un élément clé.
· Détection
Selon l'IIA la détection des fraudes consiste à
rechercher l'existence d'indices de fraudes suffisants pour justifier la
recommandation d'une investigation. La détection de ces indices peut
provenir des contrôles établis par la direction
générale, des sondages internes ou externes.
Les signaux d'alarme de détection de la fraude peuvent
se résumer en quelques catégories: l'environnement, les pressions
financières, le style de gestion, les contrôles internes, les
difficultés de l'audit.
L'approche pour détecter les fraudes s'effectue en cinq
étapes : Connaître les risques ;Connaître les
symptômes; Etre attentif aux symptômes ;Introduire dans les
programmes d'audit des questions relatives à l'identification des
symptômes ;Enquêter tous les symptômes.
- Tableau n° 4 Comment la fraude a-t-elle
été détectée ?
Système de gestion de risque
/ Sécurité/Audit interne
Investigations des Autorités
Judiciaires/de régulation
Changement de personnel/
Responsabilité
Audit externe
Rumeur externe
Rumeur interne
Hasard
Autres
|
33 %
34 %
39 %
6 %
5 %
6 %
3 %
2 %
5 %
2 %
3 %
4 %
11 %
13 %
16 %
17 %
21 %
13 %
6 %
6 %
6 %
22 %
1 6 %
11 %
|
0 5 10 15 20 25 30
35 40 45
Monde
Europe de l'Ouest
France
Source : Enquête PWC sur la fraude dans les
entreprises en France, en Europe de l'ouest et dans le monde 2005.
Dans le contexte d'un audit financier, le réviseur
organise ses contrôles de façon à obtenir une
probabilité raisonnable de détecter les inexactitudes
significatives dans l'information financière. Il procède par voie
de sondage méthodique voire statistique.
L'efficacité des modes de détection des fraudes
est liée à la catégorie à laquelle appartiennent
les fraudeurs. Ainsi, selon l'étude globale interne à
l'entreprise, les fraudes ont souvent été découvertes
à travers l'audit interne ou révélées par des
rumeurs internes.
A contrario, si le fraudeur est externe à l'entreprise,
les systèmes de gestion et de sécurité sont les moyens les
plus efficaces pour détecter les fraudes. Dans ces derniers cas, la
rumeur externe est aussi une source de détection importante.( Voir
tableau n° 4).
Actuellement, le recours aux logiciels d'analyse de
données, permet de rechercher au sein d'une vaste population de
factures, de salaires ou de subventions les cas particuliers ou qui
s'écartent manifestement de la normale
· Révélation
Après avoir détecté les fraudes il faut
passer au stade de l'enquête ; l'enquête en cas de fraude
consiste à effectuer des procédés détaillés
afin de déterminer si la fraude a été bien commise. Il
s'agit notamment de rassembler les éléments probants et
descriptifs de la technique utilisée. Ce sont les auditeurs internes et
externes qui sont normalement appelés à effectuer des
investigations ou à y participer.
Selon la norme ISA 240, il se dégage à ce niveau
que lorsque l'auditeur relève une anomalie provenant d'une fraude ou
d'une erreur, ou identifie une fraude suspectée, l'auditeur s'interroge
sur le fait de savoir s'il convient de communiquer cette information à
la direction, ou aux personnes constituant le gouvernement d'entreprise et dans
certains cas, aux autorités de contrôle et au régulateur.
La révélation des fraudes consiste à
informer les niveaux appropriés de la direction, le gouvernement
d'entreprise, le conseil d'administration des investigations internes, informer
les autorités judiciaires et de régulation des investigations
externes.
La nature des informations à communiquer aux personnes
constituant le gouvernement d'entreprise relève du jugement
professionnel ainsi que des accords initiaux entre l'auditeur et ces personnes
sur les questions devant leur être communiquées. En règle
générale, les informations sur ces faits comprendront :
Les questions touchant à la compétence et
à l'intégrité de la direction , les fraudes commises
par la direction, les autres fraudes conduisant à une anomalie
significative dans les états financiers , les anomalies
significatives résultant d'erreurs , les anomalies significatives
qui sont le résultat de déficiences majeures dans le
contrôle interne, y compris dans la conception et le processus
d'élaboration et de production des informations financières. Les
anomalies qui se perpétueront dans le temps et auront des
conséquences significatives sur la présentation des états
financiers futurs.
Dans tous les cas en RDC, le commissaire aux comptes doit
révéler sans délai les fraudes significatives au niveau
approprié à la direction, au comité d'audit et au conseil
d'administration et à l'assemblée générale ..., si
l'auditeur suspecte que les membres de la direction et du conseil
d'administration sont impliqués, il doit informer le comité
d'audit ou obtenir une consultation juridique. La législation congolaise
n'oblige pas le commissaire aux comptes à révéler les
fraudes détectées à la justice ou au fisc. (22)
Cependant, les obligations légales imposées aux
auditeurs varient d'un pays à l'autre et dans certains cas le secret
professionnel peut être levé par les statuts, par la loi ou par
les tribunaux. Par exemple dans certains pays, l'auditeur d'un
établissement de crédit a l'obligation de faire rapport sur la
survenance de fraudes ou d'erreurs significatives à l'autorité de
contrôle. Dans ces situations, l'auditeur envisagera de consulter un
avocat.
La législation française impose aux commissaires
aux comptes de révéler au Procureur de la République les
infractions qu'il aurait constatées au cours de son contrôle, sous
peine de sanction pénale. Contrairement à la règle qui
prévaut en France, les réviseurs belges n'ont pas le devoir de
dénoncer au Parquet les fraudes détectées par eux. (23)
Donc lorsqu'une fraude ou une irrégularité a
été détectée, pour mettre fin à cette
situation afin que l'entreprise auditée adopte un comportement
respectueux des lois et des règlements, le seul pouvoir dont dispose le
réviseur est de s'exprimer par un rapport.
Ainsi considérées, ces données
constituent les éléments de la lettre du contrôle interne,
dans laquelle sont généralement reprises les constatations et
révélations des fraudes et irrégularités par la
firme d'audit en RDC.
· Sanction
Le réviseur comptable est tenu par des
obligations civiles, pénales et professionnelles notamment s'il ne
révèle pas des fraudes massives de son client ou s'il donne des
informations inexactes dans son rapport. ( Voir le chapitre 5).
Pour tous ces cas, il s'ensuit des sanctions
administratives selon les conventions collectives de chaque
société (avertissement, blâme, mise a pied, licenciement,
révocation, des condamnations) pour les salariés, des poursuites
en action civile et pénale pour les auteurs externes à
l'entreprise.
En matière civile, toutes les personnes
qui portent intérêt à l'entité
contrôlée à de degrés divers, attendent que le
commissaire aux comptes fasse preuve de diligence dans l'exécution de
ses travaux. Si tel n'est pas le cas, ces personnes, sont en droit de demander
réparation du préjudice qui peut en résulter et le
professionnel peut faire l'objet de poursuite en action civile.
Le commissaire aux comptes peut commettre, dans
l'exécution de ses travaux, différentes infractions en
matière du code pénal et faire l'objet de poursuite en action
pénale.
La multiplication du nombre des actions en
responsabilités intentées contre les professionnels et non
seulement en civil et en pénal, mais aussi dans le non respect des
normes d'exercice professionnel du code déontologique de la profession
et encourir des sanctions prévues par le barème disciplinaire de
la profession.
A ce propos il a été
mentionné en ce qui concerne la sanction in Enquête sur la fraude
dans les entreprises en France, en Europe et dans le monde, 2005, supra :
41% des fraudeurs ont été condamnés en France contre 34%
en Europe de l'Ouest et 29% dans le monde. La sanction la plus fréquente
est le licenciement (43%) lorsqu'il s'agit de salariés de l'entreprise.
Concernant les auteurs externes à l'entreprise, ils ont fait l'objet de
poursuites en action civile (35%) et /ou en action pénale (61%). Le
taux de mise en jeu d'actions pénales en France est plus important qu'en
Europe de l'Ouest (53%) et dans le monde (51%), ce qui explique le pourcentage
plus élevé des condamnations.
Après avoir exposé les notions
générales sur la fraude, nous allons porter notre analyse sur la
démarche du réviseur comptabilité dans une mission d'audit
avec risque de fraude.
DEUXIEME PARTIE :
Le Reviseur Comptable face
à la Fraude
Chapitre 3 : De la révision comptable
Section 1 Quelques rappels
sur l'audit externe
L'objectif de l'audit d'états financiers est de
permettre à l'auditeur d'exprimer une opinion selon laquelle les
états financiers ont été établis, dans tous leurs
aspects significatifs, conformément à un
référentiel comptable identifié.
Pour exprimer cette opinion, l'auditeur emploiera la
formule : l'information « donne une image
fidèle » ou « présente sincèrement,
dans tous leurs aspects significatifs », qui sont des expressions
équivalentes.
L'audit des informations financières ou autres,
élaborées selon les principes reconnus, poursuit le même
objectif. Mais l'audit a-t-il toujours poursuivi le même objectif dans
toute son évolution ? Que non. Et la section 2 qui suit va nous le
démontrer.
Section 2 : Evolution
des objectifs de l'audit : de la répression de la fraude à
l'image fidèle des comptes annuels.
Deux mille ans avant JESUS-CHRIST, les
contrôles effectués par les clercs et écrivains pour le
compte des rois et empereurs avaient pour finalité de punir les voleurs
pour détournement de fonds et protéger le patrimoine.
Au 19ème siècle après
JESUS-CHRIST, les Etats, tribunaux commerciaux et actionnaires commissionnaient
le comptable pour réprimer les fraudeurs, les punir et protéger
le patrimoine.
Les ouvrages de cette période (Dicksee, L.R., Auditing,
Ed. Robert H. Montgomery, Newyork 1905) maintiennent que l'objectif d'un audit
était :
- Premièrement de détecter les fraudes ;
- Deuxièmement de détecter les erreurs techniques,
et
- Troisièmement de détecter les erreurs de principe
comptable
Au début du 20ème siècle, la
fonction d'audit et d'expert avait comme but l'assistance des commissaires dans
les fonctions de surveillance relative à la bonne tenue des livres et
écritures comptables. L'accent était placé comme dans la
plupart des pays européens sur la conformité des comptes annuels
aux écritures comptables, et sur la détection des manipulations
comptables ; la détection des fraudes devenant un objectif
mineur.
Graduellement, une première évolution d'une part
est apparue déplaçant le pôle d'intérêt des
auditeurs vers l'attestation de l'information externe diffusée par les
sociétés. C'est cependant avec la législation
américaine sur les opérations boursières durant les
années trente que l'audit prit pleinement son essor. Celle-ci exigeait
que les comptes des entreprises introduites en bourse soient
authentifiés et vérifiés par des auditeurs externes afin
de protéger les actionnaires, les tiers et l'Etat. Voir le tableau
n°5
D'autre part, les objectifs de l'audit comptable et financier
ont évolué sous l'impulsion, notamment du fort
développement économique d'après-guerre, de l'utilisation
de la comptabilité comme instrument de preuve fiscale en France par
exemple. Les lois ont investi les commissaires aux comptes d'une mission
d'intérêt général de contrôle et de
surveillance.
La mission du commissaire aux comptes, du réviseur
comptable est d'exercer au profit non seulement des actionnaires mais aussi de
toutes les personnes qui ont à apprécier la situation
financière de la société, et qui, pour cela doivent se
fier aux documents comptables et financiers la concernant : ces personnes
peuvent être créanciers, fournisseurs, banquiers, investisseurs
éventuels ou encore salariés.
Selon l'étude de Nobes (1995), analysant les opinions
des comptables dans plusieurs pays sur l'objectif de la comptabilité
privée met en évidence cette évolution. Ainsi, près
de 80% des personnes interrogées pensent aujourd'hui que l'audit externe
a pour objectif de « s'assurer d'une impression raisonnable de la
fiabilité des comptes ». La prévention et la
détection de fraudes ne constituent l'objectif principal que pour 8%
des personnes interrogées.
Actuellement l'audit externe vise ainsi plusieurs
objectifs :
- Donner une opinion sur la fidélité des
états financiers au regard de la situation financière et des
résultats des opérations de l'organisation et ce,
conformément aux principes comptables généralement
admis ;
- Fournir des contrôles sur les mentions des
états financiers et sur le processus comptable ;
- Ajouter de la crédibilité à
l'information fondée sur la comptabilité en permettant aux
utilisateurs de faire confiance à l'information communiquée.
De ce fait la détection de la fraude est devenue le
subsidiaire non négligeable de la détermination de l'image des
états financiers de l'entreprise, afin de répondre notamment
à la demande des investisseurs et des actionnaires.
En RDC, l'objectif de la mission du commissariat aux comptes
est stipulé selon la loi que le commissaire aux comptes vérifie
la régularité et la sincérité des livres de
l'entreprise publique, de la banque commerciale et de la
société privée à responsabilité
limitée, sans une précision aucune sur l'approche et les normes
à suivre et la qualité de l'auditeur. La loi ne précise
pas la responsabilité du commissaire quant à la détection
et la révélation des fraudes et autres actes illégaux de
l'entreprise. La fraude n'est pas abordée (27).
Tableau n°5 : L'évolution des
objectifs de l'audit externe face à la fraude
Période
|
Prescripteur de l'audit
|
Auditeurs
|
Objectifs de l'audit
|
1) 2000 avant JC
|
Rois, Empereurs
|
Clercs ou écrivains
|
Punir les voleurs pour détournement de fonds
protégé le patrimoine
|
2) 1700 à 1850
|
Etats, Tribunaux commerciaux et Actionnaires
|
Comptables
|
Réprimer les fraudes et punir les fraudeurs,
protéger le patrimoine
|
3) 1900 à 1920
|
Etats et actionnaires
|
Professionnels de la comptabilité ou juristes
|
Eviter les fraudes et attester la fiabilité du bilan
|
4) 1920 à 1940
|
Etats et actionnaires
|
Professionnels d'audit et de comptabilité
|
Eviter les fraudes et les erreurs et attester la fiabilité
des états financiers historiques
|
5) 1940 à 1970
|
Etats, banques, actionnaires
|
|
Attester la sincérité et régularité
des états financiers historiques
|
6) 1970 à 1990
|
Etats, tiers et actionnaires
|
Professionnels d'audit et de comptabilité
|
Attester la qualité du contrôle interne et respect
des normes d'audit
|
7) A partir de 1990
|
Etats, tiers et actionnaires
|
Professionnels d'audit et de conseil
|
Attester l'image fidèle des comptes et la qualité
du contrôle interne dans le respect des normes. Protection contre la
fraude internationale
|
Source : Objectifs de l'audit externe face à la
fraude, Internet
Chapitre 4 :
Approche d'une
mission d'audit et la fraude
La responsabilité des auditeurs en matière de
fraude varie avec le temps et le pays d'appartenance. Le
contexte « affairiste » des pays anglo-saxons a
conduit à un développement important de normes professionnelles
dans ce domaine, contrairement à la France et encore moins à la
RDC où la fraude n'est pas directement abordée.
Section 1 : Normes
d'audit relatives à la fraude.
Deux normes répondent à la préoccupation
de l'auditeur externe d'une mission d'audit avec risques de fraudes et
d'erreurs, il s'agit de la norme américaine SAS n° 82 (1998)
dénommée « Consideration of Fraud in a Financial
Statement audit » et la norme internationale ISA 240 intitulée
« The Auditors Responsability to detect Fraud and Error in Financial
Statements »
Depuis 1951, huit normes professionnelles ont
été successivement d'application aux Etats Unis par rapport
à la détection et à la prévention de la fraude.
Diverses étapes peuvent être mises en évidence.
La 8ème norme de cette liste qui est le SAS
n° 82 (1998) « Consideration of Fraud in a Financial
Statement Audit ». Cette nouvelle norme aborde la
responsabilité de l'auditeur qui doit obtenir une assurance raisonnable
de l'absence d'incorrections dans les états financiers, causées
par des erreurs ou par des fraudes.
Cette norme demande que l'auditeur prenne en compte dans la
démarche d'audit le risque d'anomalies importantes dues à la
fraude et fournit des catégories de facteurs de risque qui pourraient
indiquer la présence de fraude que l'auditeur doit considérer
dans son évaluation.
L'IFAC définit lui aussi des normes d'audit en
matière de fraude et d'erreur. Depuis mars 2001 la norme internationale
ISA 240 intitulé « The Auditors Responsability
to detect Fraud and Error in Financial Statements » abonde dans le
même sens que la norme américaine.
Les deux normes ont comme principe de base en la
matière ceci : Lors de la planification et de la réalisation
de l'audit ainsi que de l'évaluation des résultats qui en
découlent et de la formulation des conclusions, l'auditeur doit prendre
en considération le risque d'anomalies significatives dans les
états financiers pouvant résulter de fraudes ou d'erreurs.
Elles stipulent également que l'auditeur doit
communiquer à la direction, au comité d'audit, au conseil
d'administration et même à l'assemblée
générale et autres organes de régulation, le
résultat de ses investigations dans les meilleurs délais.
Lors de la planification de l'audit, l'auditeur doit
évaluer les risques qu'une fraude ou qu'une erreur conduise à des
anomalies significatives dans les états financiers et doit interroger la
direction sur toute fraude ou erreur significative qui aurait été
détectée. Sur base de l'évaluation des risques, l'auditeur
doit définir des procédures d'audit permettant d'obtenir une
assurance raisonnable que les anomalies significatives dans les états
financiers provenant des fraudes seront détectées.
Pour ce faire, l'auditeur devra réunir suffisamment
d'éléments probants indiquant qu'aucune fraude et erreur pouvant
avoir des incidences significatives sur les états financiers ne se sont
produites. Si tel est le cas, l'auditeur devra mentionner que l'effet de la
fraude est pris en compte dans les états financiers ou bien que l'erreur
est corrigée.
Cependant, à la différence de la norme
américaine qui demeure muette à ce sujet, la norme ISA 240
assimile l'audit à un moyen de dissuasion sans que l'auditeur ne puisse
être tenu pour responsable de la prévention des fraudes et des
erreurs.
Aux Etats-Unis, il existe d'autres textes de lois et de
règlements qui obligent l'auditeur à révéler les
anomalies significatives dues aux fraudes et aux actes illégaux à
la Commission de la bourse pour les entreprises cotées, il s'agit
notamment de la loi Sarbanes-Oxley, ci-avant citée.
En France, aucune norme professionnelle ne semble aborder
directement la notion de fraude. L'objectif actuellement assigné au
commissariat aux comptes semble l'englober sans la mentionner.
La notion de fraude est uniquement abordée dans
l'étude des lois, d'écrits et de textes divers. Mais la CNCC
recommande à l'auditeur d'être attentif au facteur de risque dans
sa démarche générale car la nature de risque conditionne
la structure et l'étendue de travaux permettant à l'auditeur de
fonder son opinion. (25)
Pour la République Démocratique du Congo, les
commissaires aux comptes eux-mêmes n'ont pas de normes communes ni
d'approches spécifiques pour leur mission de commissariat aux
comptes.
En absence des dispositions légales et même
statutaires concernant les normes, l'approche et la qualité des experts
sur l'audit légal, les commissaires aux comptes suivent soit des
dispositions des normes d'audit international, ou d'autres pays. Il n'y a donc
pas d'uniformité dans ce domaine. (26)
Et le prof. Lokombe N. Droit congolais des
sociétés, tome II PFDVC,1999, p.759 écrit ceci
à ce propos : « Enfin, du fait de l'inexistence dans la
législation congolaise, des règles précises sur telle ou
telle autre question relative aux commissaires aux comptes, en cas d'absence
des dispositions statutaires , il devient permis de faire emprunt
légitime et conscient des règles consacrées en la
matière dans des systèmes juridiques étrangers, mais pour
autant que les dites règles soient de nature à être prises
pour des principes généraux de droit ». Et cela en
vertu du principe selon lequel ce qui n'est pas interdit est permis.
Section 2 : Risque de
fraude
L'analyse des risques et leur incidence possible sur les
comptes est particulièrement importante lors du déroulement de la
mission d'audit car la nature du risque conditionne la nature et
l'étendue de travaux permettant à l'auditeur de fonder son
opinion.
En outre, il apparait que les auditeurs qui intègrent
le risque de fraude dans leur mission d'audit externe légal,
démarche préconisée par les nouvelles normes
internationales d'audit, sont davantage susceptibles de découvrir les
cas de fraude.
2.1 Rappel sur le concept de
risque
L'IIA définit le risque comme la
probabilité qu'un évènement ou qu'une action ait des
retombées sur l'entreprise. On peut exprimer par exemple le risque de
fraude comme étant le risque qu'une donnée ou qu'une
opération soit volontairement détournée de sa
finalité.
Selon l'ISA 240: l'auditeur doit acquérir une
connaissance suffisante des systèmes comptables et de contrôle
interne pour planifier l'audit et concevoir une approche d'audit efficace.
L'auditeur doit recourir à son jugement professionnel pour
évaluer le risque d'audit et définir des procédures
d'audit visant à le réduire à un niveau acceptable
faible.
La norme ISA 240 op.cit. établit des
principes et procédures et précise leurs modalités
d'application concernant la prise de connaissance des systèmes
comptables et contrôle interne ainsi que l'évaluation du risque
d'audit et ses composantes : risque inhérent, risque lié
au contrôle et risque de non détection.
2.2 Types de risque de
fraude
La firme Arthur Andersen propose un cadre d'analyse
des risques comprenant trois composantes : risques liés à
l'environnement ; risques liés aux processus ; risques
liés à l'information utilisée dans de décisions.
La firme PWC propose quant à lui cinq types
de risques : risques stratégiques, risques éthiques et
environnementaux, risques d'audit interne, risques opérationnels,
risques liés aux systèmes d'information et risques
financiers.
La note d'information n°13 CNCC distingue
plusieurs catégories de risques : les risques
généraux, les risques liés à la nature et au
montant des opérations traitées, les risques liés à
la conception et au fonctionnement des systèmes, les risques de non
détection liés à l'audit.
Concernant cette dernière catégorie
des risques, la CNCC note : « Le choix, par le commissaire aux
comptes des procédures mises en oeuvre de l'étendue et de la date
liée à ses interventions, entraine obligatoirement un certain
niveau de risques que le commissaire aux comptes doit s'efforcer de minimiser.
Il n'est en effet pas possible, notamment pour des raisons de cout et
d'efficacité d'obtenir une assurance absolue que les comptes annuels ne
contiennent pas d'erreurs, quels que soient les systèmes mis en place
par l'entreprise ou les contrôles de détection mis en oeuvre par
les commissaires aux comptes (...). Il doit cependant concevoir son programme
de travail pour obtenir une assurance raisonnable qu'il n'existe pas d'erreurs
significatives dans les comptes annuels et limiter ainsi les risques d'audit
à un niveau minimum acceptable » CNCC 1992.
Cette approche s'apparente au modèle
d'évaluation du risque proposé par l'AICPCA en 1983 (SAS 47).
Selon ce modèle, encore dénommé
« L'équation de l'auditeur »:
Risque de mission d'audit
= risque inhérent x risque de contrôle × risque de non
détection par l'auditeur.
2.3 Evaluation des risques de
fraude
Toute entreprise est
confrontée à un ensemble de risques externes et internes qui
doivent être évalués. L'évaluation des risques
consiste en l'identification et l'analyse de facteurs susceptibles d'affecter
la réalisation de l'objectif.
Il s'agit d'un processus qui
permet de déterminer comment ces risques doivent être
gérés. Compte tenu de l'évolution permanente de
l'environnement micro et macro-économique, de contexte
réglementaire et des conditions de l'exploitation, il est
nécessaire de disposer de méthodes permettant d'identifier et de
maitriser les risques spécifiques liés au changement, sur le plan
pratique il n'existe aucun moyen d'éliminer tous les risques.
En effet, le risque est inhérent aux
affaires. Il appartient donc aux dirigeants de déterminer le niveau de
risques acceptable, dans le cadre d'une gestion prudente de l'activité,
de s'efforcer de le maintenir à ce niveau.
Fixer les objectifs est une condition préalable
à l'évaluation des risques. Le management doit se fixer les
objectifs avant d'identifier les risques qui sont susceptibles d'avoir un
impact sur leur réalisation et prendre des mesures nécessaires.
Les objectifs, bien que très divers, peuvent être regroupés
en trois grandes catégories.
- Les objectifs liés aux opérations touchant
à la réalisation et à l'optimisation des
opérations ;
- Les objectifs liés aux informations
financières touchant à la préparation d'états
financiers fiables et à la prévention de la falsification des
informations financières ;
- Les objectifs de conformité touchant au respect des
lois et règlements auxquels l'organisation est soumise.
En définissant l'approche d'audit, l'auditeur
tient compte de l'évaluation préliminaire du risque lié au
contrôle (aussi que de celle du risque inhérent) pour
déterminer les risques de non détection acceptable pour les
assertions sous-tendant l'établissement des états financiers
ainsi que la nature, le calendrier et l'étendue des contrôles
substantifs correspondants (Voir tableau n° 6.)
Tableau n° 6 : Illustration de la relation
entre les composantes du risque d'audit.
|
|
Evaluation par l'auditeur du risque lié au
contrôle
|
|
|
Elevé
|
Moyen
|
Faible
|
Evaluation par l'auditeur du risque inhérent
|
Elevé
|
Minimum
|
Plus faible
|
Moyen
|
Moyen
|
Plus faible
|
Moyen
|
Plus élevé
|
Faible
|
Moyen
|
Plus élevé
|
Maximum
|
Source : Audit et Contrôle des comptes,
Robert OBERT
Les zones grasses dans ce tableau correspondent au risque de
non détection ; le risque de non détection est inversement
proportionnel au cumul des risques inhérents et des risques liés
au contrôle; Par exemple, lorsque les risques inhérents et ceux
liés au contrôle sont élevés, il convient de fixer
un niveau de risque de non détection faible, afin de réduire le
risque d'audit à un niveau acceptable faible.
Inversement, lorsque les risques inhérents et ceux
liés au contrôle sont faibles, l'auditeur peut accepter un niveau
de risque de non détection plus élevé tout en
réduisant le risque d'audit à un niveau acceptable faible.
Section 3 : Introduction de
facteurs de risques spécifiques à la
fraude dans la démarche d'audit
Nous empruntons le développement de cette section
à l'Etude empirique du risque de fraude de Carassus D., Cormier., in
Etude empirique..., internet
Le fait qu'une fraude résulte
généralement d'un acte dissimulé la rend, par nature,
difficile à déceler. Toutefois, l'auditeur, sur la base de sa
connaissance de l'activité de l'entité, peut identifier les faits
ou circonstances qui créent des opportunités, des motivations de
commettre des actes frauduleux, ou qui peuvent indiquer qu'une fraude a
déjà été commise. De tels faits ou circonstances
sont qualifiés de « facteurs de risques de fraude ».
Par exemple, un document peut manquer, la balance
générale peut faire apparaître un écart entre les
débits et les crédits, ou une procédure analytique peut
montrer des résultats aberrants. Cependant ces faits et circonstances,
peuvent résulter d'autres phénomènes que la fraude.
L'IFAC propose quelques exemples de circonstances ou
d'évènements augmentant le risque de fraudes ou d'erreurs.
Ceux-ci sont liés à : trois types de facteurs de risques de
fraude énumérés ci-après :
3.1. Des facteurs de risque de
fraudes relatifs à des anomalies pouvant conduire à la
présentation d'états financiers mensongers.
Ils peuvent être regroupés en deux
catégories:
· Attitude et comportement de la direction et son
influence sur le système d'organisation du contrôle interne.
Ces facteurs liés à des questions concernant
l'intégrité ou la compétence de la direction par exemple,
une direction entre les mains d'une personne, ou d'un petit groupe de
personnes, sans comité ou conseil de surveillance, des
déficiences majeures du contrôle interne systématiquement
négligées, un taux de rotation élevé des
responsables comptables et financiers, des changements fréquents de
conseils juridiques ou d'auditeurs.
· Caractéristiques propres à
l'industrie
Des pressions inhabituelles au sein de l'entité (ou
subies par l'entité) telle que la récession
et l'augmentation de nombre de faillites dans le secteur, l'insuffisance de
fonds de roulement du fait de la baisse des résultats ou d'une expansion
trop rapide, la dépendance d'un ou de plusieurs produits ou clients, la
détérioration de la qualité des revenus se
détériorant par des risques trop élevés pris en
matière de ventes à crédit, par un changement des
pratiques commerciales ou la sélection de politiques
d'arrêté des comptes qui permettent de gonfler les revenus.
3.2. Des facteurs de risque de
fraudes provenant des caractéristiques opérationnelles de
l'entité et de sa stabilité financière
- Des opérations inhabituelles telles que des
opérations comptables complexes, transactions avec des parties
liées, de paiement de service (par exemple à des avocats,
consultants ou agents), qui semblent excessifs par rapport aux prestations
fournies.
- Les difficultés pour réunir suffisamment
d'éléments probants avec pour exemple des documents comptables
inadaptés (fichiers incomplets, écritures de
régularisation en nombre important, opérations non
comptabilisées selon les procédures normales et soldes des
comptes collectifs non supportés par des valeurs auxiliaires), une
documentation de transactions inadéquates (absence d'autorisation
valide, justificatifs non disponibles et altération des documents), des
réponses voisines ou fantaisistes de la direction aux demandes de
l'auditeur.
- Des facteurs spécifiques à l'environnement
informatique tels que l'impossibilité d'extraire les informations des
fichiers informatiques, l'absence de documentation d'un grand nombre de
modifications des programmes, incohérence dans le rapprochement entre
les transactions informatiques et les bases de données d'une part et la
comptabilité générale d'autre part.
3.3. Des facteurs de risques de
fraudes pouvant conduire à des anomalies provenant de
détournement d'actifs
Ces facteurs peuvent être regroupés en deux
catégories :
· La première catégorie concerne les
facteurs de risque de fraudes dépendant de la
vulnérabilité des actifs aux détournements, il s'agit par
exemple de fonds en caisse ou transit de fonds importants,
caractéristiques des articles en stock, tels que petites
quantités mais de valeur unitaire importante.
· La deuxième catégorie ce sont des
facteurs de risques de fraudes liés au manque de contrôles
définis pour prévenir et détecter les
détournements. Ils résultent notamment du manque de supervision
de la direction, de l'absence d'investigations de certaines candidatures
à des postes où la personne aura accès à des actifs
exposés au détournement et de l'insuffisance de suivi comptable
sur les actifs exposés à des détournements.
L'introduction de facteurs plus ou moins spécifiques
à la fraude a tout de même le mérite de faire prendre
conscience à l'auditeur de cette notion de façon directe et non
plus seulement par l'intermédiaire d'une approche globale ; comme
décrit au point 2.1, Raisons et indices de la fraude.
L'évaluation de risques de fraude doit normalement
être effectuée au niveau de l'orientation de la mission du
réviseur comptable.
Après avoir passé en revue tous ces
éléments constitutifs de la fraude, comment le réviseur
comptable peut-il les capitaliser dans l'approche d'une mission d'audit ?
Cela sera développé dans la section 4.
Section 4 : Démarche
de l'auditeur dans une mission avec prise en compte
de risques de fraudes et irrégularités
4.1. Etapes de la démarche
de l'audit avec risque de fraudes
Démarche de l'auditeur dans une mission avec
prise en compte de risques de fraudes et
irrégularités
Cette démarche suit le
canevas ci-dessous :
i. PRINCIPE
Lors de la planification et de la réalisation de
l'audit, ainsi que de l'évaluation de résultats qui en
découlent et de la formulation des conclusions, l'auditeur doit prendre
en considération le risque d'anomalies significatives dans les
états financiers pouvant résulter de fraudes ou d'erreurs.
1. Planification de l'audit
Lors de la planification de l'audit, l'auditeur doit
évaluer le risque qu'une fraude ou qu'une erreur conduise à des
anomalies significatives dans les états financiers et doit interroger la
direction sur toute fraude ou erreur significative qui aurait été
détectée.
2. Définition des procédures d'audit
Sur la base de l'évaluation des risques, l'auditeur
doit définir des procédures d'audit permettant d'obtenir une
assurance raisonnable que les anomalies significatives dans les états
financiers, provenant de fraudes et d'erreurs seront détectées.
ii. ISA « Objectif et principes
généraux de l'audit d'états
financiers »
L'auditeur doit planifier et conduire l'audit en faisant
preuve d'esprit critique et en étant conscient que les circonstances ou
événements laissant à supposer l'existence d'une fraude
ou d'une erreur peuvent être détectés.
3. Mise en évidence de la possibilité d'une
fraude ou d'une erreur
Lorsque la mise en oeuvre des procédures d'audit
définies à la suite d'une évaluation
générale des risques met en évidence la possibilité
d'une fraude ou d'une erreur, l'auditeur doit analyser son incidence
potentielle sur les états financiers. Si l'auditeur estime que la fraude
ou l'erreur est susceptible d'avoir un effet significatif sur les états
financiers, l'auditeur doit mettre en oeuvre des procédures
modifiées ou supplémentaires jugées nécessaires.
4. Entretien avec la direction
Si les résultats des procédures modifiées
ou supplémentaires ne permettent pas d'infirmer cette
présomption, l'auditeur doit s'entretenir de cette question avec la
direction et évaluer si la fraude ou l'erreur a été
correctement prise en compte ou corrigée dans les états
financiers. L'auditeur doit analyser l'incidence éventuelle de la fraude
ou de l'erreur sur son rapport.
5. Répercussions d'une fraude sur les autres
aspects
- L'auditeur doit mesurer les répercussions d'une
fraude et d'une erreur significative sur les autres aspects de l'audit,
notamment sur la fiabilité des déclarations de la direction.
6. Communication
L'auditeur doit communiquer à la direction le
résultat de ses investigations dans les meilleurs délais
si :
- L'auditeur suspecte l'existence d'une fraude, même si
l'effet potentiel sur les états financiers est négligeable; ou
- Une fraude ou une erreur significative a effectivement
été détectée.
7. Expression de l'opinion dans le rapport
Si l'auditeur conclut que la fraude ou l'erreur a des
conséquences significatives sur les états financiers et qu'elle
n'a pas été prise en compte ou corrigée dans ceux-ci,
l'auditeur doit exprimer une opinion avec réserve ou une opinion
défavorable.
Si l'entité ne permet pas à l'auditeur de
réunir suffisamment d'éléments probants pour
évaluer si une fraude ou une erreur pouvant avoir un effet significatif
sur les états financiers s'est produite ou a de fortes chances de
s'être produite, l'auditeur doit exprimer une opinion avec réserve
ou conclure à l'impossibilité d'exprimer une opinion.
Si l'auditeur n'est pas à même de
déterminer si une fraude ou une erreur s'est produite du fait des
limites imposées par les circonstances et non par l'entité,
l'auditeur doit en tirer des conséquences dans son rapport.
d
iii. Codes d'éthique professionnelle des
comptables IFAC
A la réception d'une demande de renseignements de
l'auditeur pressenti pour succéder à l'auditeur en place,
l'auditeur en place doit indiquer à l'auditeur pressenti s'il existe des
raisons professionnelles incitant l'auditeur pressenti à refuser sa
nomination.
Si le client refuse d'autoriser toute discussion relative
à ses affaires avec l'auditeur pressenti, ce refus doit être
signifié à l'auditeur pressenti.
N.B : La suite alphabétique dans
le texte : i, ii, iii ce sont des extraits des normes internationales
d'audit IFAC ; traduites en français en juin 2006.
4.2 Quelques
considérations sur l'approche d'audit
Nous empruntons ces quelques considérations sur
l'approche de l'audit essentiellement à Robert OBERT dans son ouvrage
intitulé « Audit et contrôle des comptes
2002-2003 » et à Francis LEFEVRE dans son livre
intitulé « Audit et commissariat aux comptes
2007-2008 », notés dans la bibliographie.
· Démarche d'audit
L'auditeur doit faire preuve dans sa démarche d'audit
d'un esprit critique : lorsqu'il planifie et exécute sa mission, il
ne retient comme postulat ni que la direction est malhonnête, ni que son
intégrité est indiscutable. Lorsqu'il détecte une
possibilité de fraude ou d'erreur susceptible d'avoir une incidence sur
les comptes, il doit apprécier le risque qui en découle et
adapter en conséquence ses procédures d'audit.
D'une manière générale, le risque d'audit
est plus important lorsqu'il y a fraude, puisque celle-ci s'accompagne en
règle générale d'une volonté de dissimulation de
l'anomalie qui en est la conséquence. De même, les fraudes
commises par la direction sont souvent plus difficiles à déceler
que celles commises par le personnel, dans la mesure où la direction a
fréquemment la possibilité de s'affranchir de certaines
procédures de contrôle.
Lorsque le commissaire aux comptes est confronté
à des situations qui lui laissent penser que les comptes pourraient
contenir une anomalie significative provenant d'une fraude ou d'une erreur, il
met en oeuvre des procédures d'audit complémentaires afin de
déterminer si tel est le cas (norme CNCC 2-105 § 29).
Lorsque l'auditeur détecte une fraude ou une erreur, il
ne peut présumer que celle-ci constitue un cas isolé. En
conséquence, et préalablement à la conclusion de son
audit, il examine si l'évaluation des composants du risque d'audit,
réalisée lors de la planification de sa mission, doit être
revue et la nature, le calendrier et l'étendue de ses travaux doivent
être modifiés (norme CNCC 2-105 § 31).
Lorsque le commissaire aux comptes relève une anomalie,
il s'interroge sur sa nature et se demande notamment si celle-ci peut
constituer l'indice d'une fraude. Si tel est le cas, il examine les
conséquences possibles de cette anomalie sur les autres aspects de sa
mission, et en particulier sur la fiabilité des déclarations de
la direction (norme CNCC 2-105 § 32).
La découverte d'une anomalie ne constitue pas en soi un
échec dans l'obtention d'une assurance raisonnable, ni la preuve d'une
inadéquation de la démarche d'audit ou d'une insuffisance de
compétence de l'auditeur compte tenu de l'incapacité des
procédures d'audit à déceler certaines fraudes: point de
savoir si le commissaire aux comptes a effectué un audit conforme aux
normes d'exercice professionnel s'apprécie au regard du caractère
adéquat des procédures d'audit mises en oeuvre de chaque cas
d'espèce (norme CNCC 2-105 §13).
La détection d'une fraude ou d'une erreur peut aussi
remettre en cause l'évaluation de risques dans la mesure où elle
remet en cause l'efficacité du contrôle interne.
Lorsque le commissaire aux comptes conclut que les comptes
comportent des anomalies significatives du fait de fraudes ou d'erreurs, ou
n'est pas en mesure de conclure sur ce point, il en analyse les
conséquences sur son audit et sur l'expression de son opinion dans son
rapport (norme CNCC 2-105 § 34).
· Documentation
L'auditeur documente dans son dossier les facteurs de risques
identifiés en matière de fraude et d'erreur et consigne la
manière dont les risques identifiés ont été
traités dans son audit.
L'auditeur légal doit par ailleurs obtenir dans la
phase finale de l'audit des déclarations écrites de la direction
auxquelles est annexé un état des anomalies non
corrigées.
· Non détection de fraudes
Beaucoup d'auditeurs ne détectent jamais la
fraude parce qu'ils n'intègrent pas dans leur approche d'audit
l'évaluation du risque de fraude et l'élaboration des
réponses (plan et programmes d'audit) appropriés aux moyens
identifiés.
· Limites inhérentes
Un auditeur ne peut obtenir l'assurance absolue que toute
anomalie significative contenue dans les états financiers soit
détectée. Du fait de limites inhérentes à l'audit,
il existe inévitablement un risque que certaines anomalies
significatives contenues dans les états financiers ne sont pas
détectées, même si l'audit est correctement planifié
et effectué selon les SAS. (Voir le développement de ce point au
5.2.5)
· Modalités d'évaluation du risque
de fraude et le contrôle interne
Après avoir décrit l'évaluation du risque
de fraude au point 4.2.3, l'auditeur doit appréhender et évaluer
le risque de fraude notamment :
- Par un entretien avec les membres de l'équipe d'audit
lors de la planification de la mission : cette réunion donne lieu
à un échange permettant de sensibiliser l'ensemble des
intervenants au risque de fraude ou erreur spécifique à
l'entité concernée.
- Par un entretien avec la direction de l'entreprise :
celui-ci permet à l'auditeur de s'informer sur les mesures mises en
place dans ce domaine visant à garantir la prévention et la
détection des fraudes ; l'auditeur demande par ailleurs à la
direction de l'informer des fraudes et erreurs dont elle a connaissance ou dont
elle redoute l'existence ;
- Par un entretien avec les personnes constituant le
gouvernement d'entreprise lorsqu'elles sont distinctes de la direction, en vue
d'obtenir leur avis d'une part sur les systèmes existant dans
l'entreprise en vue de détecter les erreurs et les fraudes, d'autre part
sur la compétence et l'intégrité des dirigeants.
- Par une prise en compte du résultat de l'examen
analytique.
- Etc
· Déclaration de la direction
A l'issue des entretiens avec la direction, l'auditeur doit
obtenir des déclarations écrites, au travers desquelles cette
dernière :
- Reconnait qu'elle a la responsabilité de mettre en
place des systèmes comptables et contrôles internes
destinés à prévenir et détecter des fraudes et des
erreurs et s'assurer de leur fonctionnement effectif.
- Considère que l'effet des ajustements d'audit
relevés par l'auditeur au cours de sa mission et non enregistrés
ne sont pas pris individuellement ou globalement significatifs au regard des
états financiers pris dans leur ensemble. La récapitulation de
ces ajustements doit être incluse aux déclarations.
- Confirme avoir communiqué à l'auditeur tous
les faits importants dont elle a connaissance et relatifs à des fraudes
commises dans l'entité ou suspectées.
- Confirme avoir communiqué à l'auditeur le
résultat de son évaluation du risque que les états
financiers puissent être erronés de manière significative
du fait de fraudes.
· Mise en évidence de la
possibilité d'une fraude ou d'une erreur.
Si l'auditeur estime que la fraude ou l'erreur est susceptible
d'avoir un effet significatif sur les états financiers, l'auditeur doit
mettre en oeuvre les procédures modifiées ou
supplémentaires jugées nécessaires, en occurrence il sera
amené à revoir :
- la nature, le calendrier et l'étendue des
contrôles substantifs ;
- l'évaluation de l'efficacité des
contrôles internes lorsque le risque a été
évalué à un niveau inférieur, à un niveau
élevé ;
- le niveau d'expérience des membres de l'équipe
d'audit assignés à la mission.
· Communication
L'auditeur doit communiquer à la direction le
résultat de ses investigations dans les meilleurs délais comme
cela est décrit au point 2.6.
Il ya lieu de distinguer six aspects de
communication selon le code d'éthique professionnelle des
comptables. « Le code de l'IFAC » :
- La communication des anomalies provenant de fraude à
la direction et personnes constituant le gouvernement d'entreprise ;l
- La communication aux personnes constituant le gouvernement
d'entreprise des déficiences majeures dans le contrôle interne, en
relation avec la prévention et la détection de fraudes et erreurs
relevées à l'occasion de la réalisation des
procédures d'audit. Si l'intégrité ou
l'honnêteté de la direction ou des personnes constituant le
gouvernement d'entreprise est mise en doute, l'auditeur s'interroge sur la
nécessité de consulter un avocat pour déterminer les
actions appropriées à envisager
- La communication aux autorités de contrôle et
au régulateur, le principe de secret professionnel applicable aux
auditeurs ne leur permet pas en règle générale de
communiquer à des tiers à l'entité les fraudes et erreurs
découvertes. Cependant, les obligations légales imposées
aux auditeurs varient d'un pays à un autre et dans certains cas, le
secret professionnel peut être levé par les statuts, la loi ou les
tribunaux. Dans ces situations l'auditeur envisagera de consulter un
avocat ;
- La communication de l'auditeur à la personne qui l'a
désigné pour effectuer la mission et dans certains cas le
régulateur ou l'autorité de contrôle de
l'impossibilité de poursuivre la mission d'audit, lorsque l'auditeur
arrive à conclure qu'il lui est impossible de poursuivre sa mission
d'audit en conséquence d'anomalies découvertes résultant
de fraudes ou de fraudes suspectes doit :
* S'interroger sur sa responsabilité professionnelle et
ses obligations applicables en la circonstance, notamment sur ses obligations
d'informer la ou les personnes qui l'ont désigné pour effectuer
la mission et dans certains cas, le régulateur ou l'autorité de
contrôle ;
* S'interroger sur la possibilité de se
démettre.
- La communication avec l'auditeur appelé à
succéder à l'auditeur en place,
l'auditeur en place doit informer l'auditeur appelé à lui
succéder, en réponse à la demande qui lui est faite, s'il
existe des raisons professionnelles pour lesquelles l'auditeur appelé
à lui succéder ne devrait pas accepter sa nomination en
qualité d'auditeur de l'entité auditée. Si le client
s'oppose à ce que l'auditeur en place discute avec l'auditeur
appelé à lui succéder des problèmes touchant
à l'entité, l'auditeur en place doit mentionner ce refus à
l'auditeur appelé à lui succéder. Si le client refuse
d'autoriser toute discussion relative à ses affaires avec l'auditeur
pressenti, ce refus repris doit être signifié à l'auditeur
pressenti.
Section 5 : Décalage
entre l'attente du public et les limites de l'audit dans la détection de
la fraude « audit- expectation GAP »
D'une manière générale, le public attend
un jugement sur la qualité de la gestion pratiquée par
l'entreprise dans laquelle ses investissements ont été
effectués. Il existe aussi des attentes portées en matière
de fiabilité des comptes. Dans la mesure où les professionnels ne
considèrent pas directement la possibilité de l'existence d'une
fraude, ayant une incidence sur les états financiers, ceux-ci ne
satisfont pas les besoins des utilisateurs des rapports d'audit. Le
décalage entre les besoins et la démarche pratiquée a
été défini dans les pays anglo-saxons, comme faisant
partie de « l'audit expectation GAP ». (27)
Pour leur défense, les auditeurs rappellent
régulièrement que leurs obligations sont des moyens et non des
résultats et qu'ils sont tributaires de la bonne foi de ceux qu'ils
contrôlent. Ils estiment être chargés de vérifier les
comptes sur base des documents qui leur sont fournis et pas de rechercher la
fraude. Tant aux États Unis qu'en Europe, ils insistent sur le fait
qu'ils sont des contrôleurs, pas des détectives. Il y a
manifestement un décalage entre cette conception de leur mission et les
attentes du public...
L' « audit attentes gap » est
un écart existant entre ce que les auditeurs externes comprennent de
leur rôle et fonctions comparés aux attentes des divers groupes
d'utilisateurs des rapports d'audit et du public concernant le processus et le
résultat de l'audit externe. (28).
« Les attentes écart » a
été reconnu par la profession d'experts comptables comme une
question d'importance fondamentale.
La commission des responsabilités des comptes (AICPA,
1978) a été constituée pour enquêter sur l'existence
de ce fossé et a conclu : « après une étude
des preuves disponibles et de ses propres recherches... un tel fossé
existe ».
L'Institut Canadien des Comptables Agréés MAC
DONNALD a créé la commission pour étudier les attentes des
citoyens des audits, le rapport final présenté en 1988 a conclu
que le public est en grande partie ignorant de l'étendue des
responsabilités confiées aux auditeurs et que le sentiment d'une
partie plus avertie de la population est que leurs attentes ne sont pas
comblées.
Au Royaume Uni l'Auditing Research Foundation (1989) a
identifié « les attentes écart » comme l'un
des domaines prioritaires de l'enquête.
L'Auditing Research Foundation (1989) avait
déjà constaté que le rapport de l'auditeur a
été considéré comme l'une des pierres angulaires
des questions de la perception des auditeurs et des attentes des usagers.
En outre Jean Michel Arlandis, Associé Responsable
Fraude chez Ernest § Young constate ce qui suit : « il
existe un décalage entre ce que le public attend d'eux et le
périmètre de leur mission légale », selon
IBR/IRE, 03/006, p, 141/423.
Les causes principales de «
l'écart-attente » sont le manque de connaissance du
droit des sociétés et des normes d'audit et d'un malentendu sur
le rôle fondamental de l'auditeur externe c'est-à-dire un
« écart-attentes ».
Il est donc largement reconnu au sein de la profession d'un
écart significatif de vérification des attentes et de la
nécessité de prendre d'urgence des mesures efficaces pour
remédier à cette lacune.
Le MAC DONNALD COMMISSION 1988 op.cit. a recommandé qu'
en plus d'un rapport d'audit plus explicite, un énoncé de
responsabilités de la direction pour les états financiers devrait
être inclus dans le rapport annuel ; et entre autres le
comité d'audit devrait rendre compte chaque année aux
actionnaires.
En plus d'un certain nombre d'approches différentes
suggérées ci-avant, notamment le rapport d'audit, d'autres moyens
possibles de réduire ce « fossé attente » ont
également été suggérés, par exemple
l'élargissement du rôle et des responsabilités du
reviseur comptable, dans le domaine de la fraude et des actes illégaux,
le renforcement de son indépendance et ensuite l'amélioration de
la connaissance et de la compréhension du rôle de l'auditeur et de
ses responsabilités grâce à l'enseignement de l'audit et de
ses limites
auprès des bénéficiaires, des prescripteurs de l'audit et
du grand public.
CHAPITRE 5 :
Rôles et
responsabilités du réviseur comptable en cas de fraude.
Compte tenu de l'importance des missions confiées aux
réviseurs comptables et aux commissaires aux comptes, ceux-ci engagent
leur responsabilité professionnelle dès lors
qu'ils s'écartent des règles de l'éthique professionnelle,
leur responsabilité civile lorsqu'ils ont commis une
faute dans l'accomplissement de leur mission conformément à la
loi, dès qu'ils ont manqué à toutes les diligences que
l'on attendait d'eux, et enfin leur responsabilité
pénale lorsqu'ils commettent une infraction pénale.
Les responsabilités des auditeurs en matière de
fraudes varient avec le temps et le pays d'appartenance. L'examen de la faute
passe donc nécessairement, par celui des obligations professionnelles
fixées par la loi, les règlements, les normes et les usages
auxquels le commissaire aux comptes a manqué dans l'exercice de sa
mission.
Nous emprunterons l'essentiel des propos de ce chapitre
à Francis LEFEVRE, dans son ouvrage intitulé : Audit et
Commissariat aux comptes, Mémento Pratique, Paris, 2007-2008.
Section 1 :
Responsabilités juridiques
1.1. Responsabilité civile
Le commissaire aux comptes d'une mission qui concerne non
seulement les actionnaires et le marché pour les sociétés
dont les titres sont admis aux négociations sur le marché
réglementé mais, à des degrés divers, toutes les
personnes qui portent un intérêt à l'entité
contrôlée, soit parce qu'elles interviennent en son sein comme les
dirigeants ou les salariés, soit parce qu'elles mènent des
relations économiques avec elles comme les investisseurs, les banquiers
ou les fournisseurs ; les uns et les autres attendent du commissaire aux
comptes qu'il fasse preuve de diligence dans l'exécution de ses travaux.
Si tel n'est plus le cas, ils sont en droit de demander réparation du
préjudice qui en résulte en mettant en jeu la
responsabilité civile du professionnel.( Voir chapitre 6
consacré à la présentation de quelques cas de fraudes dans
les entreprises auditées par les firmes d'audit )
Cette responsabilité est engagée lorsque des
fautes, négligences sont commises dans l'exécution de sa mission.
Elle est de nature contractuelle à l'égard de la
société contrôlée et de ses actionnaires, ainsi que
de nature délictueuse à l'égard des tiers.
Pour que sa responsabilité soit
engagée, trois éléments doivent être
réunis : la faute, le préjudice, le lien de causalité
entre la faute et le préjudice. La faute doit être prouvée
par le demandeur dans le cadre de la mission de commissaire aux comptes,
pour que la faute ou la négligence soit prouvée, la preuve
portera sur les diligences normales, qui sont :
- L'absence de certaines vérifications.
- L'absence de rapport ou de certaines mentions dans le
rapport ;
- L'insuffisance de rapports ;
- Des mentions inexactes.
Nous vous proposons ci-après un survol
rapide des formes les plus courantes d'engagement de la responsabilité
civile du commissaire aux comptes :
Les fautes liées au contrôle des comptes
notamment les diligences ostensiblement insuffisantes pour fonder une
certification ; l'absence d'investigations complémentaires que la
situation réclame, d'entériner les chiffres
présentés par les dirigeants et de ne pas se méfier des
orientations d'investigation qui lui sont proposées par ces derniers .Le
fait de ne pas rapprocher les relevés de banque avec les
écritures de la société. La certification d'un bilan
inexact et la certification sans réserve (alors qu'elles auraient
dû lui paraitre indispensables pour informer les associés ou
membres du gouvernement).Les faits ou omissions dans l'exécution de sa
mission qui le rend complice des manoeuvres frauduleuses des dirigeants ;
par exemple le fait de garder sous silence la situation de la
société et de laisser s'accomplir une distribution de dividendes
fictifs. (29)
Il y a lieu aussi de relever pour les missions d'alerte, qu'il
est reproché au commissaire aux comptes soit de n'avoir pas
déclenché la procédure d'alerte, soit de l'avoir
déclenchée d'une manière inopportune ; soit encore de
l'avoir déclenchée trop tard ou de l'avoir arrêtée
trop tôt.
S'agissant de la responsabilité civile, l'action en
responsabilité est portée devant les tribunaux civils.
1.2. Responsabilité
pénale
La responsabilité pénale du professionnel de la
révision comptable est très délicate en raison de la
multiplicité des infractions en matière de droit de
sociétés. Celui-ci est directement concerné par les
nouveaux délits énumérés dans le code pénal.
Il s'agira par exemple de l'escroquerie, l'abus de confiance, l'abus des biens
sociaux, la publication de faux bilan, la distribution de dividendes
fictifs.
Le commissaire aux comptes peut commettre différentes
infractions : celles liées à la confirmation d'informations
mensongères, celles liées à la violation du secret
professionnel et enfin celles liées au défaut de
révélation de faits délictueux.
Le commissaire aux comptes ne se limite pas à rendre
service aux membres de la communauté financière. Il contribue
à la moralisation de la vie des affaires, en s'assurant de la
conformité à la loi de comportement et en favorisant la
transparence de l'information financière.
Lorsque le législateur lui donne en outre l'obligation
de révéler les fautes délictueuses, il en fait d'ailleurs,
sans équivoque possible, un garant de l'ordre public. Rien
d'étonnant dès lors que le commissaire aux comptes qui omet de
remplir ce rôle ou qui enfreindrait lui-même la loi, engage sa
responsabilité pénale et encourt les peines attachées
à ce type de responsabilité.( Voir chapitre 6).
La loi Sarbannes-Oxley, votée par le congrès des
Etats-Unis le 29 juillet 2002 constitue un virage à cent quatre-vingt
degrés de la tradition juridique américaine :
l'autorégulation des auditeurs a été abandonnée au
profit d'un organisme public chargé de les contrôler, le PCAOB
(Public Company Accounting Oversight Board).
Là où le législateur
américain va multiplier les sanctions pénales lourdes (peine
d'emprisonnement de 10 à 25 ans en cas de fraude boursière,
amende jusqu' à 25 millions de dollars...)
En RDC, selon le Prof. Lokombe, N., Droit Congolais des
Sociétés Tome II, PUC, 1999, p.817 : « La
responsabilité pénale des commissaires est fondée sur le
droit commun. »
« Outre la responsabilité civile, la
responsabilité pénale peut être engagée à
l'encontre des commissaires aux comptes qui se seraient rendus coupables non
seulement de délits de droit commun ou qui seraient complices de
délits devant être considérés comme spéciaux
parce que la responsabilité pénale dérive cette fois-ci de
leur devoir de contrôle. A cet égard, il y a lieu de signaler que
contrairement aux systèmes juridiques dont le droit français, la
législation congolaise ne précise pas les faits
déterminés qu'elle considère comme constitutifs de
délits spéciaux dans le cadre de l'exécution de leur
mission par les commissaires. »
Il doit cependant être rappelé qu'en RDC,
l'article 145 du code pénal met l'infraction de détournement des
deniers publics, à charge des commissaires aux comptes qui
représentent des intérêts de l'Etat ou d'une
société étatique, ou au sein d'une société
formée entre particuliers ou d'une société de droit
commun.
Sur le plan pénal en RDC, devons-nous conclure, les
commissaires aux comptes se trouvent régis seulement par le droit
commun.
1.3. Extension du nombre des
actions en responsabilité
Le développement des affaires, la mondialisation des
marchés, le développement de la concurrence,
l'accélération des cycles économiques conduisent en effet,
les entreprises à manier les fonds de plus en plus importants, à
recourir de manière accrue au crédit et aux investisseurs,
à augmenter leur prise de risques et à céder à la
tentation d'occulter leurs difficultés dans l'espoir des jours
meilleurs.
Un besoin d'information financière fiable et la
nécessité de lutter contre la délinquance
financière à tous les niveaux sont les résultats de ces
évolutions.
Compte tenu des scandales financiers qui ont marqué ces
dernières années et du caractère règlementaire
désormais accordé aux normes d'exercice professionnel et au code
de déontologie de la profession, on peut s'attendre à une
multiplication du nombre des actions en responsabilité intentées
contre les professionnels non seulement au civil, en vue d'obtenir
réparation des préjudices considérables qui peuvent
être financiers, et enfin dans le domaine disciplinaire ; la
profession cherchant de manière naturelle à limiter les
condamnations civiles et pénales en sanctionnant, en amont les
écarts de comportement et les insuffisances constatées dans les
diligences.( Voir chapitre 6).
Aux Etats-Unis en 1992, la profession comptable faisait face
à plus de 4.000 poursuites judiciaires pour un montant excédent
30 milliards de dollars. (Données statistiques provenant de diverses
sources dont Big Six Report to SEC, Juin 1993; The Liability Crisis in the
United States: Impact on the Accounting - A Statement of Position by the Big
Six Accounting Firms Août 1992). (30)
Aux Etats-Unis, les cabinets comptables d'audit se sont, en
effet exposés ces dernières années à des
dépenses importantes concernant des litiges sur l'incapacité des
auditeurs à détecter la fraude et les anomalies correspondantes.
Les réseaux internationaux ont à eux seuls payé 1 milliard
de dollars dans les affaires liées à la fraude, celles-ci
incluant Ernest & Young (400 millions de dollars en 1990) et Arthur
Andersen (65 millions de dollars en 1993).
1.4. De la responsabilité
des mandataires en République Démocratique du Congo.
Il est vrai que, pour chaque entreprise
particulièrement les sociétés privées et publiques,
il existe des statuts propres ainsi que la réglementation
générale sur les entreprises publiques.
Selon les statuts des entreprises privées (SPRL) les
mandataires (gérants) sont responsables conformément au droit
commun, de l'exécution du mandat reçu et des fautes commises dans
leur gestion mais aucune mention prise et explicite sur la définition
des fautes en rapport avec la fraude.
Selon l'article 38 de statuts des entreprises publiques, les
membres de conseils d'administration engagent leur responsabilité
civile et pénale dans le cas des actes ci-après :
- Emploi des fonds de l'entreprise pour la destination
non-conforme à l'objectif social de celle-ci et pour les
intérêts personnels ;
- Présentation et publication d'un bilan et un compte
de profits et pertes sciemment inexacts en vue de dissimuler la situation
véritable de l'entreprise ;
- Affectation fictive des recettes ;
- Appropriation du bien de l'entreprise à quelque titre
que ce soit ;
- Utilisation des biens ou du crédit de l'entreprise
contre l'intérêt de cette dernière, dans un but personnel
ou pour favoriser une autre entreprise dans laquelle ils ont un
intérêt personnel.
La loi traite donc implicitement de la fraude telle que
définie plus haut mais ne donne aucune précision sur les peines
encourues en cas de faute de gestion ou d'infraction à ses
interdictions.
Outre qu'il n'existe pas dans beaucoup d'entreprises les
organes statutaires de gestion et que là où ils existent, ils ne
fonctionnent pas conformément aux statuts, la plupart des entreprises
publiques et privées grandes et petites ne disposent pas de :
- Système d'évaluation du risque de
fraude ;
- Règlement d'ordre intérieur ou un code de
bonne conduite ;
- Système de recrutement, promotion et de formation
appropriée ;
- Système d'éducation du personnel aux valeurs
éthiques ;
- Système de contrôle interne anti-fraude ;
- Mécanisme et des organes de surveillance de la fraude
(comités d'audit) ;
- Audit interne ;
- Système de communication du personnel avec la
direction, (dénonciation anonyme) ;
- Autres organes de gestion et de surveillance de la
gestion.
Enfin, il y a un laisser faire généralisé
dans les entreprises.
- Les heures de travail ne sont pas respectées ;
- Les primes ne sont pas payées ;
- Les salaires ne répondent pas au coût de la
vie.
Ces lacunes sont de nature à favoriser la
fraude au sein de l'entreprise.
Section 2 :
Responsabilités du réviseur selon les normes
professionnelles.
2.1. Rappel des
responsabilités respectives dans la gestion de la fraude de l'entreprise
Dans la section 2.4, nous avions traité de la gestion
de la fraude comprenant la prévention, la détection, la
révélation et la sanction de la fraude.
Le tableau ci-dessous établit les
responsabilités relatives à ces différentes étapes,
qu'il s'agisse des fraudes ou des actes illégaux.
Tableau n°
7 : Rôles et responsabilités en matière de fraude
|
FRAUDES
|
ACTES ILLEGAUX
|
|
Actes intentionnels avec conséquences sur les comptes
annuels
|
Irrégularités diverses
|
Irrégularités spécifiques pour le
réviseur
|
Responsabilité de l'organe d'administration
Examen du système de contrôle interne
|
|
Suivi permanent des opérations particulières
|
|
Détection
|
Audit
|
Action ponctuelle lorsqu'une infraction est
identifiée
|
Examen de conformité
|
Révélation
|
Rapport de révision public
|
Rapport interne zone du secret professionnel ou adaptation des
systèmes
|
Examen de conformité approfondi ou adaptation des
systèmes
|
Missions spécifiques éventuelles
|
Dépistage de fraudes ou adaptation des systèmes
|
Examen de conformité ou adaptation des systèmes
|
Examen de conformité approfondi ou adaptation des
systèmes
|
|
|
|
|
Source : IRE forum Anvers 1995, le rôle du
Commissaire réviseur vis-à-vis des fraudes et
irrégularités, revue IRE
2.2. Responsabilités des
dirigeants en matière de fraudes et d'irrégularités
Des
procédures doivent être mises en oeuvre au sein de
chaque entreprise en vue de réduire à titre
préventif le risque de fraudes ou d'irrégularités.
Le Conseil d'Administration (ou le gérant) est
responsable de la mise en place d'une comptabilité
régulière ainsi que de l'arrêt des comptes. Ceci ne
signifie pas pour autant que le management n'assume aucune
responsabilité. Il est, en effet, tenu de mettre en oeuvre un
système d'organisation administrative et comptable permettant de
réduire le risque d'erreurs ou de fraudes. La doctrine récente
(notamment le rapport COSO aux Etats-Unis) souligne l'importance de
l'environnement de contrôle, c'est-à-dire notamment la
sensibilité des dirigeants à la diminution de risque de fraudes
ou d'erreurs par des mesures de contrôle interne.
Le management doit rendre compte de la situation de
l'entreprise à l'organe d'administration qui doit contrôler que
des procédures permettant de prévenir ces fraudes ou
irrégularités ont été mises en place ; il doit
sanctionner les fraudes et les dénoncer à la justice pour obtenir
éventuellement réparation. (31)
Pour prévenir, décourager, détecter,
révéler et sanctionner efficacement la fraude, les gérants
ou mandataires de l'entreprise doivent :
- Créer une culture d'honnêteté au sein de
l'entreprise ;
- Mettre en place et évaluer continuellement les
mécanismes de contrôle interne anti-fraude pour réduire les
opportunités de fraude ;
- Mettre en place un mécanisme de surveillance et de
gestion de la fraude.
La responsabilité première en matière de
prévention, de détection de fraudes et
irrégularités incombe à la direction et au management de
l'entreprise. C'est l'organe de l'administration qui doit veiller à ce
que des procédures permettant d'éviter ces fraudes et
irrégularités aient été mises en oeuvre. Le
réviseur ne peut en aucun cas être tenu pour responsable de la
mise en oeuvre de ces procédures.
Il doit cependant dans le cadre de sa mission d'attestation de
comptes, se forger une opinion sur la qualité du contrôle interne
et est tenu d'informer les organes responsables de l'entreprise en cas de
constatation des faiblesses significatives dans ce contrôle interne.
2.3. Responsabilités du
réviseur comptable.
Le rôle de la direction dans la lutte contre la fraude
au sein de l'entreprise est capital mais il comporte des limites.
Les dirigeants eux-mêmes peuvent être
malhonnêtes, subir des pressions des propriétaires et contourner
les contrôles internes qu'ils ont mis en place pour perpétrer les
fraudes ou commettre des fraudes dans l'exécution du mandat de gestion
qu'ils ont reçu des propriétaires (état ou
associés). Les dirigeants peuvent être eux-mêmes
gérants et cautionner des fraudes comptables et fiscales ou des actes
illégaux commis au profit de l'entreprise.
Dans tous les cas, les dirigeants d'entreprises ne peuvent pas
révéler leurs détournements au propriétaire, ni les
fraudes fiscales ou comptables de l'entreprise au fisc. C'est pour se rassurer
quant à la bonne exécution du mandat confié aux
gérants que le propriétaire nomme un professionnel
indépendant à l'entreprise, commissaire aux comptes pour
surveiller et contrôler les actes de gestion posés par le
gérant.
Les actes sont normalement présentés dans le
rapport annuel de gérant ainsi que dans les états financiers
annuels de l'entreprise sur lesquels le commissaire aux comptes doit faire
rapport à l'assemblée générale qui statuera sur la
bonne exécution du mandat confié aux gérants.
En clair, le commissaire aux comptes doit donner son avis sur
la régularité et la sincérité des rapports et
comptes soumis par le gérant à l'assemblée
générale. Il doit également vérifier que les actes
posés par le gérant sont conformes aux dispositions
légales, réglementaires et statutaires ou conventionnelles qui
leur sont applicables.
En détectant les anomalies dans les états
financiers dues à la fraude et dans le respect des dispositions
légales, réglementaires et statutaires ou conventionnelles
applicables à l'entreprise et à ses dirigeants et en les
révélant aux associés et à la justice, le
commissaire aux comptes contribue à la lutte contre la fraude.
D'une manière générale, c'est la
législation de chaque pays ou éventuellement les statuts des
entreprises qui déterminent le rôle du commissaire aux comptes en
matière de contrôle des actes de gestion et ses
responsabilités dans la détection et la révélation
des anomalies dues à la fraude au cours de sa mission.
Techniquement, la mission des commissariats aux comptes est un
audit légal (exigé par la loi) ou statutaire (exigé par
les statuts) et comporte généralement deux volets, l'audit des
états financiers et l'audit des actes de gestion ou du respect des
dispositions légales, réglementaires, statutaires et
conventionnelles applicables à l'entreprise ou à ses
gérants.
2.4. Objectifs de la mission de
commissariat aux comptes en République Démocratique du Congo.
En ce
qui concerne les attributions et responsabilités des commissaires aux
comptes, le Prof. Lukombe N., Droit Congolais des Sociétés Tome
II, PFDUC, p.792-793 écrit ceci : « La
législation congolaise décrit la mission essentielle des
commissaires aux comptes dans les SPRL et SARL. L'article 71 du décret
congolais du 23 juin 1960 dit que la mission des commissaires consiste en
(la surveillance de la gestion) l'article 75 du texte revient sur la formule
en explicitant que le mandat des commissaires consiste à surveiller et
contrôler sans aucune restriction tous les actes accomplis par la
gérance, toutes les opérations de la société et le
registre des associés. »
Selon la loi, le commissariat aux comptes vérifie la
régularité et la sincérité du livre de l'entreprise
publique, de la banque commerciale et de la société privée
à la responsabilité limitée sans une précision
aucune sur l'approche et les normes à suivre et la qualité de
l'auditeur. La loi ne précise pas la responsabilité du
commissaire quant à la détection et révélation des
fraudes et autres actes illégaux de l'entreprise. La fraude n'est pas
abordée.
Toutefois le commissaire aux comptes est
considéré comme un moyen de dissuader la direction sur la
mauvaise gestion puisque l'assemblée générale statue sur
la gestion sur base du rapport du commissaire aux comptes.
La législation congolaise n'oblige pas le commissaire
à révéler les fraudes détectées à la
justice ou au fisc en l'absence des dispositions légales et même
statutaires concernant la norme, l'approche et la qualité de l'expert
sur l'audit légal, les commissaires aux comptes suivent soit les
dispositions des normes internationales d'audit ou d'autres pays. Il n'y a donc
pas uniformité dans ce domaine. (32)
2.5. Limites inhérentes
à l'audit
Un auditeur ne peut pas obtenir l'assurance absolue que toutes
les anomalies significatives contenues dans les états financiers soient
détectées. Du fait des limites inhérentes à
l'audit, il existe inévitablement un risque que certaines anomalies
significatives contenues dans les états financiers ne soient pas
détectées, même si l'audit est correctement planifié
et effectué selon les ISAS. Un audit ne peut garantir que toutes les
anomalies significatives seront détectées du fait même des
facteurs suivants : jugement professionnel, utilisation des techniques de
sondage, limite inhérente à tout système de contrôle
interne, fait que la plupart des éléments probants conduisent
d'avantage à des déductions qu'à des certitudes, pour ces
raisons l'auditeur ne peut obtenir une assurance absolue que les anomalies
significatives contenues dans les états financiers seront
détectées.
La fraude peut, de plus, exister depuis des nombreuses
années et faire partie du système sans jamais avoir
été découverte.
2.6 Conclusion
Le commissaire aux comptes engage sa responsabilité
civile ou pénale pour les fautes ou infractions commises dans l'exercice
de ses fonctions. Il peut également voir sa responsabilité
engagée en cas de simple faute déontologique : il s'agit
d'une responsabilité disciplinaire. Ces trois formes de
responsabilité demeurent indépendantes entre elles et ne
répondent pas aux mêmes objectifs. La victime d'un dommage agira
en responsabilité civile contre le commissaire aux comptes afin de voir
son préjudice réparé. Les actions pénales et
disciplinaires ont vocation à sanctionner une faute, quelque soit
l'importance du préjudice.
De plus, on remarque que les dirigeants et tout
particulièrement les administrateurs, souhaitent souvent reporter la
charge de leur propre faute ou celles des salariés de l'entreprise sur
le commissaire aux comptes. Celui-ci, disent-ils, aurait dû les avertir
avec plus de fermeté des dangers qu'ils
couraient
à agir irrégulièrement.
Aussi un nombre important de groupes influence la profession
d'audit quant à l'évolution de la responsabilité de
l'auditeur vers la détection de la fraude. Ils incluent les utilisateurs
des rapports d'audit, les instances juridiques et la presse financière.
L'objectif de ces actions est de lutter contre les pertes subies par des
investisseurs et créditeurs, dues à une fraude non
détectée par les audits pratiqués. Les initiatives de ces
groupes prennent différentes formes en incluant l'influence sur
l'établissement des lois et des réglementations.
CHAPITRE
6 :
Présentation de quelques
cas de fraudes dans les entreprises auditées par les firmes d'audit.
Pour mieux illustrer les concepts et la méthodologie
ainsi que les résultats recueillis dans la démarche de l'auditeur
lors d'une mission avec risque de fraude, il nous a paru utile de faire une
pause et nous arrêter un moment sur les cas réels vécus
ainsi que sur les observations que les professionnels devraient retenir.
Des six cas sélectionnés et dont des larges
extraits qui devaient être repris en annexe mais ne l'ont pas
été à cause de la limitation des pages de la dissertation
imposée par l'IRC, nous avons donc retenu les observations
suivantes :
Section 1 : Premier
cas : Scandale Enron et Arthur Andersen
- Le démantèlement d'Arthur Andersen a
posé le problème de la séparation de la certification des
comptes par le cabinet d'audit de leur rôle de conseil (juridique,
fiscal, informatique)
Andersen s'est donc retrouvé juge et partie,
mandaté pour auditer les comptes d'un client qu'il avait assisté
pour la production de ses mêmes comptes, moyennant des honoraires
plantureux pour les travaux non audit.
La profession a réglementé et des lois ont
même été votées aux Etats-Unis, en France et en
Belgique pour renforcer la sécurité financière en exigeant
aux cabinets d'audit, la séparation des deux missions
Il a aussi été retenu pour ce cas des
observations ci après
- Création des entités offshore, des
unités complexes, pour éviter l'impôt et afficher une
fausse rentabilité en y cachant des pertes ;
- Opacité de l'information financière consistant
dans des pratiques de procédures comptables
irrégulières ;
- Manipulation des cours de bourses en présentant des
faux états financiers ;
- Obstruction de justice en détruisant une
quantité significative de documents et de courriers
électroniques.
Section 2 : Deuxième
cas : Sabena et KPMG
- En vue d'échapper à l'administration fiscale
belge, les dirigeants de la Sabena ont constitué la
société SABBEL Insurance Limited, située aux Bermudes, un
paradis fiscal notoire ;
- Pour brouiller les pistes et compliquer inutilement
l'opération, l'argent devait transiter par la Bank of Bermuda à
New York ;
- Les prescripteurs de l'audit et le public se sont
demandé pourquoi KPMG n'a pas actionné le système
d'alerte, alors que le mécanisme de fraude avait duré de 1991
à 1999, l'auditeur serait-il complice ?
- Selon la déontologie professionnelle, KPMG est tenu
dans le cadre de sa mission au secret professionnel et ne compte pas faire des
déclarations supplémentaires ;
- Si l'enquête devait prouver que KPMG avait sciemment
ignoré une fraude qu'il aurait dû remarquer et dénoncer
à l'occasion de l'examen des comptes de la Sabena, des poursuites sont
possibles, le réviseur fut renvoyé devant les instances
disciplinaires et des sanctions furent prises à l'égard des
cadres de la Sabena impliqués dans la fraude ;
- Le curateur de faillite accuse également KPMG d'avoir
approuvé en 2002, un plan de sauvetage de la Sabena avec la Swissair
complètement irréalisable, le réviseur aurait dû
tirer le signal d'alerte en mars 2001. Il ne l'a pas fait et la situation est
devenue sans issue.
Section 3 :Troisième
cas : Parmalat et Deloitte & Touche plus Grant-Thornton
- Dissimulation de l'endettement de 11 milliards d'Euros
depuis des années, au moyen d'un système frauduleux à
base de malversations comptables, de faux bilans, des documents truqués,
de bénéfices fictifs et des pyramides complexes des
sociétés offshore emboitées les unes dans les autres de
manière à rendre impossible la traçabilité de
l'argent et l'analyse de comptes : Ceci a floué plus de 115.000
investisseurs et petits épargnants ;
- Les cabinets d'audit du groupe Parmalat comme Grant Thornton
ou Deloitte et Touche sont accusés de complicité et doivent
répondre dans l'enquête pénale à l'encontre des
dirigeants du groupe, de leur complicité présumée dans la
faillite du groupe agro-alimentaire.
Section 4 : Quatrième
cas : Assurance Chômage du Canton de Fribourg
- Ouverture d'un compte bancaire intermédiaire par un
agent à l'insu de ses supérieurs, sur lequel transitaient en
quelques jours les sommes versées par la Confédération
à la Caisse de Chômage du canton de Fribourg, les
intérêts versés sur ce compte sont détournés
à des fins privées ;
- Le cas a été facilité par la
complexité des procédures de l'assurance chômage, l'absence
de contrôle des supérieurs de l'auteur et une grande
délégation de compétences ayant permis à un
fonctionnaire d'ouvrir seul et sans lien avec la comptabilité
fédérale, un compte bancaire ;
- Le fait que l'agent s'est dénoncé
spontanément après avoir pris connaissance de programme d'audit
illustre l'aspect dissuasif d'une démarche d'une mission d'audit avec
risque de fraude. (Voir Chap.5 section 2.2.4)
Section 5 : Cinquième
cas : Coopérative Union Laitière Normande (Lacour 1999)
France
Le procureur de la
République près du Tribunal de Grande Instance de Coutances
(Manche) en France a requis au courant de l'année 1999 des peines de 2
ans de prison avec sursis et 15.244 Euros d'amende contre les commissaires aux
comptes de la Coopérative.
Le fait porte sur une
découverte par les auditeurs de divers détournements allant de la
caisse noire aux versements d'indemnités irrégulières pour
des sommes portant sur 215 millions d'Euros.
Les auditeurs après
avoir débattu entre eux du caractère significatif et
délibéré des faits, ont décidé de ne pas les
révéler à l'Assemblée Générale. Le
chiffre d'affaires s'élevait à l'époque à 2.3
milliards d'Euros pour une perte d'exploitation de 30.5 millions d'Euros.
Nous retenons ici deux
observations : la responsabilité pénale des commissaires aux
comptes pour non révélation de faits délictueux, et le
caractère non significatif des montants détournés
incriminés.
Section 6 :
Sixième cas : liste de quelques exemples de fraude en
République Démocratique du Congo et rôle du Réviseur Comptable
Nous avons décrit la RDC comme étant
minée par une fraude et une corruption endémique,
néanmoins les scandales de fraudes qui y éclatent semblent
être éloignés des litiges et des affaires secouant la
profession d'audit, notamment aux Etats Unis et en Europe.
En RDC les grands cabinets auditent essentiellement deux
types de sociétés, les sociétés d'état ou
d'économie mixte d'une part et les organismes à grands projets
financés par les partenaires extérieurs, d'autre part.
L'impact de la fraude sur les états financiers n'est
pas significatif tandis que l'attention devrait être attirée sur
le fait que l'audit effectué par des comptables professionnels
confère ainsi leur crédibilité aux états financiers
et autres rapports de la direction, garantissant aux bailleurs de fonds une
bonne utilisation de leurs fonds et identifiant les carences des
systèmes internes et des contrôles.
Compte tenu de l'exigence des nouvelles normes, les auditeurs
congolais devraient s'y conformer et auditer la fraude selon les
procédures en vigueur.
.
Quand le réviseur comptable congolais est
confronté à un audit avec risque de fraudes, son attention
devrait être attirée spécialement sur le fait qu'il faut
détecter les pressions de la direction sur le management notamment dans
le domaine fiscal lorsqu'il existe des avis de redressement de la DGI, et
lorsque le management doit nécessairement atteindre un résultat
ou le chiffre.
En effet, si les salaires sont liés aux
résultats, la direction fera pression pour diminuer ces résultats
par le truchement de provisions, amortissements, différences de change,
domaines privilégiés...
Le mode de rémunération des dirigeants devra
également être noté ainsi que le type de primes
accordées à ces dirigeants et leurs conséquences, lors de
l'entretien du réviseur comptable avec eux.
Une attention particulière devrait également
être attirée sur les actes de gestion de la direction qui peut
contourner les contrôles internes.
Le réviseur comptable devra aussi examiner la
sélection des politiques d'arrêté de comptes qui permettent
de gonfler les revenus notamment par l'analyse du chiffre d'affaires, des
achats, des charges, des provisions, etc.
Il est aussi recommandé de regarder des fraudes pour
des raisons fiscales, spécialement à la fin de l'exercice
comptable, analyser les ventes, poser des questions sur les produits de vente
transférés à l'année suivante, analyser des achats
inutiles dans des conditions particulières.
CHAPITRE 7 :
Conclusion
Générale
En République Démocratique du Congo comme dans
d'autres pays pauvres, la fraude constitue un obstacle majeur au
développement durable. C'est un phénomène complexe
dû essentiellement à l'inversion des valeurs, l'impunité
des dirigeants d'entreprises, l'absence de contrôles internes et
externes, la pression exercée par la paupérisation du personnel,
l'inadéquation des lois comptables et fiscales aux
réalités économiques.
La RDC souffre d'une fraude presque
généralisée touchant la plupart de secteurs. Depuis la
Deuxième République, la fraude était
considérée comme l'une des causes majeures de la faillite des
entreprises publiques et privées ainsi que de la faillite de
l'état et du déclin de l'ensemble de l'économie
congolaise.
A la lumière de ce qui précède nous avons
choisi ce sujet dans l'optique que la profession revisorale devrait aider
à combattre la fraude comptable. A ce titre, la responsabilité du
réviseur comptable face à la fraude est une thématique
majeure dans la profession de l'audit externe, une composante véritable
et un facteur contributif déterminant du développement du
Congo.
Les réflexions que nous avons livrées dans notre
étude se sont focalisées sur les reproches faites aux
sociétés d'audit en général et aux réviseurs
comptables en particulier, face à leur responsabilité sur la
fraude ; une opinion se dégage clairement sur le fait que le
réviseur comptable est jugé aujourd'hui comme absent de la
détection de la fraude.
En effet la résultante des points de vue
exprimés par les professionnels de l'audit avec lesquels nous avons
partagé sur ce thème se résume comme suit :
« nous avons échoué car nous n'avons ni prévenu
ni détecté ni sanctionné la fraude ».
Dans la tentative de proposer des éléments de
réponse à ce triple problème que nous nous sommes
posé, notre première préoccupation se porte sur la
responsabilité du réviseur comptable en matière de
prévention et de détection de fraudes, ensuite sur la
démarche formelle à suivre en la matière, et enfin sur le
comblement de l'écart existant entre les attentes du public et la
perception de ses responsabilités par le réviseur comptable,
« Audit expectation GAP »
Pour essayer de répondre à ces questionnements,
notre approche a consisté dans la première partie
intitulée « Généralités »
en une description conceptuelle de la fraude notamment de sa nature, ses
formes, ses causes et caractéristiques, ses coûts et
conséquences en RDC comme sur le plan international ; une fois
collectées, ces données sur la fraude nous avons pensé
lever un coin de voile sur la gestion et le combat de la fraude.
Par la suite, nous avons exposé dans la deuxième
partie de cette étude intitulée «
réviseur comptable face à la fraude » un bref
rappel de la notion de l'audit externe, l'évolution de ses objectifs
toujours au regard de la fraude et une démarche spécifique d'une
mission d'audit avec risque de fraude, contribuant ainsi à
améliorer l'image du reviseur comptable et à valoriser son
rôle social de crédibilisation de l'information comptable et
financière conformément aux nouvelles normes internationales de
l'IFAC en occurrence l'ISA 240 ; rôles, responsabilités des
réviseurs comptables ; cas de fraudes ainsi que la conclusion
générale.
En effet dans le contexte marqué par les affaires de
fraude impliquant les commissaires aux comptes et les réviseurs
comptables, les nouvelles normes internationales d'audit proposent une
évolution vers la mise en place des procédures et actions
permettant à l'auditeur d'obtenir une assurance raisonnable de l'absence
d'anomalies significatives dans les états financiers causées par
la fraude et les irrégularités.
Dans la mesure où les auditeurs externes ne participent
que faiblement à la découverte des cas de fraude, les normes
proposées apparaissent donc inéluctables et participeraient sans
nul doute au comblement du fossé existant entre les modalités
effectives de l'intervention du commissaire aux comptes et les besoins des
utilisateurs des rapports d'audit « Audit Expectation
GAP ».
L'intégration d'une démarche spécifique
à la fraude semble d'autant plus nécessaire que les
bénéficiaires et prescripteurs des audits externes
considèrent dans la majorité des cas, déjà comme
acquise et appliquée l'assurance raisonnable que les états
financiers ne fassent pas l'objet de fraude.
Ces normes définissent mieux la responsabilité
de l'auditeur en matière de fraude, en effet les auditeurs doivent avoir
une responsabilité, mais celle-ci doit être en liaison avec le
concept d'assurance raisonnable déjà appliqué. Les
bénéficiaires et prescripteurs de l'audit externe ont besoin de
comprendre que détecter toutes les fraudes impliquant des anomalies par
les auditeurs est illusoire.
La responsabilité liée à la fraude est
analogue à celle du policier pour trouver des criminels. Ce dernier ne
peut la refuser, mais il serait absurde de penser que les policiers doivent
trouver tous les criminels. La révision de la responsabilité de
l'auditeur de façon plus précise et cohérente pourrait
alors permettre son acceptation et sa compréhension dans sa mission de
moralisation des affaires et de garant d'ordre public.
La résultante majeure des analyses de cas de fraudes
relevés dans ce travail reste la difficulté des cabinets d'audit
de faire un arbitrage entre le commerce et la probité intellectuelle,
équilibre difficile à trouver entre la croissance des profits et
rigueur professionnelle, ce qui les amène d'être accusés de
leur implication dans les affaires de fraudes comptables ainsi que de leurs
responsabilités civiles et pénales.
s
En détectant les anomalies dans les états
financiers dues à la fraude et dans le respect des dispositions
légales, réglementaires et statutaires ou conventionnelles
applicables à l'entreprise et à ses dirigeants et en les
révélant aux associés et à la justice, le
commissaire aux comptes contribue à la lutte contre la fraude.
Que le réviseur comptable et le public congolais
puissent par le canal de l'IRC s'approprier et capitaliser cette
révision de la responsabilité respective en matière de la
prévention et de la détection de fraudes, pour une plus grande
efficacité dans la lutte antifraude dans les entreprises. Ce sont nos
profonds souhaits, et c'est à cette condition que notre dissertation
estime apporter réellement une nouvelle pierre à l'édifice
de la lutte contre la fraude, et un plus dans le champ de recherche sur la
responsabilité du réviseur face à la fraude. Ce travail
aura eu au moins le mérite de replacer la fraude au coeur des
débats de fond des professionnels de l'audit et du public.
ANNEXE A :
Démarche de l'auditeur dans une mission avec
prise en compte de risques de fraudes et
irrégularités
ii. PRINCIPE
Lors de la planification et de la réalisation de
l'audit, ainsi que de l'évaluation de résultats qui en
découlent et de la formulation des conclusions, l'auditeur doit prendre
en considération le risque d'anomalies significatives dans les
états financiers pouvant résulter de fraudes ou d'erreurs.
1. Planification de l'audit
Lors de la planification de l'audit, l'auditeur doit
évaluer le risque qu'une fraude ou qu'une erreur conduise à des
anomalies significatives dans les états financiers et doit interroger la
direction sur toute fraude ou erreur significative qui aurait été
détectée.
2.
Définition des procédures d'audit
Sur la base de l'évaluation des risques, l'auditeur
doit définir des procédures d'audit permettant d'obtenir une
assurance raisonnable que les anomalies significatives dans les états
financiers, provenant de fraudes et d'erreurs seront détectées.
ii. ISA « Objectif et principes
généraux de l'audit d'états
financiers »
L'auditeur doit planifier et conduire l'audit en faisant
preuve d'esprit critique et en étant conscient que les circonstances ou
événements laissant à supposer l'existence d'une fraude
ou d'une erreur peuvent être détectés.
3.
Mise en évidence de la possibilité d'une fraude ou d'une
erreur
Lorsque la mise en oeuvre des procédures d'audit
définies à la suite d'une évaluation
générale des risques met en évidence la possibilité
d'une fraude ou d'une erreur, l'auditeur doit analyser son incidence
potentielle sur les états financiers. Si l'auditeur estime que la fraude
ou l'erreur est susceptible d'avoir un effet significatif sur les états
financiers, l'auditeur doit mettre en oeuvre des procédures
modifiées ou supplémentaires jugées nécessaires.
4. Entretien avec la
direction
Si les résultats des procédures modifiées
ou supplémentaires ne permettent pas d'infirmer cette
présomption, l'auditeur doit s'entretenir de cette question avec la
direction et évaluer si la fraude ou l'erreur a été
correctement prise en compte ou corrigée dans les états
financiers. L'auditeur doit analyser l'incidence éventuelle de la fraude
ou de l'erreur sur son rapport.
5. Répercussions
d'une fraude sur les autres aspects
- L'auditeur doit mesurer les répercussions d'une
fraude et d'une erreur significative sur les autres aspects de l'audit,
notamment sur la fiabilité des déclarations de la direction.
6.
Communication
L'auditeur doit communiquer à la direction le
résultat de ses investigations dans les meilleurs délais
si :
- L'auditeur suspecte l'existence d'une fraude, même si
l'effet potentiel sur les états financiers est négligeable; ou
- Une fraude ou une erreur significative a effectivement
été détectée.
7.
Expression de l'opinion dans le rapport
Si l'auditeur conclut que la fraude ou l'erreur a des
conséquences significatives sur les états financiers et qu'elle
n'a pas été prise en compte ou corrigée dans ceux-ci,
l'auditeur doit exprimer une opinion avec réserve ou une opinion
défavorable.
Si l'entité ne permet pas à l'auditeur de
réunir suffisamment d'éléments probants pour
évaluer si une fraude ou une erreur pouvant avoir un effet significatif
sur les états financiers s'est produite ou a de fortes chances de
s'être produite, l'auditeur doit exprimer une opinion avec réserve
ou conclure à l'impossibilité d'exprimer une opinion.
Si l'auditeur n'est pas à même de
déterminer si une fraude ou une erreur s'est produite du fait des
limites imposées par les circonstances et non par l'entité,
l'auditeur doit en tirer des conséquences dans son rapport.
d
iii. Codes d'éthique professionnelle des
comptables IFAC
A la réception d'une demande de renseignements de
l'auditeur pressenti pour succéder à l'auditeur en place,
l'auditeur en place doit indiquer à l'auditeur pressenti s'il existe des
raisons professionnelles incitant l'auditeur pressenti à refuser sa
nomination.
Si le client refuse d'autoriser toute discussion relative
à ses affaires avec l'auditeur pressenti, ce refus doit être
signifié à l'auditeur pressenti.
N.B : La suite alphabétique dans
le texte : i, ii, iii ce sont des extraits des normes internationales
d'audit IFAC ; traduites en français en juin 2006.
ANNEXE B :
Extraits sur divers documents relatifs aux cas de
fraudes détectées dans les entreprises auditées par les
sociétés d'audit.
En vue d'illustrer quelques aspects importants dans la mission
d'audit à risque de fraude développés dans ce chapitre,
nous nous proposons d'aborder succinctement quelques cas de fraudes. Les trois
premiers cas concerneront les grands scandales financiers retentissants et
largement médiatisés, il s'agit d'Enron et Arthur Andersen ;
Parmalat ainsi que Deloitte & Touche et Grant Thornton ; Sabena et
KPMG ; les quatre derniers cas illustratifs de moindre importance relatent
l'Assurance Chômage, fraude au sein de l'administration
fédérale helvétique, la Coopérative
« Union Laitière Normande Lacour 1999 » France et
deux cas de fraude vécus par des réviseurs comptables dans les
entreprises de la RDC.Faut-il pour mémoire évoquer
l'éclatement récent de la plus grande fraude pyramidale dont
l'auteur est Bernard Madoff.
A la suite de chaque cas, nous avons fait des commentaires et
observations que nous avons jugés utiles pour notre profession.
1.
Extraits sur le cas : Scandale Enron et Arthur Andersen
1.1 Affaire Enron
Enron était une multinationale américaine de
Houston spécialisée dans le domaine de l'énergie,
sixième capitalisation des Etats-Unis. Mettant à profit
l'adoption par le Congrès des Etats-Unis d'une loi de
déréglementation de la vente d'électricité au
début des années 1990, comme de celle du gaz naturel quelques
années plus tôt, Enron a dû prospérer à cause
de la volatilité des prix qui en a résulté sur les
marchés de l'énergie.
Pour éluder l'impôt et créer une fausse
apparence de rentabilité, Enron avait créé des
entités offshores. Ces entités constituaient des refuges des
pertes d'exploitation d'Enron alors que les dirigeants d'Enron ainsi que les
initiés masquaient l'information financière et affichaient de
milliards de dollars de bénéfices et tout cela à l'insu
des actionnaires.
En 1999, Enron a lancé ENONLINE Internet, un courtage
en énergies en ligne, et forte de ce succès en créant
cette bulle financière autour du trading énergétique, elle
a dérivé dans la logique spéculative et est devenue le
leader du marché par le gonflement artificiel des résultats.
La direction de la firme a lancé une idée
novatrice selon laquelle, la société n'avait pas besoin de tout
actif ; en effet dans une industrie lourde comme celle de l'énergie
et des matières premières, le poids des immobilisations dans le
bilan est significatif, les investissements sont importants, le retour sur
investissement se compte en années ; intégré dans une
logique financière focalisée sur le profit rapide et le cours de
l'action, Enron a dû trouver une solution Enron pour
accélérer son rendement, en cédant fictivement les actifs
de l'ancienne Enron, le groupe a pu dégager des plus values tout en
dégonflant l'actif (immobilisations)et le passif (capital et dettes) de
son bilan.
f
Cette cession fictive d'actifs, a contribué à
faire d'Enron le plus grand grossiste de gaz et d'électricité,
avec 27 milliards de dollars échangés en un trimestre. Ces
chiffres ont été acceptés à leur valeur nominale et
ont ainsi dopé la valeur de l'action Enron à la bourse de Wall
Street.
Et du début à la fin de l'année 2001,
c'est l'effondrement de la toute puissante firme Enron, en effet la croissance
économique ralentissant, les dirigeants du groupe ne reculent devant
rien pour doper le cours de l'action : le délit d'initié,
l'opacité des livres comptables rendant difficile l'évaluation de
sa valeur en bourse à Wall Street, les transactions entre parties
liées utilisées pour le transfert de pertes afin de masquer les
bilans, les démissions et licenciements des dirigeants.
Mis en cause fin 2001 pour des pratiques financières
douteuses, devant réajuster ses comptes des exercices antérieurs
de 600 milliards de dollars et, en décembre de la même
année, il est placé sous la protection du chapitre XI de la loi
sur les faillites, l'équivalent d'un redressement judiciaire. (33)
1.2 Arthur Andersen
Firme basée à Chicago, spécialisée
dans l'audit, les services fiscaux et juridiques, le corporate finance et le
conseil, faisait partie des grands réseaux mondiaux d'audit financier et
comptable appelés aussi à l'époque « Big
Five »
Elle fut démantelée en 2002 suite au scandale
Enron. De l'entreprise de plus de 9 milliards de dollars de chiffre d'affaires,
il ne reste désormais plus qu'une petite structure à Chicago
chargée d'apurer les conflits juridiques existants et de sa propre
liquidation.
Dès 1994, amputé d'Andersen Consulting, le
groupe devint le plus petit des cinq grands cabinets et il se dit que cela
entraînera la chute du groupe : afin de retrouver au plus vite une
position de leader, Andersen signa un maximum de contrats, parfois avec des
clients au profil risqué comme des acteurs de la nouvelle
économie, ce, jusqu'à des affaires financières dont la
plus retentissante reste l'affaire Enron. (34)
1.3. Mise en cause d'Arthur
Andersen dans les scandales financiers
Comme d'autres auditeurs de grande réputation, le
cabinet eut affaire à quelques troubles au cours des années
1980-1990 à mesure qu'il convenait de faire un arbitrage entre le
commerce de services et la probité intellectuelle. Andersen
n'était pas épargné par un équilibre difficile
à trouver entre croissance des profits et rigueur professionnelle et fut
accusé d'être impliqué dans les affaires de fraudes
comptables telles que Boston Chicken, Sunbeam Products, Waste Management INC;
Asia Pulp and Paper, The Baptist Foundation of Arizona, Enron, Clearsteam.
g
Auditeur d'Enron depuis 1986, Andersen installa avec le temps
des bureaux dédiés à ce client au sein même du
siège d'Enron, où près de 150 collaborateurs travaillaient
à plein temps. Enron était devenu si puissant au sein du bureau
de Houston que lorsqu'un associé émit en 1999 un avis
négatif sur certains principes comptables du client, l'associé en
question fut relevé de ses fonctions de supervision des règles
comptables suite à des pressions d'Enron.
Dans une ambiance de surchauffe de l'économie et face
à des honoraires plantureux, pour les services d'audit comme hors
d'audit, le cabinet avait fermé les yeux sur la
« comptabilité créativité », d'Enron
et surtout détruit des documents comptables lors d'une enquête
fédérale. Elle s'est donc prêtée à la
manipulation et à la dissimulation de données stratégiques
apparemment suite à un conflit d'intérêt entre prestations
légales d'audit des comptes et celles plus rémunératrices
de conseil auprès d'Enron.
Carte
postale d'Andersen avant l'affaire Enron 2001
- Chiffre d'affaires.................................. 9,3
milliards de dollars de revenus
- Employés.............................................
85.000
- Bureaux dans 94 pays......................... 390
- Métiers....Chiffre d'affaires audit tax &
légal consulting finance total (2001)
En milliards US$ 4.26 2.98
1.71 0.39 9.34
Pour avoir détruit des documents lors de
l'enquête de la SEC ; Arthur Andersen LLP (la branche
américaine) fut reconnue coupable en juin 2002 et interdite d'exercer le
métier d'auditeur.
Andersen Woldwide accepta de régler à l'amiable
une partie du dossier Enron aux anciens créanciers, pour un montant de
60 milliards dollars. Sur cette somme, 40 milliards sont revenus à
l'Université de Californie. Le cabinet de Houston fut condamné
pour entrave à la justice dans l'enquête sur les comptes d'Enron
en juillet 2002, mais ce jugement sera annulé trois ans plus tard par la
Cour Suprême des Etats-Unis, ce qui finalement innocentera Andersen.
La firme perdit la confiance des nombreux clients et effectua
un plan de licenciement de 7000 employés aux Etats-Unis, ce plan de
licenciement ne représentant qu'une très faible partie des
licenciements et des démissions, parfois contre indemnités, au
sein de toutes les entités. Cela ne suffira néanmoins pas
à sauver la marque Andersen. La perte de crédibilité et de
réputation dans le monde entier du nom Andersen, pourtant
considéré alors comme la référence de la
profession, suite à l'affaire Enron mais aussi aux scandales Worldcom et
Global Crossing, lui seront fatales. (35)
h
1.4. Commentaires et
observations
Que pouvons-nous retenir de ce cas de fraude qualifié
comme étant le plus grand scandale financier de tous les temps dans
lequel l'un des plus grands cabinets est impliqué.
· La chute d'Andersen fait qu'il ne reste plus que quatre
grands cabinets d'audit d'où leur surnom « Big
Four » : PWC, KPMG, Deloitte, Ernest & Young ;
· Le contrôle des auditeurs fut
renforcé ;
Aux Etats-Unis, la chute d'Enron a mis en exergue les
faiblesses des procédures de contrôle au sein des entreprises.
Pour y remédier, le Sarbanes-Oxley Act, du nom des deux
parlementaires instigateurs de la loi fut adoptée en juillet 2002.
Celle-ci, parmi d'autres obligations, renforce la notion d'indépendance
des auditeurs.
Le 8 mars 2002 George W. Bush rend public son programme selon
lequel les dirigeants d'entreprise et leurs commissaires aux comptes
deviennent responsables de la véracité des résultats
présentés aux actionnaires.
En France, si les procédures étaient
déjà plus structurées qu'outre Atlantique, la loi de
sécurité financière accroît les contrôles.
Considérée comme un pendant français de la loi
Sarbanes-Oxley, elle institue entre autres sujets un Haut Conseil du
Commissariat aux Comptes (placé sous l'autorité du
ministère de la justice) chargé d'assurer la surveillance de la
profession et renforce ses règles internes.
Au niveau européen, la mise à jour de la
huitième directive sur les entreprises européennes pourrait
instaurer de nouvelles règles à la profession, notamment une
rotation des associés en charge des dossiers d'audit et une
définition de l'indépendance du contrôleur.
Le démantèlement d'Andersen pose le
problème de la séparation de la certification des comptes par les
cabinets d'audit de leur rôle de conseil (juridique, fiscal,
informatique...) dans une même entité auditée. En effet
l'on sait que ce cabinet Andersen avait facturé 52 millions de dollars
à Enron en 2000, dont 25 millions de travaux d'audit et 27millions
supplémentaires de conseils divers en stratégie, informatique,
organisation. Andersen s'est donc retrouvé juge et partie (judex in
propria causa nemo), mandaté pour auditer les comptes d'un client
qu'il avait assisté pour la production de ces mêmes comptes.
Bien que les normes professionnelles en vigueur autorisent un
cabinet d'audit à effectuer pour ses clients un travail autre que
l'audit, à condition que son objectivité et son
indépendance n'en soient pas affectées.
La séparation de missions de certification des comptes
d'avec leurs activités de conseil (juridique, fiscal, organisation...)
est de plus en plus réglementée dans la profession, les lois sont
même votées comme en Belgique et en France, nous l'avons dit plus
haut, pour renforcer la sécurité financière. Le cabinet
Deloitte par exemple, comme les autres firmes d'audit, a vendu sa division
consultance à CAP GEMINI pour éviter que le public ait une
perception erronée. Il s'est débarrassé de sa branche ARM,
ensuite, ce fut le tour du département intérim management et du
cabinet d'avocat Peeters.
i
Bien qu'accepté unanimement dans la profession c'est
dans l'application pratique de ces nouvelles dispositions que l'on se rend
véritablement compte des difficultés que posent certaines
restrictions et contraintes qui d'ailleurs ne renforcent pas toutes
nécessairement la sécurité financière.
· Création des entités offshore, des
unités complexes pouvant être utilisées pour la
planification et l'évitement de l'impôt en y cachant des pertes
d'exploitation à l'insu des actionnaires et afficher une fausse
rentabilité de l'entreprise ;
· Opacité de l'information financière
consistant dans des pratiques de procédures comptables
irrégulières riveraines de la fraude perpétrées au
cours des années 1990 impliquant Enron et Andersen ;
· Manipulation des cours de bourse en présentant
des faux états financiers afin d'inciter des milliers de petits
épargnants à investir dans une fausse valeur nominale ;
· obstruction de justice en détruisant une
quantité significative de documents et de courriers électroniques
concernant Enron, Andersen rendit sa licence et son droit de pratiquer devant
SEC en juin 2002 (responsabilité disciplinaire) et fut condamné
pour entrave à la justice dans l'enquête sur les comptes d'Enron
en juillet 2002 (responsabilité pénale), accepta de régler
à l'amiable une partie du dossier Enron aux anciens créanciers
pour un montant de 60 milliards de dollars (responsabilité civile).voir
section 5.1
2.
Extraits sur le cas SABENA et KPMG
2.1. Rémunérations
occultes à la Sabena
L'affaire commence le 09 décembre 1991 avec un capital
120.000$, la constitution de la société Sabbel Insurance Limited.
C'est une filiale à 100% de la Sabena, elle est située aux
Bermudes, un paradis fiscal notoire. Sa mission officielle est de gérer
des risques non aériens d'assurance de Sabena, par exemple son
hôtel rwandais des Mille Collines (Kigali), pour 13,5 millions de
dollars. Au total les membres du comité de direction auraient
reçu l'équivalent de 2,4 millions d'euros en liquide.
Mais cette filiale va surtout servir à payer des
rémunérations occultes aux directeurs de la compagnie. Dans un
premier temps, l'argent leur est même versé de la main à la
main dans des enveloppes. Il s'agit en l'occurrence de grosses enveloppes
puisque les bénéficiaires reçoivent entre 500.000 et 1
million et demi de francs belges chacun.
Entre 1995 et 1999, Sabbel recevait entre 6.750.000$ de la
Sabena soit cinq primes annuelles de 1.035.000$, et pour compliquer
inutilement l'opération pour un flux normal, l'argent transitait par la
Bank of Bermuda à New York.
Donc cet argent échappait à l'administration
fiscale Belge, alors pas de cotisations sociales et pas d'impôts. Le
mécanisme a été mis en place à l'instigation de
Pierre Godefroid, patron de la compagnie aérienne de 1990 à 1995.
Sabbel Insurance Limited versait l'argent sur un compte au Grand-duché
de Luxembourg, cet argent pouvait être retiré directement par les
bénéficiaires alors que si l'opération devrait être
effectuée en Belgique, il fallait attendre d'atteindre l'âge de 65
ans pour en disposer. Le calcul définitif réalisé au terme
de l'instruction judiciaire oscillerait entre 7,5 et 10 millions d'euros.
Il y a deux thèses qui circulent sur les raisons pour
lesquelles ce mécanisme frauduleux a été
arrêté en 1997. Le premier fait était une menace de
dénonciation, émanant d'un membre du comité de direction
ou du conseil d'administration, ayant découvert le pot aux roses.
La seconde thèse penche plutôt pour une
découverte du mécanisme par Paul Reuthinger, nommé
à l'arrivée de Swissair et qui y aurait mis fin.
Mais le public se demande pourquoi KPMG n'a pas
actionné les systèmes d'alerte ? (36)
2.2. KPMG dément puis se
tait
Selon plusieurs sources bien informées et Pierre
Godefroid, le réviseur KPMG, en charge de la certification des comptes
de la Sabena était au courant du paiement, par une société
de Bermudes, des salaires complémentaires aux dirigeants de la Sabena
et du volet luxembourgeois du montage.
KPMG dément avoir connaissance de l'existence et de
l'utilisation des caisses noires chez son client Sabena lors de ses missions
d'audit. Le bureau est resté discret, il rappelle que dans le cadre de
sa mission, il est tenu au secret professionnel et précise qu'il ne
compte par conséquent pas faire des déclarations
supplémentaires. (37)
2.3. Commentaires et
observations
- Il faut attendre que le dossier judiciaire soit clos pour
connaître la responsabilité de KPMG dans cette affaire.
- Mais pour André KILESSE président de l'IRE
à l'époque, s'il était prouvé qu'il y avait eu une
fraude, le réviseur de l'entreprise KPMG aurait dû avertir le
Conseil d'Administration et l'Assemblée Générale de la
Sabena. Si l'enquête devait prouver que KPMG a sciemment ignoré
une fraude qu'il aurait dû remarquer et dénoncer à
l'occasion de l'examen des comptes de la Sabena, des poursuites sont
possibles.
- En plus explique André KILESSE, au niveau
disciplinaire, un dossier est ouvert et une enquête est menée. Et
si les faits sont avérés, le réviseur est renvoyé
devant les instances disciplinaires. voir section 5.1
Par ailleurs, en cas de fraude, des sanctions seront prises
à l'égard des particuliers (les cadres de la Sabena) qui auraient
caché la perception de certains montants au fisc.
2.4. Autre affaire KPMG/Sabena
Selon le curateur de la Sabena, Christian van Buggenhout, les
réviseurs de KPMG ont commis des fautes, en approuvant en 2002 un plan
de sauvetage de la Sabena avec la Swissair complètement
irréalisable.
Blue Sky contenait des engagements impossibles à tenir
par le partenaire suisse et les réviseurs auraient dû tirer le
signal d'alerte en mars 2001. Ils ne l'ont pas fait et la situation est devenue
sans issue. (38)
3.
Extraits sur le cas : Scandale Parmalat et Deloitte & Touche et Grant
Thornton
3.1. Scandale Parmalat
« Vive l'éthique dans les
affaires ! » « Vive l'entreprise
morale ! » Entendus lors du Forum économique mondial de
Davos, ces cris traduisent un voeu : que le capitalisme rebondisse sur des
bases assainies. Ce sera dur. Car, au moment même où ce
désir s'exprimait, l'énormité de l'affaire Parmalat
éclatait au grand jour. Qualifié de plus grand scandale financier
en Europe depuis 1945, il laisse présager des ondes de choc semblables
à celles, désastreuses, que provoqua en décembre 2001 la
faillite frauduleuse du courtier en énergie Enron.
Parmalat était l'exemple d'une réussite
impulsée par la dynamique de la mondialisation libérale. Petite
firme familiale de distribution de lait pasteurisé établie dans
les environs de Parme dans les années 1960, elle s'est
développée grâce à l'habileté de son
fondateur M. Calisto Tanzi, et aux généreuses subventions de
l'Union Européenne. Dès 1974, Parmalat se mondialisait et
s'installait au Brésil, puis au Venezuela et en Equateur. Elle multiplia
les filiales et créa des sociétés relais dans des
territoires offrant des facilités fiscales (île de man, Pays-Bas,
Luxembourg, Autriche, Malte), puis dans des paradis fiscaux (îles
caïmans, îles vierges britanniques, Antilles néerlandaises).
En 1990, elle entrait en Bourse, s'affirmant comme le septième groupe
privé d'Italie et occupant la première place mondiale sur le
marché du lait de longue conservation. Ce colosse employait quelque
37 000 salariés dans plus de trente pays, et son chiffre d'affaires
atteignait, en 2002, 7,6 milliards d'euros, une somme supérieure au
produit national brut d'Etats comme le Paraguay, la Bolivie, l'Angola ou
Sénégal...
Ce formidable succès valait au dirigeant, M. Tanzi,
d'être considéré comme l'une des figures de l'establishment
italien, membre de la direction de la Confindustria (le Medef local). Et
à l'action Parmalat d'être une des valeurs sûres de la
Bourse de Milan.
Jusqu'au 11 novembre 2003. Ce jour-là, des commissaires
aux comptes expriment des doutes sur un investissement de 500 millions d'euros
effectué sur le fonds Epicurum, basé aux îles Caïmans.
Aussitôt, l'agence Standard & Poors abaisse la notation des titres
Parmalat. L'action chute. Au même moment, la Commission des
opérations de bourse demande des clarifications sur la manière
dont le groupe compte rembourser des dettes qui arrivent à
échéance fin 2003. L'inquiétude s'empare des
créanciers et des détenteurs d'actions. Dans le but de rassurer,
la direction de Parmalat annonce alors l'existence d'une cagnotte de 3,95
milliards d'euros déposés dans une agence de la Bank of America
aux îles Caïmans. Et présente un document, établi par
cette banque américaine, attestant la réalité du montant
indiqué. La direction joue à quitte ou double. Soit chacun se
tranquillise, l'action remonte et les affaires reprennent, soit la
méfiance demeure et l'effondrement menace.
A cet instant décisif, la Bank Of America affirme que
le document exhibé par Parmalat pour prouver l'existence des 3,95
milliards d'euros est... un faux ! Un document à en-tête
approximatif, grossièrement falsifié au scanner ! L'action
s'effondre. En quelques jours elle ne vaut plus rien. Plus de 115 000
investisseurs et petits épargnants se retrouvent floués, certains
ruinés. On va vite apprendre que l'endettement de Parmalat
s'élève à 11 milliards d'euros ! Et que comme dans
les scandales Enron, Tyco, worldcom, Ahold, etc. ; il a été
sciemment dissimulé, depuis des années, au moyen d'un
système frauduleux ; à base de malversations comptables, de
faux bilans, de documents truqués, de bénéfices fictifs et
de pyramides complexes des sociétés offshore
emboîtées les unes dans les autres de manière à
rendre impossible la traçabilité de l'argent et l'analyse des
comptes.
Permanente, la fraude restait indétectable, au point
que, la veille encore du scandale la Deutsche Bank par exemple avait acquis 5,1
% du capital de Parmalat, et que des analyses recommandaient fortement
(« strong buy ») l'achat de titres du groupe ... Des
cabinets d'audit comme Grant Thornton ou Deloitte & Touche, de grandes
banques comme Citigroup sont accusés de complicité. Et la
nocivité des paradis fiscaux une fois encore soulignée. L'affaire
prend une ampleur planétaire.
Après la faillite d'Enron, les partisans de la
mondialisation libérale affirmaient que c'en était fini des
patrons voyous, des entreprises fripouilles et de l'horreur économique.
Et que cette affaire avait été en fin de compte
bénéfique, puisqu'elle aurait permis au système de se
corriger. Le scandale Parmalat prouve qu'il n'en est rien. Par Ignacio
Ramonet. (39)
3.2. Commentaires et
observations
- Le scandale Parmalat est qualifié du plus grand
scandale financier en Europe depuis 1945 et prend les proportions d'un scandale
Enron à l'européenne ;
- Alors que le chiffre d'affaires s'élevait à
7,5 milliards d'euros à juin 2002 le trou de l'endettement
s'élevait lui, à 11 milliards d'euros et a été
dissimulé, depuis des années, au moyen d'un système
frauduleux à base de malversations comptables, de faux bilans, de
documents truqués, de bénéfices fictifs et de pyramides
complexes des sociétés offshore emboîtées les unes
dans les autres de manière à rendre impossible la
traçabilité de l'argent et l'analyse des comptes. Ceci a
floué plus de 115.000 investisseurs et petits
épargnants ;
- Des cabinets d'audit du groupe comme Grant Thornton ou
Deloitte & Touche sont accusés de complicité et doivent
répondre dans l'enquête pénale à l'encontre des
dirigeants du groupe, de leur complicité présumée dans la
faillite du groupe agro-alimentaire. voir 5.1.2
4.
Extraits sur le cas : Assurance chômage du canton de
Fribourg
En 1997, le chef de la section des finances de l'assurance
chômage se dénonce spontanément après avoir pris
connaissance du programme d'audit du contrôle fédéral des
finances.
Il avait ouvert un compte bancaire intermédiaire sur
lequel transitaient en quelques jours les sommes versées par la
confédération à la caisse de chômage du canton de
Fribourg. Les intérêts versés sur ce compte et
détournés à des fins privées représentaient
une somme de CHF 377.000.
Ce cas présente la particularité d'être le
fait d'une « bande », car des collaborateurs de la caisse
Fribourgeoise ont eu connaissance et ont profité de ces
détournements. (40)
4.1. Commentaires et
observations
Ce cas a été facilité par la
complexité des procédures de l'assurance chômage, l'absence
de contrôle des supérieurs de l'auteur et une trop grande
délégation de compétences ayant permis à un
fonctionnaire d'ouvrir seul et sans lien avec la comptabilité
fédérale un compte bancaire.
En RDC, vers les années 1982-83, la GECAMINES avait
suspecté la SOZACOM, la société qui commercialisait ses
produits miniers de faire transiter sur des comptes bancaires
intermédiaires, les produits de vente avant de créditer ses
propres comptes et de bénéficier des intérêts ainsi
générés à des fins très souvent
privées des dirigeants.
Les cabinets d'audit internationaux qui auditaient les deux
sociétés de l'Etat n'ont pas sonné l'alerte.
5. En
cas de la Coopérative « Union Laitière Normande (Lacour
1999) » France
Au courant de l'année 1999, le Procureur de la
République près du Tribunal de Grande Instance de Coutances
(MANCHE) en France a requis des peines de deux ans de prison avec sursis et
15.244 Euros d'amende contre les commissaires aux comptes de la
Coopérative « Union Laitière Normande
« (LACOUR J.P. in La Tribune, 22 /2/1999). Ces professionnels
étaient renvoyés devant le tribunal pour «non
révélation de faits délictueux » au
Procureur de la République et « informations
mensongères » dans leurs rapports remis à
l'assemblée générale. Les faits portent sur des
découvertes par les auditeurs de divers détournements allant de
la caisse noire au versement d'indemnités irrégulières
pour des sommes portant sur 215 millions d'euros (seul semble acquis le
délit relatif à des versements effectués à hauteur
de 61.000 Euros à certains cadres entre 1988 et 1989). Les auditeurs,
après avoir débattu entre eux du caractère significatif et
délibéré des faits ont décidé de ne pas les
révéler. Le chiffre d'affaires s'élevait à
l'époque à 2.3 milliards d'euros pour une perte d'exploitation de
30.5 millions. (41)
5.1.
Commentaires et observations
Nous retenons ici deux
observations : la responsabilité pénale des auditeurs pour
non révélation de faits délictueux, informations
mensongères dans les rapports d'audit et le caractère non
significatif des montants détournés incriminés.
6.
Extraits sur les cas de l'audit avec risque de fraudes en RDC
Nous avons décrit notre pays comme étant
miné par la fraude et la corruption endémique, néanmoins
les scandales de fraudes qui y sont révélés n'ont rien
à comparer aux scandales retentissants d'Enron et Parmalat des grands
groupes cotés en bourse. Ainsi la spécificité de fraudes
et irrégularités rencontrées par les réviseurs
comptables peuvent être illustrées par les cas suivants :
6.1. Première illustration
d'un cas d'audit de fraudes en RDC
A l'issue d'un audit dans une entreprise de la place, un
réviseur comptable qui a requis l'anonymat a relaté les faits
ci-après :
L'entreprise contrôlée n'avait pas
présenté les preuves d'un contrôle fiscal durant cinq
exercices successifs. Naturellement un ajustement des comptes a
été recommandé à la direction de la dite
entreprise. Six mois plus tard, le réviseur s'est rendu compte de la non
prise en compte de l'ajustement.
Commentaires et observations
- la fraude et les malversations étaient
relevées dans la lettre de contrôle interne;
- les réserves étaient faites dans le rapport
d'audit ;
- le cabinet envoya une lettre au client (post audit letter)
pour attirer l'attention du client sur l'aggravation de sa situation.
6.2.
Deuxième illustration de cas d'audit de fraude en RDC
Un réviseur comptable sous couvert de l'anonymat a
rencontré le cas suivant dans une banque de la place aujourd'hui
liquidée : Une créance vieille de plusieurs années
n'était toujours pas recouvrée par la direction de la banque et
le réviseur comptable recommanda de provisionner cette vieille
créance. La banque obtint un chèque de son client en guise de
l'acquittement de la dette. Lors de l'intérim, le réviseur se
rendit compte que ce chèque était sans provision.
Le cabinet d'audit du réviseur comptable
précité dut écrire au conseil d'administration de la
banque pour dénoncer la supercherie.
Commentaires et observations
Le refus de provisionner la créance douteuse de la
banque par son client est motivé par le fait que les dirigeants
craignaient de diminuer les résultats et par conséquent les
dividendes à distribuer aux actionnaires, dans lesquels ils
étaient intéressés.
A notre avis les réviseurs en charge de ce dossier,
auraient dû s'assurer de l'effectivité du remboursement par son
client de la dette avec ce chèque avant la publication du rapport. De
telles pratiques durent amener la banque à sa liquidation.
6.3. Conclusion de cas de fraudes
en RDC
Le professeur MABI MULAMBA relève que les entreprises
publiques ont été systématiquement vidées de leur
substance, le portefeuille de l'Etat a été bradé à
la faveur de pseudo-privatisations, les procédures régissant la
gestion des finances publiques détournées, les états
financiers de l'Etat perfidement trafiqués, les comptabilités
truquées et les manipulations monétaires servant de base à
une politique financière douteuse pendant que les structures de
contrôle étaient mises en veilleuse (42).
L'ancien premier commissaire de l'Etat Léon KENGO WA
NDONDO interpellait les cabinets d'audit internationaux, qui en ce temps
là, émettaient dans leurs rapports d'audit des opinions sans
réserves alors que les services d'information révélaient
des cas de mauvaise gestion manifeste dans les entreprises publiques.
Les réviseurs comptables de la RDC sont essentiellement
confrontés à la corruption, à la fraude fiscale et
douanière et dans des entreprises publiques comme privées, les
fraudes commises par les dirigeants dans ces entreprises publiques comme
privées consistent principalement en des cas de corruption et d'octroi
des avantages indus ou excessifs aux membres des organes statutaires.
En matière de sociétés offshore,
Kankwenda, M.,J., in L'économie politique de la prédation du
Congo-Kinshasa. Des origines à nos jours 1885-2003,éd. Icredes,
Rockville Etats-Unis, p.54, 2005, écrit ce qui suit : la RDC n'est
pas en reste spécialement pendant la Deuxième République.
La création des sociétés écrans en Amérique
ou en Europe surtout pour les opérations de prédation
financière était une autre pratique courante. Ces
sociétés permettaient en particulier : l'attribution de
l'exécution des marchés obtenus, la gestion des comptes
spéciaux , la gestion d'opérations politiques louches, les
joint-ventures avec les sociétés étrangères ayant
une certaine histoire dans le pays ou simplement nouvelles, la reprise ou le
rachat des entreprises publiques ou actions de l'Etat et le blanchiment de
l'argent ou la gestion des autres intérêts avec les réseaux
mafiosi notamment la création des sociétés d'écran
de droit étranger permettant aussi le transfert des devises et le
paiement en monnaie étrangère.
ANNEXE C :
Synthèse de la
révision comptable face a la fraude en RDC et
suggestions ;
Dans Jérémie 5 :27 la bible
déclare : « Comme une cage est remplie d'oiseaux,
leurs maisons sont remplies de fraude ; c'est ainsi
qu'ils deviennent puissants et riches. »
Nous ne pouvons terminer cette étude sans une mise en
évidence de la problématique de la fraude en RDC, l'essentiel du
texte développé ci-après est tiré de la revue IRC,
intitulé « Fraude dans les entreprises. Responsabilité
du Dirigeant d'Entreprises, de l'Auditeur et de l'Etat « par JP
PFINGU, 2004.
Généralités : état,
indices, triangle, types, conséquences et coût de la fraude en
RDC.
En RDC, comme dans plusieurs pays en développement la
fraude semble devenir une valeur car celui
qui ne fraude pas est marginalisé par la société. La
fraude n'épargne aucune société, elle se pratique sous
diverses formes et à tous les échelons hiérarchiques.
La RDC est placée chaque année par Transparency
International comme un des pays les plus corrompus du monde, la fraude y est
considérée comme un phénomène structurel, son
spectre couvre une panoplie de pratiques allant de la fraude documentaire et
physique au détournement de l'aide extérieure, en passant par la
fraude fiscale et douanière. Tout récemment encore le cabinet de
l'ancien premier ministre Gizenga révélait à la presse un
détournement de 1.3 milliard USD du Trésor Public et au total 153
dossiers que les instances judiciaires doivent instruire pour
détournement de terrains et d'immeubles de l'Etat.
Toutes les conditions de pression (sociales,
fiscales, économiques et politiques), d'opportunité et d'attitude
existent de manière flagrante et significative pour alimenter et
favoriser toutes les formes de fraudes perpétrées tant par les
dirigeants que par le personnel. A cela s'ajoute l'impunité, la
misère et l'inversion de valeurs.
La fraude est devenue pour les dirigeants une valeur et pour
le personnel ou le fonctionnaire une nécessité pour vivre ou
mieux, survivre. Le phénomène fonctionne comme un cercle vicieux
très difficile à casser. La fraude engendre la misère qui,
à son tour, favorise la fraude. Tout le monde est fraudeur et on n'ose
pas réprimer la fraude de peur d'être soi-même
éclaboussé ou de perdre les avantages personnels qu'on en
tire.
Certains s'en plaignent, beaucoup la justifient, personne n'a
le courage de la combattre. Bien que tout le monde (dirigeants politiques et
d'entreprises y compris le simple citoyen sans oublier la presse) en parle tant
et se plaint des conséquences de la fraude, le mal ne recule pas mais
plutôt s'amplifie chaque jour. Contrairement aux apparences, la fraude a
des retombées sociales catastrophiques puisqu'elle tue autant que la
guerre et les épidémies. La fraude fausse les incitations et
redistribue la richesse et le pouvoir à ceux qui ne méritent
peut être pas, au détriment des entreprises et de l'Etat qu'elle
appauvrit et paralyse.
Les conséquences de la fraude en RDC peuvent être
ainsi énumérées : la réduction de la
capacité d'autofinancement des entreprises d'état affectant ainsi
le maintien de l'outil de production, la prédation se
généralisant, elle contribue ainsi à miner la production
nationale.
Par ailleurs les pratiques de fraudes fiscales et
douanières, de financement monétaire du déficit des
finances publiques, et la baisse du pouvoir d'achat des populations
congolaises, qui en découle ; tout cela ne contribue pas à
créer un climat d'affaires propice, ni de confiance de la part des
investisseurs. Pour se convaincre des effets négatifs de cette
prédation, il suffit d'observer les signes visibles des routes, des
hôpitaux, des édifices inachevés ou en état de
délabrement peu de temps après leur réhabilitation, sont
les aspects les plus visibles de détournement de l'aide
extérieure en RDC.
Le budget annuel du grand pays qu'est la RDC est toujours
ridiculement bas, le barème de Mbudi longtemps promis aux
fonctionnaires ne devient toujours pas une réalité, le Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale ne peuvent rien
conclure avec le gouvernement rendant ainsi le point d'achèvement
à l'initiative PPTE un mirage.
Comme ailleurs, il est difficile d'estimer le volume
réel de la fraude en RDC, parce que par nature la fraude est
souvent dissimulée par le fraudeur. Cependant si l'on considère
certains indices de la fraude, comme l'énorme écart existant
entre le train de vie ou les avoirs de nos dirigeants politiques, nos hauts
fonctionnaires ,la haute hiérarchie de l'armée et les dirigeants
d'entreprises publiques et privées par rapport à leurs
rémunérations autorisées, nous pouvons toutefois affirmer
sans peur de nous tromper que la fraude doit concerner des montants
relativement importants et que la plupart de nos dirigeants devraient se
retrouver en prison s'ils étaient obligés de justifier l'origine
de leurs avoirs.
Souvenez-vous du début, sur la déclaration des
avoirs des dirigeants politiques avant leur entrée en fonction et du
rapport de la Commission des biens mal acquis de la Conférence
Nationale Souveraine.
La pression fiscale(le rapport entre les recettes fiscales et
le PIB) du pays ne dépasse pas 6%, alors qu'ailleurs dans les pays
identiques à la RDC, cette pression peut atteindre 15%. Cette situation
n'est pas le seul fait de l'insuffisance de données statistiques sur le
PIB ou de l'incapacité des régies financières à
mobiliser les recettes fiscales. Elle s'explique par la fraude fiscale
structurelle.
Le rapport de contrôle des entreprises publiques
réalisé en 2001 conjointement par la Cour des Comptes,
l'Inspection Générale des Finances, le Conseil Supérieur
de Portefeuille et du Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo fait
état de fraudes commises par les dirigeants d'entreprises publiques
consistant principalement en des cas de corruption et l'octroi des avantages
statutaires.
En matière de lutte contre la fraude,
il ya lieu de noter que le législateur congolais a doté l'Etat
d'un arsenal de dispositions pénales pour lutter contre la fraude et la
corruption. Le code fiscal réprime également la fraude fiscale
par des amendes très sévères. En outre la
législation des entreprises prévoit la nomination des dirigeants
d'entreprises et de commissaires aux comptes.
Cependant tout ce système n'a pas permis de juguler le
mal parce que la législation est insuffisante et n'est pas
rigoureusement appliquée.
Les différentes structures et réformes mises en
place (service antifraude, police économique,...) n'ont pas
réussi à endiguer ces maux. Même l'Institution de la
Commission Nationale d'Ethique de la lutte contre la corruption... la
ratification du traité de la corruption de la SADC n'auront pas l'impact
souhaité faute de moyens humains, matériels et de
véritable autonomie vis-à-vis des politiques, économiques,
judiciaires et le bon fonctionnement des institutions publiques et surtout
enfin par manque de véritable volonté de lutter contre la fraude
des dirigeants.
Dans tous les cas, le commissaire aux comptes doit
révéler les fraudes significatives à la Direction, au
Comité d'audit et à l'Assemblée Générale ou
dans certains cas, ... Si l'auditeur suspecte que les membres de la direction
et du conseil d'administration sont impliqués, il doit informer le
comité d'audit ou obtenir une consultation juridique.
Les responsabilités des mandataires
Il est vrai que pour chaque entreprise,
particulièrement les sociétés privées et
publiques, il existe des statuts propres ainsi que la réglementation
générale sur les entreprises publiques.
Selon les statuts des entreprises privées (SPRL) les
mandataires (gérants) sont responsables conformément au droit
commun, de l'exécution du mandat reçu et des fautes commises dans
leur gestion, mais aucune mention précise et explicite sur la
définition des fautes en rapport avec la fraude.
Selon l'article 38 des statuts des entreprises publiques, les
membres du conseil d'administration engagent leur responsabilité civile
et pénale dans les actes de détournement des biens et des fonds
de l'entreprise.
La loi traite donc implicitement de la fraude telle que
définie plus haut, mais ne donne aucune précision sur les peines
encourues en cas de fautes de gestion ou d'infractions à ses
interdictions, outre qu'il n'existe pas dans beaucoup d'entreprises les organes
statutaires de gestion et que là où ils existent ; ils ne
fonctionnent pas conformément aux statuts, (la plupart des entreprises
publiques et privées, grandes ou petites ne disposent pas de
mécanismes de contrôle).
Enfin, il y a le laisser faire généralisé
dans les entreprises. Ces lacunes sont de nature à favoriser la fraude
au sein de l'entreprise.
La responsabilité du commissaire aux comptes en
RDC
La plupart des entreprises n'ont pas de commissaires aux
comptes parce que ce n'est pas une obligation légale. Là
où la loi oblige la nomination de commissaires, les propriétaires
ou l'Etat lui-même ne les nomme pas depuis des années.
Là où l'Etat ou les privés ont
nommé des commissaires aux comptes, ils ne sont pas des professionnels
et quand ils le sont, ils ne sont pas indépendants, la loi ne fixe pas
les normes d'exercice de commissariat aux comptes et les responsables en
matière de détection et de révélation des fraudes.
Le commissaire aux comptes n'est pas obligé par la loi de
révéler au Procureur Général de la
République ou à des juridictions spécialisées les
fraudes(non respect des textes) significatives détectées au cours
de sa mission.
Les commissaires aux comptes eux-mêmes n'ont pas
de normes communes et d'approche spécifique pour leur mission
de commissariat aux comptes. Le mandat du commissaire aux comptes est
exercé uniquement pour le compte des associés et de l'Etat et non
du public comme c'est le cas ailleurs...
Objectif de la mission de commissariat aux comptes en
RDC
Selon la loi ,le commissaire aux comptes vérifie la
régularité et la sincérité des livres de
l'entreprise publique, de la banque commerciale et de la société
privée à responsabilité limitée sans une
précision aucune sur l'approche et les normes à suivre et la
qualité de l'auditeur.
La loi ne précise pas la responsabilité du
commissaire aux comptes quant à la détection et la
révélation des fraudes et autres actes illégaux
de l'entreprise. La fraude n'est pas abordée. Toutefois le commissariat
aux comptes est considéré comme un moyen de dissuader la
Direction sur la mauvaise gestion puisque l'Assemblée
Générale statue sur la gestion sur la base du rapport du
commissaire aux comptes.
La législation congolaise n'oblige pas le commissaire
à révéler les fraudes
détectées à la justice ou au fisc.
En l'absence des dispositions légales et
même statutaires concernant les normes, l'approche
et la qualité de l'expert sur l'audit légal; les commissaires aux
comptes suivent soit les dispositions des normes d'audit international ou
d'autres pays. Il n'y a donc pas uniformité dans ce domaine.
Responsabilités de l'Etat
Même lorsque les dirigeants d'entreprise et les
auditeurs externes indépendants auront joué efficacement leur
rôle, la lutte contre la fraude ne sera pas
gagnée si l'Etat ne joue pas correctement et efficacement le sien en
tant que législateur, pouvoir judiciaire et gouvernement pour
prévenir et sanctionner la fraude lui révélée par
la Direction et le commissaire aux comptes.
· Certes le législateur congolais a doté
l'Etat des dispositions pénales pour lutter contre la fraude et la
corruption.
Le code pénal prévoit en effet
dans les articles 145 à 159 des sanctions contre celles relatives
à la corruption des fonctionnaires publics, d'arbitres ou d'experts
commis en justice. La période de transition.
· Il y a également les articles 86 à 102
qui sanctionnent ces différents cas de fraude évoqués
dans la définition de la fraude. Le code fiscal
réprime également la fraude fiscale par des
pénalités et amendes très sévères .En
outre la législation des entreprises publiques prévoit la
nomination des dirigeants d'entreprise et des commissaires aux comptes.
· Ethique contre la corruption pendant la période
de transition. Cependant tout ce système n'a pas permis de juguler le
mal. Parce que non seulement la législation est insuffisante mais elle
n'est pas rigoureusement appliquée.
En tant que législateur, l'Etat doit :
En ce qui concerne la
prévention :
· Effectuer des contrôles et programmes antifraudes
dans les entreprises, administrations fiscales et régies
financières, des audits internes, et des brigades antifraudes.
· Créer une pression fiscale raisonnable et des
divergences plus réduites entre la comptabilité et la
fiscalité.
· Faire voter une loi antifraude (comptable,
détournements, respect des textes; corruption).
· Faire voter une loi créant un ordre national des
réviseurs comptable.
En ce qui concerne la
détection :
· Faire voter une loi
sur le commissaire aux comptes des entreprises ;
- avec obligation de nommer au moins un commissaire aux
comptes ; limitant l'exercice du commissariat aux seuls réviseurs
comptables membres de l'IRC ;
- avec obligation de la production d'un rapport d'audit annuel
plus un rapport spécial sur les fraudes.
Faire des réformes de la législation
dans le sens de rendre :
· Responsables de la prévention et de la
non-détection et de la révélation des fraudes les
dirigeants d'entreprises publiques et privées.
· Responsables les dirigeants d'entreprises, ONGs, ASBL,
Partis Politiques, de la nomination des commissaires aux comptes.
· Les commissaires aux comptes responsables de la non
révélation au Procureur de la République des fraudes
relevées au cours de son mandat.
En plus il faut créer des juridictions
spécialisées en instruction et répression des fraudes,
faire des réformes de la législation fiscale par la
réduction des divergences entre la fiscalité et la
comptabilité, il faut réformer la législation comptable
pour l'adapter aux nouvelles normes internationales de la comptabilité
et renforcer les peines pour infractions relatives à la fraude
comptable, abus de confiance et surtout de biens sociaux.
Créer l'ORDRE des Réviseurs et Experts
comptables et une commission antifraude animée par la
société civile et particulièrement :
-Organiser dans un cadre juridique de portée nationale
l'ordre des réviseurs comptables, des experts comptables et la fonction
des commissaires aux comptes.
-Mettre en place les normes nationales des réviseurs
comptables et des experts comptables ainsi que des commissaires aux comptes.
-Rendre obligatoire la certification des comptes de toutes les
entreprises publiques ou privées, les ongs par un réviseur-
comptable ou un commissaire aux comptes.
En tant que pouvoir judiciaire
Recruter et former de nouveaux magistrats pour gérer de
nouvelles juridictions spécialisées dans la fraude.
En tant que pouvoir exécutif.
Nommer des dirigeants
honnêtes, compétents, expérimentés; des commissaires
aux comptes dans les entreprises publiques et d'économie mixte, des
experts comptables indépendants, compétents et membres de
l'IRC.
Les responsabilités de l'IRC
-Organiser dans
un cadre juridique de portée nationale l'ordre des réviseurs
comptables, des experts-comptables et la fonction des commissaires aux
comptes.
-Mettre en place les normes
nationales des réviseurs comptables et des experts comptables ainsi que
des commissaires aux comptes ;
-Rendre obligatoire la
certification des comptes de toutes les entreprises publiques ou
privées, les ONG par un réviseur comptable ou un commissaire aux
comptes.
Pourrions-nous terminer l'Annexe avec Luc 3,14 : Des
soldats aussi Lui (Jésus) demandèrent. Et nous, que devrons nous
faire ? Il leur répondit : Ne commettez ni extorsions ni
fraude envers personne et contentez-vous de votre solde.
Et avec 1Thes.4,6 :C'est que personne n'use envers son
frère de fraude et de cupidité dans les affaires, parce que le
Seigneur tire vengeance de toutes ces choses, comme nous l'avons
déjà dit et attesté.
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Première
Partie
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(10) Le niveau de la corruption en RDC a atteint son
paroxysme, in le Phare n° 3243, lundi 14 janvier 2008, Kinshasa, p. 11,14
(11) Pfingu, J.P., Fraude dans les entreprises... art.cit. ,
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(12) Enquête sur fraude dans les entreprises en
France...art.cit. p.
(13) L'étude de Transparency International, le
phénomène de la corruption en RDC in Le Phare n°3244 mardi
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(14) Enquête sur la fraude dans les entreprises en
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cycle ISC 2005, Kodila, A., La problématique de la
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en place du contrôle interne dans une entreprise industrielle. Cas de la
Midema. p.19
(18) Enquête sur la fraude dans les entreprises en
France...op.cit .p.8
(19) Le Phare, Alors que les activités criminelles
représentent entre 1000 et 1600 milliards de dollars par
an, in Le Phare n°3173, Kinshasa, jeudi 27/09/2007.
(20) Kodila, mémoire, op.cit p.
(21) FEC, Des états des lieux de l'économie
congolaise, pistes des solutions, in Revue Fec, Kinshasa, mars 2007,
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(22) PFINGU, J.P., Fraude dans les entreprises ...op.cit.
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(23) IRE, Le rôle du commissaire-reviseur
vis-à-vis des fraudes et irrégularités, in revue IRE,
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Deuxième partie
(24) PFINGU. J.P., Fraude dans les entreprises ...art.cit.
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(25) Carassus. D. et Cormier, D., Etude empirique du risque
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(26) PFINGU. J.P., Fraude dans les entreprises...art.cit.
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(27) Carassus. D. et Cormier. D., Etude empirique...op.cit. p.12
(28) Pierce. B., et Kilcomins. M., La vérification des
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(29) La responsabilité du commissaire aux comptes,
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(30) Carassus. D. et Cormier. D., Etude empirique...op.cit.
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(31) PFINGU. J.P., Fraude dans les entreprises...art.cit.
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(32) idem, art.cit, p.......
Annexes
(33) Scandale Enron, un article de Wikipedia,
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(35) Idem
(36) IBR/IRE,01/2007,p.9-6 :475 citant Libre Belgique
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