Au terme de cette recherche nous avons pu montrer que la
micro finance à des impacts tant positifs que négatifs sur le
secteur informel en Haïti pendant la période 1995- 20010. Les
impacts positifs sont cependant plus significatifs et sont plus visibles sur la
vie des petits marchands bénéficiaires du microcrédit, sur
les recettes de l'Etat et dans la réduction du chômage dans le
pays. Alors que, les impacts négatifs se font sentir plus
particulièrement sur la production nationale et dans l'informalisation
des activités économiques et dans la création d'un
processus d'endettement de certains bénéficiaires. En ce sens,
nous avons présenté et analysé le développement de
la micro finance à travers le monde et en Hatti,
particulièrement. Et avonsnous démontré tout au long de
notre problématique surtout, que la micro finance a créé
des conceptions nouvelles dans la pratique du crédit dans
l'économie haïtienne et répond à un grand besoin de
financement du secteur informel.
Nous avons par ailleurs présenté la micro
finance en tant qu'élément pouvant jouer un rôle dans la
relance économique du pays, en occasionnant une réduction de la
pauvreté avec création de nouveaux pouvoir d'achat réel et
en étant le principale partenaire financier du petit commerce formel
et/ou informel.
La micro finance en tant qu'élément pouvant
jouer un rôle dans la relance économique du pays. La micro
finance peut jouer un rôle considérable dans la relance
économique avons-nous montré car à travers les IMF se
tissent des liens socio-économiques qui favorisent l'esprit
d'initiative, l'émergence de nouveaux entrepreneurs. Mais, les
pouvoirs publics ont leur partition à jouer, car un pays comme
Haïti doit concevoir des stratégies adaptées à sa
situation pour accroître et faciliter l'accès de toutes les
strates de la population aux services financiers de base. Ces stratégies
doivent ensuite Etre concrétisées dans le cadre de mesures de
politique générale et de plans de mise en °oeuvre effective.
Dans cette optique, une multitude d'intervenants doivent collaborer
à l'élaboration des stratégies et déterminer
ensemble les meilleures façons d'organiser la mise en oeuvre des
actions. Même si en absence de telles stratégies, surtout
en milieu rural, la micro finance a conduit à ce que certains
économistes appellent « une révolution
financière » en prouvant que les plus pauvres sont bancables
et sont capables de supporter des taux d'intérêts relativement
élevés. Elle favorise dans
sa méthodologie de crédit (crédit
individuel surtout) l'émergence de nouveaux entrepreneurs, en ce sens
que le crédit, moteur de l'entreprise privée dans
l'économie d'aujourd'hui, devient plus accessible et moins
onéreux. Elle contribue également à la réduction
des inégalités de genre en ce sens qu'il existe au sein de la
micro finance tout est un mécanisme qui est mis en place dans
l'idée que les femmes puissent jouir des avantages considérables
par rapport aux hommes dans leur demande de financement. Il ya d'ailleurs
même des IMF qui ne prêtent qu'aux femmes et celles qui
prêtent aux deux sexes ont vu la plupart temps un fort pourcentage
(environs 60% pour les trois institutions étudiées) de leur
portefeuille consacré aux prêts accordés aux femmes.
La micro finance en tant que moyens efficaces de
réduction de la pauvreté. Nous avons montré dans ce
travail, surtout au niveau du deuxième chapitre, que la micro finance
est un puissant instrument de luttes contre la pauvreté en ce sens que
le microcrédit permet de développer de petites activités,
il se repose sur les activités individuelles, sur une valorisation de
l'être et sert à tisser les liens sociaux surtout après les
périodes de grandes guerres33 et de catastrophes naturelles.
D'autres part, la micro finance favorise la réduction du taux
d'analphabétisme et sert de moyen de résistances des plus
vulnérables aux chocs économiques internes et externes.
Même si avons-nous signalé, que le grand défi des
études de l'impact des mesures est d'améliorer la
crédibilité et l'efficacité des programmes de
micro-financement. Néanmoins, il est difficile et coûteux de
mesurer, avec précision, l'impact d'un programme sur des
éléments socioéconomiques tels qualité de vie,
création d'emplois durables, pouvoir social, émancipation de la
femme, etc. qui sont des variables qualitatives. Ces considérations nous
avait conduit à la vérification de notre deuxième
hypothèse à savoir qu'effectivement Le microcrédit
a eu un 1P S0cNiSINNEisuCILilVInoP 11-i101Ni1-In1-i(réduction du
taux de chômage, augmentation des UHe111132- l'EO) dans
sa globalité pendant la période 1995-2010.
La micro finance en tant que premier partenaire du petit
commerce. Nous avons en effet montré à la deuxième
section du deuxième chapitre du travail que le petit commerce, qu'il
soit formel ou informel est financé à près 90% par la
micro finance. Celle-ci fait donc du commerce sa priorité en raison
évidemment de la nature des activités commerciales qui permet
d'effectuer un flux
33 Exemple, après le génocide au
Rwanda
considérables d'opérations sur une
période relativement courte et de pouvoir supporter des taux
d'intérêts relativement élevés tout offrant un
niveau de risque moindre par rapport aux activités de productions
agricoles et/ou industrielles de longue durées. En cela, la micro
finance combinée au petit commerce trouve sa véritable expression
dans la réduction du chômage, dans l'augmentation des recettes de
l'Etat pour ne citer que ceux-là. Car d'une part, La petite entreprise
commerciale, a un rôle fondamentale dans la création d'emploi et
la dynamisation de l'économie, avons montré au troisième
chapitre. Ainsi donc, nous avons abouti au terme de ce chapitre au fait que la
micro finance, via le petit commerce a contribué grandement à
diminuer le taux de chômage dans le pays. Elle crée de nouvelle
opportunité, et est le mode de financement approprié pour les
pays en voie de développement comme l'a si bien prouvé les
exemples Boliviens, Argentins et Sud-africains. Nous avons abouti à la
conclusion que si les limites actuelles de la micro finance sont prises en
compte par les décideurs et si l'on exploite tous les avantages qu'elle
offre par rapport au crédit bancaire traditionnel, la micro
finance34 peut constituer un fer de lance du développement
socio-pF14oL TTXe d'fI- 1ïti. Puisque d'autre part, toute
réduction du taux de chômage nous rapproche le plus possible vers
la réalisation du plein emploi des ressources de l'économie et
donc vers la croissance et l'amélioration du bien-être individuel
et collectif. Les résultats des entretiens avec les petits de port-au-
prince ne font que confirmer ce point de vue. C'était la
vérification de notre troisième hypothèse.
D'un autre côté, nous avons
présenté nos trois institutions de micro finance, nous avons
montré leur poids dans la résolution du problème de
crédit en Haïti et le développement économique global
du pays, ceteris paribus. En ce sens, nous avons montré comment les
portefeuilles de crédit des IMF évoluent de manière
significative sur des périodes relativement courte, et comment elles ont
su proposé à la clientèle toute une gamme de produits
financiers et autres adaptés à leur besoin, d'où
l'expression « la création des services financiers accessibles
». Nous avons montré également comment elles ont su faire
preuve de dynamisme et de bonne performance même dans les situations les
plus difficiles. Elles ont donc grandement participé à ce
mouvement de justification du fait que les petites bourses sont bancables.
Elles ont amené avec des prêts de faibles montants des gens
à développer leur propre activité et/ou augmenter
34 Y la micro-assurance, l'organisation des
transferts de la diaspora etc.
leurs micros entreprises et augmenter donc leurs revenus
disponibles. Mais à ce sujet il faut faire le point pour dire, comme
nous l'avons montré à la deuxième section du chapitre
quatre, que l'amélioration des conditions de vies n'est pas forcement
dü aux actions de la micro finance. Car, le petit commerce source de cette
amélioration n'est pas nécessairement une résultante de la
micro finance. Il vient alors non pas de dire que notre première
hypothèse n'est pas vérifiée, mais une obligation de
précision qui nous amènera à une hypothèse
reformulée comme suit : Le microcrédit peut contribue
à améliorer les conditions de vies de petits marchands.
On peut dire, que microcrédit et amélioration des
conditions des petits marchands marchent de pairs dans la mesure où
cette activité de commerce qu'entreprends le marchands est
financé par une institution de micro finance. Nous avons montré
à la fin du quatrième chapitre à quelle condition cette
hypothèse se justifie.
Nous venons donc de faire ressortir la relation qui existe
entre le microcrédit et l'amélioration des conditions de vies des
petits marchands qui était l'objectif principal de la recherche. C'est
une relation certes conditionnée, mais qui est d'une importance capitale
dans la recherche de solution au problème de la pauvreté et de la
misère qui rongent notre chère Haïti. Les décideurs
politiques et économiques doivent donc trouver les meilleurs moyens pour
faire de la micro finance un vecteur de développement économique
en insistant sur les avantages du microcrédit et sur les
capacités des petites bourses de répondre aux exigences de ces
institutions. Mais, tous cela doit être circonscrit dans un plan
de développement économique intégré et
participative. Car, comme nous l'avons montré au deuxième
chapitre, le microcrédit a un poids important dans le commerce informel,
lorsqu'il épargne les petits commerçants des taux
d'intér~t usuriers de la finance informel et lui assure des moyens de
financement rapide et adapté aux besoins. Nous pouvons dire
alors, sans risque de nous tromper que nos objectifs dans le cadre de cette
recherche ont été valablement atteints. Car non seulement nos
recherchent nous ont fournies le bagage théorique et empirique de
pourvoir de répondre comme suit à nos questionnement de recherche
:
? À la question : quel est l'impact global de la micro
finance dans l'amélioration des conditions de vies des petits marchands
?
Un impact positif dans l'ensemble, par le biais du petit
commerce formel et informel en améliorant les conditions de vies des
petits marchands. Mais aussi a des impacts négatifs sur le
système productif haïtien qui se dégrade de jour en jour.
· A la question : peut-on faire de la micro finance un
pilier de l'économie ?
Oui, dans la mesure où l'on change de paradigme dans la
manière de voir et de percevoir la micro finance dans le pays en lui
créant surtout un cadre légal de fonctionnement35.
· À la question : la micro finance est-elle capable
dans sa philosophie actuelle de promouvoir la croissance économique du
pays ?
Pas tout à fait, si l'on considère toute la
limite et les principes clés qui sous-tendent les activités des
IMF, d'où la nécessité de ce changement de paradigme et
d'un nouveau schéma d'intégration des actions micro
financière.
Mais aussi, il nous donne de pouvoir comprendre et mettre en
relief que les perspectives d'avenir de notre système économique
peut se reposer ceteris paribus sur le potentiel et le dynamisme de la
micro finance qui a déjà prouvé dans des pays comme la
France, la Bolivie, l'Argentine, le Pérou, le Rwanda , qu'elle est
capable de « merveilles économiques » en tissant des liens
sociaux, en réduisant les disparités entre les groupes sociaux et
favorisant l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes et de femmes en
propulsant les initiatives privées individuelles ou collectives. Mais,
est-on prêt à consentir le sacrifice que cela demande ? Ici se
pose l'une des problématiques fondamentales en économie, le
coüt d'opportunité. Le débat reste ouvert.