Résumé
Puissant instrument de lutte contre la pauvreté,
l'intégration de la micro finance dans les plans de développement
est de plus en plus urgente surtout dans les pays dits
sous-développés qui cherchent des moyens de développements
alternatifs a ceux déjà expérimentés. Mais, les
impacts réels de la micro finance sur le développement, notamment
sur le secteur informel en Haïti est à l'heure actuelle l'objet de
nombre de controverse, car certains voient la micro finance comme une «
arme à double tranchant ». Toutefois, la micro finance a
contribué entre 1995-2010 à résoudre, ceteris
paribus, le problème du financement des micros entreprises,
particulièrement informelles (portefeuille de crédit 1.1
milliards de gourdes, 108,778 prêts) en Haïti où en 2007
encore seulement 400.000 des demandeurs de crédit ont été
approuvés par le système bancaire et seulement 133 d'entre eux
détenaient les 2/3 du total des prêts. Mais, il reste encore
beaucoup à faire pour faire du secteur un pôle de
développement durable.
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
INTRODUCTION
« Stimuler la reprise de l'activité
économique nationale tout en favorisant les relations entre les banques
et les clients, telles sont les ambitions officiellement exprimées par
la Banque Gentrale en annonçant (en 1995) la révision du taux
d'intérêt sur les dépôts et sur les préts
ainsi que l'accroissement du pourcentage de l'encaisse à maintenir comme
réserve de liquidité des dépôts
»1.
Gependant, un simple coup d'oeil sur le système
bancaire haïtien actuel permet d'affirmer que la réalité est
toute autre. En dépit de cette décision, le problème du
crédit n'est toujours pas résolu dans le pays, les petites
bourses2 n'ont toujours pas accès au crédit bancaire.
Face à cette situation, les petites et moyennes entreprises se
retrouvent coincées et dans l'incapacité de pallier les
insuffisances économiques et financières du secteur réel.
Get état de fait entrave par voie de conséquence le
développement économique, faute de financement, dans un pays
où l'investissement privé est encore une priorité si l'on
croit les déclarations des dirigeants actuels. Dès lors, comme
stratégies d'ensemble ils font appel principalement aux Investissements
Directs des Etrangers (IDE) pour augmenter principalement le
nombre d'emplois formels dans l'économie qui est assuré à
l'heure actuelle par l'administration publique en majeur partie ; ce qui est
économiquement une anomalie.
La micro finance telle que connue aujourd'hui dans le pays,
avec ses quelques 59 3673 emplois en 2000 et ses 250.000 emplois
directs en 2010 (ANIHM, Rapport 2010) essaie de pallier à ce
problème, mais elle appartient encore en grande partie au secteur
informel.
Gependant, il faut dire que les microstructures
financières populaires ont toujours existé dans le monde
entier. Elles ont évolué à travers le temps et ont
existé dans les différentes étapes de
1 Fred DOURA, Haïti Dépendance et crise
tome1 Page 214
2 Voir cadre théorique
3 Fred DOURA, Haïti Dépendance et crise
tome1 Page 253
développement de tous les pays du monde comme le relate
Pigeau (2005). Dans les pays en développement (P.E.D) en
général, ces microstructures de financement ont été
qualifiées d'informelles pendant une bonne partie des décennies
1970-1990. Ces dernières années, la conception de ces
méthodes de financement a énormément évolué
vers le concept de la micro finance (Lelart, 2005 ; Sodokin, 2007). Les
orientations de politiques économiques ne sont plus les mêmes
dès lors qu'il s'agit d'une micro finance susceptible de financer les
petites activités génératrices de revenus et non d'une
"finance informelle" qui procure du financement à des
activités hors la loi ou supposées
illégales4.
La micro finance laisse donc peu à peu le secteur
informel pour devenir un instrument de développement, de lutte contre la
pauvreté et un sujet d'actualité. Elle a fait en ce sens l'objet
de débats de politiques économiques nationales et
internationales. Ainsi, l'année 2005 qui a été
désignée par l'ONU l'Année internationale du
microcrédit a grandement contribué à sensibiliser la
communauté internationale sur le rôle clé des services
financiers plus accessibles dans la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). En ce sens, l'ancien
secrétaire général de l'ONU Kofi ANANN dans l'avant-propos
de l'ouvrage « Construire des secteurs Financiers accessibles à
tous » publié par l'organisation qu'il dirigeait a
écrit « Rendre les secteurs financiers accessibles à
tous a le pouvoir d'améliorer les conditions de vie des populations, en
particulier des pauvres. Un petit prêt, un compte d'épargne ou une
assurance peuvent faire une grande différence pour une famille à
bas revenus. Ils permettent à ces gens d'investir dans une meilleure
alimentation, dans leur logement, leur santé et l'éducation de
leurs enfants. Ils permettent de mieux réagir lors des périodes
difficiles dues à de mauvaises récoltes, à la maladie ou
à un décès. Ils aident à planifier l'avenir
».
Cette déclaration de l'ex Secrétaire
Général reflète en grande partie l'objectif principal de
la micro finance qui, dans un pays comme Haïti, se veut un instrument
d'amélioration des conditions de vie des couches les plus
vulnérables, en leur donnant accès aux services financiers de
base. D'où l'objectif principal de toute institution de micro
finance.
4 Affirmation de Sodokin, op. Cite
Une analyse de l'impact de la micro finance sur le secteur
informel à Port-au-Prince pendant la période 1995-2010
s'inscrit donc dans une perspective de recherche de l'applicabilité
de cette philosophie dans le cas haïtien.
Mais d'abord essayons de poser la problématique de la
micro finance en Haïti. A partir de laquelle découlera le fil
conducteur, c'est-à-dire la question centrale de notre recherche.
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