3. Analyse comparative des déterminants
macroéconomiques du risque financier: un essai d'investigation empirique
dans les pays à hauts revenus et les pays à moyens et faibles
revenus.
3.1. Revue de littérature
Plusieurs travaux empiriques ont analysé l'impact
des variables macroéconomiques sur les crises
financières.
Les travaux pionniers de Demirguc-Kant et Detragiache
(1998 ; 2000,2005), Hardy et Pazarbasioglu (1998) et Eichengreen et Arteta
(2000) utilisant une approche de type logit, concluent à l'importance
des variables macroéconomiques réelles et financières dans
le déclenchement des crises à
l'internationale13.
Demirgüc-Kunt & Detragiache E. (1998)
étudient la relation empirique entre crises bancaires et
libéralisation financière sur un panel de 53 pays de 1980
à 1995. Ils montrent ainsi, à travers un modèle logit
multivarié, que les crises bancaires sont plus susceptibles d'avoir lieu
dans les systèmes financiers libéralisés. Pour eux, la
tendance à la libéralisation financière fait partie d'une
tendance générale à la réduction directe de
l'intervention de l'Etat dans l'économie. Ils soutiennent que l'un des
bénéfices de la libéralisation financière est la
possibilité de financement de projets à « risque
élevé socialement désiré » en raison leurs
bénéfices élevés. Selon ces auteurs, la
libéralisation financière, en donnant une plus grande
liberté aux banques et aux autres intermédiaires financiers,
augmente les opportunités de prendre le risque. Ce qui tend à
accroitre la fragilité financière. Ils soulignent cependant que
cela n'est pas nécessairement mauvais pour l'économie car les
bénéfices élevés des projets à haut risque
peuvent dominer les bénéfices faibles des projets à faible
risque.
Eichengreen & Arteta (2000) montrent que la
probabilité de crise est en général élevée
durant la période de libéralisation des taux
d'intérêt. Ils montrent aussi qu'un taux de croissance
élevé du crédit domestique et un ratio important de dettes
rapportées aux réserves augmentent la probabilité de
crise.
Selon Summers L. (2000), (a) dans la plupart des cas,
un secteur financier faible joue un rôle important dans l'occurrence des
crises financières ; (b) des taux de change fixes sans des engagements
politique et monétaire étaient présents parmi les
antécédents à toutes les crises ; (c) les fondamentaux
macroéconomiques tels que les politiques monétaires
inflationnistes, des déficits budgétaires élevés et
les déficits des comptes courants étaient présents dans
bon
13 Angora & Tarazy
(2011)
nombre de causes mais ne sont pas des
antécédents nécessaires à tous les épisodes
de crise financière.
Dans Ranciere, Tornell, et Westermann (2003), la
libéralisation financière élargit les contraintes des
emprunteurs et augmente la croissance, mais produit également du risque
systémique qui a comme conséquence des crises occasionnelles.
Dell'Arricia et Marquez (2004) montrent que la libéralisation
financière mène à un déséquilibre entre les
banques, qui provoque des flambées dans les cycles de
crédit.
Joshua Aizenman (2004) étudie la relation entre
ouverture commerciale et ouverture financière dans les pays en
développement. Il trouva que l'ouverture commerciale dans les pays qui
répriment leur système financier conduira inévitablement
à l'ouverture financière, accroissant cependant le coût de
la dette publique. Ainsi, selon lui, la soutenabilité d'une telle
ouverture financière requière une profonde restructuration
fiscale sans il y aurait un accroissement du refinancement de la dette publique
dans ces pays en développement.
Martin & Rey (2005) analysent l'impact de la
libéralisation de marché boursier sur les mouvements de capitaux,
sur les prix des actifs et sur l'investissement. Ils prouvent que quand il y a
des coûts de transaction dans les capitaux internationaux, la
libéralisation de marché boursier peut mener à deux
résultats possibles pour une économie
émergente.
Athanasoglou, Brsissimis et Delis (2005) utilisent
l'output cyclique et l'inflation attendue dans leur étude. Ils ont
analysé l'effet des spécificités bancaires, industrielles,
et des déterminants macroéconomiques sur la profitabilité
bancaire.
Selon eux, les variables macroéconomiques
couramment utilisées pour analyser la relation entre
profitabilité bancaire et l'environnement macroéconomique sont le
taux d'inflation, le taux d'intérêt de long terme, et/ou le taux
de croissance de l'offre de money.
Eboué (2007) trouve que la procyclicité du
crédit et l'importance des prêts non performants sont les
principaux facteurs de crise bancaire dans les pays de l'UEMOA.
|