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Mutations des realisations d'un projet de renovation urbaine: la Cite an III à  Ouagadougou au Burkina Faso (1987- 2008 )


par Bapandi Donatien IDANI
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM ) Burkina Faso - Master II en management des projets 2008
Dans la categorie: Géographie
   

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5. Méthodologie

Elle s'articule autour de six points : la revue de littérature, le choix du site d'étude, les variables de l'étude, l'échantillonnage, la collecte des données, et le traitement des données.

5.1. La revue de littérature

Elle a consisté à rechercher la documentation sur les projets d'infrastructures immobilières (notamment les cités) dans les pays en développement et plus particulièrement au Burkina Faso. Cette revue de littérature a porté sur les ouvrages généraux, les mémoires de maîtrise, les thèses de doctorat, les articles de journaux, les rapports d'études dans les centres de documentation de la Direction Générale de l'Urbanisme et des Travaux Fonciers (DGUTF), du Centre d'Information et de Recherche pour le Développement (CIRD), et de la Bibliothèque Centrale Universitaire de l'Université de Ouagadougou. Que faut-il retenir ?

De nombreuses études se sont déjà intéressées aux infrastructures immobilières à l'échelle internationale et nationale.

A l'échelle internationale, nous retenons les travaux de HARTER.G et al (1974). Dans leur ouvrage intitulé manuel d'urbanisme en pays tropical, ces auteurs distinguent dans les pays en voie de développement trois catégories d'habitats : l'habitat planifié, l'habitat administré et l'habitat des populations à faible revenu. Ils définissent l'habitat planifié comme étant celui pour lequel la conception, le financement et la réalisation d'un grand nombre de logements sont dus à la responsabilité d'un seul intervenant ou d'un nombre restreint d'intervenant sans décision directe avec les futurs habitants. L'habitat administratif est celui par lequel la construction des logements sinon des autres éléments (jardin, commerce, équipements collectifs variés) est laissé aux initiatives des particuliers sur des parcelles privées. L'habitat des populations à faible revenu quant à lui présente une multiplicité de forme apparente. Désigné autrefois par des expressions malheureuses (habitat tra-

ditionnel, bidonville, cité indigène...), il a reçu des appellations plus pertinentes (habitat marginal...) par la suite. D'après ces auteurs, pour comparer des projets concurrents et formuler un diagnostic sur des quartiers existants, il faut devoir évaluer l'habitat. Pour prendre une décision en pleine connaissance de cause, cette évaluation doit être faite suivant les critères les plus variés qui permettent d'apprécier les services rendu (prestations de toute nature que fourni un habitat aux personnes et à la collectivité), les possibilités (ou si l'on préfère le potentiel d'évolution c'est-à-dire les modifications ultérieures qui sont permises par un habitat existant) et l'insertion de la production de l'habitat dans le contexte économique. Certains de ces critères peuvent faire l'objet de mesures et de calculs, ce sont des critères quantifiables ; d'autres ne sont pas quantifiables et leur appréciation comportera toujours une part plus ou moins grande d'arbitraire.

Au Burkina Faso, la période post indépendance a été marquée par une absence de volonté affirmée de la part de l'Etat dans le domaine de l'aménagement urbain (NAMOANO.C.J.F., 1992). Le désintéressement des pouvoirs publics face à cette question pourtant primordiale a favorisé l'attribution anarchique des terrains et la spéculation foncière. De nombreux et vastes quartiers d'habitat spontané sans statuts fonciers clairs se constituaient sur la base de l'initiative individuelle.

En aout 1983, les autorités ont manifesté une réelle volonté à mettre en place une politique urbaine et à trouver des solutions aux problèmes de logements (TAPSOBA.S, 1987). Cette politique a consisté tout d'abord à l'élaboration et à l'adoption du schéma directeur de la ville de Ouagadougou, ensuite à la mise à l'écart de tout système de blocage dans l'aménagement urbain (chefs coutumiers, spéculateurs etc..) ; enfin à la prise de décisions touchant directement la question de logement. Au titre de ces décisions, cet auteur retient le lotissement de vastes zones d'habitat spontané, la création d'une société immobilière publique (la SOCOGIB), la construction des cités an II, an III, et la création de la banque populaire de l'habitat pour fournir des crédits à la construction des couches moyenne de la population.

Pour DERRA. S (1991), les cités conçues sous la révolution ont été dans la plupart des cas réalisées en dehors du respect des règles élémentaires de la construction. Ce non-respect des règles a été du d'une part aux politiques qui très souvent talonnaient les différents intervenants (délais d'études et de réalisation trop courts), d'autre part à la méconnaissance de ces règles par les constructeurs. Par ailleurs, les matériaux de construction n'ont pas été normalisés. Dans les cités, les eaux usées sont déversées dans la rue et certains occupants pratiquent un trou dans le mur mitoyen afin d'évacuer les eaux de pluies de leur cour, ce par faute d'assainissement de ces zones d'habitation. A la fin de ses travaux, l'auteur conclu que les intentions affichées de la politique de logement ont été certes louables mais, ni les lotissements, ni les constructions des cités n'ont pu prendre en compte les besoins réels et les possibilités financières du plus grand nombre.

D'après DRABO. M (1994), le phénomène d'évolution de l'habitat à travers les transformations morphologiques, architecturales et spatiales est devenu un fait irrésistible à Ouagadougou ; en témoignent les immeubles qui immergent chaque jour au centre-ville et les quartiers aux habitations insalubres qui font de plus en plus place aux constructions modernes utilisant des techniques et matériaux nouveaux. La recherche sans cesse croissante d'une meilleure qualité de vie, l'effet de modernité de la ville sont parmi tant d'autres les facteurs déterminants de cette mutation.

Dans cette même lancée, LOMPO. B. L (2002) dans son étude : « La responsabilité du propriétaire d'un ouvrage immobilier envers les voisins du fait de la construction » souligne que, très souvent, à l'occasion de l'exécution des contrats d'entreprises, de tierces personnes se plaignent de dommages qu'elles ont ponctuellement subi ou qu'elles subissent pendant une durée plus ou moins longue. Le maitre d'ouvrage dans la mise en valeur de sa propriété peut se rendre coupable d'agissements qui tiennent soit à des troubles du voisinage, soit à des violations des textes en vigueur. Dans la pratique, les voisins du maitre d'ouvrage se plai-

gnent aussi bien d'atteintes diverses à leur droit de propriété que de troubles à leur cadre de vie.

De tout ce qui précède, nous nous inscrirons dans une perspective de l'analyse des mutations urbaines à Ouagadougou. La circonscription de l'échelle d'analyse à celle d'un projet (la cité an III en l'occurrence) et l'évaluation ex-post des réalisations de ce projet démarquent notre travail de recherche à ceux-ci-dessus mentionnés.

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