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La gestion des déchets ménagers en milieu urbain: les atouts de la redevance incitative et du compostage collectif à  Besançon

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par Victor Bailly
Université de Bourgogne - Master 1 sociologie 2012
  

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Conclusion. Le compostage de proximité : dépasser le

phénomène NIMBY et renouer avec le cycle des

matières.

L'analyse socio-historique de la gestion des excréta urbains en France nous enseigne que ces résidus ont d'abord fait l'objet d'une réincorporation au cycle des matières par le biais d'une économie domestique. Ensuite, la première révolution industrielle a élevé ces résidus au rang de matières premières très précieuses pour l'industrie. Puis, avec la seconde révolution industrielle nous assistons à un nouveau tournant marqué par l'abandon progressif de l'utilisation du gisement d'ordures à grande échelle au profit de l'exploitation des ressources naturelles. Cet abandon s'est renforcé au fil du XXe siècle alors que, parallèlement, la quantité de déchets ménagers explose avec l'accélération du cycle production-consommation-rejet.

A partir des années 1970, le caractère limité des ressources naturelles commence à être pointé du doigt et l'opinion publique s'émeut de la prolifération des décharges sauvages. On assiste alors à la consécration des modes d'élimination que sont la décharge contrôlée et l'incinération. Mais, au tournant entre les années 1980 et 1990, l'impératif de valorisation refait surface avec la montée en puissance de la pensée écologiste tandis que l'acceptabilité sociale des infrastructures d'élimination des déchets ménagers est de plus en plus remise en cause. Le développement des collectes sélectives orchestré par les industriels de l'emballage à partir de 1992 introduit cet impératif de valorisation dans les politiques publiques tout en préservant la vigueur du cycle production-consommation-rejet. Au début des années 2000, la décharge contrôlée est désormais réservée aux seuls déchets ultimes et l'incinération se voit exposée à des normes draconiennes qui font exploser ses coûts de traitement. Pour faire face à l'augmentation continue des tonnages collectés et des coûts du SPED, la politique nationale de gestion des déchets, via le Grenelle de l'Environnement, consacre le principe de la réduction à la source et impose des objectifs plus ambitieux au niveau de la valorisation matière.

Dans ce cadre, le compostage de proximité est un des leviers majeurs pour atteindre ces nouveaux objectifs puisqu'il permet à la fois une réduction à la source de la masse d'ordures (les déchets organiques sont déposés dans le composteur et n'ont plus besoin d'être collectés) et une valorisation des bio-déchets. Surtout, le compostage en pied d'immeuble réintroduit une partie du traitement des ordures au sein d'une économie domestique alors que cette tache était devenue le monopole de l'industrie. Cette redéfinition du rôle des ménages participe au contournement de l'opposition des populations riveraines face à l'installation d'infrastructures de traitement

(phénomène NIMBY).

Denise Jodelet avait identifié cinq facteurs expliquant les réticences des populations locales à partir des travaux réalisés sur le phénomène NIMBY : « Les peurs » ; « Le sentiment d'injustice ou d'inéquité » ; « La familiarité des déchets locaux » et « le principe d'appartenance » ; « La sécurité » ; « Le sentiment d'aliénation ou de non-contrôle »1. Ces cinq raisons d'opposition peuvent être facilement neutralisées dans le cas du compostage collectif qui, contrairement aux solutions industrielles, donne une sensation de maîtrise rassurante. La connaissance de la provenance de la matière et l'acquisition de compétences spécifiques pour assurer la gestion de ses propres déchets permettent d'annihiler les représentations négatives liées à la matière en décomposition. La symbolique du déchet est alors inversée grâce à sa réintégration au cycle des matières : ce n'est plus un objet innommable qu'il s'agit d'abandonner mais un sous-produit valorisable grâce à un processus de transformation maîtrisé. L'immondice passerait ainsi d'un pouvoir destructeur associé à la mort à un pouvoir fécond associé à la vie2.

Pour conclure, nous pouvons aussi présumer que la pratique du compostage améliore l'effort de tri puisqu'elle oblige à se questionner sur la nature des déchets que nous jetons quotidiennement et entraine ainsi une prise de conscience de la spécificité de chaque matière (origine, propriétés, possibilité de réintégration dans le cycle des matières). Dès lors, la poubelle n'est plus considérée comme une masse indistincte d'objets voués à la disparition et peut être pensée.

1 LHUILIER Dominique, COCHIN Yann, op. cit., p. 152.

2 Vincent : « Moi je vois pas ça comme une fin, je vois plutôt ça comme un cercle quoi. C'est réutilisé. ».

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