Chapitre 2. Les guides composteurs
A l'aide des trois entretiens réalisés avec des
guides composteurs nous pouvons seulement dégager des pistes d'analyse.
Faute de sources bibliographiques en rapport direct avec notre sujet, les
hypothèses présentées dans cette partie méritent de
faire l'objet d'une vérification sur un plus grand corpus et d'un
approfondissement théorique à l'aide de travaux sociologiques
portant sur des thèmes connexes (lien social en habitat collectif,
éco-citoyenneté, etc.). Avant de s'intéresser aux
motivations et aux représentations susceptibles d'infléchir le
rapport au déchet des guides composteurs, nous allons dégager
certaines caractéristiques sociales de cette population qui peuvent
contribuer à expliquer son investissement dans le compostage collectif.
Enfin, nous analyserons la façon dont les guides composteurs
s'approprient leur rôle.
1. Quelques caractéristiques sociales
influençant la pratique du
compostage
1.A. L'âge
Paradoxalement, alors que l'association Trivial Compost comprend
des bénévoles qui ont
pour la plupart entre 20 et 30 ans, la population des guides
composteurs semble être majoritairement retraitée.
Émeline : « Après, moi, à chaque
fois que j'ai vu des autres guides composteurs, ce qui m'a toujours
étonnée c'est que c'étaient le plus souvent des personnes
âgées, des retraités et tout. Mais des jeunes comme nous on
n'en a pas beaucoup vu. A chaque fois ça m'a un peu
étonnée. » (Entretien avec Vincent et Émeline, guides
composteurs, le 6 mars 2012.)
Cette sur-représentation des personnes
âgées dans la population des guides composteurs s'explique
en partie par le fait que ceux-ci disposent d'une plus grande
disponibilité pour s'investir dans le compostage collectif.
Au delà de ce facteur disponibilité, nous
pouvons émettre l'hypothèse suivante : le rapport social à
la matière varie selon l'âge. En effet, comme nous l'a
démontré notre partie 1, le contexte socio-historique dans lequel
a évolué et évolue l'individu a une grande influence sur
son rapport au déchet, comme le suggère Christian qui fustige le
rapport à la matière inculqué aux plus jeunes.
Christian : « Mais les jeunes, il faut leur
réapprendre le réflexe parce qu'ils vivent dans un monde
où on leur a appris qu'une chose c'est acheter, jeter, mettre dans la
poubelle. Donc on peut pas leur demander de faire des choses pour lesquelles
ils n'ont jamais eu aucune sensibilité. Au contraire, on a tué
leur sensibilité en disant "ben non, fous le dans la poubelle !" ».
(Entretien avec Christian, guide composteur, le 8 mars 2012.)
Nous pouvons aussi ajouter que l'évolution du contexte
socio-historique est marquée par le processus d'urbanisation qui a
radicalement transformé les moeurs en matière de
récupération et de
réutilisation des matières déchues, ce qui
met en relief un deuxième facteur : la proximité de l'individu
vis-à-vis du monde rural15.
1.B. Un lien avec le monde rural
Ainsi, la condamnation par Christian de la profusion dans
laquelle ont grandi les jeunes générations s'adjoint d'une
idéalisation de sa jeunesse en milieu rural.
Christian : « A chaque fois qu'on me parle de la
jeunesse je dis "ben moi ma jeunesse je la re-signe des deux mains parce qu'on
était dans une période faste". Étonnamment faste parce
qu'on n'avait rien qui nous polluait l'esprit. [...] Avec rien on était
heureux. » (Entretien avec Christian, guide composteur, le 8 mars
2012.)
Jadis, et encore aujourd'hui dans une certaine mesure, les
résidus organiques produits dans les campagnes étaient
systématiquement réintégrés dans le cycle des
matières afin de nourrir les terres (fumier) ou les bêtes. Il
s'agissait donc de valoriser la matière, ce qui contraste avec
l'objectif actuel du compostage urbain qui vise en priorité
l'élimination : le compost n'est pas produit pour fertiliser la terre
mais pour écarter une part du gisement d'ordures de
l'incinération. Cependant, certains copropriétaires qui ont
conservé un lien fort avec la campagne renouent avec l'objectif de
valorisation, comme en témoigne l'utilisation qui sera faite du futur
terreau produit sur le site de compostage de Vincent et Émeline.
Vincent : « Il y a Mr Jacquet qui a demandé si il
pouvait en prendre pour son champ de patates. Parce qu'il y a pas mal de
copropriétaires qui ont des maisons à la campagne ou des jardins
ailleurs. Donc ça les intéresse ceux qui ont un jardin. Donc de
tout façon voilà, pour l'élimination -
"l'élimination"... la valorisation on va dire plutôt - il y a pas
de problèmes quoi. » (Entretien avec Vincent et Émeline,
guides composteurs, le 6 mars 2012.)
1.C. Le mode d'habitat
A défaut d'avoir vécu à la campagne, le
mode d'habitat peut également être un facteur déterminant
dans la pratique du compostage collectif. Ainsi, pour Gérard, l'habitude
de composter s'est imposée d'elle-même avec l'occupation d'un
habitat pavillonnaire durant sa vie active : dans son cas, ce sont les
déchets de jardin qui l'ont poussé à pratiquer le
compostage, et non les déchets de cuisine. Cette habitude s'est
maintenue dans le temps, même après son déménagement
au sein d'une résidence collective.
Gérard : « Ben, comme j'avais le jardin, j'avais
des tontes de gazon, j'avais des coupes de fleurs, des machins... Donc tout
ça je le mettais dans le composteur. Et puis en même temps on
mettait les déchets ménagers. C'est venu comme ça. »
(Entretien avec Gérard, guide composteur, le 6 mars 2012.)
15 Remarquons que cette notion de proximité avec la monde
rural reste floue et qu'elle mériterait d'être éclaircie
par des recherches complémentaires.
2. Motivations des guides composteurs
2.A. Un sentiment de distinction ?
Chez certains guides composteurs, faire partie des premiers
sites de compostage bisontins provoque une fierté, voire un sentiment de
distinction par rapport à d'autres citoyens peu respectueux de
l'entretien. Le sentiment d'être un précurseur et d'avoir fait le
bon choix en ayant décidé d'installer un composteur au sein de la
copropriété peuvent être confortés par les visites
de néo-composteurs qui sont amenés sur les sites les plus
exemplaires lors des formations de guides composteurs du SYBERT.
Gérard : « A chaque fois que Louise m'amène
des gens ici pour voir, ils sont stupéfaits parce que ça sent
rien du tout. [...] Et puis le SYBERT ils aiment bien visiter mon site de
compostage parce qu'il y a un bel environnement, derrière c'est sympa,
c'est de la verdure et tout ça. » (Entretien avec Gérard,
guide composteur, le 6 mars 2012.)
Le sentiment de distinction est aussi alimenté par une
promotion des éco-gestes et une valorisation des éco-citoyens sur
la scène publique. Les initiatives de compostage collectif sont
très médiatisées : Gérard a été
sollicité à plusieurs reprises pour donner des interviews au
bulletin municipal (BVV) et à la presse locale, voire nationale (France
Inter). Toutefois, pour les guides composteurs à la retraite, les
rétributions symboliques16 qu'apportent l'exemplarité
et la valorisation de leur comportement sur la scène publique ne
flattent pas tant leur ego qu'elles leur apportent plutôt une animation
ludique qui s'inscrit dans une temporalité structurant le
quotidien17.
Gérard : « Pour moi, je suis à la retraite,
ça m'occupe un peu et puis c'est un plaisir. » (Entretien avec
Gérard, guide composteur, le 6 mars 2012.)
2.B. Une participation à la vie collective
?
Mieux gérer ses déchets grâce au
compostage peut également relever d'une volonté de participation
à la vie collective : il s'agit de rendre service au collectif, que ce
collectif désigne la société dans son ensemble, la ville,
le quartier ou la copropriété. En effet, nous pouvons remarquer
que l'investissement dans le compostage est corrélé avec
l'investissement dans la vie du collectif. Ainsi, les multiples engagements
associatifs et institutionnels de Christian (Conseil Syndical des Familles,
Centre Technique Régional de la Consommation de Franche-Comté,
Conseil des sages) l'ont poussé à développer le compostage
au sein de son quartier. Ce constat est encore plus palpable chez Vincent et
Émeline concernant l'investissement consenti par leurs voisins au sein
de la vie
16 Concept forgé par Daniel Gaxie qui désigne la
contrepartie immatérielle inhérente à l'action d'un
individu (prestige, reconnaissance, etc.). GAXIE Daniel, « Économie
des partis et rétributions du militantisme », in Revue
française de sciences politiques, 1/1977 : Vol. 27, p. 123-154.
17 A travers ses travaux sur le commerce équitable,
Matthieu GATEAU montre que l'investissement d'une population retraitée
dans l'antenne dijonnaise d'Artisans du Monde résulte d'un désir
d'« utilité » et d'« établissement d'un cadre
temporel ». GATEAU Matthieu, « Militer pour Artisans du Monde et Max
Havelaar. Étude de cas des acteurs associatifs et militants du commerce
équitable dijonnais », in Interrogations : n°4, p.
207.
collective de l'immeuble :
Vincent : « En fait la plupart de ceux qui sont investis
dans l'immeuble, c'est-à-dire qui font des travaux, qui
s'intéressent à la vie de l'immeuble, à la vie de la
copro, participent au compost. Ceux qui ne participent pas ce
sont ceux qu'on ne voit jamais, ceux qui s'en foutent un peu
de ce qui se passe autour. En résumé c'est ça. »
Émeline : « Mais c'est vrai qu'on est une copro où il y a
pas mal de personnes âgées et quand même pas mal de gens qui
ont l'esprit de faire les choses elles-mêmes. Donc tous les espaces verts
c'est les petits vieux qui les entretiennent. La peinture de la barrière
c'est eux qui la font. Là ils avaient refait le bardage sur un bout de
garage. Dès fois ils rebricolent des choses. Donc en fait c'était
déjà dans l'esprit de la copro d'avoir un compost, qu'on fasse
nous même un truc pour toute la copro. Mais les gens qui font
déjà pas mal de choses avaient pas envie de se relancer encore
là dedans. Parce qu'ils s'imaginaient que c'était beaucoup de
travail. » (Entretien avec Vincent et Émeline, guides composteurs,
le 6 mars 2012.)
La copropriété de Vincent et Émeline ne
délègue pas l'intégralité de la gestion des parties
communes au syndic pour conserver l'emprise sur un espace collectif vecteur de
convivialité. C'est à travers un investissement commun dans des
petits travaux que le lien social entre copropriétaires prend forme et
se stabilise. Néanmoins, ce constat est vrai pour les personnes
âgées habitant l'immeuble depuis longtemps. Vincent et
Émeline ont emménagé assez récemment et
l'intégration au sein de ce collectif n'a pas été
évident malgré leurs propositions récurrentes
adressées aux copropriétaires pour participer aux petits travaux
qui n'ont jamais abouti.
Émeline : « Avant que j'arrive dans le conseil
syndical, c'était vraiment que des retraités qui se connaissent
depuis des années et qui font les choses ensemble depuis des
années, et j'ai trouvé qu'ils avaient un petit peu du mal - au
début hein - à intégrer des nouvelles personnes. Enfin
voilà, à prendre en compte des nouvelles personnes. »
(Entretien avec Vincent et Émeline, guides composteurs, le 6 mars
2012.)
L'investissement de Vincent et Émeline dans
l'installation d'un site de compostage collectif reflète leur
volonté d'apporter une contribution à la vie collective de
l'immeuble. Les relations entre copropriétaires sont marquées par
une économie de la réciprocité : pour intégrer le
collectif il faut répondre au don des autres copropriétaires
(petits travaux d'entretien des parties communes) par un contre-don
(l'installation et la gestion de composteurs).
Émeline : « Après ce qui est quand
même satisfaisant c'est aussi de se dire qu'on participe à la vie
de la copro parce que... Comme je dis, dans la copro il y en a pleins qui vont
s'occuper des espaces verts, qui vont peindre les barrières et tout
ça. Sauf qu'ils le font toujours que pendant les périodes
où on travaille quoi. Parce que comme c'est tous des retraités,
généralement le week end ils sont pas forcément là
donc ils le font en semaine. Donc voilà, là ça permet
d'avoir notre contribution et puis de montrer "Eh Oh ! On est là et nous
aussi on veut faire des choses !". Enfin c'est quand même satisfaisant de
participer à la vie de la copro, ça contribue aussi à
faire en sorte qu'on se connaisse un peu dans la copro, qu'on soit pas juste
à se dire bonjour quand on se croise sans savoir comment on s'appelle.
» (Entretien avec Vincent et Émeline, guides composteurs, le 6 mars
2012.)
A l'inverse, les voisins qui ne participent pas au compostage
sont ceux qui ne sont pas intégrés au collectif de la
copropriété.
Émeline : « Après c'est vrai que c'est les
gens qui participent le moins à la vie de la copropriété,
qu'on voit pas souvent près des composteurs. Et puis chaque fois qu'il y
a eu des évènements communs, genre la fête des voisins, ils
participent pas, ils viennent pas donc... A part se croiser et dire bonjour,
c'est tout quoi. » (Entretien avec Vincent et Émeline, guides
composteurs, le 6 mars 2012.)
Le compostage en pied d'immeuble est un consolidateur du lien
social à condition qu'il y ait une sociabilité
préexistante se concrétisant par une utilisation collective et
pacifiée des parties communes. L'investissement de cet espace à
la frontière entre public et privé s'oppose à un repli sur
l'appartement, espace de l'intime et du privé, pour développer
une sociabilité collective, créer un entre-soi. Il peut prendre
d'autres formes que des travaux collectifs, comme dans l'immeuble de Christian
où les parties communes sont un espace de discussion qui permet
d'échanger sur un grand nombre de sujets, et notamment ceux qui sont en
rapport avec la vie de l'immeuble.
Christian : « Alors tout-à-l'heure je vous disais
que notre immeuble c'est un petit peu comme un village. Dans la période
d'été, quand il fait très beau, sur les escaliers qui
rentrent dans l'immeuble, ben la grand-mère du bas, qui peut plus
très bien marcher, vient là pour s'assoir. Comme il y a beaucoup
de gens qui connaissent la grand-mère, on discute avec la
grand-mère. Donc, de temps en temps, on est une petite réunion de
gens et on parle de tous les sujets de la vie. Aussi bien de l'augmentation des
loyers, pourquoi les charges sont si importantes, pourquoi le chauffage a
augmenté d'une façon si importante... » (Entretien avec
Christian, guide composteur, le 8 mars 2012.)
Finalement, nous pouvons affirmer que la réussite d'un
projet de compostage collectif dépend en grande partie du climat social
qui règne dans l'immeuble et du statut des parties communes selon
qu'elles sont considérées comme un simple espace anonyme
voué au transit (à l'instar de la rue) entre l'espace
privé et l'espace public, un espace de sociabilité ou un espace
de coopération18 . Cette corrélation est
vraisemblablement valable pour le tri des déchets recyclables et les
ordures ménagères résiduelles19. Nous
prévoyons d'approfondir notre recherche sur ce point dans le cadre de
notre travail de deuxième année de master en nous
intéressant d'une façon plus large et empirique à la
gestion des déchets ménagers en habitat collectif.
3. Représentations et rapports aux déchets
des guides composteurs
Pour justifier leur passage à l'action, les guides
composteurs font appel à leurs représentations qui donnent
à voir une certaine conception de la société, un jugement
sur le monde.
3.A. Une vision globale et politisée de la
question du compostage ?
3.A.a. Convictions écologiques
Parmi les guides composteurs nombreux sont ceux qui affichent
des convictions écologiques
18 Participer à une oeuvre commune selon
l'étymologie latine du mot : cum, avec, et operare,
faire quelque chose, agir. 19 Nous pouvons présupposer que les
performances en termes de tri et de compostage au sein de chaque
espace d'habitation collectif dépendent du degré de
sociabilité - et, réciproquement, d'anonymat - propre à
chacun d'eux.
et ont conscience de l'importance du cycle des matières
ainsi que du caractère limité de l'énergie.
Émeline : « J'ai fait des études en
énergie et environnement, donc tout ce qui est traitement des
déchets je l'ai abordé. Dont le compostage et toutes les
filières de traitement des déchets. Ça fait un moment que
je saisis ce que c'est que trier... Enfin tout ce qui est... Le cycle des
matériaux quoi. Ça ne s'arrête pas à quand je le
mets dans la poubelle [rire]. Donc ouais, je sais pas, c'est une
affinité, une sensibilité environnementale que j'ai depuis un
moment puisque j'ai choisi ce type d'étude là. »
Vincent : « Ouais, c'est une sensibilité
environnementale en fait, que ce soit sur les déchets ou sur autre
chose. C'est une démarche globale. Les déchets en font partie
mais c'est pas spécifique aux déchets on va dire. »
(Entretien avec Vincent et Émeline, guides composteurs, le 6 mars
2012.)
Cette sensibilité écologique ne se limite pas
à la question des déchets et s'ancre dans une vision globale
qu'il s'agit de transcrire à travers chaque geste du quotidien. Le
passage du discours aux pratiques éco-citoyennes n'est jamais
immédiat, ni systématique mais est crucial dans la construction
identitaire de l'individu car il permet d'éviter une dissonance
compromettante. Dans cette perspective, Émeline et Vincent ont
progressivement adopté un mode de vie et de consommation qui
intègre l'impératif écologique : déplacements en
vélo, maîtrise de la consommation d'énergie, couches
lavables pour leur jeune fille, consommation bio et locale (rejet de la grande
distribution). L'adoption de ces pratiques permet donc de concrétiser et
conforter ses convictions environnementales.
Émeline : « On sait que, quand on branche un
appareil, derrière la prise il y a... Enfin voilà qu'il y a un
réseau, des centrales de production et des déchets. Donc en fait
dans toutes nos actions on est conscients que derrière on
génère des déchets. C'est pareil on essaye de limiter les
veilles, de consommer pas trop d'électricité. On fait attention
un peu à tout ça. On essaye de choisir des circuits courts quand
on fait les courses. Voilà, après c'est dans tous les domaines de
la vie, c'est vraiment au quotidien. » (Entretien avec Vincent et
Émeline, guides composteurs, le 6 mars 2012.)
Cette sensibilité environnementale s'accompagne d'une
condamnation d'un positivisme qui érige les avancées
technologiques en solution miracle et d'une prise de distance vis-à-vis
d'une conception du développement durable fondée sur un
productivisme acharné.
Vincent : « Ouais parce qu'après, bon, il y a
l'écolo et l'écolo, et puis le bio et le bio. On essaye de faire
la différence entre tout ça parce qu'il y a du business
là-derrière. » (Entretien avec Vincent et Émeline,
guides composteurs, le 6 mars 2012.)
3.A.b. Convictions sociales
Christian partage ces convictions écologiques mais va
plus loin en rapprochant la question environnementale de la question
sociale.
Christian : « Finalement, ça fait comme le
chômage : on préfère que les entreprises licencient, que
les gens soient au chômage plutôt que de dire aux entreprises
"nous, par l'intermédiaire des caisses des chômages, on peut vous
indemniser un petit peu sur un certain nombre de gens que vous allez licencier
à condition que vous les gardiez et puis qu'ils restent dans la vie
active.". Ces gens-là auront un autre ressentiment dans leur tête,
ils seront
consommateurs, etc. » (Entretien avec Christian, guide
composteur, le 8 mars 2012.)
Assurément, il existe une analogie entre les rebuts
matériels et les exclus sociaux : les SDF, les chômeurs de longue
durée, etc., sont parfois considérés comme des «
déchets sociaux » dans le sens où leur intégration au
fonctionnement de la société n'est pas considéré
comme étant nécessaire ou souhaitable20.
Notre rapport social à la matière influencerait,
dans une certaine mesure, notre opinion sur la société. Loin
d'idéaliser la situation sociale du XIXe siècle,
notons que les indigents trouvaient auparavant une place, une utilité
dans le corps social (comme le prouve l'exemple des chiffonniers)
jusqu'à la systématisation du salariat et la naissance du
chômage21. A l'époque, rappelons le, la notion de
déchet n'est pas caractérisée par l'abandon mais
plutôt par son état de résidu valorisable du processus de
production. L'ère du « prêt-à-jeter » vaut
aujourd'hui autant pour les objets que pour les travailleurs avec le
développement des contrats précaires22. Ainsi,
Christian fustige le sort réservé aux personnes mises en marge de
la société : plutôt que de les rejeter et de vouloir les
faire disparaître, pourquoi ne pas porter un autre regard sur eux et les
considérer comme des ressources à utiliser, à
intégrer dans le corps social ? Il s'indigne face à une
société qui détruit plus qu'elle ne construit et la
thématique des déchets constitue le paroxysme de cette logique
destructrice.
3.B. Le maintien de l'ordre social ?
« Comme l'explique Mary Douglas (1967), les notions de
pollution s'insèrent dans la vie sociale car elles ont une
utilité « fonctionnelle » : les croyances contre le sale
renforcent les contraintes sociales en définissant un ordre qui les
corrobore. L'ordre social est maintenu par la menace d'un péril.
»23. Cette conception de la souillure est très
présente chez Gérard pour lequel la notion de déchet
semble évoquer des images de désastre, d'envahissement, de
désordre et provoquent une mobilisation émotionnelle de sa part.
Pour lui, il faut s'assurer que les conventions sociales sur la propreté
soient respectées par chacun, sans quoi nous courrons à la
catastrophe.
Gérard : « Quand je me déplace dans les
rues je me dis "c'est pas possible !". C'est de pire en pire. C'est sale
partout. Il y en a partout : sorties d'autoroutes, sorties de bretelles. Quand
on arrive, quand on sort de la quatre voies en voiture mais c'est... Il y a des
déchets partout ! »
20 « Le parallélisme entre le monde du
déchet et celui de ceux "qui se sont fait jeter' offre des
perspectives troublantes : chômeurs, retraités,
délinquants, détenus, vieillards, jusqu'à ceux qui,
"tombés dans la dèche" et après des
déchéances successives, font figure d'épaves humaines et
sont autant de rebuts d'un système social ordonnancé sous le
primat du calcul économique. [...] Déchu de tout office, le rebut
est en rupture de filiation : son appartenance se dissout dans la
déliaison et l'errance. Le marginal, le "désaffilié"
(Castel R., 1996) a rompu ses attaches avec sa communauté d'origine,
comme les détritus dont l'inconsistance et le déclassement
s'originent dans leur indétectable provenance. » LHUILIER
Dominique, COCHIN Yann, op. cit., p. 144.
21 TOPALOV Christian, Naissance du chômeur,
1880-1910, Paris : Albin Michel, 1994, 626 p.
22 CASTEL Robert, Les métamorphoses de la question
sociale, Paris : Fayard, 2002.
23 PIERRE Magali [dir.], Les déchets ménagers,
entre privé et public. Approches sociologiques., Paris :
L'Harmattan, 2002, p. 94.
Gérard : « Ça m'était arrivé
un coup à Paris. Je sortais du boulot un soir. Je m'arrête
à un feu rouge, j'étais derrière une bagnole. Devant moi
le mec il baisse sa fenêtre et il jette un papier par terre par sa
fenêtre. Je sais pas ce qu'il ma pris, j'ai klaxonné, fait des
appels de phare et tout. Puis je l'ai suivi comme ça. Et il y avait ma
femme à côté de moi qui me disait "arrête, laisse-le
tranquille !". Je lui ai dit "non il n'y a pas de raison, fait chier merde !".
Il s'arrête à un feu rouge, je m'arrête à
côté et je lui dit "ça va pas non !?...". Tu sais ce qu'il
fait le mec ? Il sort sa carte de flic. J'étais prêt à
descendre hein ! Ma femme me dit "non, non, laisse le tranquille". Je lui dis
"c'est pas parce qu'il a une carte de flic qu'il a le droit de tout jeter.
C'est à lui de donner l'exemple.". Et ben non... Tu vois ? C'est
dégueulasse quoi. » (Entretien avec Gérard, guide
composteur, le 6 mars 2012.)
Son engagement émotionnel implique une
incompréhension, une impossibilité de rationaliser les actes
inciviques. Son investissement dans la gestion des déchets est
destiné à combattre le désordre, le chaos, la menace que
ces derniers font peser sur la société si aucune convention
sociale ne régit les comportements à leur égard. La
problématique des déchets reflète des valeurs qui lui
tiennent à coeur : l'ordre, le civisme, le respect.
Gérard : « Si tout le monde respecte un peu le
truc ça se passe bien. C'est ça le problème. »
(Entretien avec Gérard, guide composteur, le 6 mars 2012.)
3.C. Des représentations qui prédisposent
à l'action
Ces différentes représentations
véhiculées par l'objet déchet expliquent en partie
l'implication des guides composteurs mais ne sont pas exhaustives.
Néanmoins, elles sont essentielles car elles préfigurent le
potentiel d'action de chaque individu. C'est par un processus d'interaction
entre la prise d'information sur la gestion des déchets ménagers
et la mise en pratique que ces représentations peuvent se modifier, se
concrétiser et s'inscrire dans le temps. Ainsi, nous pouvons
dégager un schéma d'investissement progressif dans le compostage
collectif à partir de nos entretiens :
- Dans un premier temps, les représentations de
l'individu, acquises par le biais de la socialisation, le prédisposent
plus ou moins à accorder de l'importance à la thématique
des déchets ménagers ;
- Ensuite, l'accès à des informations sur le
sujet entraine une prise de conscience, voire une indignation, qui pousse
à passer à l'action pour éviter une dissonance
compromettante entre discours et pratique ;
- Puis, ce passage à l'action implique un besoin de
valorisation du comportement adopté selon des critères objectifs
(reconnus et défendus par les institutionnels : la réduction des
déchets, le civisme, la protection de l'environnement, etc.) et
subjectifs (reconnus et défendus par Trivial Compost : l'échange,
la convivialité, le lien social, le ludique, l'investissement au service
du collectif) afin que celui-ci puisse se maintenir dans le temps.
Bien que la justification du passage à l'action
s'appuie souvent sur des critères objectifs qui provoquent
l'indignation, ce sont les critères subjectifs qui donnent un sens plus
palpable à l'action et permettent sa répétition dans le
temps sans que ce geste soit vécu sur le mode de la contrainte. Chez les
guides composteurs, la pratique du compostage est naturalisée,
vécue sur le mode de l'évidence, ce qui les pousse à
minimiser l'effort consenti pour gérer leur site de compostage.
Christian : « Là je viens un peu plus souvent
parce que le composteur est bientôt plein, donc j'essaye de prolonger le
plus possible le moment où on va le transférer en maturation.
Mais quand je viens un peu plus souvent ça représente trois fois
par semaine au lieu de deux. Et puis ça représente quoi,
ça représente... Entre le moment où je pars de chez moi et
que je ferme la porte, et puis le moment où je reviens et j'ouvre la
porte, je dirais une demi heure. C'est pas énorme... C'est insignifiant
quoi... C'est insignifiant ! » (Entretien avec Christian, guide
composteur, le 8 mars 2012.)
Gérard : « C'est pas le temps que ça
prend... » (Entretien avec Gérard, guide composteur, le 6 mars
2012.) Émeline : « Enfin, là de toute façon on a bien
vu que c'était pas un gros investissement quoi. Il suffit juste d'aller
retourner une fois par semaine. Et encore ouais, on gratte un coup quand on va
mettre notre seau quoi. » (Entretien avec Vincent et Émeline,
guides composteurs, le 6 mars 2012.)
4. L'appropriation du rôle de guide
composteur
Les entretiens font ressortir un double rôle des guides
composteurs au sein de leur immeuble : celui de personne moteur et celui de
personne référente.
4.A. Personne moteur24
Les guides composteurs ont un rôle d'instigateur du
compostage collectif au sein de leur copropriété : ce sont eux
qui contactent le SYBERT ou Trivial Compost pour faire une demande
d'installation de composteurs et qui assurent la médiation avec les
autres copropriétaires avant l'Assemblée Générale
de copropriété.
Cependant, même lorsque le projet a été
mis en place, leur rôle moteur ne s'arrête pas pour autant et ces
derniers restent les fers de lance du compostage au sein de leur immeuble.
Christian reconnaît que la matière organique en fermentation et
surtout les insectes sont des freins à la pratique du compostage par les
copropriétaires. En effet, le processus de décomposition, les
insectes et les moucherons peuvent rappeler le morbide, le cadavérique
et sont vecteurs d'angoisses. L'action du guide composteur permet de
dédramatiser ce rapport craintif. Ainsi, selon Christian, le rôle
du guide composteur ne se trouve pas tant dans la bonne gestion du compost que
dans l'exemple qu'il véhicule, dans sa façon de banaliser le
geste à opérer et la matière en décomposition. Son
rôle est donc de démontrer l'innocuité et la
simplicité du compostage afin que ce geste devienne trivial.
Christian : « En plus, quand on nous parle des maladies
tropicales, piqués par les moustiques, etc, on peut tout de
24 Les guides composteurs sont des personnes moteurs dans le sens
où c'est sur eux que repose l'enclenchement et le maintien de la
dynamique du compostage au sein des copropriétés.
suite imaginer que... Donc on se dit quand même que tous
ces petits moustiques qui sortent du composteur là, où il y a
plein de détritus, ça doit pas être très propre tout
ça. Hein, ça doit quand même... Ça doit les plier
les gens. Ouais. C'est peut-être pour ça que le rôle
mécanique du guide composteur dédramatise peut-être aussi
un peu ça. Peut-être que, parmi les gens qui passent quand je suis
en train de remuer, ils se disent "Oh ben, finalement il en est pas mort.".
» (Entretien avec Christian, guide composteur, le 8 mars 2012.)
4.B. Personne
référente25
Les guides composteurs sont chargés d'entretenir le
site de compostage de leur immeuble et de diffuser certaines consignes aux
autres copropriétaires mais chacun d'eux s'approprie son rôle de
façon différenciée.
4.B.a. Différents niveaux d'application des
consignes de compostage
Les consignes de compostage ne sont pas suivies avec une
même vigueur par l'ensemble des copropriétaires composteurs et
nous pouvons dégager des entretiens deux degrés d'investissement
qui permettent de dresser une typologie :
- Le composteur « actif » qui fractionne ses
apports26, les enfouit et remet du broyat de bois27 ;
- Le composteur « passif » qui se contente de verser
ses déchets dans le composteur sans vraiment prêter attention aux
consignes (erreurs dans le tri des matières compostables, matière
non fractionnée et non enfouie, pas d'apport en broyât).
Victor : « Tout le monde respecte bien les consignes de
compostage ? »
Vincent : « Ben pas la découpe. Pour les agrumes,
il y en a aussi qui mettent des fois des mandarines pleines. Il y en a qui sont
pas trop... »
Émeline : « [...] Même si il y en a
quelques-uns qui font pas comme il faut, le compost il se fait quand
même. Aussi parce que, voilà, derrière nous on regarde. On
refait à leur place quoi quelque part. Mais ça nous prend pas non
plus un temps fou. » (Entretien avec Vincent et Émeline, guides
composteurs, le 6 mars 2012.)
4.B.b. Une attitude qui varie face aux erreurs des
voisins
Le non respect des consignes par certains voisins composteurs est
plus ou moins toléré selon qu'il est attribué à
l'innocence (peur des moucherons) ou à la négligence (mauvaise
volonté). Dans cette perspective, Christian fait preuve d'une approche
compréhensive face à des erreurs récurrentes de certains
voisins, notamment une personne qui jette systématiquement ses
déchets organiques dans le mauvais bac28. La même
logique peut être repérée chez Vincent et transforme le
moucheron en bouc émissaire.
25 Les guides composteurs sont également des personnes
référentes puisqu'il leur revient la charge d'entretenir le site
de compostage et de « guider » les copropriétaires dans
l'adoption du nouveau geste.
26 Ce qui permet une meilleure décomposition de la
matière organique.
27 Ce qui permet d'accélérer la fermentation des
matières fraiches et de limiter la prolifération des
moucherons.
28 Rappelons que chaque immeuble dispose en général
de trois bacs : un pour la matière fraiche, un pour la maturation et un
pour stocker le broyât de bois.
Christian : « Je pense que la personne qui met ailleurs
que dans le composteur principal, c'est bien plus compliqué pour elle
tout ça. Ça veut donc dire qu'elle doit avoir une certaine
réticence par rapport à ça. C'est pour ça que je
dis rien, même si je la voyais faire je lui dirais "Bon ça serait
mieux de mettre là parce qu'il y a des cycles, il y a un fonctionnement,
ça permettrait...". Mais dans la mesure où c'est pas plus
important que ça j'admets aussi qu'elle ait des difficultés
à venir devant le composteur et puis à lever le couvercle et
à voir peutêtre toutes les matières qui sont là, qui
sont en décomposition. Et plus encore les petits moustiques. »
(Entretien avec Christian, guide composteur, le 8 mars 2012.)
Vincent : « Ils font pas forcément un trou pour
recouvrir après. Mais aussi parce qu'il y a plein de moucherons donc
forcément c'est pas très agréable d'aller gratter. »
(Entretien avec Vincent et Émeline, guides composteurs, le 6 mars
2012.)
Le respect des consignes semble difficile à assurer
malgré les nombreuses mesures prises pour que celles-ci soient
accessibles et respectées par tous (affichage près des
composteurs ou dans les parties communes, petits mots dans les boites aux
lettres). Cependant ces erreurs ne sont pas dramatisées et sont
jugées inoffensives, mais elles posent des questions sur la
capacité des voisins à gérer le site en cas de
déménagement du guide composteur.
Émeline : « Ouais. On a affiché, on a
ré-affiché aussi. Ça fait deux fois qu'on met des
affichages dans le hall pour
expliquer qu'il faut bien découper, faire un trou et
recouvrir les déchets qu'on met. Ça marche guère. [...]
» Vincent : « Moi ça me dérange pas, c'est juste que je
me dis : le jour où il y a plus personne qui le fait, comment ça
se passe quoi ? C'est juste ça qui me questionne. Peut-être qu'il
y en aura un qui dira "merde" et prendra ça en charge. » (Entretien
avec Vincent et Émeline, guides composteurs, le 6 mars 2012.)
4.B.c. La difficulté à transmettre les
consignes de compostage
Le guide composteur possède une
légitimité pour répondre aux questions des
copropriétaires mais encore faut-il que ceux-ci fassent la
démarche de venir chercher l'information. Une fois de plus, nous pouvons
supposer que ce sont les voisins les plus investis et les mieux informés
sur le compostage qui cherchent à obtenir des
renseignements29.
De plus, les déchets étant de très bons
révélateurs identitaires, ils peuvent être
considérés comme relevant de la sphère privée, de
l'intimité. Par conséquent, s'intéresser à la
gestion des déchets de ses voisins constitue, en quelque sorte, une
ingérence dans la vie privée d'autrui. Nous pouvons donc
repérer un certain malaise face à ce qui constitue une mission de
« persuasion », d'« enrôlement ». Ce constat est
très palpable chez Émeline qui refuse d'adopter un rôle de
« promoteur actif du compostage » par peur de la réaction et
du jugement des autres.
Émeline : « Après oui, je trouve que
ça fait un titre un peu pompeux quoi « guide ». On se sent pas
très guides. » (Entretien avec Vincent et Émeline, guides
composteurs, le 6 mars 2012.)
Pour Émeline, reconnaître cette terminologie
serait un peu trop présomptueux car cela reviendrait à avouer
qu'il existe une hiérarchie parmi les citoyens selon qu'ils ont
adopté ou non des
29 Cf. partie « Des relais de terrain pour lutter contre
l'information en vase clos. », p. 52.
comportements écologiques. Or elle refuse de juger les
gens. Si elle composte c'est d'abord pour elle, elle se voit mal essayer
d'inciter ses voisins à mieux trier leurs déchets. Elle ne se
sent pas toujours légitime pour donner des conseils et a peur du
jugement de l'autre : le leitmotiv de son discours réside dans la peur
d'être stigmatisée et étiquetée comme une «
écolo intégriste ».
A ce déficit de légitimité s'ajoute un
autre frein à la promotion du compostage et à la communication
des consignes dans les habitats collectifs comprenant beaucoup de logement : la
difficulté pour recenser la population de composteurs au sein de
l'immeuble.
Christian : « Je sais pas qui c'est qui vient. Je vois
bien que le composteur se remplit mais il y a des fois où je me dis
qu'ils viennent la nuit parce que je vois rarement des gens qui viennent avec
un seau pour le vider. » (Entretien avec Christian, guide composteur, le 8
mars 2012.)
Grâce à la médiation de Trivial Compost
qui fait figure d'expert et à la légitimité
conférée au modèle de compostage collectif bisontin par le
soutien des représentants des syndics, ce système de valorisation
des déchets organiques bénéficie d'une très bonne
acceptabilité sociale. L'instauration de la redevance incitative avec
pesée embarquée, qui sera effective le 1er septembre
2012, conforte le bien-fondé des projets et leur acceptation en AG de
copropriétés en donnant à ses défenseurs un
argument économique non négligeable. Cependant, l'activation du
levier de la rationalité économique ne suffit pas face à
certains copropriétaires qui considère le SPED comme un «
service total ».
Une fois les projets acceptés, la valorisation des
déchets organiques doit passer par une valorisation symbolique de la
pratique afin que celle-ci puisse perdurer dans le temps. En ce qui concerne
les facteurs qui peuvent expliquer l'investissement dans le compostage
collectif, notons qu'il sont multiples30 et
hétérogènes. Retenons seulement que cet investissement
entre en corrélation avec l'intégration de l'individu ou du foyer
au sein du collectif de l'immeuble. Cette hypothèse devrait faire
l'objet d'une vérification empirique dans le cadre de notre recherche de
Master 2 en vue de sa systématisation31. Malgré une
bonne acceptabilité sociale, le développement de ce modèle
de compostage collectif connait un certain nombre de limites relevant
principalement de la nécessité de s'appuyer sur des guides
composteurs motivés et disponibles sur le long terme.
30 Les facteurs que nous avons identifiés ne
prétendent pas à l'exhaustivité mais sont plutôt
destinés à dégager des pistes de réflexion au sein
d'une problématique délaissée par les sciences
sociales.
31 Ce travail gardant une dimension encore très
générale et théorique, nous nous efforcerons de
développer une réflexion plus restreinte et empirique pour notre
mémoire de deuxième année de Master.
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