3 Le Tourisme dans le TNS comme potentiel de
développement local
En ce qui concerne l'activité touristique, les trois
Parcs Nationaux (PN) sont dotés d'un fort potentiel à offrir aux
touristes intéressés par l'exploration des terres basses
tropicales de la forêt. Dzangha-Sangha dispose d'une clairière
forestière unique qui permet d'observer les éléphants tout
le long de l'année (Dzangha Baï). Par ailleurs, les groupes de
gorilles de basses plaines ont fini par prendre l'habitude de se laisser
observer par ceux qui visitent le PN. Le PN de Nouabale Ndoki a
récemment développé une infrastructure touristique
à Mbeli Baï, où les visiteurs peuvent observer les gorilles
et les autres animaux sauvages sur la saline. Lobéké dispose de
quelques infrastructures de base permettant de recevoir des visiteurs, à
la fois en dehors (un site de camping semi-permanent) et à
l'intérieur du parc (au belvédère). C'est la région
du TNS où le tourisme de chasse est le plus développé.
L'intérêt pour le type de tourisme qu'a à
offrir le TNS au niveau international est évident, mais plusieurs
problèmes en empêchent la réalisation. Il s'agit entre
autres principalement des problèmes logistiques et administratifs entre
les trois pays et entre les portes d'entrée internationales et
nationales. L'intégration sous régionale promise depuis de
nombreuses années, n'est malheureusement toujours pas une
réalité. Les questions de sécurité font
également obstacle aux compagnies internationales.
3.1 Le Tourisme de chasse à Lobeke
Le parc national Lobeke présente une énorme
richesse faunique, on y retrouve des grands, moyens et petits
mammifères. Outre les petits rongeurs, les chiroptères et les
insectivores le Parc National de Lobeke est peuplé par 45 autres
espèces de mammifères à savoir : 14 espèces de
primates, 13 espèces d'ongulés, 10 espèces de carnivores
parmi lesquels de grands mammifères menacés d'extinction comme le
gorille, l'éléphant, la
panthère, le buffle, le chimpanzé, le bongo (
Bamigbade. et Götz, 2006). Selon
la même source, le Parc National de Lobeke est aussi
caractérisé par une densité importante
d'éléphants et de gorilles, soit 6 éléphants au
km2, et 2,98 gorilles au km2. Le Parc National de Lobeke
est entouré de zones tampons périphériques. Ces zones
tampons comportent des concessions forestières, des zones de chasse
sportive et/ou des zones de chasse communautaire. La loi n° 94/01 du 20
janvier 1994 fixant le régime des forêts, de la faune et de la
pêche au Cameroun, ainsi que le décret n° 95/466/PM du 20
juillet 1995 fixant les modalités d'application du régime de la
faune, stipule en son article 24 que
« la chasse traditionnelle est libre sur toute
l'étendue du territoire, sauf dans les propriétés des
tiers, [ou] dans des aires protégées oil elle est soumise
à une réglementation particulière tenant compte du plan
d'aménagement ».
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Photo 3. Gorille rencontré
sur le chemin entre Mambele et Libongo lors de la descente de terrain
en juin 2012
Cliché : Danièle Fouth, juin 2012
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Aussi l'article 8, alinéa 1 de la même loi
n° 94/01 du 20 janvier 1994 reconnaît le droit des populations
riveraines des aires protégées et les autorise à exploiter
et à jouir de tous les produits forestiers, fauniques ou halieutiques
à l'exception des espèces protégées, en vue d'une
utilisation personnelle (Bamigbade et Götz, 2006).
Dans cet ordre d'idées, certaines mesures ont
été prises dans le but de limiter l'intrusion des populations
riveraines dans les parcs nationaux afin de réduire la pression humaine
sur leur riche biodiversité. C'est ainsi qu'autour du Parc National de
Lobeke, des Unités Forestières d'Aménagement (UFA), ou des
Zones d'Intérêt Cynégétique (ZIC) et/ou encore des
Zones d'Intérêt Cynégétiques à Gestion
Communautaire (ZICGC) ont été créées. Il s'agit
là de mesures de gestion participative, de conservation de la
biodiversité et de développement intégré du parc
national. Le tourisme de chasse (sportive) et/ou la chasse
communautaire n'est possible qu'à l'intérieur
de cette zone tampon. Les populations riveraines louent temporairement alors
généralement une partie des Zones d'Intérêt
Cynégétiques à Gestion Communautaire ZICGC aux
sociétés safaris. Ces sociétés de tourisme safari
sont professionnellement bien organisées et basées pour la
plupart dans les pays du Nord.
Les Comités de Valorisation des Ressources Fauniques
(COVAREF) jouent un rôle important dans ce processus. Ces comités
contribuent à l'amélioration des conditions de vie des
populations riveraines à travers une meilleure valorisation de la faune
sauvage. Cette valorisation de la faune se traduit par la promotion de la
chasse sportive et du tourisme d'observation de la faune dans les zones de
chasse communautaires, par la lutte contre le braconnage mais aussi par la
réalisation des inventaires de la biodiversité faunique dans les
zones de chasse communautaire. Les concessions de chasse sportive coûtent
par jour 30 000 FCFA pour les touristes internationaux et 20 000 FCFA pour les
nationaux avec un minimum de 10 jours exigés quelque soit la
durée effective du séjour. En plus de frais de location, ces
sociétés, guides ou chasseurs, payent des taxes d'affermage qui
varient en fonction des espèces. Actuellement, elles
s'élèvent à 1 000 000 FCFA pour un éléphant
ou un bongo. Ces taxes sont réparties entre diverses parties prenantes
à l'ordre de 50% pour l'Etat, de 40 % aux communes et de 10 % aux
communautés riveraines des concessions de chasse sportive
représentées par les COVAREF.
Selon les propos du président du COVAREF N°2,
rencontré dans le cadre de cette étude, la structure dont il a la
charge a actuellement affermé 232000 ha sur 5 ans à une
société safari à raison de 80f/ha perçus
annuellement. Ce qui lui garantit des rentrées annuelles minimum de 18
000 000 FCFA. Il compte ainsi plusieurs réalisations à son actif
depuis 2000 dans les domaines suivants : agriculture, santé, habitat,
éducation, hydraulique, foresterie communale, renforcement des
chefferies. On peut ainsi citer des aides financières aux
handicapés, bourses aux étudiants, construction de 6
écoles, construction d'une case de santé, construction de
logements en matériaux provisoires pour les enseignants affectés
dans les villages, aides financières et matérielles aux baka
(achat d'une tronçonneuse à chaque communauté baka, ...),
rénovation des toits des bâtiments scolaires, construction de
puits et sources d'eau , subvention de tôles à moitié prix
(actuellement plus 34 maisons nouvellement tôlées), distribution
des matériaux de construction par village, construction d'un
siège du COVAREF à Moloundou, achat de motos pour le
président et la cellule de gestion de projet
du COVAREF, construction de hangars dans toutes les chefferies
des villages couverts par ce COVAREF.
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