2.4 Le tourisme comme instrument de développement
durable dans les aires protégées
Depuis le début des années 1970, le tourisme
est l'une des activités économiques les plus importantes dans le
monde et croît progressivement. Selon l'Organisation Mondiale du
Tourisme, les séjours touristiques internationaux sont passés de
593 millions en 1996 à 694 millions en 2003 pour des recettes
évoluant de 423 en 1996 à 514 milliards de $US en 2003. La
croissance continuera dans les années à venir avec un pronostic
de 1 milliard de touristes transfrontaliers en 2010 et 1,6 milliards en 2020
(Laurent, 2010). D'autre part, le nombre de voyages touristiques
orientés vers la nature a augmenté de 34% entre 1970 et 1994,
selon Wilkie et Carpenter (1998), ce qui conforte la thèse selon
laquelle la croissance de l'industrie touristique est liée à
l'intérêt croissant de la demande pour les voyages dans les pays
riches en des ressources naturelles.
L'accroissement du tourisme de nature dont
l'écotourisme est une composante, a le potentiel d'apporter des revenus
directement aux pays en développement et en particulier aux aires
protégées. L'Afrique du Sud et le Rwanda couvrent 70% des
coûts de gestion de leurs aires protégées nationales
respectives grâce aux revenus générées par les parcs
et les réserves (Wilkie et Carpenter, 1998 ; GVTC, 2012).
L'UICN définit l'écotourisme comme étant
le fait de « voyager ou visiter des zones naturelles sans les
endommager, et avec l'objectif de profiter, apprécier et étudier
les attractions naturelles de ces dites régions, ainsi que telle ou
telle manifestations culturelles qu'il est possible d'y rencontrer, à
travers un processus qui promeut la conservation, n'ayant qu'un faible impact
sur les milieux environnementaux et culturels, et encourage un
développement socioéconomique actif qui soit
bénéfique aux populations locales ».
De part ses caractéristiques, les retombées
positives de l'écotourisme ne sauraient se limiter à une
considération monétaire des bénéfices. Elle se
rapproche des enjeux du développement durable sur le plan
économique décrits dans la section 2.2. Les retombées
écotouristiques doivent être évaluées en termes de
rentabilité financière, mais bien plus encore en termes d'impact
sur les revenus, l'activité et les conditions sociales des populations
locales (Wilkie et Carpenter ; 1998, Tardif, 2003). La contribution de
l'écotourisme au développement durable peut être
évaluée sur la base des impacts qu'il produit sur son
environnement aussi bien sur les plans écologiques, économiques,
que socio culturels (Tableau 5).
Sur le plan écologique
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Avantages directs
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Coûts directs
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· Stimule la protection des aires
protégées
· Encourage la restauration et la conservation des
habitats modifiés
· Permet la participation active des
écotouristes à la mise en valeur
de l'habitat
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· Risque de dépassement de la charge maximale de
l'environnement (rythme de croissance rapide, difficultés à
mesurer et contrôler les effets sur une longue période, croyance
que tout tourisme est perturbateur.)
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Sur le plan économique
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Avantages directs
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Coûts directs
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· Revenus directs des écotouristes
· Création d'emplois directs
· Stimulation de l'économie locale
· Développement d'activités
parallèles
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· Coûts de démarrage
importants (infrastructures, ...)
· Dépenses permanentes (entretien, salaires du
personnel)
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Sur le plan socio culturel
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Avantages directs
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Coûts directs
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· Accessibilité à un large éventail
de la population
· Valorisation de la culture
· Favorise la sensibilisation
à l'environnement
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· Intrusions dans les cultures locales
· Immigration de personnes à la recherche de
l'emploi
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Tableau 5: Impacts potentiels de
l'écotourisme sur le développement durable (adapté
de
Tardif, 2003)
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