4.3.2.2 Une confusion
entre le CR et la création d'entreprise
Toute entreprise en création n'est pas éligible
à une opération de capital-risque. Une opération de
capital-risque s'applique à une entreprise en perspective de croissance
forte, ayant un besoin significatif de fonds propres (en particulier le secteur
de l'innovation), et offrant des perspectives de sortie réalistes. Toute
entreprise en création ne présente pas ces
caractéristiques. Il est donc nécessaire de ne pas faire une
confusion entre la création d'entreprise et le capital risque.
Le capital-risque est un acteur parmi d'autres de la
création d'entreprise ni plus ni moins. Il existe beaucoup d'autres
formes de soutien à la création d'entreprise qui ne sont pas que
de nature financière et qui doivent tenir compte de la dimension du
projet (souvent de petite taille) et de la culture du créateur qui a la
plupart du temps peu de connaissances de gestion (et sera dès lors peu
réceptif à l'approche par le capital-risque)
La mission dévolue aux SICAR pour la création
d'entreprise est surdimensionnée et ne correspond pas forcément
à leur coeur de métier. A partir de la confusion observée,
«on » attend trop des SICAR en matière de soutien à la
création d'entreprise. On en arrive ainsi à une situation qui si
elle perdurait serait préjudiciable à l'ensemble des acteurs et
in fine à la création d'entreprise en Tunisie.
La volonté légitime (et parfois
encouragée) de participer à l'action générale de la
création d'entreprise conduit certaines SICAR à accepter
aujourd'hui un nombre important de dossiers en portefeuille, la technique du
portage facilitant ceci.
Le fait que tout dossier instruit par le FOPRODI ou le RITI
nécessite obligatoirement la participation d'une SICAR est la traduction
de cette forme de confusion existante à l'heure actuelle. Le processus
actuel handicape plus la création d'entreprise qu'elle ne l'encourage.
Les SICAR et les organismes publics ne font pas le même métier et
ne suivent pas forcément les mêmes objectifs même s'ils
peuvent se rejoindre sur certains dossiers.
4.3.2.3 L'action des
Pouvoirs Publics devrait être renforcée
L'expérience du capital-risque dans les pays
industrialisés et notamment en France montre que les Pouvoirs Publics
ont porté -et continuent de le faire- un fort soutien au capital risque.
Ce soutien va au-delà d'avantages fiscaux accordés et peut
prendre la forme de participation directe via la création de fonds
publics (ou de fonds de fonds) au capital des entreprises ciblées.
Ce soutien public vise trois secteurs prioritaires
particulièrement sensibles et risqués dans lesquelles
les sociétés de capital-risque privées trouvent souvent
une rentabilité insuffisante et ont donc tendance à s'en
éloigner. Il s'agit :
§ du capital-risque création et post création
visant les toutes premières périodes de vie de l'entreprise
(amorçage, 1er tour).
§ du financement des projets de capital/innovation.
§ du capital-risque régional.
Ces trois secteurs sont tous trois soumis à des
difficultés spécifiques qui nécessitent et justifient le
soutien des Pouvoirs Publics (en association avec les organismes
privés). On n'observe pas dans ces trois secteurs prioritaires une
action suffisamment marquée de soutien des Pouvoirs Publics en
Tunisie.
C'est le cas du FOPRODI dont l'action devrait être
à la fois clarifiée et renforcée. Cet organisme tente de
mener conjointement une action de soutien à la création
d'entreprise (dans son ensemble) et de fonds public de capital-risque. Cette
confusion dans sa mission est certainement un élément
d'explication des résultats de son activité jugés par ses
dirigeants eux-mêmes comme insatisfaisants.
C'est le cas des SICAR régionales qui ont du mal
à remplir leur mission, notamment en raison d'une insuffisance de leurs
moyens et ressources. Ceci se traduit par un nombre trop faible de prises de
participation.
C'est le cas du secteur de l'innovation. Des responsables de
SICAR ont regretté la faiblesse de la politique de soutien à
l'innovation en Tunisie. C'est un secteur prioritaire du capital risque dans
les pays industrialisés: il est systématiquement aidé par
les Pouvoirs Publics.
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