3) La lutéolyse
La succession de vagues aboutit à l'ovulation et
à la mise en place d'un corps jaune. La poursuite de la reprise de
cyclicité nécessite l'élimination de celui-ci lorsqu'il
n'y a pas fécondation.
Le premier corps jaune cyclique apparaît en moyenne
à 28 jours pp et 85% des vaches en présentent un avant 50 jours
post-partum [20].
L'évolution du corps jaune de la vache se réalise
en trois phases :
- une période de croissance de 4 à 5 jours au cours
de laquelle il est insensible à l'action des prostaglandines,
- un temps de maintien d'activité pendant 8 à 10
jours,
- enfin, s'il n'y a pas eu de fécondation, une
période de lutéolyse d'abord brutale puis plus progressive en 24
à 48 heures.
Du point de vue histologique, le corps jaune est formé
de deux types cellulaires. Les cellules de la thèque vont donner une
lignée de petites cellules lutéales et celle de la granulosa de
grandes cellules lutéales. Pendant la phase lutéale, les cellules
formant le corps jaune sécrètent essentiellement de la
progestérone.
D'un point de vue biologique, la lutéolyse se
réalise selon plusieurs modalités (figure 17) :
- indirectement par l'intermédiaire de l'ocytocine, la
PGF2á d'origine utérine entraîne une vasoconstriction
provoquant une ischémie du corps jaune.
- directement, d'une part la PGF2á se fixe sur des
récepteurs spécifiques présents en surface du corps jaune
et diminue l'action lutéotrope de la LH par blocage de l'activité
de l'adényl-cyclase et inhibition de l'AMP (adénosyl
mono-phosphate), d'autre part, la PGF2á exercerait ses effets sur la
cellule lutéale par l'intermédiaire d'une augmentation du taux de
calcium intracellulaire et par l'activation d'une protéine kinase C
[39].
La lutéolyse résulte d'une boucle d'interaction
entre l'utérus et l'ovaire. Au moment de la lutéolyse,
l'étude des variations hormonales montre une augmentation du taux
d'oestrogènes suivie par une libération d'ocytocine puis de
PGF2á. En fin de phase lutéale, les oestrogènes
folliculaires induisent la synthèse de récepteurs à
l'ocytocine au niveau utérin [35, 39]. A cette période, les
grandes cellules lutéales ne synthétisent plus de la
progestérone mais de l'ocytocine. Celle-ci va se fixer sur les
récepteurs utérins initiant un pulse de sécrétion
de prostaglandines qui exercent alors une double action sur le corps jaune :
d'une part, l'inhibition de la synthèse de progestérone, d'autre
part, le déclenchement d'un pulse important d'ocytocine d'où une
série d'interactions entre utérus et corps jaune qui aboutissent
à la lutéolyse [39].
Figure 17 : Déterminisme de la lutéolyse chez les
ruminants. D'après [39]
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