III. NOTE D'ETAT CORPOREL, VELAGE ET POST-PARTUM
A. MISE BAS
1) Déterminisme de la mise bas
La mise bas est un phénomène physiologique continu
que l'on a pour habitude de diviser en quatre phases.
Pendant la première phase, dite préparatoire,
s'initie le développement mammaire. La vulve devient oedémateuse
et relâchée. Les ligaments sacro-sciatiques sont de plus en plus
lâches. La parturition est imminente lorsque l'on peut les
déplacer crânialement de plus de trois centimètres. Le
bouchon muqueux du col utérin se liquéfie entre trois et quelques
heures avant la mise bas.
Chez les ruminants, les surrénales foetales jouent un
rôle clé dans le déclenchement de la parturition.
L'augmentation exponentielle du cortisol foetal pendant les dernières
semaines provoque une séquence d'évènements endocriniens
qui aboutira à la parturition. L'augmentation marquée de l'ACTH
(Adreno Cortico Tropic Hormone) foetal entraîne une hausse importante du
cortisol, ce qui présuppose un axe
hypothalamo-hypophyso-surrénalien foetal fonctionnel. Le point de
départ de cette activation surrénalienne résulte d'un
processus d'auto-amplification : le cortisol foetal agit par
rétrocontrôle positif au niveau hypophysaire, en amplifiant
l'effet stimulant du CRF (Cortisol Releasing Factor) et de l'AVP (vasopressine)
sur la sécrétion d'ACTH, [4]. Cette hypercortisolémie est
essentiel à la mise en place du surfactant pulmonaire sans lequel la vie
extra-utérine est impossible. L'augmentation du cortisol est aussi
responsable de l'importante synthèse d'oestrogènes, surtout de
l'oestrone par les cotylédons, [49]. La production d'oestrogènes
(oestradiol et oestrone) se fait au dépend de celle de
progestérone. La diminution du rapport
progestérone/oestrogènes agit sur les tissus concernés
(myomètre et col utérin) directement ou par le biais d'autres
hormones (prostaglandines, ocytocine).
La production de prostaglandines (PGF2á et PGE2) se fait
essentiellement par l'endomètre mais également par le placenta
à partir de 100 jours de gestation. Leurs taux circulants
s'élèvent brutalement au moment du terme sous l'effet
stimulant des oestrogènes sur la phospholipase A2
et la cyclo-oxygénase. Elles accélèrent
alors la lutéolyse (ce qui accélère la chute du rapport
progestérone/oestrogène donc l'auto-amplification), provoquent
des contractions utérines et la dilatation cervicale et augmentent la
sensibilité du myomètre à l'ocytocine.
La relaxine est synthétisée par le corps jaune
essentiellement. Sa concentration augmente progressivement en fin de gestation
pour s'effondrer au moment de la mise-bas. C'est une hormone favorisant le
relâchement des ligaments sacro-sciatiques, du col utérin et des
fibres lisses myométriales. La formation de ses récepteurs est
stimulée par les oestrogènes.
Le contrôle hormonal de la mise-bas agit donc en boucle
d'auto-amplification ; chaque hormone a son propre rôle, le
déterminisme de leur sécrétion se fait en cascade
aboutissant aux modifications des tissus mous décrits
précédemment ainsi qu'à la dégradation enzymatique
du collagène du col utérin aboutissant à sa maturation et
relaxation. Le cortisol foetal agirait également pour stimuler la
décharge lutéolytique de prostaglandines par l'endomètre
directement ou par le biais des oestrogènes [4] (figure 29).
La phase suivante est la première phase de la mise bas
proprement dite. Elle commence avec le début de dilatation du col
utérin. Les contractions utérines longitudinales dilatent surtout
l'ostium externe du col et lui confèrent un diamètre interne de 8
à 12 cm. Puis commence la dilatation active réalisée par
l'allanto-chorion poussé à travers le col par des contractions
utérines plus fortes et plus fréquentes. L'utérus est
innervé par des fibres du système nerveux sympathique qui
provient du nerf hypogastrique. Les cellules du myomètre
possèdent des récepteurs adrénergiques á à
effet contractile et des récepteurs adrénergiques â
à effet relaxant. Pendant la parturition, la stimulation des
récepteurs adrénergiques participerait au contrôle de la
qualité et de la longueur des contractions utérines. Les
prostaglandines sont aussi associées à la commande des
contractions utérines. L'effacement complet du col signe la fin de la
phase 1 et prend 2 à 6 heures.
Figure 29 : Déterminisme de la mise-bas chez les ruminants
[4].
Les fibres innervant le col et le vagin antérieur
régularisent la mise en circulation de l'ocytocine par la
neurohypophyse. Le taux plasmatique de celle-ci augmente alors après la
dilatation du col et surtout du vagin antérieur. C'est le réflexe
de Fergusson [4]. A ce moment là, les contractions utérines
deviennent beaucoup plus puissantes et régulières, engageant le
foetus dans la filière pelvienne [4, 49]. Les contractions sont
responsables de 90% du travail de dilatation et d'expulsion. Une fois
engagé, le rôle des contractions abdominales devient aussi
essentiel à l'expulsion du veau. La durée de l'expulsion (stade
2) est très variable d'une race à l'autre et est toujours plus
longue chez les primipares. Bien que le foetus puisse vivre 8 à 12
heures après le début du stade 2, il est normalement
expulsé en moins de 4 heures. Souvent, il y a arrêt
momentané des efforts d'expulsion au moment de la rupture de
l'allanto-chorion ; les contractions reprenant quand l'amnios apparaît
à la vulve. Après la rupture de l'amnios, la
fréquence de la presse abdominale est de une à
deux toutes les deux à trois minutes. En présentation
antérieure, il y a presque toujours une pause au moment où le
front arrive à la vulve qui peut alors se dilater. Après
l'extériorisation de la tête, l'expulsion totale du veau est
très rapide.
Les membranes foetales sont alors évacuées dans les
heures qui suivent, ce qui correspond, avec l'involution utérine, au
troisième et dernier stade de la parturition [49].
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