C. BILAN ENERGETIQUE
1) Evolution du bilan énergétique
La sélection génétique, orientée
vers l'augmentation de la production laitière, a rendu inévitable
et systématique le déficit énergétique [33]. Cette
même sélection a pourtant aussi augmenté l'appétit
des vaches.
Le déficit énergétique est dû
à une prise alimentaire qui augmente moins rapidement que les besoins
énergétiques [8, 83]. En effet, la divergence d'évolution
commence durant les derniers jours de lactation, où l'appétit
diminue avant d'augmenter de nouveau après le vêlage. Des
études récentes montrent une diminution de la consommation de 5
kg de matières sèches par jour dans la dernière semaine de
gestation [10]. Mais les apports recommandés (métabolisme de
base, production laitière, et croissance pour les primipares) sont
multipliés par trois à quatre dès la deuxième
semaine de lactation alors que l'appétit de l'animal met deux à
quatre mois avant d'atteindre son maximum [34]. La figure 7 illustre
l'évolution des besoins alimentaires (UFL, Protéines Digestibles
dans l'Intestin (PDI) et calcium) multipliés par trois, alors que la
quantité de matière sèche ingérée (MSI)
augmente plus tardivement.
Figure 7 : Évolution comparée de l'appétit
et des besoins autour du vêlage [28]. / besoin 1 mois avant
vêlage
400%
300%
200%
100%
0%
PDI UFL Ca MSI
-6 -4 -2 0 2 4 6
Semaine / vêlage
La situation de déficit dure en moyenne jusqu'à
six à douze semaines post-partum, voire quinze, semaines avec un nadir
de la courbe de déficit énergétique situé entre une
et deux semaines postpartum [82]. Cette situation induit une mobilisation des
réserves contenues dans le tissu adipeux et des protéines
d'origine osseuse et musculaire [5]. Notons que la couverture des besoins
énergétiques par l'alimentation n'est pas possible, elle
nécessiterait des apports trop massifs et brutaux d'autant que les
vaches laitières supportent relativement bien ce déficit. Il est
cependant important de limiter cet amaigrissement à six à huit
semaines de lactation [34].
De plus, ce déficit est d'autant plus important que la
vache est une haute productrice : chez la vache laitière, la
priorité est donnée à la production laitière par
rapport aux réserves corporelles. C'est le contrôle
homéorhétique du partage des nutriments [34, 93]. Le
déterminisme est hormonal, par l'insuline d'une part et l'hormone de
croissance (GH) d'autre part. La première s'oppose à la
mobilisation des réserves alors que la GH est l'hormone de
l'homéorhèse : elle donne la priorité à certains
tissus, ici la mamelle pour l'obtention des nutriments (figure 8) [29, 34].
Figure 8 : Modalités et contrôle hormonal de la
mobilisation des réserves énergétiques en début de
lactation [34].
AGNE : Acides Gras Non Estérifiés, ATP :
Adénosine Tri Phosphate
Triglycérides du
tissu adipeux
Insuline
-
+
GH
AGNE
ATP Triglycérides
foie
Mamelle
Triglycérides
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