3.3. Gouvernance locale des ressources en eau dans la
commune de Zè
3.3.1. Application du modèle SWOT à la
gouvernance locale des ressources en eau de la commune de Zè
La figure 9 présente le modèle SWOT appliqué
au concept de la gouvernance locale des ressources en eau de la commune de
Zè:
Déterminants naturels : Ressources en eau de la
commune de Zè.
Eaux atmosphériques, eaux superficielles et eaux
souterraines
Facteurs de pression : Actions anthropiques, gouvernance
locale
Aspects socioéconomiques : emplois
générés, gains financiers et utilisation
Mode de gouvernance : Contrat fermier Gestion des
ressources d'eau, entretien et maintien des ouvrages hydrauliques
Disponibilité des ressources en eau, existence
des structures de gestion en affermage, présence des structures
d'intermédiation sociales, la population locale
RISQUES ENVIRONNEMENTAUX ET ANTHROPIQUES : Absence
d'assistance technique et financière aux fermiers et aux gestionnaires,
abandon et pannes fréquentes des ressources en eau et ouvrages
hydrauliques, dégradation des écosystèmes
DEFINITION DES STRATEGIES:
- Amélioration des modes de gestion des ressources
en eau.
- Amélioration des revenus.
- Association de la population locale à la
gouvernance locale des ressources en eau
- Sensibilisation des gestionnaires et des
utilisateurs
- Gestion rationnelle des ressources en eau
FACTEURS INTERNES
FORCES
FAIBLESSES
MENACES
Comblement des plans d'eau, aléas climatiques,
inégale répartition des ouvrages, qualification professionnelle
peu requise des fermiers, des notables et utilisateurs
FACTEURS EXTERNES
OPPORTUNITES
Figure 9: Modèle d'analyse de la
gouvernance locale des ressources en eau de la commune de Zè à
l'aide de SWOT
Source : Enquête de
terrain
La figure 9 présente le modèle SWOT appliqué
à l'analyse de la gouvernance locale des ressources en eau de la commune
de Zè.
Flle montre les facteurs internes (physiques, humains et
socioéconomiques) qui influencent la gouvernance locale des ressources
en eau de la commune de Zè et les facteurs externes (les menaces et les
opportunités) qui agissent sur la gouvernance locale des ressources en
eau. L'identification de ces différents facteurs permet de
définir des stratégies efficaces telles que :
l'amélioration des modes de gestion des ressources en eau,
l'amélioration des revenus, l'association de la population à la
gouvernance locale des ressources en eau, la sensibilisation des gestionnaires
et des utilisateurs et la gestion rationnelle des ressources en eau dans la
commune de Zè. Ces différentes stratégies peuvent
maximiser les forces et les opportunités, minimiser l'impact des
faiblesses et des menaces et si possible, les transformer en forces ou
opportunités.
1. Facteurs internes
Ils présentent les forces et les faiblesses de la
gouvernance locale des ressources en eau dans la commune de Zè.
· Forces
La commune de Zè dispose d'importantes ressources en
eau qui, mieux gérées, lui permettront de couvrir ses besoins
à moyen et long terme. Flle organise périodiquement avec l'apport
des sages et des chefs de village non desservis en points d'eau surtout en eau
potable des rencontres pour débattre des problèmes hydrauliques
que rencontrent les habitants : c'est le rôle fondamental que la Cellule
Communale Fau et Assainissement assure. Ces ressources en eau
génèrent des emplois et de revenus financiers à la
localité.
Selon la Base de Données Intégrée (BDI)
de la décentralisation, il incombe aux communes de s'engager dans une
démarche d'aménagement du territoire en vue d'assurer les
meilleures conditions de vie à l'ensemble de la population. Elle doit
pour cela, partir des besoins réels de la population pour les
infrastructures
hydrauliques, ce qui implique une connaissance approfondie de la
situation de la desserte en eau sur le territoire communal (PADEAR, 2008).
Différents groupes d'utilisateurs (paysans,
éleveurs, communautés, écologistes) peuvent influencer les
stratégies de gestion et de mise en valeur des ressources en eau. Cela
apporte des avantages additionnels, car les utilisateurs avisés
appliquent une autorégulation locale par rapport aux questions telles
que la conservation de l'eau et la protection des sources d'eau superficielle
bien plus efficacement que la réglementation et la surveillance
centralisée ne puissent réaliser (AERAMR, 2010).
· Faiblesses
Les ressources en eau de la commune de Zè, malgré
leur disponibilité sur le territoire, leur gestion présente des
faiblesses. Le Programme Pluriannuel Eau et
Assainissement avait réalisé en 2009 trois (03) FPM
dans la commune de Zèprécisément dans les
localités de Sadiga à Akpali, de Dékansa à Yokpo
centre et
du CEG Sèdjè-Dénou. Les comités de
gestions qui s'occupaient de ses FPM n'arrivaient pas à solder le prix
de ces ouvrages. L'ONG-AERAMR a prit donc la décision d'appuyer
financièrement les localités de Dékansa et du CEG
SèdjèDénou. Pour ce qui concerne Sadiga, la mairie s'est
portée volontaire pour payer sa participation financière (AERAMR,
2010).
Parmi les fontainiers interviewés, certains ont
confié qu'avant, les comités de gestion d'eau faisaient des
assemblées générales pour mettre au courant la population
des activités qu'ils mènent, mais avec la mairie qui est devenue
maître d'ouvrage, plus rien n'est fait à cet effet. La population
n'est plus tenue au courant des actions que la mairie mène.
Le comblement des plans d'eau et les aléas climatiques
affectent les sources d'eau superficielles et souterraines. Aussi, les fermiers
en exercice ont une qualification professionnelle peu requise avec des notables
et utilisateurs qui ne connaissent pas leur rôle dans la gouvernance des
ressources en eau.
La plupart des ouvrages d'eau sont des puits à grand
diamètre qui nécessite assez d'énergie. Il faut donc
déployer assez de force musculaire pour tirer un seau d'eau. Cela
devient un calvaire pour les populations en saison sèche car les puits
deviennent de plus en plus profonds et aussi, les sources d'eau superficielles
tarissent.
La population souffre souvent du manque d'eau du fait que
certains fontainiers ou fermiers se rendent au champ ou vaquent à leurs
occupations personnelles emportant ainsi la clé de l'ouvrage d'eau. Les
membres des Comités de Gestion des Points d'Eau (CGPE) dilapident les
recettes issues de la vente de l'eau et ne font plus de versement à la
CLCAM. Il a été aussi constaté depuis trois ans, qu'aucun
versement n'est fait par la plus part des ouvrages simples existant dans la
commune (ONG-AERAMR, 2011).
2. Facteurs externes
La gouvernance locale des ressources en eau de la commune de
Zè présente des opportunités et des menaces.
· Opportunités
La commune a de nombreux atouts pour mieux gérer les
ressources en eau dont elle dispose. Les enquêtes effectuées dans
la commune ont montré que la population de Zè s'intéresse
aux problèmes qu'elle rencontre dans la gouvernance des ressources en
eau. Lorsqu'un point d'eau est en panne, les sages et notables expriment le
besoin depuis la base c'est-à-dire au conseil du comité de
gestion d'eau qui à son tour, informera la mairie qui avisera la
Direction de l'Hydraulique ou les SIS pour la réalisation ou la
rénovation de l'ouvrage. Pendant la réalisation de l'ouvrage, la
population sans être inviter, participe activement à la
construction.
Désormais, la question de la gouvernance de l'eau
concerne aussi bien les autorités que la population ; « Etant
donné que la commune travaille pour la
population, elle se sent de plus en plus concernée par
ses actions et la soutien » (CST/Zè). Aussi, un gestionnaire d'eau
a affirmé : « Le puits appartient à tout le village, si
chaque foyer sait que c'est cette eau qu'il doit utiliser, il doit
l'entretenir. L'association de gestion d'eau du village, se regroupe
périodiquement pour discuter des problèmes qui concernent la
gestion des points d'eau du village ».
Le rapport annuel des activités de l'ONG-AERAMR
souligne que dans le cadre de la réalisation et de la rénovation
de certains ouvrages hydrauliques dans certains arrondissements de Zè ;
elle a remarqué que la population s'implique de plus en plus aux
questions de la gestion des ressources en eau. Au cours de ces multiples
réunions, la population et les autorités locales étaient
souvent présents (AERAMR, 2010).
D'une manière générale, la population de
Zè veut travailler avec la commune, mais ne souhaiterait en aucun cas
que le prix du bidon d'eau augmente et exige néanmoins la
réparation des ouvrages en pannes. Il faut noter que les comités
de gestions des points d'eau ont affirmé leur volonté de
travailler avec la communauté mais exigent que les personnes qui
s'occuperont de la gestion des nouveaux points d'eau réalisés et
rénovés par les ONG soient choisies dans leurs localités
respectives. La photo 12 est celle d'un puits moderne de l'Association Huma
Nature indiquant l'apport de la population à la commune dans le cadre de
la gouvernance locale de l'eau.
Photo 12: Puits de l'Association Huma Nature
à Akpali Prise de vue : KANHONOU,
2011
Le puits moderne ci-dessus est une oeuvre de l'Association
Huma Nature qui vend l'eau à la population et cultive du manioc ;
l'association délègue chaque année un gestionnaire et
compte perfectionner le puits en le dotant d'un château pour mieux
désservir la population d'Akpali.
· Menaces
De nombreux risques environnementaux menacent les ressources en
eau de la commune. Plusieurs facteurs de pressions agissent sur ces ressources.
Entre
autre, les actions anthropiques (activités humaines) et le
mode de gestion utilisé(le contrat fermier). Les ressources en eau
subissent des pressions de plus en plus fortes de la part des populations
qui en tirent une partie de leur revenu. On note une faible mobilisation
sociale autour des programmes de développement liés aux
ressources en eau et des difficultés d'accès aux points d'eau et
ouvrages hydrauliques qui tombent régulièrement en panne.
L'inexistence d'une politique et/ou stratégie claire et
bien documentée de gestion des potentialités en eau (absence
d'instruments de gestion des ressources et d'outils d'aide à la
décision) empêche les autorités locales et les
gestionnaires d'eau dans leur action dans la commune. Aussi, le manque
d'information et de connaissances sur les principes et orientations sectoriels
et la protection des ressources en eau au niveau des collectivités
locales, la faible implication des acteurs et des usagers dans les prises de
décisions menacent également la gouvernance des ressources en
eau.
Les autorités locales ont une faible connaissance des
ressources d'eau disponibles dans la commune. L'accès difficile des
populations aux infrastructures adéquates d'alimentation en eau potable
et d'assainissement, à cause des manques d'investissements, l'absence
d'assistance technique et financière aux fermiers et aux gestionnaires,
la perturbation de l'écosystème due à l'usage abusive des
sources d'eau superficielles empêchent également la bonne
gouvernance des ressources en eau dans la commune.
Le secteur privé n'est pas encore réellement
impliqué dans les aspects liés à la gouvernance de l'eau.
Cela est dû au fait que la prise de conscience et la volonté
politique pour promouvoir la gestion rationnelle, équitable et
acceptée des ressources en eau sont assez récentes. L'implication
de toutes les catégories d'acteurs ne peut donc qu'être
progressive (GWP/AO, 2009).
Si les solutions techniques existent à ces faiblesses
et menaces et sont bien connues, les conditions d'exploitation et de gestion
utilisées actuellement dans l'ensemble de la commune constituent de
sérieuses menaces pour la protection et la préservation des
ressources en eau. Les obstacles liés à la faible capacité
de gouvernance locale des ressources en eau persistent toujours.
Néanmoins, l'étude propose des solutions pour assurer une
meilleure gouvernance locale des ressources en eau dans la commune de
Zè.
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