- Gouvernance locale :
La gouvernance locale est l'ensemble des règles,
procédures, institutions et mécanismes mis en place en dehors de
l'Etat, pour permettre aux citoyens d'exprimer leurs intérêts,
d'exercer leurs droits et de participer au processus de
prise de décisions, à l'exercice du pouvoir et de
gestion des ressources dont ils disposent (Amadou, 2009).
Dans cette étude, la gouvernance locale est l'ensemble
des dispositions et des actions visant à protéger et à
améliorer la gestion les ressources en eau de la commune par les
autorités locales, les gestionnaires d'ouvrages hydrauliques et la
population à la base en vue de leur exploitation rationnelle.
- Décentralisation
Au sens large, la décentralisation consiste en un
transfert de pouvoirs entre deux personnes morales distinctes (Adomou, 2008).
Mais, nous voulons, dans le cadre de la présente étude, parler
plus précisément de la décentralisation territoriale qui a
été instituée au Bénin depuis les élections
municipales de décembre 2002. Elle vise à donner aux
collectivités locales (les communes) des compétences propres
distinctes de celles de l'Etat par le rapprochement du processus de prise de
décision des citoyens favorisant l'émergence d'une
démarche de proximité.
- Ressource en eau :
L'idée de la ressource en eau fait appel à
toutes les disponibilités en eau, aussi bien souterraines que
superficielles de la terre pouvant faire l'objet d'une exploitation (Boko,
2009).
Dans le cadre de cette recherche, la ressource en eau
comprend donc les eaux atmosphériques (eau de pluie) les eaux
superficielles (les bas-fonds, les cours d'eau) et les eaux souterraines(les
puits, les forages, les points d'eau aménagée) de la
localité, utiles et disponibles pour l'homme et les
écosystèmes.
- Autorités locales :
Les lois sur la décentralisation transfèrent aux
autorités locales un certain nombre de pouvoir et de compétences
liés à la gestion de l'eau. Les autorités
locales ont la lourde responsabilité d'assurer le
développement économique durable et équilibré de
leurs territoires à travers notamment l'utilisation et la gestion
rationnelle des ressources hydriques (GWP/AO, 2009).
Dans le cadre de cette étude, une autorité
locale est toute personne physique qui a en charge, l'ensemble des dispositions
de gestion et de protection des ressources en eau de sa commune.
La problématique de la gouvernance locale des
ressources en eau est une question cruciale dans le processus du
développement local durable. Pour remédier aux problèmes
de gestion et de gouvernance de l'eau au Bénin, beaucoup d'études
ont été menées. Flles ont été
consacrées surtout aux modes de gestions utilisés, les acteurs de
la gestion des ressources en eau et aux techniques de gestion des ressources en
eau utilisée de part et d'autre sur le territoire.
Boko (2009), montre que la
responsabilité effective des populations à la base est l'une des
conditions incontournables pour accroître les chances de succès
d'un développement qui ne peut ni s'administrer, ni s'imposer tout
simplement parce qu'on ne développe pas, mais on se développe.
Pour lui, parmi les principaux problèmes qui freinent le
développement à la base, on note en bonne place celui de l'eau.
Il note enfin que la gestion sectorielle des ressources en eau,
caractérisée par une multiplicité des centres de
décision, la faible implication des acteurs et des usagers dans la prise
de décision et la gestion des conflits entre agriculteurs et pasteurs
sont à la base de la mauvaise gestion des ressources en eau dans la
vallée de l'Ouémé.
Pour Adomou (2008), il serait plus judicieux
de concrétiser d'abord la maîtrise d'ouvrage hydraulique communale
de chaque point d'eau par la signature avec les gestionnaires actuels des
cahiers de charges stipulant clairement leurs droits et obligations et la prise
de mesures limitant le développement des surcoûts de
gestion avant d'envisager la gestion professionnalisée
qui consistera à recruter des gestionnaires qualifiés. De toute
façon, la professionnalisation du service d'approvisionnement en eau
doit être entendue comme un processus et non une panacée
imposée une fois pour toutes dans la précipitation.
Boko (2012), dans son étude portant
sur : « la contribution à la mobilisation et à la gestion
des eaux pluviales dans l'arrondissement de Banikoara », propose que les
modes de gestion des eaux pluviales doivent passer notamment par la
modification des techniques culturales au niveau des versants et la
mobilisation des eaux de pluies. Pour l'auteur, la meilleure gestion des eaux
passe par un suivi rationnel des techniques de gestion par les populations de
la commune.
Pour Kpohonsito (2007), la
problématique de l'approvisionnement en eau potable dans la commune de
Bopa réside dans le fait que les communautés ne se sont pas
véritablement approprié la gestion des points d'eau mis à
leur disposition. Il note aussi, que la mauvaise gestion des points d'eau est
liée aux modes de gestion utilisés par la commune.
Selon Hounmènou (2006), l'implication
active des populations bénéficiaires dans la gestion des
équipements hydrauliques, constitue actuellement une sérieuse
option, visant à favoriser leur accès durable. Cette implication
passe, dans une large mesure, par l'émergence au sein de ces
populations, de structures
de gestion chargées de l'entretien et de la maintenance
des équipements. Iitrouve aussi que le mode de gestion
concertée serait plus efficace dans les
communes du Bénin.
Yelouassi, 2011, identifie parmi les acteurs
fondamentaux de la gestion des ressources en eaux, deux acteurs fondamentaux
dans la commune d'Athiémé : la Mairie et le Fermier. La Mairie
recrute le fermier pour assurer la distribution par vente de l'eau des
châteaux. L'auteur trouve que les activités du fermier ne sont pas
couronnées de réussites et sont donc jonchées de
difficultés récurrentes qui ne facilitent pas la bonne gestion
des équipements hydrauliques. Aussi pour des
solutions idoines, l'auteur prévoit un dialogue entre
les responsables municipaux et les fermiers pour une meilleure gestion.
Par contre, Koudamiloro, 2011, identifie
quatre acteurs dans la gestion des ressources en eau à Challa-Ogoï
: il s'agit des autorités communales, des ONG, des Associations de
Développement et de la population. Selon l'auteur, les solutions pour
améliorer la gestion des ressources en eau de la localité passent
par l'association de ces différents acteurs qui doivent penser à
l'identification des zones non desservies et à la réalisation de
nouveaux ouvrages. Ils doivent également réparer les pompes en
panne et ravitailler périodiquement le magasin de la mairie en
pièces de rechange des ouvrages hydrauliques.
Chleq et al, (1997) et Geny P.,
(1992) ont élaboré un guide de gestion des
ressources naturelles à partir de l'étude des relations de
l'homme avec l'environnement, de l'analyse des ressources naturelles des
composantes de l'environnement et des stratégies de gestion des
ressources en eau. Ces auteurs pensent que la gestion durable des ressources en
eau d'une localité dépend des modes de gestion utilisée
dans cette localité.
Enfin, Yamongbe (2011) souligne dans son
mémoire de maîtrise que les problèmes de gestion hydrique
que rencontre la commune de Zè sont liés à la mauvaise
utilisation des modes de gestion des ressources en eau et aux manques
d'entretien des points d'eau par la population. Il fait d'abord l'état
des lieux des sources d'approvisionnement de la commune et a montré
ensuite que la multiplicité des sources d'approvisionnement doit
bénéficier d'une gestion particulière des utilisateurs.
L'auteur pense que les propositions de solution à préconiser
comporteront : l'accessibilité à l'eau potable, la
sensibilisation des populations pour l'adoption de meilleure politique de
gestion des eaux dans la commune de Zè.
Après cette littérature, il est important de
souligner que ces différents auteurs ont étudié les
acteurs de la gestion des ressources en eau, les différentes
possibilités de mobilisation et de gestion des eaux et l'impact de la
mauvaise
gestion sur la population ainsi que les propositions de
solution pour améliorer la gestion de l'eau. Cependant, l'accent n'a pas
été mis sur le rôle de la population locale dans la gestion
des ressources en eau et les problèmes liés aux mauvais usages
des modes de gestion des ressources en eau dans la gouvernance locale.
La présente recherche s'évertue à
montrer de façon spécifique, les avantages d'une bonne
gouvernance locale des ressources en eau disponible dans la commune de
Zè à travers l'association des populations à la base.