Conclusion
L'ensemble de ces concepts que nous évoquons dans cette
étude constitue le cadre approprié de théorisation de
l'objet d'étude. Ainsi définis, ces concepts traduisent notre
approche compréhensive du phénomène de la marginalisation
dans les quartiers populaires. Quand la spécificité touche
surtout les cités poste Marchands et cité Neuf. Donc, la
consistance de cette recherche trouve toute sa contenance dans l'ampleur et
l'observation des groupes marginalisés.
CHAPITRE III : DE LA MARGINALITÉ,
ÉTATS-UNIS, LA
FRANCE, AMÉRIQUE LATINE : PERSPECTIVE
THÉORICO-
HISTORIQUE
Introduction
Plus d'un admet que chaque discipline a sa conception de la
marginalité, puisqu'elle est en fait, une réalité des
sociétés. Pour Fassin (1996 :246), la marginalité est
conçue comme une notion différente de la pauvreté qui est
considérée comme un état de fait ne préjugeant les
mécanismes qui la produisent. En effet, comment cette notion nous
permettrait-elle de comprendre et de mieux interpréter la situation des
jeunes dans l'aire Métropolitaine de Port-au-Prince,
particulièrement dans les quartiers défavorisés ? Tout au
long de ce chapitre nous envisagerons de répondre à cette
question.
1. Perspective
Selon Fassin (1996) les populations décrites comme
marginales représentent la majorité de la population des villes,
par la mise à l' écart du marché formel de l'emploi, leur
exclusion des dispositifs de protection sociale, leur position excentrée
dans la géographie urbaine. Au début des années 90, Fassin
montre qu'il y a trois conceptions de la marginalité, en raison de la
nuance sociopolitique. D'où l'on diversifie les notions pour qualifier
un méme phénomène. Underclass aux États-Unis,
exclusion sociale en France et marginalidad dans les pays d'Amérique
latine ce qui renvoie à la résultante de ces trois
configurations: haut/bas, dedans/dehors, centre /périphérie.
1.1. Marginalité avancée,
débrouillardise et survie quotidienne
Aux États-Unis, le concept de marginalité prend
le nom de <<underclass>>, le concept trouve son origine
chez Gunnar Myrdal, d'où son étymologie suédoise,
<<onderklass>> désignant dans la langue
littéraire du 19eme siècle, la classe inférieure et
marquait l'opposition entre le haut et le bas de l'échelle
sociétale, qualifiée (Wacquant, 1960). La société
Américaine a été nourrie d'une fiction libre ouverte
où chacun peut atteindre la mobilité sociale pourvu qu'il soit
animée d'une simple volonté, (Myrdal 1963 :38) démontrant
qu'une bonne partie de la classe ouvrière est hors de portée, par
la combinaison des progrès continus de la productivité avec la
généralisation de l'enseignement supérieur. Selon Myrdal,
il y a une affectation des politiques sociales en matière de logement,
de couverture sociale et d'aménagement social, donc ce qui le
conduit à dire que l?underclass est à
la fois blanche et noire, rural et urbaine. Aulletta (1982) place dans
l'univers de l?underclass quatre catégories de gens qu'il
appelle les <<ratés sociaux>>. Il cite les pauvres qui
cherchent de l'aide sociale, les criminels des rues qui terrorisent la plupart
des villes, les vagabonds, les sans domiciles fixes et les malades mentaux. Il
faut préciser que l'analyse portait beaucoup plus sur le comportement
des individus et non à titre d'objet de croyance collective à
élucider comme le rappelle Loïc Wacquant (1996 :248-249),
l'underclass est plus qu'un catégorème au lieu d'une
catégorie sociologique, c'est-à-dire un instrument d'accusation
publique. C'est un agrégat bigarré composé de
catégorie foncièrement hétéroclite, sa perception
est comme une menace, physique, morale et fiscale, à
l'intégrité de la société humaine.
Les thématiques abordées par Wacquant (2006:243)
sont des propositions de types idéaux, telles qu'elles sont : le
salariat, la croissance économique, la stigmatisation territoriale, la
perte de lien avec les lieux de résidence, la disparition des moyens de
subsistance collective, et la fragmentation sociale. C'est pourquoi, il parle
de <<la marginalité avancée>> pour
qualifier notre société contemporaine (les grands pays du Nord)
différente de celle observée dans les pays du Sud. Selon lui,
c'est une désocialisation insidieuse de la masse salariale. La logique
de la marginalité avancée que parle Wacquant est une nouvelle
marginalité qui est différente du modèle de la
marginalisation dans le cadre des pays de la périphérie,
caractéristique de son inadaptation et son arriération
économique. Elle est plutôt une sorte de dualisation des
sociétés occidentales comme la France et les États-Unis,
mais pas au même titre que la théorie du structuro-fonctionnalisme
d'années 1960, de T. Parson, qui postulait le changement à
travers le passage d'une société traditionnelle
précapitaliste à une société capitaliste moderne
capable d'intégrer déviant et marginaux.
Cesari dans son essai portant sur la situation
économique de certaines villes des pays industrialisés
démontre comment la croissance des inégalités est à
la base de l'utilisation de la violence comme stratégie de subsistance
et de fragmentation territoriale urbaine. Abordant la fonction du gang dans les
ghettos, Cesari affirme qu'il était l'une des formes les plus anciennes
d'organisation sociale de la communauté urbaine pauvre aux
États-Unis. Les trafics illégaux sont devenus un moyen de survie
économique (Cesari, 2003 :119). L'individu qui entre dans une
gang est motivé par des raisons économiques ; un
moyen de gagner l'argent le plus rapidement que possible.
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