1.2. Marginalité et exclusion
La trajectoire des marginaux dans l'histoire française
est souvent caractérisée par la débrouille, et la combine.
Par ailleurs, le sens actuel de ce mot remonte aux années post 1968.
Donc ce sont les populations qui avaient le mode de vie marquée par le
vagabondage, la mendicité, la criminalité et les métiers
infâmes qui portent cette étiquette (Castel, 1996 :33). Selon
Castel, il existe trois situations qui se présentent comme
qualitativement différente, puisque le facteur de pauvreté n'est
pas déterminant dans le processus de la marginalité :
> La pauvreté intégrée qui est une
pauvreté travailleuse, c'est-à-dire des personnes en dépit
du fait de ne pas être au chômage peuvent être
considérées comme pauvre ;
> L'indigence imprégnée qui relève
des secours, liée à l'insertion communautaire, en d'autres
termes, toutes ces populations qui subsistent à partir des organismes
communautaires ;
> L'indigence désaffiliée, marginalisée
ou exclue, qui ne trouve une place ni dans l'ordre du travail, ni dans l'ordre
communautaire.
Thomas, dans cette même perspective des exclus en
France, émet la thèse que le concept d'exclusion a
été utilisée au point de remplacer celui de la
pauvreté, elle est une notion résultant de la combinaison des
théories sociologiques et économiques de tendance diverses. Selon
Thomas (1997 :15) :
« la notion d?exclusion englobe des formes de
description, d?analyse et d?explication des phénomènes de
pauvreté variée. Celles-ci sont issues d?une part, d?approches
sociologiques diverses de la tradition des enquêtes de médecins
hygiénistes à celles de budget et aux travaux ethnographiques.
D?autre part, elles s?appuient sur diverses théories économ iques
: des visions classiques et néoclassiques en termes de résidu aux
formes marxistes et néomarxistes en termes de sous prolétariat
».
Dumas et Séguier (1999), pour identifier les
populations marginalisées, se référent aux individus et
aux groupes qui ne parviennent pas à respecter les systèmes de
conduite en vigueur à la société. En outre, ces auteurs ne
confondent pas marginalisation avec exclusion ou pauvreté.
Marginalisation ou population défavorisée, dans la logique
Castelienne, même repoussoir n'est
synonyme d'exclusion. Ce qui est différent pour d'autre
région du monde : les États-Unis et Amérique Latine.
1.3. Pauvreté marginale, inclusion à la marge
et stratégie de survie
Les déterminants de la marginalisation, dans ce sens,
sont plus externes et s'expliquent à travers les rapports de l'Etat avec
ces populations. Aumercier (2003) utilise le concept<<enfermer
dehors>> pour décrire les rapports entre ces personnes et le
<<SAMU social>> dont la mission consiste a opéré des
interventions d'urgence auprès de cette population. Le sujet est
enfermé dans son refus on ne peut lui reconnaitre sa capacité
subjective de définir ses propres besoins et de les exprimer. Selon lui
: une inclusion forcée comme individu drapé dans son refus, dans
son dédain, dans sa belle marginalité ou dans l'une des multiples
identités nationales, ethniques ou religieuses disponible sur le
marché (Aumercier, 2004 :125,127).
Paugam, dans une perspective plus large, parle de
<<rapports sociaux à la pauvreté>> par rapport
à l'exclusion. Il distingue trois types de rapports sociaux à la
pauvreté : pauvreté intégrée, pauvreté
marginale, et pauvreté disqualifiante. Il ne met pas vraiment accent sur
la notion de la marginalité, c'est pourquoi nous allons seulement
considérer son concept de pauvreté marginale, par souci de
précision et d'accentuation. Paugam (1996 :396), le type de rapport
social à pauvreté connu sous la dénomination
pauvreté marginale est lié à deux catégories
sociales : une petite frange de la population constituée au niveau de la
conscience collective inadaptée à la civilisation moderne. Pour
Simmel (1984), les catégories sociales marginalisées ou exclues
peuvent être perçues comme des étrangers ou des intrus
chaque fois qu'elles désirent intégrer les groupes dominants dans
leur territoire ou accéder à leurs intéréts. Pour
ces auteurs Bourdieu(1993), Merrien (1997), Paugam(1996, McAll(1996), les
populations marginalisées sont constituées des démunies
notamment des gens qui dépendent de l'aide sociale pour leur
subsistance.
La vie de famille des populations pauvres touche à bien
des activités illicites comme la prostitution, la drogue, les
évasions fiscales, ce que l'on appelle majoritairement : les
activités informelles. De Bellaing (2003), relève diverses
catégories de populations constituant les pauvres et les
misérables en mettant l'accent sur les stratégies informelles de
survie qu'elles développent, dans son essai portant sur
l'économie de la pauvreté et économie de la misère
en France. L'auteur affirme que pour subsister, particulièrement dans
des banlieues qui sont parfois
la scène de violence, les populations pauvres
pratiquent le don, qui, selon lui, n'est pas économique. L'autre donne
à son voisin un peu d'huile, un peu de soupe, etc ; il les reçoit
et il les lui rend. Selon lui, cet échange réciproque assure la
survie, d'où l'expression d'<<assurance de survie>>.
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