1.4. Informalité, masse marginale et
déséquilibre systémique
Les populations marginalisées pour subsister, peu
importe le pays dans lequel elles se trouvent, recourent à des
activités informelles de subsistance. Cependant, l'informalité ne
veut pas pour autant dire marginalité. Tout au début des
années 1990, les catégories d'analyse utilisées pour
expliquer l'informalité ont été, entre autre, la
dépendance des pays de la périphérie par rapport à
ceux du centre, la pénétration du capital dans le secteur rural,
la faiblesse du capitalisme latino Américain qui absorber
l'excédent de main d'oeuvre et la formation d'une armée de
réserve industrielle. De nos jours, l'ensemble des activités
informelles est attribuée moins au capitalisme qu'à la
mondialisation qui provoquerait des effets encore pires que le capitalisme des
décennies écoulées telles : la croissance des
inégalités entre le travail et capital. Ces populations vivant
des activités informelles et marginalisées en fonction des
rapports sociaux et économiquement dominants, disposent toujours de leur
force de travail, qui est selon Chevalier (1990), l'unique source de revenu
familial.
Stavenhagen (1973), traitant sept thèses
erronées sur l'Amérique Latine au cours des années 70
affirme qu'à l'origine, le terme de population marginale était
utilisé pour désigner les habitants des bidonvilles qui vivent
dans des baraquements à la périphérie des principales
cités d'Amérique Latine. Ainsi, il évoque trois
critères pour définir la marginalité en Amérique
Latine :
> Etre marginal ne signifie pas être à
côté ou en dehors du processus de développement
économique, et le terme ne s'applique pas à des populations qui,
simplement sont restées à la merci des secteurs modernes, comme
le voudraient certaines théories dualiste à la mode.
> La marginalité ne tend pas disparaitre avec le
développement de l'agriculture, de l'industrie et de l'économie
en général ;
> La marginalité est au contraire un
phénomène inséparable du genre de développement que
connait l'Amérique Latine, elle est méme engendrée par ce
développement, et en constitue donc un sous-produit.
Vekemans et Fuenzalida, (1969) ont défini les
populations marginalisées en Amérique Latine comme étant
des populations qui ne sont pas intégrées ou qui sont
reléguées au dernier rang de l'échelle sociale ou qui y
sont exclues. Dans cette même logique F. Dubet (1989), affirme que les
vieux problèmes de la marginalité a été
relégué au rang de théorie à moyenne portée
en Amérique. Il parle de préférence en lieu et place de
marginalisation « d'intégration fragmentée
»17. Il touche dans sa recherche deux grands axes
théoriques de la marginalité : la théorie dualiste
liée au secteur traditionnel qui est menacée de
désorganisation et les théories de la polarisation qui est
rattachée au secteur moderne, plein de développement.
Lomnitz(1975), oppose à la thèse de Lewis (1966) traitant ce
phénomène comme étant la culture de la pauvreté,
explique par la faiblesse des liens sociaux sous ses différents
paramètres. Pour elle, au lieu de la culture de la pauvreté,
c'est plutôt la condition de l'insécurité chronique de
l'emploi et du revenu qui constitue le facteur déterminant de
l'existence des marginaux. Elle (Lomnitz, 1975 :29), définit le pays
comme un écosystème, c'est-à-dire un système global
de ressources et de conditions de vie ou toute évolution
déséquilibrée, telle l'industrialisation
accélérée, provoque des tensions économiques et
démographiques internes susceptibles d'engendrer des processus
migratoires, ce qui marginalise certaine couches de la population.
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