CONCLUSION
La présente étude a porté sur la
typologie des forêts denses des environs de Kisangani. Elle a
consisté à mettre en évidence les communautés
végétales des strates arborescentes de ces forêts en
fonction de types de substrats colonisables (sable et argile) et de la distance
géographique séparant deux entités floristiques.
L'objectif principal de ce travail était d'identifier
les groupes des végétaux et partitionner la variance floristique
entre les facteurs environnementaux en présence.
La méthode utilisée pour la collecte des
données était celle des relevés décomposés
en sousrelevés structuraux emboîtés correspondant aux
principales strates de la forêt (relevé synusial).
Les données ont été
récoltées séparément par type de sol et strate par
strate pour estimer la contribution de chaque strate à la
variabilité et la diversité spécifique dans ces
forêts.
Pour chaque cas, les analyses ont porté sur deux
volets, à savoir : les analyses floristiques où nous avions
défini les espèces et les familles caractéristiques de
chaque groupe, leur densité et dominance ainsi que la diversité
spécifique ; les analyses d'ordinations et de classifications pour
montrer la similarité entre les divers relevés permettant de
confirmer les regroupements définis à priori et les
corrélations entre la floristique et les variables de
l'environnement.
A l'issue des inventaires réalisés, sur une
superficie de 23 hectares (dans les placeaux de 200x50m) pour la strate
arborescente supérieure et 4,6 hectares (dans les placeaux de 200x10m)
pour la strate arborescente inférieure, 6897 individus appartenant
à 249 espèces et 41 familles ont été
recensés. Dans la forêt sur sol sableux on a
dénombré 1290 individus, 107 espèces et 31 familles pour
la strate A et 2086 pieds 158 espèces et 36 familles pour la strate Ad.
Au niveau de la forêt sur sol argileux on a compté 1340 individus,
118 espèces et 30 familles pour la strate A, tandis que pour la strate
Ad on a obtenu 2181 pieds, 183 espèces et 36 familles.
La diversité spécifique n'a pas montré
des différences significatives entre les deux communautés (la
forêt sur sol argileux semble plutôt avoir une richesse
spécifique élevée) mais comparée en termes de
strates la diversité augmente à hauteur décroissante de
strate sur différent substrats.
Cette situation est la conséquence de l'apport des
jeunes individus de la strate arborescente présents dans la strate Ad et
qui contribuent à 60% à la diversité de cette strate.
Les analyses multivariées réalisées dans
cette étude ont révélé que les regroupements
observés ont été dictés par la nature du substrat
(très marqué au niveau de la strate A), mais aussi par la
distance géographique séparant les entités. Ces
résultats démontrent que les conditions édaphiques et
topographiques contribuent à déterminer la composition
floristique d'une entité floristique donnée.
En conclusion, au regard des résultats obtenus et y
égard aux questions que nous nous sommes posés, nous
considérons qu'en milieu forestier tropical, plus
précisément à l'intérieur d'un cycle forestier, il
existe un modèle spatial et interstrate.
Toutefois, ce modèle ne se définit pas en termes
de diversité spécifique, mais plutôt en termes de richesse
et de composition spécifique.
Afin d'approfondir l'étude du déterminisme
édaphique dans la variabilité floristique, nous suggérons
que des analyses pédologiques plus poussées
complétées par des inventaires aussi complets (incluant toutes
les strates de la végétation forestière) soient
réalisés pour mettre clairement en évidence la
variabilité des patterns de diversité dans les forêts
denses congolaises. En Outre, ces recherches doivent cibler les habitats les
plus homogènes que possibles et pour lesquels on devra considérer
des distances plus importantes afin de mieux évaluer l'effet de la
distance géographique.
Cette étude n'a évalué que la part des
variables environnementales (facteurs déterministes) dans la variation
de la composition floristique globale, l'analyse des facteurs historiques et
stochastiques devra également être approfondie ainsi que les
études ciblés (pour un certain nombre de taxons par exemple) pour
avoir une idée sur la structure et le fonctionnement des espèces
au sein d'un écosystème aussi complexe qu'est la forêt
dense tropicale.
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