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La "zinneke parade " :objectifs, moyens, difficultés et résultats

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par Amandine Dooms
Université libre de Bruxelles - Licénciée en information et communication, médiation socio- culturelle 2003
  

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CONCLUSION

Au bout de cette étude, les novices auront, je l'espère, compris que la Zinneke Parade dépasse de loin la simple journée de défilé dans le centre de Bruxelles.

Fruit du mariage de trois idées socio-artistiques originales, elle est extraordinaire de par son expansion et ses ambitions sociétales. Profondément bruxelloise, elle s'inscrit dans le caractère multiculturel de la capitale et dans le renouveau festif que connaît cette dernière depuis quelques années.

Si c'est une impulsion internationale qui a permis son développement à travers Bruxelles 2000, la Zinneke Parade est parvenue à prendre une certaine autonomie et à s'engager dans la continuité et le long terme. Pour ce faire, une organisation solide s'est mise en place et évolue toujours actuellement. Les associations de terrain sont regroupées sous la coordination des cinq zinnopôles, organismes centralisateurs des initiatives locales zinnekes. Chaque zinnopôle est théoriquement porté par deux associations, une néerlandophone et une francophone, qui assurent des travaux de coordination et de production en tant que co-producteur avec l'asbl Zinneke. Cette dernière coordonne les cinq zinnopôles et s'occupe des relations extérieures (police, ministères, associations étrangères, médias). Cette structure, qui se veut en réseau car basée sur une concertation sans subordination, cherche, non sans difficultés, un équilibre entre la pulsion centralisatrice qui permet une meilleure cohérence et plus d'efficacité et la pulsion centrifuge qui veut responsabiliser un maximum les partenaires et tendre vers une structure de réseau horizontal. Certaines personnes de terrain croient encore en l'utopie de ce réseau totalement horizontal fonctionnant sur l'implication et la volonté de chacun sans aucun organisme centralisateur. Chacun suivrait spontanément des règles émises de concerts, maintiendrait le projet en partageant les tâches administratives et les responsabilités. Une telle structure serait une preuve d'entente sociale assez extraordinaire et idéale. Certains participants parlent même d'une zinneke spontanément organisée par la population se rassemblant en groupes et engageant artistes et animateurs. Cela serait la preuve d'une cohésion sociale qui ne semble pas encore présente. Actuellement, cela parait impossible, et d'autant plus à une telle échelle. La structure de la Zinneke est nécessaire et son organisation actuelle relève de son origine et de son parcours.

Les objectifs que se fixe l'asbl Zinneke sont fondamentalement sociaux. Ils visent le développement d'une société remplaçant l'individualisme grandissant par une cohésion sociale nouvelle où chacun atteindrait une autonomie lui permettant de se réaliser dans le groupe. Un bien beau projet... mais de nombreuses difficultés viennent entraver sa réalisation. Si beaucoup de gens inspirent à ce monde idéal, tous ne parviennent pas à mettre de côté des soucis plus matériels, d'orgueil et d'ego qui minent la réalisation du projet. Les relations interpersonnelles, bien qu'enrichissantes, donnent d'ailleurs lieu à de nombreuses tensions qui se terminent parfois par la rupture, comme dans toute situation de la vie en société. Ces tensions et ruptures créent de fortes remises en questions et font évoluer l'organisation tant par le renouvellement concret de partenaires que dans sa façon de travailler et de concevoir la Zinneke Parade.

Les objectifs des autres niveaux de la parade se rapprochent de ceux-ci mais dans une optique plus concrète. Il semble, en effet, que plus on se rapproche de la base, plus ces objectifs sont à court terme. Du point de vue des participants, et la Zinneke Parade est là avant tout pour eux, c'est une occasion extraordinaire de faire partie d'un grand événement collectif bruxellois dont la période de préparation sera pour eux tant d'occasions de rencontres avec d'autres gens et des artistes. Elle sera aussi une possibilité d'apprentissage d'une ou plusieurs techniques et de découverte de l'étonnant pouvoir du travail en commun. Au sein du groupe, ils sont stimulés à dépasser leurs propres limites et prennent conscience de leurs capacités, premier pas crucial vers l'émancipation et l'autonomie dans un contexte de cohésion sociale. Il arrive certes qu'ils fassent des rencontres qui les suivront pendant une longue période mais ce n'est que rarement le but de la participation. De même, l'apprentissage d'une technique conduit rarement à une pratique constante visant un niveau professionnel. C'est souvent avant tout un divertissement constructif et intéressant qui est recherché.

Pour les associations, le schéma est similaire, même si certaines implications ont des conséquences à plus long terme. La Zinneke Parade est un bon moteur pour la collaboration et l'ouverture aux nouveaux horizons que cachent les autres associations. Elle est aussi une occasion de montrer ce que l'on sait faire et de se dépasser, boosté par la collaboration et l'ampleur de l'événement dont il faut être à

la hauteur. Ces collaborations mènent à la création d'un réseau plus permanent qui renforce le milieu associatif face aux difficultés surtout financières qu'il rencontre. Pour les organisateurs, la Zinneke Parade est aussi un moyen de parvenir à des objectifs socioculturels à grandes échelles telles que la revitalisation des quartiers, la mise en place d'un réseau de collaboration permanent, la reprise de pouvoir des citoyens sur la ville mécanisée et déshumanisée, l'interaction entre artistes, animateurs et amateurs. Objectifs que partagent d'ailleurs souvent les associations socioculturelles.

Les moyens mis en place sont multiples et variés : le réseau, d'abord, alimenté par de nombreuses réunions qui permettent une connaissance plus large des différents développements du projet ainsi qu'une collaboration et une entraide. Un soutien de coordination a été mis en place via l'engagement d'ACS chargés du réseau associatif et de la production dans les zinnopôles, et via les quinze artistes engagés par l'asbl Zinneke pour aider les associations dans la conception et réalisation artistique.

Les moyens financiers, absolument nécessaires dans ce projet et provenant uniquement de subventions font partiellement défaut. Ils ne suffisent actuellement pas à réaliser les objectifs dans des conditions évitant l'abus d'heures bénévoles et la fabrication avec des bouts de ficelle. En effet, malgré la tentative de payer honnêtement les coordinateurs artistiques, nombre d'entre eux n'ont pas reçu, proportionnellement aux nombres d'heures prestées, un salaire par heure atteignant la limite minimum légale. Les autres artistes travaillent souvent dans des conditions encore plus difficiles comme d'ailleurs certains animateurs de petites associations. La baisse des financements entraîne également une réduction de l'ampleur des projets133 et une réalisation avec les moyens du bords, utilisant souvent la débrouille et la récup' comme principaux outils avec le risque que le résultat ait un aspect de bricolage plus que de création artistique.

Ce manque de ressources est lié à la diminution des investissements dans le secteur culturel et artistique de la part des pouvoirs subsidiants associée aux tentatives vaines d'accord avec le mécénat privé.

133 Il y a notamment eu beaucoup moins de chars cette année que lors des deux autres parades.

Les difficultés que rencontre la Zinneke Parade sont donc d'ordre financiers, structurels et interpersonnels, mais également liés à des lacunes en communication et dans la collaboration artistique et associative. En effet, un manque de systématisme dans la communication crée des mauvais échanges et des pertes d'informations. L'absence de réponses à des emails, la demande d'informations injustement répétée plusieurs fois, quelques manques de tact ainsi que l'aspect non officiel de certaines réunions et le non respect des normes administratives (PV, ordre du jour) peuvent énerver les partenaires à la longue.

De plus, tous les partenaires ne s'impliquent pas avec la même intensité dans la préparation de la parade : certains attendent longtemps avant de commencer le processus, d'autres attendent qu'on les pousse et les soutienne constamment, d'autres encore ont du mal à collaborer avec d'autres partenaires tant ils veulent garder leur indépendance... La plus grosse difficultés est sans doute le manque d'implication réel de certaines associations qui laissent, parfois même avec une certaine réticence, une ou deux personnes gérer le projet sans aucun soutien. Il faut espérer que ces associations finissent par réaliser l'intérêt de la Zinneke Parade suite au bon déroulement du projet mené par leur animateur et s'impliquent alors réellement dans la collaboration suivante.

La coordination artistique n'a pas toujours atteint les résultats escomptés. Les nombreuses qualités nécessaires rendent difficile le choix d'artistes adéquats d'autant plus qu'ils n'ont pas toujours envie de s'engager pendant un an sur un même projet. Plusieurs coordinateurs se sont révélés mal choisis ou ont mal compris le rôle qu'ils devaient assumer. L'idée de la directrice artistique de renforcer encore cette équipe de coordination artistique en engageant cinq artistes par zinnopôle plutôt que trois ne sera pas facilement efficace. En effet, si le choix de quinze artistes a déjà été difficile qu'en sera-t-il de vingt-cinq, d'autant plus que plusieurs artistes quittent l'organisation suite à la dernière parade. L'idée de donner à chaque zinnopôle une enveloppe à consacrer à l'artistique à la place des coordinateurs désignés n'est peut-être pas une mauvaise solution, d'autant plus qu'elle permettrait de rendre aux zinnopôles un peu plus de responsabilité, rééquilibrant l'organisation face ainsi la tendance centralisatrice.

Jusqu'ici, l'organisation est parvenue à surmonter ses difficultés. L'inscription dans
la continuité se fait particulièrement sentir suite à cette troisième édition. On ne peut

en effet que difficilement considérer cette dernière comme uniquement dans la lancée de Bruxelles 2000, comme a parfois été perçue la parade de 2002134.

Les difficultés rencontrées actuellement sont importantes notamment face au déficit qui doit être comblé d'ici fin 2004 ou aux problèmes de collaborations avec, notamment, le Magic Land Théâtre. Mais personne ne perd confiance et les coordinateurs de l'asbl et des zinnopôles travaillent déjà dans l'optique de la parade 2006. De nombreux partenaires de terrain se sont d'ailleurs déjà promis d'en faire partie.

L'engouement associatif face à la parade montre bien son intérêt particulier malgré les difficultés rencontrées. Un projet aussi grand a l'immense avantage de sortir de la pénombre les nombreuses tentatives socioculturelles et de crier à tous les volontés de renouveau et de refus du monde individualiste et déshumanisé qu'on nous propose avec tant d'assistance.135 Et même si ces volontés ne sont pas expliquées clairement auprès des 200.000 spectateurs présents, l'émotion qui les prend face à cette collaboration de tant d'individus différents prouve que le message passe. N'est ce pas un des principes artistiques que de faire passer de l'émotion sans l'usage des mots ?

134 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

135 Et la Zinneke Parade fait cela sans prendre la teinte subversive qu'ont les regroupements altermondialistes dont plusieurs idéaux, tels que le refus du primat de l'échange marchand, s'approchent de ceux de la parade.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"