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Evaluation d'impact du projet d'appui à  la sécurisation des systèmes de production agricole de Maradi au Niger (PASSPA / PN7 )

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par Mahaman Sani GARBA
Université Paris 1 Sorbonne / CEFEB ( centre d 'études financières économiques et bancaires ) - Diplôme d'études supérieures spécialisées en gestion des projets et programmes de développement 2005
  

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CHAPITRE 5 L'EVALUATION DES EFFETS ET IMPACTS DES ACTIVITES DE MISE EN CONTACT POUR L'OBTENTION DES CREDITS.

L'obtention du crédit rentre dans le cadre du renforcement du capital et de la trésorerie des ménages. Les actions de mise en contact pour l'obtention du crédit visaient à pallier sept types de contraintes. Ces dernières étaient liées aux productions agricoles, à l'acquisition des facteurs de production, à l'amélioration des structures de l'exploitation, à la trésorerie des individus et des ménages ainsi qu'à la qualité de vie. Ces contraintes étaient :

- le manque de financement des activités agricoles ;

- l'insuffisance des productions agricoles,

- l'absence de financement des micro-projets individuels et/ou collectifs ;

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- la faiblesse de la trésorerie des ménages et des individus ;

- la faiblesse des revenus agricoles générés ;

- la difficulté d'accès aux premiers facteurs (biens et services) de production agricole ;

- la mauvaise structure des exploitations agricoles.

En effet, le niveau du capital d'exploitation est un élément discriminant entre systèmes de production. Sa manifestation la plus visible est l'acquisition d'animaux de trait, de matériels agricoles, et d'infrastructures de production. L'acquisition d'animaux d'embouche est également un processus de capitalisation, jouant parfois le rôle d'épargne surtout en ce qui concerne l'élevage des petits ruminants pratiqué par les femmes.

Par conséquent, les crédits octroyés aux organisations communautaires étaient généralement destinés à l'achat et la commercialisation des produits agricoles, l'embouche, le petit commerce tel que la vente d'huile d'arachide. Les bénéficiaires des crédits étaient essentiellement des chefs de ménages au nombre de 5449 personnes dont 35% de femmes en mars 199814.

Dans quelques rares cas, ces crédits avaient eu des effets positifs au sein des communautés villageoises. Nous pouvons citer le cas du village de Garin Tanko où les femmes continuent à tirer profit des crédits reçus depuis 1999, à travers un groupement de commercialisation d'arachide et d'huile d'arachide. Ces produits sont même exportés vers le Nigeria et le Burkina Faso. Le témoignage de Indo Ali de Garin Tanko est assez illustratif :

« Il y avait quelques années même nos proches voisins ne connaissaient pas notre village. Mais

grâce à l'intervention de Care, ce dernier est devenu célèbre suite à la vente d'arachide et de

son huile. Des véhicules venaient du Nigeria et du Burkina Faso pour se ravitailler en ces

produits. Nous ravitaillons en plus de la ville de Maradi, plus de 16 villages. Care nous a laissé

un héritage que même nos petits-enfants tireront profit s'ils en prennent soin. Nous remercions

infiniment l'ONG care et ses dirigeants».

Hadjia Rabi, une autre femme qui était partie à la Mecque grâce à la commercialisation de ce produit affirme que :

« La banque de stockage de l'arachide est la fierté de notre village. C'est la première chose que

nous montrons aux visiteurs des qu'ils rentrent dans ce village. Nous vendons de l'arachide à

plus de 15 communautés, ce qui a suscité l'intérêt des autres villages pour la

commercialisation de ce produit. »

Mais il convient de souligner que ces cas sont exceptionnels car les crédits octroyés aux communautés villageoises avaient suscité plus de désagréments que d'avantages. Ces

14 Source rapport d'évaluation interne, octobre 1998.

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désagréments ont été constatés dans 52% des villages enquêtés ayant obtenu des crédits suite à la mise en contact effectuée par Care.

Ces crédits ont eu plutôt des répercussions négatives dans plusieurs villages dont entre autres Garin Koutoubou, Guidan Ara, Guidan Kata et Guidan Aché. C'est dans ce cadre que Hamza Illo un chef de ménage de Guidan Kata affirme :

« Quand j'ai contracté la dette pour l'achat d'engrais, je ne pensais pas qu'un jour j'allais la rembourser par la pire des manières. Je m'étais dit que c'était l'argent de Care que j'avais pris. Or

Care c'est l'Etat et l'Etat ce n'est personne. Malheureusement pour éviter la honte, j'ai dû vendre mon champ qui était mon unique moyen de survie. Je vous assure que même mon petit fils ne contractera pas de dette auprès d'une institution étrangère ».

Dans le village de Garin Koutoubou, où la plupart des paysans n'avaient pas pu rembourser les crédits, la situation s'est soldée par leur interpellation à la justice, la confiscation et la vente de leurs animaux et champs pour restituer les sommes empruntées. C'est dans ce cadre que Moussa Kalla du village de Garin Koutoubou témoigne :

« Les crédits ne nous avaient apporté que des problèmes. Nous avons connu trois années

successives de mauvaises récoltes, ceci a eu pour conséquence le non-remboursement de nos

emprunts. D'ailleurs, rares étaient les chefs de ménages qui s'étaient acquitté de leurs dettes sans

trop de peines. Certains avaient bradé leurs récoltes et même leurs champs pour éviter la prison et

d'autres avaient fuit le village laissant derrière eux, femmes et enfants.

Dans ce même village de Garin Koutoubou, la gestion des crédits a suscité de sérieux conflits sociaux. C'est dans ce contexte que monsieur Chaïbou directeur de l'école du village s'est adressé à l'équipe de l'évaluation en ces termes :

« La gestion des crédits a provoqué une division sans précédent dans ce village. Cette division s'est traduite par la révolte de certains individus et l'auto proclamation d'un second chef de village qui se prétend défenseur des «opprimés». Par conséquent, il existe actuellement deux chefs de village et je vous conseille de prendre contact avec les deux si vous voulez bien tenir la réunion communautaire. Choisissez également comme lieu de rencontre l'arbre là-bas qui constitue la zone «neutre» pour marquer votre impartialité. »

Les activités de mise en contact pour l'obtention de crédit n'ont pas été pérennes suite au non-remboursement des emprunts et aux prêches des marabouts qui invitaient les bénéficiaires à ne pas contracter des dettes avec paiement d'intérêt car cela est contraire aux principes de l'islam (cas du village de Guidan Ara).

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Les principales causes de non-remboursement de crédit relevées dans la plupart des communautés étaient essentiellement, la mauvaise volonté appuyée par de faibles récoltes suite à trois années successives de faible pluviométrie (de l'année 2001 à 2003).

Recommandations

Compte tenu des répercussions négatives qu'avaient portées les opérations de crédits sur les conditions de vie des bénéficiaires, nous recommandons l'arrêt systématique de toute opération d'octroi de crédit aux paysans.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway