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Les transitions démocratiques en Afrique noire francophone. Réflexion sur le cas de la Guinée (Conakry )

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par Oumar KOUROUMA
Université Hassan II, faculté de droit de Mohammedia (Maroc ) - Licence fondamentale de droit public 2010
  

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CONCLUSION GENERALE

Pour commencer, il faut dire qu'une conclusion sur la transition démocratique en Guinée ne peut être d'aujourd'hui, comme dit plus précédemment, il ne s'agit que d'un processus en phase préliminaire. Nonobstant, le besoin de répondre aux exigences du travail académique devra nous conduire à en envisager pour ce présent mémoire.

Ainsi dans cette analyse non moins étendue, nous avons été amenés à évoluer autour de deux axes :

Dans un premier temps, il était question de replacer notre thème dans son cadre historique, théorique et scientifique. Partant nous avons essayé au prime abord de s'attacher à l'environnement conceptuel et aux instruments d'analyse qui ont été développés pour rendre intelligible le phénomène de la transition vers la démocratie. C'est dans cette fouille que découverte fut faite de l'origine profonde de l'usage du concept de transition en matière de sciences sociales. En effet, les analyses nous ont permis de comprendre, comme le notera Nicolas Guilhot, que le concept de transition tel employé dans la science politique occidentale n'était qu'un renversement théorique des conceptions et usages marxistes de ce terme. Karl Marx l'a d'abord développé en matière économique avant d'en faire l'instrument de transformation des sociétés capitalistes en sociétés socialistes ou communistes dans le cadre de la soviétologie (Science mère de la transitologie). Dans la même logique, nous avons abordé le concept de démocratie. En ce lieu, le célèbre ouvrage de Giovanni Sartori nous a permis de partir d'une conception étymologique de la démocratie pour aboutir à la conception libérale en passant bien sûr par celle marxiste. Si la première conception montrait que toute société pourrait avoir connu la démocratie, les deux dernières proposait une vision qui se voulait universalisable. C'est dans cette perspective qu'il convient de retenir que la démocratie telle véhiculée aujourd'hui dans le tiers monde et particulièrement en Guinée n'est qu'un « schéma tout fait » comme le disait Mitterrand (Président français) à la Baule. Elle signifie en somme la démocratie selon libéralisme, représentation, souveraineté du peuple, élection et alternance. C'est au regard de ces différentes conception que nous sommes arrivés à saisir que la transition n'était autre que le passage au système libéral. Ce caractère plus idéologique que scientifique de ces concepts leur a valu la critique de nombreux politologues comme Guilhot.

De ce cadre conceptuel nous passions au domaine des instruments d'analyse où la transitologie et la consolidologie firent objet d'analyse. Si les concepts de transition et de démocratie sont la cible de véritable contestation, les sous disciplines nées pour les utiliser ne pouvaient échapper elles aussi à cette règle. C'est ainsi que transitologie et consolidologie sont considérée d'ailleurs pour certains comme n'être employables que sur le terrain libéral car les modèles d'explication sur lesquels ils sont fondés sont construits selon cette philosophie et aussi, les expériences de démocratisation d'un Etat ne pouvait être appliquées à un autre vu les différences de contextes. Si avec ces auteurs nous avions partagés le souci d'objectivité que devraient faire preuve ces sciences ainsi que les controverses épistémologiques que ces critiques nous permettaient de découvrir, force est de reconnaitre, cependant, que malgré leur particularité contextuelle, tous les cas de transition concerne le passage d'une dictature à une démocratie selon une vision libérale des choses, et de ce point de vu là, ces sous disciplines pouvaient sans doute effectuer des généralisation c'est-à-dire poser des lois et être considérées comme des sciences. Ainsi des auteurs comme Morlino sont parvenus à développer des modèles de transition. Cette réflexion nous envoyait encore plus loin dans la philosophie des sciences où nous avons été conduits à nous interroger : si les sciences sont vraiment objectives où elles ne le sont que par rapport à une certaine conception des choses ? Cette dernière partie de la question fut notre réponse : « l'objectivité en soi semble n'être qu'une autre subjectivité par laquelle on se croit avoir été libre dans une réflexion ». Ainsi, dans une telle logique de pensée, il s'annonce que la mise en application des données de la transitologie occidentale en Afrique devait être à l'origine de nombreuses critiques comme le fit le professeur Mamadou Gazibo. Toutefois, ne nous empêchaient pas de les employer dans notre étude sur la Guinée.

Mais avant nous avions traité dans l'encrage historico-scientifique de la notion de transition démocratique des expériences de transitions qui ont été érigées en modèles par la science transitologique. Il s'agissait des cas espagnol et chilien de transition démocratique. En ce lieu, il pouvait être retenu que ces deux transitions avaient en commun d'être négociées entre les élites pro démocraties et les ex-détenteurs du pouvoir. Elles étaient marqué par la détermination des acteurs, leur maturité et leur gestion prudente de la question de la justice et de la réconciliation pour les purges qu'une partie du peuple avaient connu sous le régime précédent. Aussi les frontières culturelles entre ces peuples et la cadre sociopolitique de naissance de la démocratie libérale étaient minimes pour ne pas dire qu'il s'agissait d'une partie du même monde qui n'avait pas encore vu la lumière sensée l'éclairer.

C'est par la suite que fut analysé le passage de la troisième vague en Afrique noire francophone. Effet incontestable de la conférence de la Baule en 1990, cette invitation française de sa « pré carrée » à l'inévitable conversion que tous les systèmes devaient faire à la démocratie libérale, sonna comme un coup fatal dans l'évolution du monopartisme africain. Dans une atmosphère de pleurer-rire, les chefs d'Etats africains longtemps jaloux de leur pouvoir unique étaient obligés de recomposer avec des oppositions qu'ils avaient toujours écartées. Ce caractère brusque du recours à la pluricratie sera décrié par les dirigeants africains. De là il n'était pas exclu de voir le futur échec de cette entreprise en Afrique. Pour ces chefs les expériences passées de multipartisme en Afrique n'ont fait qu'accroitre la division de Nations fabriquées par la colonisation. Si nous ne rejetons pas cette idées nous y rajoutons qu'ils n'étaient eux-mêmes prêts. Aussi le contexte socioculturel africain sera un autre facteur de blocage. Grâce à cette analyse découverte était faite du socle de toute modernisation politique en Afrique : la prise en compte du contexte où se déploie la démocratie. La Guinée fait elle exception à la règle ? C'est ce qu'on allait vérifier dans l'expérience guinéenne. Cependant un coup d'oeil sur l'histoire politique de ce pays était nécessaire.

C'est pourquoi nous avions tenté de revenir à la Guinée sous l'administration coloniale. Cette période sera marquée par une politique d'assimilation française, un mode d'administration directe, un clientélisme accrus entre agents coloniaux et chefferies traditionnelles et même avec la population. De même un multipartisme naissant sur la base du régionaliste ethnocentrique sera à l'origine d'une certaine division que la lutte pour l'indépendance tentera taire. Par là nous découvrions les origines lointaines des maux qui assaillent la vie politique guinéenne. Et c'est sur ses bases qu'apparaissait le jeune Etat guinéen.

Dans le cadre de la première république, il était question de voir les raisons profondes internes du recours à l'ouverture. Ce premier régime sera conçu sous l'angle d'un régime fermé où le désir de la construction d'une nouvelle entité se confrontait à une fragilité interne marquée par l'état vulnérable de la Nation en édification, les faiblesses économiques et intellectuelles. Ces obstacles seront renforcés par les adversités externes perpétrer tant par la France ainsi que par certains Etats Africains voisins dont la Côte d'Ivoire et le Sénégal. C'est dans ce contexte qu'un système totalitaire, révolutionnaire et socialiste prit place. Un projet révolutionnaire dans une division idéologique des élites, chaque camp tirant vers lui le drap du nationalisme, allait conduire à un échec. Ainsi, bien que ce régime ait le mérite d'avoir tenter l'édification d'une société politique, économique et socioculturelle répondant à la réalité guinéenne, l'ignorance qui fut faite du contexte interne et international devait saper tous les efforts. C'est pourquoi sa fin sera marquée par une tentative de modération des ambitions révolutionnaires. Toutefois, le bilan qu'il laissait voir la continuation des mêmes pratiques héritées de la colonisation : la sévérité de la norme pénale et la multiplicité des arbitraire : les différents camps de détentions resteront les symboles de ces violations de doits humains, la corruption bien que sévèrement punie ne prit fin, la construction d'une Nation restait inachevée, les domaines économique et socioculturelle restaient aussi en dessous des attentes. Cependant il s'agissait, d'après Aly Badara Sylla, du bilan positif d'un échec.

Pourtant ce bilan sera à la base de l'ouverture guinéenne et plutard de la transition démocratique dont elle prit la forme. Ce qui découla de notre analyse lorsque nous devions aborder la démocratisation en Guinée, le noyau de notre travail.

En ce lieu, il conviendra de retenir, que contrairement aux expériences-modèles que nous avions étudiées, la démocratisation en Guinée est parti d'un désir de rupture totale avec un passé jugé dans sa totalité négative. Cet état d'esprit ne fut sans répercussions sur le projet d'ouverture. Ce dernier commence par la suppression de tous les symboles humains et matériels de ce passé. Ce départ trop moins réfléchi par son caractère militarisé nous a permis de comprendre comment le nouveau régime allait s'approprier des erreurs du passé et abandonner tout ce qu'il pouvait avoir de positif. A cela il faut ajouter le fait que la situation socioéconomique qui prévalait à cette période de sortie du système de parti unique, allait exposer le pays aux sévères conditionnalités démocratiques dont les premiers seront dures pour la population. Ainsi la démocratisation en Guinée était mal partie. Car tout en réanimant les tensions sociales, ce départ donnait à la junte militaire une certaine légitimité qui lui conduira à faire dos à sa promesse de remettre le pouvoir aux civils.

Ainsi cette transition sera marquée par la perpétuelle quête de suprématie du pouvoir militaire, les contestations toujours présentes d'une opposition morcelée et surtout régionaliste et ethnique. Une population absente dans le processus. Tout cela se traduisait par un bilan économique et social mitigé.

Mais malgré cette situation antidémocratique, le pouvoir milita ire ne cessait d'être renforcé par l'assistance des partenaires du Nord. Une assistance axée surtout sur le domaine économique que sur l'encouragement d'un processus de démocratisation dont ils s'étaient faits les défenseurs.

Cette prise au piège de la société guinéenne permettait ainsi de dire que cette interminable transition démocratique n'avait pas atteint ces objectifs au delà de toutes ces traces qu'elle laissait. Car, si la Guinée ne devenait pas une démocratie authentique à l'occidentale, elle avait posé quelques jalons dans le cadre de ce que l'on peut appeler : « une démocratie de façade» c'est-à-dire une démocratie plus institutionnelle que culturelle.

Face à ce résultat une évaluation et analyse critique de l'expérience guinéenne s'imposait. Ce fut le lieu de chercher à répondre à la question du pourquoi ce bilan (ci-dessus) de la transition démocratique en Guinée. Il s'agissait des raisons fondamentales de l'échec c'est-à-dire des questions dites premières auxquelles cette transition politique guinéenne se devrait d'abord de répondre, car leur impacts marquent toute l'évolution du processus : c'est la question du choc des idées politiques et celle de la Nation. C'est avec ces grandes leçons tirées de la première expérience guinéenne qu'une lecture de la nouvelle constitution fut réalisée. Mais là encore l'une des questions fondamentales semblait être toujours ignorée : celle des idées politiques ou de l'idéologie du texte. C'est-à-dire au nom de quelle culture politique les concepts sont-ils formés dans cette constitution ? Les futurs impacts seront certainement les difficultés de leur application sur une population marquées par une autre vision des choses.

A la lumière de toutes ces données il peut être dit sans doute que si la démocratie en soi est universelle et universalisable, force est de reconnaitre que les différentes interprétations qu'on lui donne ne sont autres que le reflet de réalités propres à ceux qui les conçoivent. Ceci étant la démocratie libérale ne peut être en soi la réponse à la question de la modernisation politique et socioéconomique de la Guinée sans une prise en compte véritable du contexte sociétal guinéen. C'est-à-dire une démocratie à la guinéenne. A ce titre l'ex-président iranien Mohammad Khatami affirmait : « la démocratie est un processus qui ne peut être créé par décret ni être imposé de l'extérieure. Elle doit se développer d'une façon endogène à l'intérieur de la société et se transformer en culture..... »169(*)

Ainsi, la recherche d'une voie nouvelle inspirée des sources culturelles africaines et de l'histoire politique guinéenne n'est-elle pas, en réalité, le chemin à suivre pour la construction d'une démocratie guinéenne durable et socle d'un développement socioéconomique harmonieux ? Aussi il ne faudrait-il pas se demander, qu'en est-il des chances d'aboutissement du nouveau processus ?

* 169 Président Khatami à prince Charles, Téhéran, le 2/2/2004 (http://khayyami.free.fr/francais/citations.html).

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein