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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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I.2.6. L'école de Salamanque

1) Présentation

Le nom école de Salamanque (Escuela de Salamanca) a été donné au XXe siècle à un groupe de théologiens et de juristes espagnols du XVIe siècle, liés à l'ancienne université de cette ville, dont la doctrine a été redécouverte par des économistes, en particulier Joseph Schumpeter et reprise par les fondateurs de la doctrine des libertariens qui en font les précurseurs de l'école autrichienne.109(*) Il désigne, de manière générique, l'ensemble des réflexions que menèrent des théologiens espagnols à la suite des travaux intellectuels et pédagogiques entamés par Francisco de Vitoria, en réinterprétant la pensée de Thomas d'Aquin à partir du postulat que la source de la justice, du droit et de la morale ne doivent plus être recherchées dans les textes sacrés ou les traditions, mais dans l'examen de la nature à la lumière de la Raison.110(*)

Lorsque la Renaissance se fut propagée dans toute l'Europe, au début du XVIe siècle, les conceptions traditionnelles de l'homme, de sa relation avec Dieu et avec le monde avaient été ébranlées par l'apparition de l'humanisme, par la Réforme, par les grandes découvertes et leurs conséquences sur les connaissances (géographiques en particulier). Ces nouvelles questions furent abordées par l'École de Salamanque. À une époque où la religion (catholicisme, calvinisme, islam...) imprégnait tout, analyser la moralité des actes était l'étude la plus pratique et utile qui pouvait être faite pour servir la société. C'est ainsi que les contributions nouvelles qui ont été poussées jusqu'au droit et à l'économie par l'École de Salamanque ne sont pas dans leurs origines mais analyses concrètes des défis et des problèmes moraux imposés à la société par les situations nouvelles.111(*)

L'école de Salamanque va développer une idée révolutionnaire de l'autonome de la morale selon laquelle on peut faire le mal même si on est croyant, et on peut faire le bien même si on ne l'est pas. C'est-à-dire que la morale ne dépend pas de Dieu. Ceci s'avérait particulièrement important pour les relations avec les païens, puisque le fait qu'ils ne soient pas chrétiens n'impliquait pas qu'ils ne soient pas bons.112(*)

Au fil des ans on a obtenu une casuistique de réponses devant des dilemmes moraux. Mais comme une casuistique ne pouvait jamais être complète, on a aussi cherché une règle ou un principe plus général. À partir d'ici a commencé à être déjà développé le probabilisme, où le dernier critère n'était pas la vérité, mais la sécurité de ne pas mal choisir. Développé principalement par Bartolomé de Medina et poursuivi par Gabriel Vázquez et Francisco Suárez, le probabilisme s'est transformé en école morale la plus importante des siècles suivants.113(*)

2) Analyse

Le cursus théologique des Salmanticenses va être un représentant classique de la théologie du XVIIème siècle d'obédience thomiste. Dans leur réponse à la question de la moralité intrinsèque, ils usent d'une distinction caractéristique entre la moralité formelle et la moralité objective : la moralité formelle dépend de la liberté dans son rapport avec la loi et ne peut précéder l'acte de la volonté. La moralité qui provient de la matière et des circonstances, soit de l'objet de l'acte, et qui précédé celui-ci, est la cause et la racine de la bonté de l'acte intérieur, ou de son fondement, c'est la moralité objective. Elle consiste dans l'ordonnance de l'acte à l'objet comme à son terme, qui devient proprement morale par l'intervention de la liberté en relation avec la règle des moeurs.114(*)

Bref, les salmanticenses ont une conception mixte de la moralité en ce sens qu'ils associent la conception nominaliste qui établit formellement la moralité par la relation extrinsèque de la liberté à la loi, et la conception classique de la moralité objective et fondamentale qui se prend par le rapport de l'acte à l'objet, ce qui permet de maintenir une morale intrinsèque.115(*)

Notons pour terminer que les salmanticenses analysent l'acte moral à partir de son entité physique déterminée par l'objet, à un niveau antérieur à la morale formelle. Cette perspective est contraire à celle de Thomas d'Aquin qui regarde l'action morale à partir de l'acte intérieur, dont la finalité est la dimension essentielle.116(*)

* 109 P. DESROCHERS « Catholiques et apôtres du libre marché », dans le Québécois libre n°27, déc. 1998, p.23-27.

* 110 Cfr. Ibidem.

* 111 Cfr. Ibidem.

* 112 Cfr. P. MADIGAN, commentaire du livre d'André Azevedo Alves et José Moreira, "The Salamanca School" (Major Conservative and Libertarian Thinkers), Heythrop Journal, 52 (1), 2011, p. 133.

* 113Cfr. Ibidem.

* 114 S. PINCKAERS, Ce qu'on ne peut jamais faire. Op. Cit., p. 47.

* 115 Cfr. Ibidem.

* 116 Cfr. Ibidem.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote