WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Des identités de papier à  l'identité biométrique

( Télécharger le fichier original )
par David Samson
Ecole des hautes études en sciences sociales - Master 2 de théorie et analyse du droit 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.La position de l'Autorité grecque de protection des données

Nonobstant l'équivocité du concept de dignité, l'argumentation de Touchent rejoint néanmoins une position récurrente de l'Autorité grecque de protection des données personnelles (HDPA), qui invoque souvent l'appel à la dignité humaine et au droit de la personnalité pour justifier son refus de mise en place de dispositifs biométriques, y compris lorsque le consentement des personnes (en l'espèce, des employés) est, ou serait, acquis. Sa directive n°115/2001 sur la protection des données personnelles des travailleurs indique ainsi que tout traitement de données effectué dans le cadre d'une relation professionnelle doit respecter la vie privée, la personnalité et la dignité de la personne. Le consentement éventuel de l'employé n'annule en aucun cas l'illégalité éventuelle au regard de l'inadéquation du dispositif au principe de finalité, d'autant plus que le consentement, dans le cadre des relations professionnelles, peut être mis en doute. Selon l'Autorité grecque, certaines méthodes biométriques « offensent de manière flagrante la dignité humaine et la personnalité »476, par exemple le fait d'utiliser les dispositifs de reconnaissance d'empreintes digitales à des finalités de contrôle d'horaires477. Non seulement l'Autorité grecque n'autorise ces dispositifs qu'en cas de contrôle d'accès sécurisé, mais les exemples qu'elle donne dans cette directive visant à expliquer sa doctrine sont beaucoup plus limités que l'interprétation de la CNIL de la notion de « fort impératif de sécurité »: il s'agit en effet d'installations militaires ou de laboratoires à haut-risque. Même s'agissant de dispositifs de reconnaissance de la main, l'Autorité grecque se montre plus stricte que la CNIL: elle n'a autorisé un tel dispositif installé par Attiko Metro qu'après un audit de sécurité, et à la seule condition que celui-ci n'enregistre pas le gabarit de la main sur support central et que le nom de l'employé ne soit pas non plus enregistré478. Les précautions prises sont donc plus larges que celle de la CNIL, qui autorise régulièrement l'utilisation de dispositifs de reconnaissance de la main, les gabarits étant stockés sur des supports centraux et souvent associés aux noms des sujets, sans compter qu'elle permet l'utilisation de ceux-ci dans des objectifs autres que celui de la sécurisation des locaux.

476 HDPA (2001), directive n°115/2001 (art. cit.), section E, §3.

477 HDPA (2000), décision n°245/9 du 20 mars 2000.

478 HDPA (2003), décision n°9/2003 du 31 mars 2003.

Outre ces décisions prises dans le cadre de la protection des données personnelles d'employés, nous avons déjà évoqué le refus de l'Autorité grecque vis-à-vis du dispositif expérimental que l'aéroport d'Athènes voulait mettre en oeuvre479. On peut aussi évoquer la décision courageuse, qui lui a valu une forte opposition de la part de l'Eglise orthodoxe, visant à éliminer non seulement la mention de la religion des cartes d'identité, mais aussi l'enregistrement sur celles-ci des empreintes digitales. Ses motifs méritent d'être cités, au regard de la politique européenne actuelle concernant les documents de voyage et d'identité:

« [Les empreintes digitales] ne sont pas nécessaire pour la vérification de l'identité du sujet [data subject] puisque celle-ci est, en principe, évidente à partir de la photographie. De plus, selon la perception ordinaire, l'empreinte digitale (« fichier ») est associée avec le soupçon ou l'assurance [ascertainment] d'une activité criminelle (« branded criminals »). Attribuer un tel caractère [i.e. criminel] à la population grecque entière, même en tant que potentialité, excède les mesures nécessaires et offense la dignité humaine protégée par la Constitution. »480

Chapitre N:L'intégrité du corps humain

p. 182

479 HDPA (2003), décision n°52/2003 du 5 novembre 2003 (cf. supra, chap. III, 2). 48o HDPA (2000), décision n°510/17 du 15 mai 2000;

Chapitre V:La sécurisation biométrique des documents de voyage et d'identité p. 183

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius