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Le Parlement et les engagements internationaux de l'état du Cameroun

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par Apollin KOAGNE ZOUAPET
Université de Yaoundé II - Master en relations internationales, option contentieux international 2009
  

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SECTION II : UN CONTROLE IMPARFAIT DE L'EXECUTION DES

ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX PAR L'EXECUTIF.

Si comme nous l'avons précédemment écrit, la partie la plus visible des activités parlementaires réside essentiellement dans la fonction législative, la fonction de contrôle de l'activité gouvernementale apparaît comme plus importante au regard de la prééminence de l'Exécutif dans la naissance et l'exécution des engagements internationaux. Les parlementaires pour exercer ce contrôle disposent de moyens directs (paragraphe I) et d'autres plus indirects (paragraphe II) par lesquels ils peuvent tout de même contraindre le gouvernement.

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Paragraphe I- Le contrôle direct

L'on pourrait distinguer ici entre des moyens expressément prévus par la Constitution (A) et d'autres qui sont nés de la nécessité du travail parlementaire et aménagés par le Règlement de l'Assemblée nationale (B).

A- Les procédures constitutionnelles : les questions et enquêtes.

Pour madame Tarja Halonen, les parlementaires ont ou devraient avoir à leur disposition les moyens de poser des questions au gouvernement, oralement ou par écrit. Ils devraient constamment garder à l'esprit l'aspect « droits de l'homme » de l'action gouvernementale. Dans certains cas précis, il conviendrait de recourir à un vote de confiance afin de souligner l'importance accordée aux droits de l'homme87. Au Cameroun cette procédure est prévue non seulement pour l'aspect « droits de l'homme » mais pour l'ensemble de l'activité gouvernementale y compris la mise en oeuvre des engagements internationaux. En effet, l'article 35 de la Constitution met à la disposition du Parlement divers instruments lui permettant d'opérer un contrôle de l'activité gouvernementale : les questions orales ou écrites, et les commissions d'enquête sur des objets déterminés.

La procédure des questions est strictement encadrée par le Règlement de l'Assemblée nationale. Les questions écrites sont remises au président de l'Assemblée nationale qui les transmet au ministre compétent après communication à l'Assemblée nationale. Ce sont des questions sommaires auxquelles les membres du gouvernement sont tenus de répondre dans un délai de trois jours s'ils sont en session et de quinze jours s'ils sont hors session. Un délai supplémentaire de deux et de trois jours leur est accordé respectivement en période de session et hors session si les réponses nécessitent des recherches documentaires. Si la question est complexe, le président de l'Assemblée nationale demande à son auteur de la transformer en question orale. Si ce dernier refuse, alors le membre du gouvernement intéressé dispose d'un délai supplémentaire de deux jours pour répondre à la question. Même si les questions écrites ont l'intérêt de pouvoir être posées hors sessions, le fait que la réponse écrite soit adressée au seul député auteur de la question de façon privée à l'exclusion des autres députés prive l'Assemblée nationale d'un véritable moyen de contrôle et d'information. Les questions orales par contre une fois formulées sont inscrites à l'ordre du jour par la Conférence des présidents et doivent permettre un dialogue entre un parlementaire et un membre du gouvernement sans aucune intervention extérieure. La réponse du Gouvernement a lieu en plénière devant tous les députés mais seuls l'auteur de la question et le membre du gouvernement concernés

87 Le Parlement : gardien des droits de l'homme Op. Cit. p. 23.

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prennent la parole. Toutefois, les membres du gouvernement ne sont pas tenus de répondre, de façon automatique, à toutes les questions. L'intérêt public, les impératifs de la défense nationale ou de la sécurité de l'Etat sont parfois invoqués pour refuser d'apporter une réponse ou de fournir des renseignements au Parlement.

La constitution et le Règlement de l'Assemblée nationale respectivement à travers leurs articles 35 alinéa 1 et 67 organisent la possibilité pour le Parlement de constituer des commissions d'enquête pour recueillir des éléments d'information sur des faits déterminés ou sur la gestion des services publics. L'Assemblée nationale pourrait donc décider d'ouvrir une enquête sur la mise en oeuvre de certains engagements internationaux par l'Etat ou sur les motivations ayant conduit à certains accords bilatéraux. Mais il convient de relever que l'Assemblée nationale camerounaise fait peu d'usage de ce pouvoir d'enquête ou ne le fait pas du tout. Toutes choses qui font dire au docteur Kankeu que « les instruments qui permettent au Parlement de mieux s'informer sont, soit mal utilisés, soit butent sur le monopole gouvernemental d'accès aux dossiers ou à l'information »88. En effet les questions au Cameroun passent par la censure des groupes parlementaires avant d'être envoyées au Secrétariat général de l'Assemblée nationale. Il s'agit en réalité selon l'auteur suscité des pratiques parlementaires non écrites ayant pour but de soumettre les parlementaires à la discipline du parti qui les a investis et les a fait élire. A ce titre, la tentation est trop grande de voir un député ne pas poser des questions parce que ses électeurs, son parti ou lui-même y trouvent leur intérêt. Monsieur Kankeu n'hésite pas à parler des questions comme « une véritable mise en scène théâtrale » et des commissions d'enquête parlementaire comme « arme rarement utilisée »89.

Cette inefficacité des procédures constitutionnelles de contrôle semble renforcée dans le domaine des engagements internationaux par le relatif manque d'intérêt des députés pour ces questions comparées aux questions économiques ou sociales qui touchent de façon plus directe à la vie de leurs électeurs. Cet état de fait place le véritable contrôle entre les mains de la Commission des affaires étrangères.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand