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Le Parlement et les engagements internationaux de l'état du Cameroun

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par Apollin KOAGNE ZOUAPET
Université de Yaoundé II - Master en relations internationales, option contentieux international 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

« Le Parlement est le coeur battant de la démocratie, il faut que cela se sente », ces mots de Laurent Fabius93 sonnant comme un réquisitoire pour le Parlement se révèlent d'une actualité particulière au terme de notre étude sur le Parlement et les engagements internationaux de l'Etat du Cameroun. Comme nous avons pu l'observer, le rôle de l'Assemblée nationale en matière d'engagements internationaux de l'Etat au Cameroun est un rôle marginal et résiduel entre les prérogatives exorbitantes reconnues par la Constitution au pouvoir Exécutif et fait majoritaire se manifestant par un soutien inconditionnel de la majorité parlementaire au Gouvernement. Cette conjonction de la majorité parlementaire et de la majorité présidentielle place dans la bouche du Parlement un mors supplémentaire en matière de contrôle de l'action gouvernementale dans la mise en oeuvre des engagements internationaux.

Le postulat de base selon lequel le président de la République, chef de l'Exécutif est seul compétent pour contracter des engagements internationaux se trouve largement vérifié : la naissance des engagements internationaux dépend pour l'essentiel du président de la République qui non seulement dispose d'un pouvoir exclusif d'initiative mais aussi d'une compétence discrétionnaire de parfaire l'engagement international tant à l'international que dans l'ordre juridique interne. Toutefois, la thèse de la « chambre d'enregistrement » est pour le moins exagérée : même affaiblie ou concurrencée, l'Assemblée nationale demeure un passage obligé de la négociation et une tribune pour l'opposition. On y ajoutera le rôle fondamental de la transparence du débat : l'existence d'un Parlement, comme l'affirment messieurs Camby et Servent, c'est la garantie, théorique parfois il est vrai, que le vote de la loi se fait « sous l'oeil » du peuple, c'est-à-dire que l'article 17 de la Constitution en prévoyant la publicité des débats, constitue un élément central du caractère démocratique des institutions. Si nul n'est censé ignorer la loi, chacun doit pouvoir être informé des conditions dans lesquelles elle s'élabore94.

De plus, ne disposant pas d'experts et d'une équipe chargée de recenser et d'étudier tous les engagements liant l'Etat, les députés découvrent souvent dans la presse ce dont ils ne seront informés officiellement que des semaines plus tard. Les ministres leur réservent rarement la primeur de leur communication. Dépassé par la vitesse de l'information, surclassé par les techniques qu'il ne maîtrise pas, éclipsé par les vedettes de la télévision, le parlementaire est parfois en proie au doute

93 Cité par Joseph Kankeu Op. Cit. p. 52.

94 Jean-Pierre Camby, Pierre Servent Op. Cit. p. 11.

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existentiel. « Il me paraît grave qu'il y'ait une exportation du débat en dehors de l'enceinte parlementaire, c'est-à-dire que les grands faits nouveaux en politique soient l'objet d'un dialogue singulier entre le ministre et les journalistes, ou le ministre et l'opinion. Le Parlement est court-circuité » notait Jean-Michel Belorgey qui protestait alors contre la faiblesse des moyens de travail des commissions permanentes95.

En définitive, les faits observés et les conclusions obtenues à partir de l'exemple du Cameroun sont dans une grande majorité généralisables non seulement à l'ensemble des pays d'Afrique subsaharienne dont la Constitution et le régime politique sont inspirés de la constitution française de 1958 mais également aux pays à régime semi-présidentiel où l'identité des majorités et présidentielles doublée de la discipline du parti amenuise la portée du rôle du Parlement comme contre-pouvoir. S'il fallait faire une recommandation, ce serait celle d'une rénovation du travail parlementaire. Cela passe par un assistanat obligatoire aux députés, un assouplissement des modalités d'organisation des questions afin de donner plus de liberté aux Parlementaires pour utiliser leur temps à leur gré et développer le nombre de questions de leur choix, une facilitation de la création des commissions d'enquête parlementaire et de contrôle, et enfin la création d'une commission pour veiller à la qualité de la loi et à son application effective96.

Pour finir, nous faisons nôtres ces mots de Jean-Pierre Camby et Pierre Servent sur le travail parlementaire et le rôle de l'Assemblée nationale : « L'idée selon laquelle le Parlement se réduirait aujourd'hui à une scène déserte ou à un théâtre d'ombres est le fait d'une société dans laquelle le poids de l'image est trop souvent plus important que celui des réalités. Les stéréotypes ont la vie dure, surtout face à une matière aussi complexe. Le travail parlementaire, par sa minutie, son rythme et ses rites s'éloigne souvent du spectaculaire. Mais le Parlement demeure un lieu de pouvoirs ; l'image de parlementaires ne travaillant pas ou passant leur temps à des oppositions stériles n'est pas exacte »97.

95 Ibid. p. 10.

96 Joseph Kankeu Op. Cit. p. 52.

97 Jean-Pierre Camby, Pierre Servent Op. Cit. p. 141.

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