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Analyse de la symbolique politique pendant les élections de 2006 en RDC. Une étude appliquée à  la ville de Goma

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par Ephrem SADIKI MUDARHI
Université de Goma - Licence en science politique et administrative 2009
  

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II.4.6. Interprétation politique

Les destinateurs ou les lecteurs de cette forme de communication l'interprète politiquement en y trouvant des représentations des appartenances dont ils sont porteurs ou dont ils ont le projet. La communication est, ce sens, véritablement une sécularité politique, interpréter la communication, et, en ce sens la communication politique est bien articulée au réel, c'est l'inscrire dans son expérience politique, situer par rapport à elle les stratégies et les choix qui fondent notre identité d'acteur. Par ailleurs, l'écriture politique peut se lire et se comprendre comme représentation symbolique du pouvoir : on peut y lire une mise en scène rhétorique de l'exercice du pouvoir, et, dans ces conditions, l'interprétation politique du discours consiste à en reconnaître la légitimité, ou, au contraire, à ignorer ou à s'en distancier : interprété, c'est adopter une posture d'acteur dans l'espace public. L'interprétation politique de cette communication est donc, finalement, le choix d'une pratique par rapport à elle.

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C'est que l'interprétation de la communication articule entre eux le fait symbolique et le fait institutionnel : il s'agit, pour ses destinataires ou pour ceux qui l'analysent, de comprendre comment la communication engage une dynamique institutionnelle. Interpréter une proclamation électorale, c'est, ainsi, choisir, par rapport à elle, le choix électoral que l'on va faire ce décider quelle pratique politique on va adopter en tant qu'électeur. De la même manière, avoir une interprétation politique d'un livre ou d'un film, c'est comprendre quelle pratique, voire quel militarisme, il peut inspirer ou représenter.

Mais l'interprétation politique consiste surtout à identifier la représentation des choix et des orientations idéologiques et politiques : il s'agit, en fin de compte, de penser le discours comme mise en scène symbolique d'un engagement, c'est-à-dire de connaître l'identité politique du discours, et, en en prenant connaissance, de ce situer politiquement par rapport à lui, de formuler par rapport à lui l'identité politique dont on est porteur, soit qu'on le rejette. L'interprétation politique consiste, finalement, à se faire soi-même acteur politique à partir de la rencontre d'un discours ou d'une représentation.

II.4.7. Interprétation historique

L'interprétation historique de la communication politique engage un autre type d'identité que les autres : elle institue les identités symboliques dans le temps. Cela signifie qu'au lieu de situer la communication politique dans l'action, comme l'interprétation politique, elle la situe à une certaine distance par rapport au présent, elle mesure le regard éloigné dans l'histoire, en, en connaissant les différences qui fondent la singularité historique d'une situation politique et qui empêche toute identification de cette situation à une autre.

L'interprétation du discours politique fait le signifiant d'une temps, d'un moment, ou d'une situation : elle en définit les références (en l'occurrence l'après-guerre et le temps de la reconstruction politique de la RDC), en rendant intelligibles les faits qui les séparent des engagements de discours d'une époque différente. L'interprétation historique du discours de

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L. D. KABILA consiste en ce sens, à le penser par rapport aux enjeux de la libération, pour montrer en quoi, justement, un tel discours n'est pas pensable aujourd'hui. L'interprétation historique de la communication politique montre que celle-ci est nécessairement située, qu'il n'est de discours politique que dans une situation particulière, et qu'un discours lu à une autre époque que celle pour laquelle il a été écrit ne peut plus être lu comme un discours politique. Il y a une historicité du discours politique, qui empêche qu'il puisse changer de situation, changer d'enjeux, changer d'époque.

En effet, les identités politiques qui s'expriment dans le discours sont elles-mêmes construites dans l'histoire. Dialectisation symbolique de la relation entre la vérité d'un sujet singulier et la dimension politique de l'espace public dans lequel il se situe, l'identité est nécessairement ancrée dans l'histoire : l'identité politique ne peut se anser en dehors des engagements réels, présents, dont elle se soutient.

En effet, le discours politique est nécessairement un discours d'acteur. On peut s'identifier symboliquement à un personnage de roman quel que soit l'époque et le lieu où il a été écrit, car c'est l'affaire de chaque lecteur, en fonction des désirs dont il est porteur, de construire symboliquement son identité par rapport à celle qui sont construites dans l'écriture. En revanche, les identités en cause dans la communication sont des identités d'acteurs, des identités d'engagement, et, par conséquent, elles n'ont des pertinence qu'hic et nuc : elle ne peuvent se penser que par rapport aux enjeux de réalité qui les fondent, qui sont, eux comme toute réalité, situés dans le temps et dans l'espace.

L'histoire est dans ces conditions, une référence explicative du discours politique : elle n'est pas seulement une donnée qui permet de le situer, de le dater, elle identifie aussi les enjeux et les orientations qui lui confèrent sa légitimité. Toute forme de communication politique répond à une certaine urgence, c'est-à-dire à une historique qui fonde le droit dont elle se soutient, et qui permet de penser l'adhésion aux idées et aux engagements q'elle propose. L'urgence de la communication politique tient à ce qu'elle somme ses destinataires de prendre parti par rapport à elle dans le

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moment même où elle est énoncée, dans l'hic et nunc qui la définit, elle, comme forme significative de communication, et qui les définissent, eux, comme acteurs politiques. Pour que puisse s'instaurer le miroir symbolique fondateur des identités politiques, encore faut-il que les identités qu'il construit puissent se situer par rapport à la vérité et à l'enjeu d'une référence construite dans l'histoire.

L'histoire, pour la communication politique, en ce sens, n'a sans doute qu'un temps : le présent. C'est toujours dans le présent d'une situation réelle que l'on se situe dans la communication politique ; son enjeu ne saurait être un simple savoir sur un monde ou sur une subjectivité, comme c'est le cas de la communication historique ou de la communication littéraire. L'enjeu de la communication politique ne saurait être que la relation au pouvoir et au lien social de ceux qui la conçoivent ou de ceux qui à qui elle est destinée. C'est pourquoi la communication politique se pense forcément pour des destinataires, eux-mêmes situés dans l'histoire : elle ne se conçoit pas pour des destinataires idéaux, puisqu'elle est toujours conçue, pour des destinataires engagés dans l'histoire par des énonciateurs qui s'y pensent eux-mêmes engagés. C'est le sens de l'idée selon laquelle le miroir du politique est nécessairement un miroir d'acteurs.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius