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Approche ethnolinguistique des formules de salutation chez les Dioula de Darsalamy au Burkina Faso

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par Ignace SANGARE
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Diplôme d'études approfondies option littérature orale 2008
  

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CHAPITRE I : PRESENTATION DU TERRAIN

Dans ce premier chapitre nous présenterons le village de Darsalamy à travers son origine, ses habitants et leurs activités. Ensuite, nous parlerons de l'islam et son impact sur cette population fortement islamisée. Enfin, nous aurons la place de la parole chez ces Dioula et les textes oraux qu'on y trouve.

I - 1. Origine des Dioula de Darsalamy

On ne saurait évoquer l'origine de Darsalamy sans passer par celle des Dioula originaires de Kong, qui en sont les fondateurs. Tout est parti en effet de la chute du Royaume de Kong vers la fin du 14ème siècle. Ce qui a causé la dispersion des Dioula. Certains parmi eux, à savoir les Cissé, Kamara, Coulibaly, Traoré seraient arrivés à Kong où avaient été déjà présents les Wattara, Dao, Barho, Touré venus de Djenné.

A la suite de la destruction de Kong par Samory en 1898, l'exode Dioula se dirige vers Bobo, centre à partir duquel ils vont fonder plusieurs villages dont Darsalamy. Que dire de ce village?

Au 19è siècle, l'aristocratie guerrière des Sanou prend de l'ampleur sur tous les plans de la vie. Après avoir résisté aux assaillants venus à l'appel des Wattara pour attaquer la garnison de Dioulassoba7, les Sanou entendent désormais affirmer leur volonté hégémoniste dans la ville. Il y avait de multiples rivalités sur le plan économique et la ville devient le théâtre de luttes d'influence. On imagine alors les conséquences sur la vie religieuse. En effet, les Sanou, bien que politiquement orientés vers Kong, se montrèrent de plus en

7 Dioulassoba est un quartier de Bobo Dioulasso où vivent les bobo et leur chef de canton.

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plus méfiants vis-à-vis des »káram]g]-jùla» (=dioula musulman ) qu'ils soupçonnent être de connivence avec les Wattara.

Ainsi affichent-ils une ouverture de plus en plus grande au »káram]g] - marka» qui devient l'élément fort de leur entourage dominé par les marabouts. Cette attitude n'est pas sans offusquer les Dioula ; ne pouvant plus compter sur les Wattara affaiblis, ceux-ci s'organisent autour des »Saganogho»8 pour former un parti musulman. S'ils ne sont pas tout à fait en rupture avec les aristocraties guerrières de la ville, ils avaient une situation qui les prédisposait aux prescriptions politico-religieuses d'Al Hajj Umar selon lesquelles les musulmans doivent s'abstenir de la collaboration avec les chefs païens. Entre le combat contre le paganisme préconisé par Umar - ce conquérant dont la crainte constitue une véritable hantise - et la volonté des Dioula de s'assurer une position commerciale forte dans cette région, la création d'un »Dar-al-salam»9 était l'alternative du salut. C'est ainsi qu'après bien de péripéties, les Dioula, sous la conduite de Karamokho Saraba Saganogho, viennent fonder le village actuel de Darsalamy avec la bienveillante protection des chefs Tiéfo de Noumoudaga10. Certes ces derniers ne sont pas plus musulmans que les chefs Wattara ou Sanou, mais pour les Dioula, les relations avec eux sont moins compromettantes qu'ils peuvent entretenir à cette période : l'aristocratie guerrière Tiéfo n'habite pas dans la même localité qu'eux.

Il était difficile pour les Dioula d'obéir rigoureusement aux prescriptions religieuses d'Umar. Le commerce dont ils vivaient ne pouvait s'effectuer sans les relations avec les païens, leur clientèle. De même, ils ne pouvaient se séparer des chefs, leurs protecteurs. Mais en cette circonstance, ils avaient pu

8 Les Saganogho ou Sanogo sont les détenteurs du pouvoir religieux, c'est-à-dire l'islam. L'imam est issu de cette famille.

9 »Dar-es-salam» signifie en arabe, `'ceux qui sont sauvés». C'est cette appellation qui a donné Darsalamy que nous connaissons aujourd'hui.

10 Noumoudaga écrit aussi Noumoudara est le village des Tiéfo qui travaillaient le fer, un village situé à une dizaine de Kms de Darsalamy en allant vers Banfora.

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trouver une solution de compromis. Darsalamy est donc l'expression de ce compromis et signifierait selon leur interprétation « nous avons échappé aux bambara » ou « ils sont sauvés ». Pour ainsi dire, eux qui sont là sont sauvés ; ils se réfèrent au coran à cet effet. Cette appellation sous-entend qu'il n'y a pas de méchants, c'est-à-dire le lieu de la solidarité et du partage comme nous l'a signifié l'Imam du village de Darsalamy.

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