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La problématique du politique dans " Démocratie et totalitarisme " de Raymond Aron

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par Théodore Temwa
Université de Yaoundé I - Diplôme d'études approfondies en philosophie 2008
  

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2- Les régimes constitutionnels-pluralistes

« Régime constitutionnel-pluraliste » est une autre appellation du régime démocratique, employée par Aron pour faire miroiter les éléments distinctifs de la démocratie. On trouve dans cette expression les termes « constitution » et « pluralité ». Ces deux éléments ne caractérisent pas seulement la démocratie mais en spécifient les espèces.

De la distinction entre constitution de type présidentiel et constitution de type parlementaire, nous décelons deux espèces de régimes constitutionnels-pluralistes. Ces deux types renvoient respectivement au système américain et au système anglais. Si les deux sont opposés dans la pratique, ils fonctionnent tous deux avec des partis politiques. S'agissant justement des partis politiques, ils prouvent, selon Aron, l'insuffisance de la différence constitutionnelle à classer définitivement les espèces de régime démocratique. Si on prenait en compte seulement la constitution, on mettrait dans le même registre le gouvernement parlementaire français et le gouvernement parlementaire britannique puisque leurs deux constitutions se rapprochent. Mais déjà le système français comporte plusieurs partis et non pas deux. Le président est désigné à l'issue d'un scrutin à deux tours maintenant, mais il n'y a pas de convention comme aux Etats-Unis, pas de Chambre des communes comme en Grande Bretagne. C'est dire donc que les partis politiques complètent la classification des espèces de régime et en constituent ainsi la deuxième variable. Et selon qu'on se situe dans un système bipartite ou dans un système de partis multiples, on spécifie davantage un régime pluraliste.

Aron définit les partis politiques comme

des groupements volontaires plus ou moins organisés dont l'activité est plus ou moins permanente, qui prétendent, au nom d'une certaine conception de l'intérêt commun de la société, assumer seuls ou en coalition, les fonctions de gouvernement.63(*)

Cette définition écarte les syndicats professionnels, les lobbies qui, dans les démocraties pluralistes veulent influencer ou influencent même les citoyens ou les gouvernants, mais ne constituent pas des partis politiques puisqu'ils n'ont pas l'intention de remplir les fonctions de gouvernement.

On peut aussi classifier les partis politiques, notamment en parti de masse organisé et en groupe parlementaire comme l'a fait Max Weber. Les partis de masse sont ceux qu'on observe de nos jours avec un grand nombre de militants, de sympathisants et d'électeurs organisés de façon permanente et répartis en sections et fédérations. Le parti de masse vit selon une constitution et se donne une bureaucratie permanente, comparable à celle des grandes entreprises. Quant au groupe parlementaire, il s'agit d'une réunion de quelques députés ayant en commun des idées et des ambitions, et cherchant ainsi à avoir des représentants dans les commissions parlementaires, ou des candidats dans le cas d'un scrutin par liste.

Aron trouve la classification wébérienne idéale et reconnaît qu'elle n'est pas exclusive, car il y a des partis peu organisés tout comme il y a des partis bien organisés qui ne sont pas de style bureaucratique. Mais le système des partis, bien qu'importante pour comprendre le fonctionnement d'un régime politique, n'est pas encore une variable d'une efficacité suffisante pour fournir la clé d'une classification des espèces de régimes pluralistes. La troisième variable, à l'intérieur du système politique, est, selon Aron, le mode de fonctionnement du régime, qui se subdivise à son tour en trois secteurs à savoir : la loi électorale et les élections, le mode de travail du parlement, les relations entre les assemblées et le gouvernement. C'est ce facteur qui nous permet de classifier les régimes subsidiaires qui résultent d'un mélange des éléments distinctifs des deux espèces typiques suscitées.

En résumé, la démocratie est adaptée en régime parlementaire ou en régime présidentiel. Dans le premier, le gouvernement est responsable devant l'assemblée législative qui peut être dissoute alors que le chef de l'Etat est le représentant de l'unité de la nation. Le régime présidentiel indique l'impuissance du président à dissoudre l'assemblée alors que celle-ci ne peut renverser le gouvernement. L'exécutif et le législatif sont élus par le peuple, ce qui permet un équilibre de pouvoir.

On observe ainsi une échelle de classification. De la classification des régimes politiques des temps modernes, on passe à la classification des espèces de chaque type ; les espèces sont elles-mêmes encore subdivisées en plusieurs pratiques particulières. Et à chaque échelle de classification, des nouvelles variables apparaissent. C'est la remarque générale que fait Aron concernant le régime pluraliste :

Au niveau du régime politique, on peut trouver des multiples distinctions qui s'appliquent à des aspects particuliers : distinction entre les gouvernements parlementaires et les gouvernements présidentiels, entre les systèmes de deux partis et ceux de partis multiples, entre les pays de partis disciplinés et ceux de partis non disciplinés, entre les pays où les partis acceptent la règle du jeu et ceux où certains partis sont révolutionnaires, c'est-à dire refusent d'accepter la règle du jeu.64(*)

Tous ces facteurs déterminent différentes espèces des régimes constitutionnels-pluralistes, mais qu'en est-il des régimes où il n'y a qu'un seul parti ?

* 63 Ibid., p. 115.

* 64 Ibid., pp.126 - 127.

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