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La problématique du politique dans " Démocratie et totalitarisme " de Raymond Aron

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par Théodore Temwa
Université de Yaoundé I - Diplôme d'études approfondies en philosophie 2008
  

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CHAPITRE II

LE LEGS ARONIEN

Entre les analyses aroniennes et celles d'aujourd'hui, faut-il souligner la similitude (ou la continuité), ou, tout au contraire le renouvellement ? Nous penchons pour le premier terme de l'alternative et notre position se justifie par la conjoncture actuelle qui, en dépit des vieux problèmes politiques et des nouveaux défis économiques, démontre l'effort du libéralisme. Ce qui frappe en effet lorsqu'on aborde Aron après les détracteurs du capitalisme et ses adversaires directs, c'est l'extrême densité d'une pensée politique qui fouille les arguments dans les quatre coins du monde, rassemble les avis pour et contre, soulève les objections soi-même et y répond.

1- La victoire du libéralisme

Au milieu de la turbulence démocratique et l'invasion communiste, R. Aron a cru jusqu'au bout de la nécessité de la consolidation du libéralisme et on peut dire qu'il est aujourd'hui récompensé. Le libéralisme n'a pas succombé à ses propres faiblesses comme l'ont faussement pressenti Marx et ses disciples inconséquents ; et par le temps qu'il fait, il n'offre aucun signe précurseur d'une telle prédiction, ni en son aspect économique, ni en son aspect politique.

L'époque est donc fatale aux prophètes, mis en déroute par la fécondité de l'imprévu. Les marxistes sont aujourd'hui frappés dans leurs habitudes mentales, contraints de repenser l'épreuve des événements. L'Histoire excède notre capacité à réfléchir sur elle et nous force à nous prosterner devant les faits avant de pouvoir les juger. Les hommes font leur histoire sans savoir l'histoire qu'ils font, notait Aron à propos des folles décisions des dirigeants. La plupart des scénarios ont capoté, et à l'encontre d'une des thèses les plus répandues sur le libéralisme, le capitalisme n'a pas disparu tandis que les échecs sociaux, médicaux et économiques du communisme se sont étalés au grand jour. Aussi la méthode prudente de R. Aron lui a-t-il permis de mener une analyse impérissable comme le reconnaît Pascal Bruckner en ces termes :

La position d'Aron sur la nature soviétique tranche par sa prudence et son respect de la complexité. Dans Démocratie et totalitarisme (1965), il envisage la possible « stabilisation bourgeoise » de l'URSS et « l'introduction de partis multiples et d'institutions libérales comme en Occident », prédiction qu'il désavouera dans ses Mémoires en 1983. En 1977, dans son Plaidoyer pour l'Europe décadente (Laffont), il reconnaissait deux genres de libéralisation possible en Russie : une timide décentralisation et l'influence de l'Occident corrupteur capable, avec le rock, la peinture abstraite, la pornographie et la liberté sexuelle, d'ébranler l'idéologie officielle. Aron admettait en même temps que l'idéocratie soviétique pouvait, comme tout autre régime, être soumise à l'usure du temps. Autant d'interrogations, de précautions qui peuvent aujourd'hui être mises à son crédit.125(*)

Quant à l'économie planifiée par une bureaucratie centralisée, elle était condamnée dès sa conception. L'agriculture collective, en dépit des tracteurs et des machines agricoles, en dépit des gros investissements ne pouvait réussir à cause des scrupules ou des convictions idéologiques. D'après Aron, la petite propriété paysanne, le commerce équivalaient, pour Lénine, à la restauration du capitalisme. Les lopins de terre exploités par les paysans individuels, qui viennent vendre leurs produits sur les marchés libres des villes, peuvent passer pour une concession de la doctrine aux « héritages du capitalisme » ou aux restes de la « bourgeoisie ». La remise en question des sovkhozes et des kolkhozes est hors de question. Cette conception que Revel qualifie d' « idiotie économique » fait dire à Aron que « [Lénine] n'a jamais compris le problème économique, à savoir celui de la répartition des ressources collectives entre les divers secteurs, entre les divers besoins des individus et de l'Etat. »126(*)

Les faits ne s'accordant pas avec les dogmes, le socialisme ne peut tenir. Le capitalisme tient sa pérennité du fait qu'il refuse d'être une idéologie. En effet, il ne s'érige pas en baguette magique capable de corriger toutes les inégalités sociales mais se propose de les résoudre dans le meilleur des possibles. Du coup, il devient même un faux débat que de comparer capitalisme et socialisme, deux systèmes de nature différente, l'un réel, l'autre utopique, le premier existant, le second disparu. En 1977, Aron faisait déjà le constat que

Les sociétés qui se disent socialistes prétendaient apporter un régime socio-économique, digne de succéder aux régimes mixtes de l'Occident, destiné à prendre la relève. Tous les esprits subtils qui vont glosant sur la baisse du rendement du capital de l'Ouest, ne se sont pas avisés qu'il fallut la croissance quantitative par accumulation de l'économie soviétique pour illustrer un schéma du Capital et rendre possible une baisse accélérée du rendement du capital. Une telle baisse suppose une accumulation qui s'entretient elle-même et n'a pas besoin, pour se maintenir, du gonflement du pouvoir d'achat des masses.127(*)

L'Etat ne tire pas son origine du souci d'étouffer le génie créateur des individus, du souci d'établir une société monotone au-dessus de laquelle il se tiendrait pour larguer des vivres, mais du souci d'organiser, de normaliser les rivalités entre les individus et assurer ainsi la paix. Ainsi, il ajoute :

Il fallait une étrange méconnaissance de l'histoire pour imaginer que les régimes que nous appelons démocratiques, fondés sur la concurrence entre les partis, le statut légal de l'opposition et la mise en cause permanente de la minorité de pouvoir, représentent ou bien l'aboutissement nécessaire ou bien le mode normal de gouvernement. Tout au contraire : c'est en tant qu'oeuvre rare, précieuse, exceptionnelle de l'art politique que ces régimes méritent d'être sauvés, fût-ce contre la force des choses, par la volonté des hommes.128(*)

L'individualisme démocratique ne pose donc pas problème. L'effort individuel est premier et nécessaire. Et c'est à juste titre que Rousseau avait défini le contrat social comme une forme d'association où chacun donnant et se donnant, reçoit en retour ce dont il a besoin et reste aussi libre qu'auparavant. Mais il en va autrement pour le contrat socialiste. La « prophétie marxiste », exigeant foi et soumission, veut que l'individu soit politiquement et économiquement absorbé par la société ; ce qui est inquiétant en théorie et déplorable en une pratique pour le moins contradictoire.

Plutôt que le nivellement des classes ou la suppression pure et simple des classes, le socialisme crée une société hautement hiérarchisée où la bureaucratie tient les reines du pouvoir au détriment des masses. Le libéralisme offre une hiérarchie dont l'accès est ouvert à tous et cette hiérarchie est moins gênante que celle de la société que Marx avait rêvée ou prophétisée. Décrivant le régime communiste, Arendt insiste sur la prolifération des bureaucraties qui se superposent, se combattent, se paralysent plutôt qu'elles ne se complètent.

En effet, les marxistes actuels, accusent les libéraux de prendre la défense du capitalisme par ignorance de la coïncidence de la réalité ambiante avec la réalité décrite par Marx. Ils s'attaquent maintenant à la situation internationale où les pays riches semblent dicter délibérément leurs lois pour creuser davantage le fossé qui les sépare des pays pauvres. La discussion est, sur point, malaisée. Ils sont sûrs à l'avance que telle est bien la vérité.

Ce qui est cependant curieux c'est qu'ils conservent la démocratie à l'intérieur, sans doute parce qu'ils ont goûté aux délices de la liberté, mais condamnent le libéralisme international. C'est une attitude comparable à celle de cet égoïste qui ferme la porte quand il mange, crie au partage dès qu'il sort. Pourquoi admettre le libéralisme à l'intérieur et réclamer le socialisme au plan international ? Pourquoi imputer la responsabilité de ses faiblesses aux plus forts ? Sans doute pour profiter de ce que les autres ont travaillé. Dans le Tiers-Monde qui pense que quand Marx parle de prolétariat c'est de lui qu'il parle, on continue d'accuser tantôt la colonisation tantôt l'impérialisme, comme si l'expérience des Nouveaux Pays Industrialisés - autrefois colonisés - ne montrait pas assez que ce refuge est un signe de paresse. L'argument est faux à partir des faits vrais. On ne peut en aucun cas accuser son voisin d'être responsable de la mauvaise gestion de son foyer. Même s'il cherchait à déstabiliser le foyer par quelques mauvais conseils que ce soient, la faute serait toujours à soi de n'avoir pas pu veiller sur sa propre famille. Quiconque parlerait donc d'une oligarchie au plan international est un lâche. Comme le chante si bien Ismaelo de l'Afrique de l'Ouest, ne réclame pas avec des larmes ce que tu n'as pas conquis avec des armes.

On accuse les régimes capitalistes actuels de s'intéresser plus à l'armement et de sacrifier le social mais cela n'est pas totalement vrai. On pourrait nous objecter qu'on note justement une élévation vertigineuse des impôts. Mais laissons de côté cette objection à laquelle il est facile de répliquer : en économie libérale, le financement des armements se fait par l'intermédiaire des impôts ; on peut doubler ou tripler le budget de défense sans toucher à la législation sociale, sans accabler les contribuables, tant que les services traditionnels de l'Etat fonctionnent normalement. L'économie de guerre même en temps de paix finit, un jour ou l'autre par rencontrer ses limites, puisqu'elle est de nature budgétivore.

La démocratie ne se réduit plus aujourd'hui au seul suffrage universel. S'offrant des finalités toujours nouvelles, elle oeuvre sans relâche à une meilleure organisation sociale où se côtoient les plus hautes valeurs de la civilisation. Elle forme un compromis patiemment élaboré entre le libéralisme politique et l'égalité socialiste des chances ; la redistribution des revenus y tempère le fossé entre les classes, le code du travail y freine la liberté du capital, le droit y complète ou corrige la loi, la protection des individus et des minorités y équilibre la volonté majoritaire. Mais surtout elle condense l'ensemble des aspirations mises autrefois dans diverses idéologies qu'elle a dépassées en les intégrant. Riche de sens multiples, elle superpose des exigences contraires qui s'attirent, se confrontent pour finir par se compléter. Elle est donc devenue, pour employer le vocabulaire de Bruckner, « l'étendard de tous les rêves de l'homme » (mais non pas le rêve socialiste qui permet de perpétrer les rêves), « l'Evangile du nanti comme du déshérité ».

En France, le conflit entre partisans et adversaires de la démocratie parlementaire s'est résumé à tort ou à raison dans le trentenaire de l'opposition entre Sartre et Aron. D'un côté un esprit libre supérieurement intelligent, un polygraphe de génie, un véritable enchanteur qui entraîna derrière lui plusieurs générations, une figure écrasante remplacée mais aussi un intellectuel égaré, trop souvent complice des barbaries stalinienne, cubaine ou chinoise.

De l'autre, témoigne encore Bruckner, un esprit droit, pondéré, rebelle aux séductions oratoires, préférant l'analyse aux slogans, une écriture modeste jusqu'à la grisaille, moins soucieuse de séduire que d'enseigner, le refus de l'écran verbal, du feu d'artifice rhétorique qui atténuerait la transparence du débat, la démocratie dans la phrase pour ainsi dire, l'écoute patiente des arguments contraires. Bref, une existence tout entière placée sous le signe de la justesse, sinon de la justice.

Curieusement, Aron, longtemps mis au ban de l'intelligentsia à cause de ses positions, souffre aujourd'hui d'avoir eu raison avant les autres. On aurait tort cependant d'en conclure à sa victoire par KO. Ce serait oublier que jusqu'à la fin, il laissa la porte ouverte au dialogue avec son « petit camarade ». Ce serait oublier cet autodafé de Berlin où les étudiants brulèrent par milliers Démocratie et totalitarisme. Ce serait surtout oublier la véritable fascination que tous les ennemis du régime constitutionnel-pluraliste exercèrent sur lui : n'avouait-il pas « prendre plus d'intérêt aux mystères du Capital qu'à la prose limpide de De la démocratie en Amérique 129(*)» ? Ce serait donc oublier ce geste fondamental : la cruauté du savant avec ses propres convictions ; comme s'il avait pressenti que la sagesse à elle seule ne suffit pas, que l'optimisme est illusoire, que la démocratie pourrit sur pied quand elle se croit accomplie.

Selon Jean-François Sirinelli, après leur mort, les deux intellectuels ne bénéficient pas de la même reconnaissance. Sartre, pour avoir été le leader intellectuel de la gauche, est accusé d'avoir été un incitateur à la dérive. Quant à Aron à qui l'histoire a donné raison, on ne cesse de lui présenter à titre posthume ses excuses130(*).

En effet, de 1947 à 1977, par ses articles, R. Aron informa et fit réfléchir les lecteurs du Figaro. Il le fit à propos de la politique intérieure mais aussi et surtout à propos des questions internationales comprises au sens large, comme il les entendait lui-même. C'est-à-dire la politique étrangère des pays, les rapports de force entre l'Est et l'Ouest, le mouvement communiste, la reconstruction et l'unification de l'Europe, le rôle de l'Amérique et de l'O.T.A.N. dans l'équilibre mondial, l'évolution de l'économie et des échanges. Il publia plus 1400 articles sur ces sujets, complétés par des nombreux ouvrages brillants. L'ensemble offre le tableau le plus complet, le plus lucide et le plus profond du monde de l'après-guerre, tel qu'il s'achève en 1990.

On ne le dira jamais assez, l'exemple à suivre dans la démarche intellectuelle d'Aron c'est sa prudence qu'il opposait lui-même au « prophétisme de Marx ». Il a toujours su éviter les conclusions prématurées alors mêmes que les faits étaient évidents. Etant l'un des premiers à avoir diagnostiqué l'entrée dans une société industrielle, il y voyait l'occasion d'une réduction du poids des idéologies et leur fin à moyen terme, mais il s'est toujours réservé de déclarer unilatéralement que le socialisme périrait et que le libéralisme progresserait, que l'URSS se désagrégerait et que les Etats-Unis triompheraient et qu'ensuite on s'acheminerait vers un monde multipolaire. C'est donc à juste titre que Joël Roman lui fait cette reconnaissance :

On le voit, la prophétie aronienne ne s'accompagne pas pour autant d'une confiance béate dans l'histoire et dans le progrès : une chose est de prendre acte de l'unification économique du monde et des progrès technologiques et industriels, une autre, d'en déduire la marche de l'humanité vers la paix et la prospérité. Sur ce point, Aron se montre plus prudent que les prophètes des révolutions technologiques.131(*)

Ce qui n'était encore pour Aron qu'une hypothèse deviendra rapidement une certitude pour des nombreux auteurs. Daniel Bell conçoit à sa suite le monde occidental comme un monde reposant sur un consensus qui le met à l'abri des emportements idéologiques. Pour Pierre Birnbaum qui va dans le même sens, la fin des idéologies signifie la fin du marxisme, considéré à la fois comme une idéologie exprimant les intérêts d'une classe particulière et en fait comme une utopie non adaptée à la réalité des sociétés industrielles.132(*)

Contrairement donc à Marx et ses disciples qui continuent de rêver d'une Internationale socialiste susceptible de dominer le monde, Aron a saisi, sans en faire une saisie définitive, les errements du libéralisme. C'est en effet le libéralisme qui se manifeste à travers les trois composantes de la politique. Qu'il s'agisse de la politique, de l'économie politique ou de la géopolitique, c'est le système libéral qui y agit de l'intérieur. Voilà pourquoi leur connexion donne une cohérence qui va, du pater familias à la « société internationale » en passant par les communautés politiques. Le marxiste-léniniste, écrit-il,

affirme ou, pour mieux dire, décrète une vérité universelle, refusant de distinguer entre ce qu'il sait et ce qu'il veut ; le libéral ou le penseur critique , conscient des pièges que lui tendent ses passions, conscient de l'équivoque de la réalité elle-même, remet perpétuellement ses hypothèses et ses jugements en question. Scepticisme ? Nullement. Le libéral cherche, il ne bougera jamais de ses convictions ultimes, à savoir de ses maximes morales autant qu'intellectuelles.133(*)

En somme, la méthode prudente de notre auteur, son apologie réservée du libéralisme lui ont permis de maintenir avec la plus grande rigueur la distinction capitale que nous trouvons entre la tache et l'oeuvre, la communauté politique et le régime politique. Un tel dispositif barre la voie à toute action politique qui ignorerait le nouvel ordre politique mondial sous-tendu par les libertés et les droits de l'homme.

On peut encore admettre jusqu'aujourd'hui que toutes les théories gardent une validité partielle : il y aura toujours assez d'injustice pour légitimer une lecture socialisante ou marxiste du monde ; toujours assez de preuves de l'extraordinaire vitalité du marché ; mais ce n'est pas autant dire qu'aucune ne peut plus prétendre apporter la solution aux problèmes des hommes. Socialisme et capitalisme apparaissent comme deux solutions opposées à des problèmes identiques, mais la solution socialiste s'est avérée calamiteuse, désastreuse et suicidaire. Le libéralisme ne prétend pas, il essaye réellement. Tout ce qui est requis c'est donc un renouveau libéral. Mais le néo-libéralisme ce n'est pas de l'économie mixte c'est-à-dire une combinaison d'initiative privée et d'intervention publique, une réconciliation entre étatistes et abolitionnistes de l'Etat. L'idée sociale n'est pas étrangère au libéralisme au point où le socialisme la lui prêterait. Lorsqu'Hubert Mono Ndjana écrit L'idée sociale chez Paul Biya, il ne pense certainement pas à une importation de cette idée. C'est même plutôt le libéralisme qui a la meilleure conception du social. On peut dès lors comprendre pourquoi Mohammad Yunus, Prix Nobel de la paix 2006, ex-professeur d'économie et actuellement PDG de la banque villageoise Grameen Bank, insiste dans son récent ouvrage Vers un nouveau capitalisme, sur la revalorisation du volet social du capitalisme et non sur la double introduction de ce volet qui y existe déjà. C'est précisément cette revalorisation réelle par des prêts massifs aux pauvres agriculteurs bangladais, qu'il appelle « social business », qui lui valut le Prix Nobel.

Le scénario de Montesquieu selon lequel la religion catholique détruira la religion protestante et ensuite les catholiques deviendront protestants, ne nous semble donc pas caractéristique du système économique actuel où tout manquement du capitalisme est porté à l'actif du socialisme et où toute réforme interne est dite venant du socialisme. D'où cet autre hommage rendu à Aron, pour sa défense raisonnée du capitalisme. Pour Jérôme Maucourant,

Contre les économistes traditionnels, [Aron] tente de montrer que les institutions affectent les préférences individuelles et que « l'histoire enregistre de plus fréquents et de plus spectaculaires exemples du triomphe des institutions imbéciles ». Sa conscience du clivage irrémédiable de la classe dominée et sa démonstration que les hiérarchies modernes n'ont jamais cessé font de lui un penseur à la lucidité étonnante.134(*)

* 125 P. Bruckner, La mélancolie démocratique, pp. 29 - 30

* 126 R. Aron, Les dernières années du siècle, p. 118.

* 127 R. Aron, Plaidoyer pour l'Europe décadente, pp. 300 - 301.

* 128 Ibid., p. 301.

* 129 R. Aron, Les étapes de la pensée sociologique, Gallimard, Paris, p. 21.

* 130 Jean-François Sirinelli, Deux intellectuels dans le siècle, Sartre et Aron, Arthème Fayard, Paris, 1995, Quatrième de couverture.

* 131 Joël Roman, Chronique des idées contemporaines, p. 42.

* 132 Pierre Birnbaum, La fin du politique, Seuil, Paris, 1975, cité par Joël Roman, idem.

* 133 R. Aron, Mémoires, Julliard, Paris, 1983, p. 606.

* 134 Jérôme Maucourant, « Le Capital comme volonté et comme représentation » in « Rue Descartes », n° 49 : « Dernières nouvelles du Capital », PUF, Paris, Juin 2005, p. 25.

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