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Mise en Ĺ“uvre des systèmes de vulgarisation:formation,visite et conseil à  l'exploitation agricole familiale au bénin : analyse comparée et perspectives d'intégration.

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par Youssef Yannick SARE
Université de Parakou ( Bénin ) - Ingénieur agroéconomiste 2008
  

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1. CADRE CONTEXTUEL

1.1. Problématique et justification

Le Bénin, comme les autres pays de l'Afrique a connu plusieurs formes d'appui aux producteurs. La principale forme d'appui aux producteurs avant les indépendances a été assurée par les Sociétés Indigènes de Prévoyances (SIP). Il faut comprendre que la SIP et les autres coopératives comme la Société de Production agricole d'Abomey, l'Union des Mutuelles Agricoles de Savè, l'Union des Mutuelles Agricoles de Dassa, rendaient leurs adhésions obligatoires auprès des paysans. Ceux-ci devaient travailler bénévolement dès 1946, sur des champs collectifs de cultures de rentes qui étaient supposées servir à la collectivité, mais qui étaient souvent envoyées vers la métropole1(*).

A partir de l'indépendance (1960), est apparue la vulgarisation par filière agricole2(*). Cette vulgarisation était effectuée par des sociétés dites d'intervention qui prenaient toutes les dispositions pour assurer tous les services en amont et en aval de la production3(*) . Les résultats de cette approche n'ont guère été satisfaisants : désaffection des paysans pour ces spéculations et désintérêt pour l'agent chargé de leur promotion4(*). A partir de 1975 la vulgarisation intégrée a vu le jour avec la création dans tous les départements des CARDER. Jusqu'en 1992 l'absence d'un système national unifié de vulgarisation posait le problème de l'organisation des services de vulgarisation. La solution a été la Restructuration des Services Agricoles financés par la Banque Mondiale et la généralisation de l'approche Formation et Visite.

Les plans d'ajustement structurel ont entraîné la suppression des mécanismes de stabilisation (soutien des prix, subventions...) et le retrait progressif de l'Etat de nombreuses fonctions d'appui aux producteurs. De nouveaux acteurs apparaissent et se renforcent (OP, ONG, firmes privées...) pour fournir des services et développer de nouvelles relations avec le monde rural (Schwartz, 1994). Dans la mise en oeuvre de ces fonctions, l'Etat a été relayé par ces nouveaux acteurs qui emploient de larges gammes d'approches.

Ce nouveau contexte engendre à la fois une croissance des risques économiques, une différenciation plus rapide entre exploitations ou régions et des opportunités nouvelles en fonction des éventuels avantages comparatifs dont peuvent bénéficier certains acteurs.

Aujourd'hui, les exploitations sont de plus en plus connectées au marché désormais ouvert et globalisé avec une part croissante de la production qui est commercialisée (culture d'exportation et, de plus en plus, produits vivriers et produits animaux pour alimenter les villes). Donc, les paysans ont des besoins nouveaux en informations/ formations pour gérer leur exploitation en prenant en compte ses dimensions techniques, économiques et sociales (Faure et al 2004). La diversité des situations et donc des demandes des producteurs, exigent la conception de nouvelles méthodes d'intervention (Faure, op cit). Plusieurs expériences sont en cours. Certaines se veulent une combinaison d'anciennes approches pour plus d'efficacité et de résultats, et d'autres se présentent comme de nouvelles approches avec l'ambition de mettre le producteur au coeur du processus de prise de décisions concernant la conduite de ses activités parmi lesquelles le Conseil à l'Exploitation Familiale. Il est désormais question d'accompagner l'exploitant dans un processus de prise de décisions conséquentes pour une conduite stratégique de ses activités et donc de l'ensemble du système de production ; ce que les « anciennes approches » ne permettaient pas de réaliser du fait de leur caractère trop « technique » (Faure et al 2004).

Selon Roesch (2002), « l'échec des programmes de vulgarisation « training and visit », des méthodes basées sur le transfert de « paquets technologiques » et le désengagement des Etats des activités de vulgarisation ont amené la Recherche, les Organisations Paysannes et un certain nombre de « Projets » à donner un nouveau souffle à l'expérimentation de méthodes d'appui aux agriculteurs, notamment le conseil de gestion ». Il s'agit d'une approche nouvelle qui cherche à renforcer la gouvernance paysanne sur les dispositifs, tant au niveau local que global. Ces nouvelles approches et méthodes obtiennent des résultats prometteurs avec une forte dynamique paysanne et une évolution significative des performances des exploitations. C'est particulièrement le cas avec le CEF qui n'a cumulé que dix années d'expérimentation. Il reste que « ces démarches ne peuvent être porteuses d'évolution positive que dans le cadre de politiques agricoles stimulantes pour l'exploitation familiale permettant de traiter des relations du Conseil à l'Exploitation agricole Familiale avec la vulgarisation agricole, l'accès au crédit et abordant le financement du conseil ». (Faure G., Kleene P., 2001)

En effet, si l'on admet qu'une synergie entre les différentes approches est indispensable, il apparaît alors opportun de s'intéresser à la pertinence des appuis dans leur globalité. Si le Conseil de Gestion, devenu Conseil à l'Exploitation agricole Familiale, peut effectivement être le moteur de la réflexion pour une refonte du dispositif d'appui aux producteurs tel qu'inscrit dans le livre blanc (MAEP, 2007), il n'a pas vocation à remplacer des activités qui ont chacune leurs intérêts propres pour les producteurs. Ce sont bien des collaborations, des passerelles, des synergies, des complémentarités, qui doivent être recherchées dans le cadre d'une meilleure définition des finalités et des champs d'intervention des différents secteurs. Pour cela, il est nécessaire au préalable de faire une analyse de la `'situation'' des services d'appui à l'agriculture notamment à travers la mise en oeuvre de l'approche classique de vulgarisation basée sur l'approche Formation et Visite et le Conseil à l'Exploitation agricole Familiale ; s'attachant à mettre en évidence leurs activités (mais aussi, ce qu'elles ne font pas ou ce qu'elles font mal) et la place de l'exploitant dans chaque approche. La question empirique à laquelle notre travail se propose d'apporter des éléments de réponse s'intitule comme suit 

Quelles sont les ressemblances, et les dissemblances dans la mise en oeuvre des deux approches par les vulgarisateurs et les conseillers dans la commune de Kandi et les collaborations qui doivent être recherchées dans le cadre d'une meilleure définition des finalités et des champs d'intervention des différents acteurs ?  

A travers cette question, il s'agira d'apprécier la pertinence de l'appui des vulgarisateurs et des conseillers externes aux défis majeurs des exploitations agricoles familiales  défis organisationnels, technico-économiques, et financiers. La pertinence sera analysée par rapport à ce que les exploitants savent faire et ce qu'ils désirent (souhaitent) faire ainsi que, la place et le rôle que leur accordent les dispositifs d'appui des producteurs agricoles. La pertinence des appuis est également de voir si les appuis répondent aux besoins des exploitants. C'est pourquoi une analyse comparée de l'approche « Formation et Visite » et le « Conseil à l'Exploitation agricole Familiale » dans la commune de Kandi sera réalisée.

1.2. Objectifs de la recherche

L'objectif global de cette étude est de faire une analyse comparée de l'approche "Formation et Visite " et du "Conseil a l'Exploitation agricole Familiale" dans les départements du Borgou et de l'Alibori, en prenant l'exemple de la Commune de Kandi. De façon spécifique il s'agira de 

- identifier le rôle et la place des producteurs dans chaque approche ;

- analyser les interactions entre les producteurs et les conseillers/vulgarisateurs ; et,

- présenter les effets des différentes approches sur les producteurs et leurs ménages.

* 1 LAVIGNE S. ; La difficile percée d'un modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud : Le cas de Songha « LE BÉNIN DANS LES RAPPORTS NORD-SUD », mémoire de maîtrise Université du Québec à Montréal ; www.mémoireonline.com  

* 2 Les filières en question étaient : le palmier à huile, le coton, l'arachide, le riz, le tabac assuré par des sociétés dites d'intervention ; la SONADER pour le palmier à huile dans l'Atlantique, l'Ouémé et le mono ; la CFDT pour le coton dans le Borgou ; la SATEC pour le coton et l'arachide dans le Zou ; le BDPA pour l'arachide dans l'Atacora ; la SADEVO devenue par la suite SONIAH pour le riz dans l'Ouémé et l'Atlantique.

* 3 Fourniture des semences sélectionnées, approvisionnement en intrant de toute nature, commercialisation primaire du produit, la transformation et l'exportation du produit fini.

* 4 Voir Agoua (1978).

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