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Déterminants individuels et familiaux de la non-scolarisation des enfants de 6-11 ans au Bénin

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par Ayéditin Alexandre/ Issakou YESSOUFOU / SALIFOU
Université d'Abomey-Calavi (UAC) - Licence statistique-économétrie 2012
  

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2-2-2. Controverses théoriques relatives à la demande d'éducation

2-2-2-1 Les écrits théoriques

La littérature sur le phénomène de la scolarisation s'est largement développée tant dans les sciences humaines que dans les sciences économiques et la plupart se sont intéressées aux déterminants explicatifs du phénomène. Ces études abordent les facteurs sous plusieurs angles

Les études de Béginet et al (1993) auprès des enfants sur leurs expériences familiales confirment que la baisse de participation des parents à l'éducation scolaire de leur enfant constitue un élément considérable dans la dégradation du rendement académique et il est vain d'espérer améliorer la situation en changeant une fois de plus les programmes et méthode d'enseignement

Il est aussi nécessaire de savoir qu'un être vivant ne peut rien faire sans la santé (physique, mentale...) en particulier l'Homme d'où une corrélation entre la santé et l'éducation en général (Grossman et Kaestner, 1997 ; Hammond, 2002) et plus précisément le rôle de la santé des enfants dans leur maintien à l'école (Dickson et al. 2000 ; Kremer et Miguel, 2004 ; Bobonis et al. 2006 ; Bleakley, 2007a, 2007b). Ces derniers travaux montrent

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en général que le mauvais état de santé des élèves peut constituer un frein à la fréquentation scolaire. Entre temps au Bénin, la maladie de verre de Guinée a empêché bon nombre des parents à ne pas mettre pied à l'école. En Afrique subsaharienne par exemple, la bilharziose représente un problème de santé publique énorme ayant eu des conséquences non moins importantes sur la scolarisation primaire (Duflo, 2010) ; le traitement collectif des élèves contre la bilharziose a contribué à baisser le taux d'absentéisme dans les écoles de 14%, soit l'équivalent de 0,14 années supplémentaires d'instruction par enfant (Kremer et Miguel, 2004 ) ; en Inde, traiter les enfants contre l'anémie réduit l'absentéisme (Bobonis et al., 2006). Ces différents résultats sont de nature à confirmer le rôle important que joue l'état de santé des élèves dans la scolarisation dans le monde.

Duflo (2010) à travers ses études montre qu'au niveau maternel et primaire les enfants n'ont pas de choix entre aller à l'école alors que le taux d'abandon à ce niveau est vraiment significatif. Par contre au niveau secondaire, universitaire les enfants ont leurs mots à dire en matière d'abandon.

Cependant, dans le cas de la scolarisation primaire, la décision de scolarisation est beaucoup plus imputable aux parents d'élèves ; la régularité et la qualité des relations avec les parents d'élèves, constituent un élément déterminant dans l'accomplissement de la mission confiée au service public de l'éducation. L'obligation faite à l'État est de garantir le respect de l'action éducative des familles conduit notamment à une démarche d'éducation partagée et requiert de soutenir et de renforcer le partenariat nécessaire entre l'institution scolaire et les parents d'élèves, légalement responsables de l'éducation de leurs enfants. La synthèse publiée sous le titre « Les Français et leur école - Le miroir du débat2» présente ce qui s'est dit lors du débat national sur l'école qui s'est déroulé entre septembre 2003 et mars 2004. L'évocation du rôle et de la place des parents, des attentes réciproques des familles et de l'école, y est fréquente.

Considérée comme faisant partie des caractéristiques personnelles des apprenants, la motivation figure en bonne place parmi les variables invoquées dans le processus scolarisation (Parker, 1999 ; Abrahamson, 1998).

2 « Les français et leur école - Le miroir du débat », commission du débat national sur l'avenir de l'école », 2004, Dunod.

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Parlant des facteurs influençant la scolarisation des enfants à l'école, le mauvais comportement de certains enseignants vis-à-vis des filles rendent également les parents réticents à maintenir les filles à l'école. Par exemple l'étude sur les déterminants et entraves de l'accès à l'éducation dans la sous-préfecture de Zè Aide et Action Bénin, (2002) montre que le harcèlement sexuel est l'un des facteurs qui déterminent les disparités entre les sexes en matière d'éducation.

« L'éducation est une condition essentielle de la lutte contre la pauvreté, de la responsabilisation des femmes, de la protection des enfants contre le travail dangereux, l'exploitation par le travail et l'exploitation sexuelle ainsi que la promotion des droits humains et de la démocratie, de la protection, de l'environnement et de l'influence sur la croissance démographique » (INS, 2010). En effet, selon Ouedraogo (2003), après le bilan de la décennie de l'éducation en 2000 à Dakar, de nombreux observateurs sont désormais convaincus que les objectifs d'Education Pour Tous (EPT), lancés lors de la conférence de Jomtien (1990) et réaffirmés au Forum de Dakar (2000), ne seront atteints qu'en prenant en compte la problématique de la demande d'éducation. Cependant, en dépit des efforts (nationaux et internationaux) entrepris pour développer l'offre scolaire, la mise à l'école est encore loin de concerner tous les enfants en âge d'être scolarisés, surtout en Afrique et particulièrement au Bénin

Dans une étude réalisée au Congo en 2003, par Mumpasi et Pitshandenge, sur la demande d'éducation, il ressort que la en République Démocratique du Congo qui doit scolariser plus ou moins 9 millions d'enfants de 6-11 ne scolarise que 52% de cette effectif. Cette faiblesse dans la scolarisation s'expliquerait par deux éléments : d'une part, une insuffisance de l'offre de scolarisation et d'autre part, le refus ou l'incapacité de certaines personnes à inscrire leurs enfants. Les facteurs révélés par l'étude comme étant les causes de l'incapacité des ménages à scolariser leurs enfants sont : la pauvreté des parents et leur incapacité à payer les frais d'étude, le rôle social de la femme qui privilégie le mariage de la fille plutôt que son instruction, le retard considérable pris par certaines provinces du pays et le rendement interne du système qui exclut de milliers d'enfants de l'école. D'après ces deux chercheurs, l'augmentation de l'offre scolaire, par la construction et la réhabilitation des bâtiments scolaires ainsi que le paiement de salaires décents aux enseignants, constitue un atout pour répondre à la demande scolaire. Mais, il parait très important de stimuler et de maintenir cette demande en permettant aux parents d'avoir des revenus qui leur permettent de

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payer les frais de scolarité de leurs enfants, et de mettre ces derniers dans de meilleures conditions d'études. Selon le rapport sur l'éducation des filles de l'INS (2010), l'influence de la taille des ménages sur la scolarisation des enfants est mitigée selon les résultats empiriques. Au Tchad (Mbaindoh, 1997), au Cameroun (Odi, 1995), au Kenya (Gomes, 1984), au Mali (Marcoux, 1994) et en Côte d'Ivoire (Ondo, 1999), l'on observe que plus la taille du ménage est élevée, plus les enfants ont des chances d'être scolarisés. En milieu rural Thaïlandais (Knodel et al. 1990) et au Québec (Jean, 1989), les familles nombreuses ont tendance à soustraire les enfants de l'école. Zahonogo fait une étude des déterminants de la demande d'éducation des ménages ruraux du Burkina Faso. Il fait un modèle Probit sur les données de la campagne 1999-2000 faites dans la zone soudanienne (Nord) du pays. Cette étude a permis de montrer que les variables démographiques et la technologie de production expliquent mieux la demande en éducation des ménages ruraux que les variables de capacité telle que le revenu. En effet, le revenu ne représente pas une contrainte pour la demande d'éducation en milieu rural. Les contraintes sont plutôt liées à la main d'oeuvre et au processus de production. L'étude a montré qu'une politique de promotion de l'éducation devra mettre un accent particulier sur le potentiel humain des ménages, car la taille de ceux-ci a été révélée comme un facteur favorable à la demande d'éducation en milieu rural. C'est-à-dire que les ménages de grande taille ont plus de chance de scolariser leurs enfants que ceux des ménages de petites tailles. Il faudra, de ce fait, coupler les politiques d'éducation avec des politiques de santé en vue de rendre favorable l'émergence d'une main d'oeuvre bien portante et donc plus productive. Zonon (2001) a fait une étude ayant pour objectif, de connaitre les déterminants de la scolarisation au Burkina Faso (2001). Cette étude part du modèle des ménages de Becker pour dériver des fonctions de demande en supposant que les parents ont des préférences différentes selon le sexe des enfants. Ce qui conduit à des fonctions de demande séparées selon le sexe. Le nombre d'années d'éducation reçue étant ordonné entre 0 et 6, Zonon a proposé l'utilisation d'un modèle Probit Ordonné. Cette étude a été réalisée à partir des données de l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) sur les conditions de vie des ménages de 1998. L'étude a permis de mettre en évidence les variables principales qui influencent la scolarisation au Burkina Faso. En effet, le niveau d'éducation des parents est significatif dans la scolarisation des enfants au primaire. Il en est de même pour le milieu où vivent les ménages. Les ménages qui habitent les zones urbaines ont une demande en éducation plus grande que ceux vivant en zones rurales. Cela s'explique entre autre par la faiblesse de l'offre éducative dans les campagnes et aux mentalités qui y ont cours. La

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religion, le niveau d'étude de la mère et la distance entre le lieu d'habitation et l'école influencent positivement la demande de scolarisation. Il existe un biais du genre au primaire, qui disparait au secondaire. En effet, pour le primaire, les parents préfèrent scolariser les filles plutôt que les garçons.

2-2-2-2. Travaux empiriques

Généralement, c'est au sein de l'unité familiale que la décision d'investissement éducatif est prise. Becker et les économistes du capital humain adoptent dans ce contexte, une vision d'un ménage sans conflits dans lequel les ressources sont mises en commun, et postulent pour l'existence d'un chef de famille «altruiste», «dictateur» et «bienveillant» qui décide des différents objectifs du ménage, y compris de l'investissement dans le capital des enfants, dans un souci d'efficacité et d'équité. Ces économistes montrent dans la perspective de l'investissement en capital humain, les forces qui s'exercent sur la demande d'éducation et qui assurent à la fois la détermination et la variabilité. Selon eux, on peut assigner à tout individu, i, une fonction de taux de rendement de l'éducation, r, et une fonction de taux de financement, f, dont les arguments sont le niveau d'investissement, S, et un ensemble d'autres facteurs, Z1 et Z2. ri = ri (Si, Z1i) (1) fi = fi (Si, Z2i) (2) La quantité optimale d'éducation sera ? ; l'unité marginale d'éducation aura un taux de rendement, ?, qui sera égal au taux marginal de financement, I. Une telle notation n'exclut pas la possibilité que certaines variables soient présentes à la fois dans Z1 et Z2. Le taux de rendement vient de la comparaison entre les bénéfices, donnés par l'augmentation anticipée du flux de revenus après la période de scolarisation, et les coûts autres que financiers, qui correspondent à la somme du manque à gagner pendant la période de scolarisation et des divers frais directs ou supplémentaires que l'étudiant doit alors encourir. Le taux de rendement est donc déterminé par la capacité d'un individu de transformer des inputs en services éducatifs et, également, par sa capacité de transformer ces services éducatifs en flux de revenus. Deux raisons peuvent être invoquées en faveur de la relation négative entre le taux de rendement et le niveau de l'investissement. D'abord, le temps de l'étudiant est un input important dans la production du service éducatif ; à mesure que le stock de capital humain s'accumule, le manque à gagner s'accroît en proportion alors qu'il n'est pas sûr que l'apprentissage fasse de même puisque les filières d'études s'orientent petit à petit davantage vers le marché du travail plutôt que vers l'amélioration de la capacité d'acquérir subséquemment d'autres connaissances scolaires. Ensuite, l'espérance de vie est limitée, il existe une préférence pour le temps et l'on ne peut pas remettre indéfiniment

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la période pendant laquelle on recevra les bénéfices de l'éducation. Pour établir la relation positive entre le taux de financement et le niveau de l'investissement, on fait appel habituellement à certaines caractéristiques du marché financier. Ce marché est notoirement imparfait quand il s'agit de financer le coût des investissements en capital humain. Les fonds y sont rationnés : l'étudiant doit se rabattre progressivement sur des sources de financement de plus en plus coûteuses : aide de l'État, aide de la famille, prêts personnels, sacrifice de loisir, réduction de la consommation, etc. Croire que l'appareil décrit dans les paragraphes précédents contient un mécanisme de convergence vers l'optimum, S, apparaît donc raisonnable. Dans l'article relatif au rapport de la demande d'éducation des jeunes québécois (L'Actualité économique, 1987), il ressort que les chercheurs Baril, Robidoux Et Lemelin se sont appuyés sur la modèle de Becker pour mettre en évidence les facteurs ayant un impact sur la demande d'éducation au Québec. En effet, la décision de fréquentation scolaire au Québec est soumise à l'influence des facteurs : sexe, langue, résultats scolaires, milieu familial, expérience antérieure sur le marché du travail, conditions du marché du travail, etc. L'une des particularités de cette étude, est la prise en compte de l'impact du milieu familial et de celui du marché du travail sur la scolarisation. En effet, le milieu familial qui a été très longtemps négligé dans les travaux inspirés par la théorie de l'investissement en capital humain s'avère être un facteur très déterminant dans la demande d'éducation des jeunes québécois. En ce qui concerne le marché du travail, une insertion plus hâtive sur ce marché ou un marché du travail plus favorable exerce une influence néfaste sur la fréquentation scolaire. Les chercheurs ont interprété cette relation par l'intermédiaire d'un manque à gagner plus considérable dont les effets font plus que contrebalancer ceux d'un meilleur accès au marché financier. Ils soutiennent également que l'accès précoce au marché du travail et l'amélioration du marché du travail des jeunes peuvent avoir une influence défavorable sur l'investissement en capital humain et ainsi, par ricochet, sur le succès professionnel subséquent.

Les travaux de Bougroum et Ibourk sur Les déterminants de la demande d'éducation chez les enfants travaillant dans le secteur de l'artisanat à Marrakech révèlent deux caractéristiques générales et essentielles. La première concerne l'importance de la pauvreté comme déterminant du travail des enfants (pour 64 % des ménages, le revenu mensuel déclaré ne dépasse pas 250 dirhams par personne). Les enfants travailleurs sont issus de ménages de conditions sociales très défavorisées. Deux facteurs cumulatifs précipitent l'entrée sur le marché du travail de ces enfants. D'une part, les fortes contraintes de liquidité, auxquelles leurs familles font face, augmentent considérablement le coût d'opportunité de leur scolarisation.

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Pour cette catégorie de ménages, l'impératif d'allégement à court terme des contraintes de liquidité grâce au travail des enfants prend le pas sur les perspectives d'allégement structurel sur le long terme associées à l'investissement dans la scolarisation des enfants. La deuxième caractéristique générale et essentielle suggérée par cette étude est relative à la perception sociale qu'ont les artisans-employeurs du travail des enfants. Beaucoup d'entre eux affirment qu'en employant des enfants, ils ne font que répondre à une offre de travail existante émanant d'enfants travaillant par nécessité (pauvreté et/ou échec scolaire). Les artisans-employeurs appréhendent le travail des enfants en mettant l'accent sur la dimension d'apprentissage qui lui est associée. L'exercice d'une activité fournit, en effet, à l'enfant en situation de déscolarisation l'opportunité d'apprendre un métier et lui ouvre la voie de l'insertion professionnelle.

Au regard de ces études qui portent sur les déterminants de l'efficacité interne des systèmes éducatifs, on peut affirmer que la scolarisation des enfants est un phénomène dont le processus est réellement complexe. Ses déterminants varient selon non seulement en fonction des caractéristiques des élèves, mais aussi des facteurs liés à l'école fréquentée, au contexte familial, etc. En résumé, des facteurs académiques et extra-académiques peuvent entraîner la non scolarisation des enfants

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille