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Dynamique des réseaux et des systèmes de communication des migrants sénégalais en France

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par Moda GUEYE
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 - Doctorat de géographie 2010
  

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1.2.2 Des liens multiples et forts avec le pays d'origine

1.2.2.1 La ville sainte de Touba, lieu de retour final et de vie rêvé

Les commerçants mourides en France restent très attachés à Touba, la capitale du mouridisme. Officiellement, Touba est une communauté rurale située à 193 km de Dakar, dans le département de Mbacké dans la région de Diourbel. Mais avec sa population, ses équipements et infrastructures urbains, Touba est devenue de fait la deuxième ville du Sénégal, la seule capable de rivaliser plus ou moins avec la capitale Dakar. Chaque année, des milliers de pèlerins convergent de tous les coins du Sénégal et d'un peu partout à travers le monde pour célébrer le Magal, le grand rassemblement de la communauté mouride commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Au Sénégal, les lieux-dits Touba sont légion sur l'ensemble du territoire national. D'ailleurs, le plus grand centre commercial du pays porte le nom de Touba-Sandaga.

64 Serigne Mourtada est le fils cadet de Cheikh Ahmadou Bamba. Désigné comme « l'Ambassadeur du mouridisme dans le monde entier ou encore ministre des affaires étrangères du khalife général des mourides », cet infatigable voyageur, toujours muni de son bâton de pèlerin, est quasiment le principal artisan de l'implantation du mouridisme dans de nombreux pays en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis. Sa réputation au Sénégal s'est faite à travers la construction d'instituts islamiques et la mise en place d'autobus aux tarifs sociaux. Sa disparition, le 8 août 2004, est une grande perte pour toute la communauté mouride en particulier et toute la communauté sénégalaise en général.

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L'idéal pour le migrant commerçant, où qu'il se trouve, reste d'acquérir dans la migration des moyens financiers afin d'investir dans la ville sainte de Touba, lieu de retour final et de vie rêvé. Régulièrement, ils envoient de l'argent au pays afin de pouvoir construire rapidement une maison dans la cité religieuse. Car pour le migrant mouride, la migration ne peut être considérée comme une réussite qu'à partir du moment où il a pu se faire construire sa propre maison à Touba. A travers l'habitat et l'ouverture de négoces, les migrants ont également beaucoup contribué à l'urbanisation de la ville de Touba, au dynamisme urbain de la cité religieuse. Cheikh Guèye souligne d'ailleurs que, du fait de sa croissance démographique (environ 500 000 habitants), Touba est devenue aujourd'hui « la deuxième ville du Sénégal après l'agglomération de Dakar-Pikine »65. La réalisation du projet urbain constitue un enjeu primordial qui mobilise les migrants mourides. Ces derniers restent constamment en contact avec leurs marabouts, leurs guides religieux.

La ville de Touba est le lieu de la décision ; elle a une fonction centrale de commandement qui peut être même parfois beaucoup plus puissante que celle de Dakar, pourtant la capitale administrative, politique et économique du Sénégal. Et cela est symbolique à plus d'un titre quand l'on sait l'hypertrophie de Dakar par rapport aux autres villes sénégalaises. Touba est à la fois un point de convergence et de divergence, et aussi un lieu d'apprentissage et d'acquisition d'expériences. C'est parfois en effet depuis Touba, haut lieu emblématique de la communauté mouride, que les élites maraboutiques et commerçantes mettent en place les stratégies et gèrent les actions qui se déploient sur les différents espaces où s'est répartie la communauté mouride. Les marabouts et certains grands commerçants jouent un rôle fondamental dans la mise en relations de ces différents lieux, dans les échanges notamment entre les lieux de commercialisation et les lieux d'investissement.

En outre, dès que possible, dès que ses moyens le lui permettent, le migrant commerçant mouride commence à organiser peu à peu sa migration, sa mobilité géographique à travers de perpétuels va-et-vient, d'incessants allers-retours entre son lieu de migration et la ville de Touba. Pour les disciples mourides, Touba est à la fois un « refuge spirituel et un espace économique ». Des sommes d'argent colossales transitent

65 GUEYE, Cheikh. Touba : La capitale des Mourides. Paris : Karthala, 2002.

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par des moyens formels et aussi à travers surtout des canaux informels pour l'entretien des familles des migrants, et aussi pour des investissements individuels et collectifs.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard