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Modes d'accès à  l'espace habité et insécurité foncière dans les quartiers Gambara II, Burkina et Jérusalem de la ville de Ngaoundéré ( Cameroun).

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par Simon Pierre PETNGA NYAMEN
Université de Ngaoundéré Cameroun - Master 2 option : géographie et pratique du développement durable  2010
  

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4.2.2.2 Difficultés d'accès à la propriété foncière au Cameroun

Les difficultés d'accès à la propriété foncière au Cameroun en général et dans la ville de Ngaoundéré en particulier, proviennent de l'absence d'une politique volontariste, d'une structuration inappropriée, d'un cadre juridique opaque, inadapté et mal connu et se manifestent par la faible capacité de délivrance du titre foncier, l'insécurité foncière généralisée, la dégradation du climat social et la réticence à l'investissement. On enregistre sur l'ensemble du territoire national en moyenne 10 000 demandes. Et ces chiffres ne représentent même pas 1 % de la demande potentielle basée sur les 4 millions de ménages. Le rythme de délivrance des titres fonciers stagne à 1 000 titres fonciers par an dont un bon pourcentage fait l'objet de litiges. Et ce rythme confirme cette très faible capacité à délivrer des titres fonciers. Depuis plus d'un siècle, seuls 125 000 titres fonciers ont été délivrés sur le triangle national. De 1884 à 2008 : soit en 124 ans, on a délivré en moyenne par an 1 000 titres fonciers. Ramené à l'espace, ces chiffres ne couvrent même pas le nombre de ménage de la ville de Yaoundé avec ses plus de 1 600 000 habitants. Au total, des tentatives d'amélioration de l'accès à la certification de la propriété foncière ont été entreprises notamment par la déconcentration des centres de décisions vers la périphérie (niveau régional et départemental). Cet aménagement organique qui a permis de rapprocher l'administration foncière des administrés l'a été par la création du bulletin provincial d'avis foncier et domanial et par la modification du décret fixant les conditions d'obtention du titre foncier (BAD et FAD, 2009).

Ces différentes observations amènent à s'interroger sur le rôle effectif de l'Etat camerounais en matière de régulation foncière. L'intention initiale, contenue dans le code foncier de 1974, s'avérait ambitieuse. Par la constitution de domaines public, privé et national, l'Etat s'est arrogé depuis 30 ans le monopole de la gestion foncière, dont un bilan succinct invite aujourd'hui à un constat mitigé. L'utilité du titre foncier, pivot de la politique foncière, n'apparaît plus clairement. L'obtention du titre n'est pas recherchée là où l'autorité coutumière assure la gestion du foncier. Avant la crise économique, le titre cautionnait encore l'octroi de crédit bancaire. Aujourd'hui, les banques n'accordent plus de crédit aux producteurs ruraux, même garanti par un titre foncier. Ce dernier apparaît davantage comme une exposition à l'imposition. Dans ce cas, à quoi bon engager cette procédure, longue car nécessairement minutieuse, quand les droits sont consacrés par d'autres moyens ? Le coût de la procédure augmenté annuellement par une charge fiscale modère l'enthousiasme pour l'immatriculation dans les contextes où l'usager ne se sent pas menacé. Le titre est devenu, soit une arme utilisée par les « élites » pour conquérir des terres, soit une défense pour parer à ces tactiques d'accaparement (Teyssier, 2003).

De plus le titre n'a pas pour vocation de régler des litiges. Il stabilise une appropriation déjà clarifiée et sera opposable en cas d'arbitrage judiciaire. D'aucune utilité pour une « première appropriation », il ne peut servir dans les situations - les plus courantes - où l'on cherche à identifier des droits. Les commissions consultatives ne jouent plus le rôle qui leur était initialement attribué. Elles avaient pour fonctions de régler tous litiges fonciers et de constater la mise en valeur des terrains pour la délivrance de titres. Actuellement, rares sont les conflits tranchés par ces instances. Les obstacles au bon fonctionnement des commissions consultatives tiennent essentiellement à leur financement défaillant. Depuis que l'Etat ne subvient plus au fonctionnement des services fonciers, la procédure est financée par le requérant, ce qui transforme les commissions en juteux fonds de commerce. Rendues serviles, ces commissions se transforment en prestations de service réservées aux notables. La complaisance et la disparition de facto de ces commissions attestent d'une impossible régulation de l'accès aux ressources en sol par les seuls pouvoirs publics. Quand les populations considèrent que l'Etat a moins de légitimité que les organisations traditionnelles, la légalité de son dispositif institutionnel devient caduque. Au Cameroun, la reconnaissance de l'usage sur le sol et des transactions se fait désormais sans l'Etat. D'ailleurs, les sous-préfets seraient rapidement débordés s'ils devaient engager des commissions pour répondre aux demandes d'immatriculation, pour constater de nouvelles mises en valeur, pour déterminer des limites et valider leur changement, pour régler des litiges agro-pastoraux (Teyssier, 2003), bref s'ils décidaient de faire le travail qui est le leur comme prévu par la loi.

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