Section 2 :Les  aspects  externes  des  codes  de 
déontologie des  institutions  de  micro finance.
Les aspects externes  sont liés à  la  prise  en
 compte de l'environnement partagé par  les  institutions  de  micro
finance .Cela renvoi à l'encadrement  de  la  concurrence( parag1) et 
appelle  la  nécessité  de la mise en place d'une instance de
régulation  (  parag 2). 
Paragraphe 1 : L'encadrement  de  la  concurrence
Aujourd'hui  nous  constatons  que  les  réseaux  des 
institutions  de  micro finance  doivent  faire  l'objet  d'un  assainissement 
(A) ,ce  qui  passe  nécessairement par  la  mise  en  place  d'une 
centrale  des  risques(B). 
                          A / La 
nécessité d'assainir  les  réseaux
La  diversité  des  institutions  de  micro finance 
qui  participent  à  la  prestation  de  services  et  leur 
régime  réglementaire  sont  des  éléments 
clés pour  le  développement  du  secteur  financier .Dés
lors , le  système  doit  être  surveillé. Cela  va  dans 
le  sens  de  l'instauration d'une  culture  de  bonne  gouvernance(38 ). 
38 cf  Pesqueux ,y,Le  gouvernement de  l'entreprise comme 
idéologie ,ed  élipse Paris  2000. 
39  cf  les  instructions  de  la   Bceao relatives  aux 
institutions  de  microfinance 
En  effet  le  secteur  des  institutions  de  micro finance
doit  intégrer  fortement  les  aspects  déontologiques pour  au 
moins  deux  raisons. 
La première est  d'ordre  macroéconomique :
un effondrement  du  système  financier  décentralisé
causerait  l'arrêt  brutal d'une  partie  importante de 
l'économie. La  pratique  montre  que  les  institutions  de  micro
finance,  lorsqu elles  sont  laissées  à  elles  mêmes ont
 tendance  à  prendre  des  risques  excessifs malgré  le 
cadrage décliné  par  les  ratios  prudentiels(39)  
Elles  peuvent  s'effondrer  les  uns  après  les 
autres au  cours  d'un  ralentissement économique  cyclique provoquant 
une  crise  financière majeure .Dans  ce  type  de  situations certaines
 institutions  de  micro finance font  faillite  en  raison de  leurs propres 
politiques  de  crédit et  d'autres  sont  entraînées  dans
 la  débâcle en  raison  de  leurs interactions avec leurs
pairs. 
La  seconde  raison est  d'ordre sécuritaire :
l'argument décisif et  incontestable en  faveur  de  ce rehaussement
déontologique est  celui  de  la  protection de  l'épargne des 
membres. 
Toutes ces  raisons  militent en  faveur  de  l'institution
d'une  centrale  des  risques. 
                         B  / la 
nécessité  de  la  mise  en  place  d'une  centrale  des 
risques.
L'institution  d'une  Centrale  des  risques  permettra
à  terme  aux  institutions  de  micro finance de  systématiser 
la  base  de  leur  clientèle. 
Cela permettrait d'éviter  les  crédits 
multiples .Aujourd'hui ,la  pratique  du  terrain  révèle que  si
 l'on  fait  le  cumul  des bénéficiaires  de  crédit 
d'une  zone  ,au  Sénégal, on  dépasse largement la 
population  active  de  cette même zone. Cela  laisse  entrevoir qu'une 
seule  personne puisse  bénéficier de  crédits  au  niveau
 de  deux  ou  trois  institutions,sans  pour  autant  que  les  gérants
 puissent  s'en  rendre  compte. 
Cette  centrale  des  risques  pourrait  aussi  gérer 
le  problème  de  l'implantation des  institutions  de  micro finance 
par  rapport  à  l'espace géographique. 
A  ce  niveau l'expérience  marocaine  est  assez 
enrichissante .En  effet  l'article  10  du  code  de  déontologie des 
institutions  de  micro finance  du  Maroc  donne  instruction  aux 
institutions  pour  qu'elles  coordonnent  leurs  actions et  s'informent
mutuellement notamment celles  qui  oeuvrent dans le  même  espace ou la
même localité  afin  d'éviter aux  clients  des 
crédits croisés et  le  surendettement ( 40 ). 
Etant donné que  le  droit  de  la  concurrence  en 
général  prohibe  le  fait  pour  une  entreprise ou  un  groupe 
d'entreprises agissant de  concert  d'adopter  des  comportements restreignant 
la concurrence sur  tout  ou  partie  du  marché sans que  cette 
restriction puisse être  justifiée par  les 
nécessités  économiques ou  le  progrès technique( 
entente  illicite) ; on pourrait  se  demander si le fait  pour  un 
groupe  d'institutions  de  micro finance de  créer  une  centrale  de 
risques  ne  constituerait  pas une  entente  illicite  ou  un  abus  de 
droit ? 
La  réponse  à  cette  question  est  non  car 
le  problème  est  lié  à  la  survie  même  des
institutions de micro finance. 
Deux  arguments  majeurs  pourraient  justifier  cette 
entente : 
40 .  cf  code  de  déontologie  des  institutions  de 
microfinance  du  maroc 
41 . cf  Chabard   A ,  le  droit  de  la  concurrence LGDJ Paris
 2001 
La  notion  de  « concurrence praticable »
(  41) est  invoquée  car  pour  équilibrer  les  comptes  des 
institutions  de  micro finance ,on  peut  estimer  qu'il  ne  peut  exister 
plus  d'une  seule  caisse  dans  un  espace  restreint
déterminé. La  restriction  de  crédit n'a pas  pour 
effet d'affamer  les  bénéficiaires mais  d'éviter leur 
surendettement ou  la  saturation des  activités économiques aux 
débouchés  limitées. 
Ensuite  ,il  n'est  pas  à priori
réalisée  d'entente  sur  le  prix ou  le  taux
d'intérêt  et  chaque  institution de  micro finance  reste  libre
d'accorder  plus  ou  moins  de  crédit 
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