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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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§2 Le rapport population et rebelles dans les zones sous contrôle rebelle.

Le plus gros perdant de la vague des rébellions et des répressions successives qui en ont résulté est la population civile. Elle reste la cible tant des actions des forces gouvernementales que celle des rebelles.

D'ordinaire les rebellions tchadiennes ont comme base arrière la localité dont sont issus leurs chefs. C'est là où le recrutement des combattants se fait et où le quartier général tente de prendre place. Ce processus d'installation de la rébellion ne reçoit pas forcement l'adhésion des chefs traditionnels et religieux locaux.

Ce climat de suspicion fait parfois naître un sentiment d'animosité entre ces derniers et les rebelles. Ce qui conduit souvent les rebelles à installer une « administration bis », visant au besoin, à destituer tous les détenteurs du pouvoir local qui ne veulent pas coopérer.

A ce climat d'animosité s'ajoutent « les impôts parallèles »73(*) que les paysans doivent payer et l'enrôlement forcé de leurs progénitures. Cette situation rend délétère la collaboration rebelles-populations, car faute de travail politique préalable, la population n'arrive toujours pas à comprendre les motifs de l'insurrection et pourquoi elle doit y contribuer.

Outre ce climat de harcèlement de la population par la rébellion, on retrouve aussi la répression des forces légales ou gouvernementales.

En effet, dans le cadre de la répression des rebelles par les forces gouvernementales, on assiste parfois à une répression de la population civile. Cette situation rentre peut être dans la stratégie du gouvernement qui consiste à faire craindre le pire à la population qui souhaiterait s'engager ou soutenir les rebelles.

Et depuis la prise du pouvoir par le MPS, sans dépasser le niveau de violence connu sous Habré où les villages entiers étaient brûlés, les exemples deviennent de plus en plus nombreux et criards. Les forces armées, lors de leurs différentes interventions contre les incursions rebelles, n'épargnent parfois pas les populations civiles. En 1991, lors de « l'affaire Maldoum Bada Abbas », une chasse aux sorcières a été menée contre la communauté Hadjaraï74(*). Pendant la lutte opposant les insurgés du CSNPD et les forces gouvernementales, des exactions ont été commises sur les populations civiles dans les zones où les rebelles ont trouvé refuge75(*). C'est encore le cas des massacres des Ouaddaiens Ninguilim lorsque certains leaders du Ouaddaï ont réagi aux actes d'humiliation et de torture dont ils ont été victimes. Ces derniers temps, cette pratique ne peut plus revêtire le qualificatif « erreur des forces de l'ordre », ou « bavure », expression chère à Ahmed Hassaballah Soubiana, mais correspond plutôt à un système pensé pour humilier et éliminer telle ou telle communauté dont les membres ont choisi la voie armée. Les ratissages réalisés dans le Dar Tama suite aux affaires de FUC76(*) constituent un autre exemple récent assez éloquent de cette pratique.

Devant l'effritement des rapports avec leur fief, en partie dû aux pressions exercées par les forces armées gouvernementales ainsi qu'aux mauvaises relations que les rebelles entretiennent avec leurs bases, les chefs rebelles sont contraints de signer les accords de paix pour sauver leur honneur.

* 73 L'impôt parallèle peut être l'argent prélevé sur les commerces, l'obligation qui est faite aux paysans de verser plutôt aux rebelles les taxes qu'ils doivent payer à l'autorité établie. Il peut aussi prendre la forme de l'engagement au côté de la rébellion

* 74 Fédération Internationale des Droits de L'Homme, Liste de préoccupation sur la situation des droits de l'homme au Tchad, 94eme session du Comité des droits de l'homme,13-31 decembre2008, Genève, Rapport. Consultable sur le site : www.hrw.org

* 75 Lire Robert Buijtenhuijs, la conférence nationale souveraine, op. cit. p133 et suivant.

* 76 International Crisis Group , Tchad : la poudrière de l'Est, Rapport Afrique n°149, avril 2009.

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