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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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· B-L'acte de réconciliation comme un acte producteur de l'impunité.

Dans le processus de signature des accords de paix, deux aspects retiennent particulièrement l'attention des chefs rebelles : la question du partage du pouvoir, nous l'avons analysée ci-dessus, et la question de l'amnistie.

En effet, afin de montrer sa volonté de régler le différend et permettre une nouvelle vie commune dans la société, le gouvernement, dans les accords de paix, accorde une amnistie aux anciens rebelles.

Dans le Vocabulaire Juridique80(*), l'amnistie est « une mesure qui ôte rétroactivement à certains faits commis à une période déterminée leur caractère délictueux ». L'amnistie n'efface pas les faits mais leur fait perdre leur caractère délictueux ; ils ne sont plus punissables, ne constituent plus une première infraction pour les récidives. L'amnistie est, selon Stéphane Gacon, « un processus juridique surprenant par l'effet radical qu'il impose : on oublie tout, rien ne s'est passé »81(*). Et dans cette logique, elle doit être l'émanation du peuple, ce qui justifie son origine législative. C'est la loi d'amnistie qui est votée par le parlement. Elle est un acte du parlement qui a pour but d'exonérer de toutes responsabilités les rebelles pour les actes commis dans la rébellion afin d'éviter d'éventuelles poursuites. Notion de droit public pénal, l'amnistie se distingue de la grâce présidentielle qui permet au président de la République, dans certaines conditions, d'accorder la remise ou la modération des peines définitives.

Selon les termes de Stéphane Gacon82(*), « l'amnistie a une utilité première et immédiate, celle de la pacification définitive, de la volonté affirmée d'un retour à la normale ». Il est admis que les effets de l'amnistie participent à la réconciliation du corps social, et constituent un artifice pour pouvoir vivre ensemble après la lutte ; mais les effets de l'amnistie font apparaître une autre question, celle de l'impunité.

En effet, il faut admettre que de graves soupçons de détournement de deniers publics et de violations massives des droits humains pèsent sur certains chefs rebelles. Et le retour à la vie normale expose beaucoup de leaders politico-militaires aux poursuites si aux termes de leur rébellion ils n'ont pas bénéficié d'une loi d'amnistie. C'est pourquoi dans les accords de paix qu'ils signent, la question de l'amnistie apparaît aussi cruciale que celle du partage des postes.

Par l'effet de l'amnistie, ils ne seront ni jugés, ni condamnés. Et partant des exemples antérieurs de « va et vient » des rebelles, on constate que l'amnistie apparaît pour les rebelles comme un moyen de se mettre à l'abri des poursuites.

Au lieu d'être un acte de pacification, l'amnistie au Tchad bascule plutôt vers l'impunité, car les accords de paix durent seulement le temps que les uns et les autres affinent leurs nouvelles stratégies. Pour les victimes des exactions commises par les rebelles, l'amnistie apparaît comme un déni de justice, car leurs causes ne seront jamais élucidées. L'impunité tend donc à devenir une règle car on peut tuer, voler et se rebeller pour voir ses fautes absoutes.

Dans cette logique, l'acte de réconciliation ne peut pas apporter le sentiment de retour à la normale mais participe à installer la méfiance au sein de la communauté où, parfois, la justice privée est vivante.

* 80 Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, Association Henry Capitant, Paris, PUF, édition de 1992.p.49

* 81 Stéphane Gacon et Suzanne Citrou « Amnistie - Les contraintes de la mémoire officielle », in Oublier nos crimes : amnésie nationale, spécificité française ? p.100

* 82 Stéphane Gacon, ibidem.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld