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Problématique de la satisfaction durable des besoins en eau autour des barrages de Fara et de Guido

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par David Luther SANOU
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise es géographie 2010
  

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SUMMARY

The necessity of water for maintaining life has always been the object of special attention for humankind. The droughts of the 1970s were intensely felt by the rural population of Burkina Faso. At the time, small dams that were made in the villages of Fara and Guido helped to ease the suffering of locals. Four decades later, however, following population growths that lead to increased water consumption and being faced with degraded infrastructure, there are concerns about the sustainability of said dams. In light of this, one asks the question: What steps are being taken to preserve and protect this resource so that it can continue to meet the demands placed upon it?

To address this concern, we analyzed the current method of water management and in view of testing the hypothesis, local populations of the said deductions were unaware of how to care-for and manage the reservoirs. Based on an extensive literature search, we identified indicators and variables to build an appropriate research methodology whose implementation has led to investigations and field observations to collect data for our study.

It appears that reservoirs are largely perceived by beneficiaries as being a part of the modern world, hence the lack of cultural and traditional understanding. Beneficiaries also hold the reservoir as a resource for everyone -- free of discrimination. Dams are therefore the preferred area for water consumption. Irrigation, market gardening, livestock watering, domestic uses, construction, and gold mining are some of the uses for the resource that generates considerable social and economic benefits for the involved communities. This aspect promotes the unfettered exploitation of the manmade dams, which reduces their lifespan and compromises their durability. Therefore, an organization is needed to manage water use by the community using modern standards and practices and with the cooperation of local authorities.

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Keywords: Burkina Faso, Fara, Guido, dam, water.

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INTRODUCTION GENERALE

Depuis le troisième millénaire Av. J.C., les égyptiens considéraient l'eau comme la force primordiale de la vie. «...c'est elle qui, combinée avec le soleil, donne la vie » affirmaient-ils à travers les hiéroglyphes. Cette assertion traduit le caractère indispensable de l'eau à toute vie animale ou végétale. Son importance se révèle davantage de nos jours dans les quatre coins de la planète, ce qui lui vaut le qualificatif d'« or bleu du XXIème siècle» (S. FEUILLETTE, 2001)

Dans le cas du Burkina Faso, il importe d'accorder une attention particulière à la question, vue l'état d'enclavement du pays, sa situation dans la ceinture sahélienne et ses caractéristiques géomorphologiques et géologiques.

En effet, localisé entre le 14e degré de longitude Ouest et le 2e de longitude Est, et entre le 14e et le 10e degré de latitude Nord, le pays n'a aucune frontière maritime et est sous l'influence d'un climat soudano sahélien. Ainsi, les mouvements du FIT lui confèrent deux saisons bien tranchées que sont:

- une saison sèche d'octobre à mai,

- une saison pluvieuse de juin à septembre.

Toute la quantité d'eau tombée se trouve alors concentrée sur cinq mois pendant que les sept mois de saison sèche connaissent une pénurie de pluie. A l'inégale répartition spatio-temporelle des pluies, s'ajoute une diminution progressive des quantités d'eau qui tombent au fil des ans. Constat qu'atteste le balancement de l'isohyète 500 mm du nord vers le sud du pays et la disparition de l'isohyète 1400 mm.

Outre la pluviométrie défavorable, la platitude d'ensemble du relief a comme résultante le manque de grands cours d'eau à même de retenir les quantités d'eau tombées. Une bonne partie des eaux de surface est drainée hors du pays, tandis que le reste est soumis à l'infiltration et à une intense évaporation. La structure géologique du sol, à dominance granitique, constitue par ailleurs un frein à l'infiltration des eaux d'où une faible recharge des nappes aquifères. Le volume d'eau de pluie que reçoit le pays est estimé à 206,9 milliards de mètres cube par an dont 8,79 s'écoulent vers l'extérieur. 32,43 milliards de mètres cube s'infiltrent tandis que 144,83 milliards de mètre cube se perdent par évaporation (GIRE, mai 2001). Dès lors, on se pose la question de savoir à quel niveau se situe le problème d'eau que vit le pays ? Est il d'ordre structurel ou est il lié au mode d'exploitation de la ressource disponible ?

Plus de 80% de la quantité d'eau reçue sont inexploitables parce que drainés vers l'extérieur ou perdus suite à l'évaporation ; exposant ainsi la population aux pénuries d'eau en

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saison sèche. Les principaux facteurs de croissance de l'économie nationale que sont l'agriculture et l'élevage en souffrent énormément. Ceux-ci contribuent pour près de 31% au PIB et 60% aux exportations. Le secteur agricole emploi 92% de la population active qui se trouve alors sans activités pendant les longues saisons sèches.

Dès lors, on perçoit toute l'urgence d'apporter un correctif à ce déficit naturel par la mobilisation de la ressource eau, en créant des retenues artificielles. Le but étant de réduire les pertes, surtout par écoulement, en construisant des barrages pour ainsi palier les longues périodes de sècheresse saisonnières. Dans ce contexte, l'accès à l'eau restera toujours une préoccupation pour tout le monde : gouvernement, ONG et populations.

Depuis les années 1920 (année de réalisation du premier barrage au Burkina Faso) de nombreux barrages ont été réalisés à travers le pays. Dès lors, l'évolution des réalisations donne :

- 27 barrages en 1947,

- 90 barrages en 1956,

- 430 barrages en 1984,

- 2088 barrages en 1995 et

- 2100 barrages en 2001

Plusieurs autres retenues ont été réalisées après cette date. De cet effectif, on dénombre 150 ouvrages réalisés par l'Eglise Famille1 du Burkina Faso dans le but de :

- renforcer la sécurité alimentaire,

- améliorer les revenus et les conditions de vie des populations rurales, - protéger et restaurer l'environnement,

- limiter l'exode rural et les migrations vers les régions côtières etc.

Les objectifs poursuivis par cette action commune de réalisation des barrages sont pertinents et les résultats atteints sont relativement appréciables de nos jours, vu les conséquences des sècheresses qu'ils ont contribué à atténuer. Seulement, les besoins en eau des populations augmentent avec la croissance démographique et le développement des activités économiques, faisant du problème d'eau une question récurrente. D'emblée, la gestion de l'eau ainsi mobilisée se place au centre des préoccupations et requiert une attention particulière. L'on s'interroge donc sur les conditions de mobilisation et d'exploitation des ressources hydrauliques. Réaliser des barrages permet certes de mobiliser et de satisfaire les besoins en eau pendant une période donnée, mais qu'en est-il de la durabilité de ces retenues ?

1 Eglise Famille : appellation donnée à l'ensemble des catholiques pour signifier la cohésion sociale entre les adeptes

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Le mode d'exploitation des ressources en eau s'inscrit-il dans une perspective de durabilité ?

I- LA PROBLEMATIQUE

A travers le monde, l'augmentation de la demande en eau et la difficile maîtrise des eaux de surface accentue le risque de déséquilibre entre les besoins et la disponibilité en eau. La gestion des eaux de surface a fait l'objet de nombreuses études et s'avère encore plus critique de nos jours vu la croissance démographique et le développement des activités socio-économiques entraînant une augmentation exponentielle des demandes pour une ressource en eau dont l'accès devient de plus en plus difficile. Ce problème d'eau que l'on vit est-il lié à des difficultés de mobilisation ou à de mauvaises pratiques dans l'exploitation des ressources hydriques disponibles ?

Dans le cas du Burkina Faso, la ressource en eau disponible donne 820 m3/habitant /an. Ce qui est nettement en deçà du seuil de pénurie d'eau situé à 1000m3/habitant/an. Il convient alors de situer la problématique nationale de l'eau au niveau de celui de la mobilisation et surtout celui de l'exploitation de la ressource mobilisée et de se demander à quel type de gestion et d'exploitation est destinée cette pléthore de barrages ?

Dans quelles conditions sont faits les prélèvements d'eau au niveau des retenues et quel entretien leur est réservé ?

En 2002, l'Observatoire du Sahara et du Sahel (O.S.S)2 montrait qu'au Burkina Faso les prélèvements d'eau sont supérieurs aux besoins, soit 0,11km3 contre 0,35km3 en 1996. Il prévoyait pour 2030, 0,20km3 pour les besoins et 0,63km3 pour les prélèvements. L'exploitation durable des ressources en eau est alors l'équation prioritaire à résoudre.

Ces prélèvements exorbitants sont d'une part imputables aux facteurs physiques tels que l'infiltration et l'évaporation qui prélèvent à elles seules prêt de 70% des eaux de surfaces exploitables. Cependant, des études montrent que ces pertes sont difficiles à contrecarrer et les moyens pour y parvenir trop onéreux.

D'autre part, on sait que réaliser des ouvrages pour que soit disponible l'eau de surface, contribue à la fixation des populations locales et la création de nombreuses activités dont les paysans tirent des revenus non négligeables en saison sèche mais, des mesures d'accompagnement (inexistantes dans la plupart des cas) sont nécessaires pour assurer une durabilité des exploitations.

En effet, la construction des retenues d'eau, même de dimensions modestes est intéressante à bien des égards, de la recharge de la nappe phréatique à la fixation de la

2 O.S.S. Organisation internationale créée en 1992 dont le siège est à Tunis. Elle regroupe 22 pays africains et 5 pays occidentaux ayant pour objectif la lutte contre la sécheresse en Afrique.

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population en passant par le développement d'activités telles que l'agriculture en saison sèche, l'élevage, la pêche, la consommation humaine et toute autre activité dont la réalisation nécessite la présence de la ressource. Le chômage se trouve ainsi réduit, l'alimentation des populations rurales est diversifiée et enrichie par la disponibilité de légumes et de poisson frais et les revenus des exploitants sont accrus. Nonobstant cette pléthore d'intérêts, on est le plus souvent tenté de se demander si des mesures sont prises parallèlement à ces constructions et leurs retombées, pour préserver les acquis et en assurer une exploitation durable. A-t-on pensé à la restauration et à la protection de ces milieux qui déjà dégradés, se trouvent désormais menacés davantage suite à la pression humaine qu'entraînera le point d'eau ?

A-t-on pris des dispositions pour contrôler les multiples prélèvements d'eau et prévoir les éventuels conflits qui peuvent éclater entre usagers, quand on sait que les intérêts des exploitants sont divergents et parfois même contradictoires ? A-t-on pensé aux risques sanitaires que courent la population riveraine et ces animaux qui s'y abreuvent tout le long de la saison sèche ?

Autant de questions auxquelles on pourrait répondre par la négative vu l'état de détérioration de la plupart des ouvrages et l'anarchie qui règne autour. La négligence de ces aspects a des conséquences graves susceptibles à la longue de compromettre toute la rentabilité des investissements consentis. Ainsi, nos inquiétudes sont légitimées par le paradoxe lié aux niveaux d'utilisation de ces petits barrages en rapport avec les prévisions. La préoccupation majeure de la présente étude s'articule autour des conditions d'exploitation de cette ressource aussi rare que chère dans un pays sahélien comme le notre. Elle interpelle alors à la fois les donateurs et les populations bénéficiaires. S'intéressant à la valorisation des petites retenues d'eau, l'intérêt d'une telle étude est évident et multiple dans la mesure où elle s'articule autour de la satisfaction durable des besoins en eau.

Dans le cadre d'un mémoire de maîtrise, il serait utopique de traiter la question au niveau national, ainsi avons-nous choisi de porter nos investigations sur les barrages de Guido et de Fara qui expriment de façon éloquente la problématique ci-dessus posée.

De fait, ces deux ouvrages à l'image de centaines d'autres, ont été réalisés suite à la sècheresse des années 70 et 71. Bien que situés dans deux régions administratives différentes : Guido dans le Sanguié (Centre ouest) et Fara dans les Balé (Boucle du Mouhoun), ces barrages appartiennent au même bassin hydrographique ; celui du fleuve Mouhoun. A l'époque, les problèmes d'eau ont été durement ressentis par les populations de ces deux localités qui l'ont assez évoqué lors de nos entretiens. Ils doivent alors leur salut à la présence de ces plans d'eau réalisés seulement en 1983 à Guido et 1992 à Fara et qui dès lors, sont

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devenus les lieux de satisfaction de toutes les sollicitations d'eau. Mais aujourd'hui, le constat est alarmant car ces ouvrages ont l'amont et la quasi-totalité de leurs berges colonisés par des exploitants maraîchers et rizicoles. D'innombrables troupeaux de bétail viennent s'y désaltérer en même temps que les riverains prélevant l'eau pour les usages domestiques. Cette anarchie atteint son paroxysme pendant les périodes de pointe (janvier-avril). Par ailleurs, ces retenues baignent dans un délaissement total dont les conséquences sont la détérioration des digues, des déversoirs et la perte de leur capacité de rétention d'eau. La pire des menaces est qu'étant autrefois pérennes toute la saison sèche, ces barrages tarissent de plus en plus précocement depuis une décennie suscitant ainsi des inquiétudes quant à la durabilité des activités qui en dépendent. On assiste de ce fait à un retour progressif à la cage départ. C'est dans ce souci que s'inscrit la présente étude qui cherche d'une part, à établir la perception des populations bénéficiaires liée à l'utilisation de cette eau et d'autre part, à discuter l'investissement de donateurs et autres services techniques quant à une appropriation réelle et efficiente des enjeux se rapportant à la gestion durable de ladite ressource par les bénéficiaires.

Ces comportements s'expliquent-ils par l'ignorance des bénéficiaires ou par l'illusion de disposer d'une ressource inépuisable ?

Qu'est ce qui explique le manque d'entretien des ouvrages et l'anarchie autours, compromettant ainsi leur pérennité et leur durabilité?

Quelles stratégies développer pour assurer une exploitation efficiente et durable des retenues d'eau ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo