WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Une zone maraà®chère en crise au nord du Sénégal : le Gandiolais et le Toubé dans la communauté rurale de Gandon.

( Télécharger le fichier original )
par Papa Daouda DIOP
Université Gaston Berger de Saint- Louis Sénégal - Maà¯trise environnement 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2.2. Méthodes d'irrigation

1.2.2.1 L'arrosage

L'arrosage manuel constitue l'unique système d'irrigation dans le Gandiolais. C'est une technique rudimentaire. Le matériel est constitué de deux seaux d'environ 10 litres chacun, d'une corde adaptée à la longueur du puits le plus profond (voir photo 9 planche 2). Les plantes sont repiquées sur de petites cuvettes aménagées par le maraîcher, appelées aussi assiettes. Celles-ci sont agencées en forme de damier et peuvent mesurer 50 cm de long sur 20 à 25 cm de large. Entre chaque deux colonnes, il y a une issue qui permet au maraîcher de circuler librement entre les assiettes. Une parcelle aménagée en petites cuvettes peut parfois mesurer 100 m2 ou plus. Certaines cuvettes peuvent prendre 2 seaux d'eau, ou 3 seaux pour 2 cuvettes. Les plantes doivent être arrosées chaque jour pendant au moins trois mois. Sur une parcelle d'oignons, on peut compter jusqu'à 900 assiettes au minimum. Le maraîcher ou son employé doit faire la distance entre le puits et les cuvettes autant de fois qu'il y en aura dans la parcelle. Certaines assiettes se trouvent juste à côté du puits, d'autres peuvent en être distantes d'une centaine de mètres. C'est ainsi qu'un exploitant utilise trois à quatre puits pour un seul terrain aménagé. Cette technique d'arrosage nécessite beaucoup de force physique à cause de la lourdeur des seaux, d'un puisage difficile et d'un long parcours (va et vient) à faire tout au long de la journée. L'arrosage peut durer 10h à 12h d'horloge par journée (de 4h du matin à 16h le soir). La population a tenté de remplacer cette méthode par les pompes « Djambar » avec l'aide de la CARITAS.

1.2.2.2. Les pompes Djambar

Les pompes Djambar ont été introduites dans le Gandiolais par la CARITAS vers les années 1989. Il s'agissait pour cette technique de pomper l'eau pour remplir un bassin de 2 m de diamètre, construit à côté du puits. A partir de ce bassin, le maraîcher devait puiser l'eau avec deux seaux pour aller arroser les plantations.

Planche 2 : L'arrosage, méthode traditionnelle d'irrigation très utilisée dans le Gandiolais

 
 
 

Une corde de 8 à 10 m de long au minimum

 

Cuvettes d'environ 40 à 50 cm de long sur 20 à 25 cm de large

 

Seaux de 10
litres d'eau

 

57

Photo 9 : Une parcelle de tomate de 300 cuvettes à Mboumbaye Gandiol. Dans cette parcelle de tomate de 17 jours, le sourgha utilise un seau d'eau par petite cuvette.

Photo 10 : Une parcelle d'oignon à Mboumbaye. Photo 11 : Dans cette même parcelle,

Le sourgha fait plus d'une dizaine de mètre (va et le sourgha puise de l'eau d'un puits

vient) pour arroser une parcelle de 1.200 cuvettes. au milieu des plantations.

Clichés photos : P.D. Diop, juillet 2005

58

La CARITAS cherchait à alléger les travaux maraîchers en modifiant le système de puisage. La technique n'a pas connu de grands succès dans cette zone. La population juge que ce système constitue un double travail. Le système de puisage consistait à tirer directement de l'eau à partir du puits et d'aller la verser sur les plantes (cf. photos 10 et 11 planche 2). Le système de pompage consiste d'abord à remplir le bassin en eau de puits à partir de la pompe. Ensuite, il fallait puiser cette eau du bassin pour arroser les plantations (enquêtes personnelles 2004). La population maraîchère du Gandiolais, après avoir testé cette méthode, a préféré le puisage direct du puit. Le pompage nécessite des forces physiques, car pour remplir un bassin, il faut pomper debout avec les deux mains pendant une demi-heure. La machine présentait également un débit faible et elle tombait souvent en panne. Le bassin, une fois rempli, pouvait être vidé en moins d'une demi-heure. Et en plus un bassin ne pouvait pas alimenter plus d'une cinquantaine de cuvettes, si on sait qu'il faut 2 seaux pour une cuvette ou 3 seaux pour deux cuvettes. C'est d'ailleurs pour cette raison que les maraîchers prenaient l'habitude de remplir le bassin le soir pour gagner du temps le lendemain. Aujourd'hui, la population souhaite une nouvelle technique de puisage, qui sollicite moins de force physique et de temps. C'est ainsi qu'en 2004, le système de goutte à goutte a été expérimenté dans la zone.

1.2.2.3. L'irrigation moderne

Cette technique était totalement méconnue dans le Gandiolais. Ce n'est qu'en mai 2004 que le système de goutte à goutte a été testé pour la première fois à Gandiol dans le village de Dégou Niayes pour la production d'oignon. C'est un système de pompage plus moderne que les pompes Djambar. L'eau tirée du puits passe par des tuyaux percés de petits trous. Ces tuyaux percés, allongés le long des plantations, servent à arroser ces dernières par petites gouttes d'où le nom « goutte à goutte ». Contrairement aux pompes Djambar qui fonctionnent manuellement, le système de goutte à goutte (ou motopompe) fonctionne avec du carburant.

Le propriétaire de la parcelle sur laquelle s'est faite cette installation, O.B.26 semble ignorer totalement le mode de gestion de cette technique. La machine est gérée par son fils âgé de 17 ans (en 2004). M. O.B. déclare que dans les premiers jours qui font suite à son installation, la machine fonctionnait bien. Entre 6h et 10h de la matinée, il arrivait à arroser toute sa parcelle. Pour lutter contre les parasites animaux et végétaux nuisibles aux cultures, le maraîcher traitait les cuvettes avec des pesticides à partir de la machine. Il s'agit d'un traitement par ferti-irrigation27 utilisé en association avec l'irrigation au "goutte à goutte". Les

26 Entretien du 20 juillet avec Ousmane Bâ le propriétaire de la parcelle qui abrite le système de goutte à goutte.

27 Il s'agit de faire le traitement des plantations tout en les arrosant en même temps.

59

produits phytosanitaires et les engrais solubles sont directement injectés dans le système d'irrigation. Très satisfait du fonctionnement de la machine, le vieux O.B. avait ensablé tous les quatre puits qui lui servaient auparavant d'arroser les assiettes. Mais au bout de trois semaines, des problèmes surgissent. La machine consomme beaucoup de carburant, 1 litre de super par jour, soit 500 à 630 francs le litre (juillet 2004). Le vieux a décaissé près de 40.000f pour le carburant de la machine en deux mois dix jours. Elle tombe fréquemment en panne et handicape les activités agricoles. Il est obligé à chaque fois d'aller chercher un technicien à Saint Louis pour la réparation de la machine. Il lui arrivait parfois de rester une journée entière sans irriguer une seule cuvette. Comme solution, O.B. était obligé d'aller recreuser ses anciens puits pour arroser ses parcelles maraîchères. Il déclare que le principal problème de ce système était lié à la gestion technique de la machine et à l'achat quotidien du carburant. En plus, le grand puits foré qui alimentait en eau la motopompe était installé sur une dune (photo 12). La quantité d'eau disponible du puits était insuffisante par rapport aux besoins de la machine. O.B. était obligé de prendre une pose de temps en temps, une façon de permettre à la nappe de se recharger. Il déclare que s'il avait subi une formation préalable sur la gestion et l'entretien de la machine, il aurait pu faire une bonne saison maraîchère. Cette année 2004 a été pour lui une grande perte : perte de semences, d'argent et de temps. Un tel changement technique du système d'irrigation dans le Gandiolais devrait être accompagné d'une formation des maraîchers, allant dans le sens d'une maîtrise technique, d'une bonne gestion de l'eau et de l'amélioration de cette technique.

Photo 12 : Le " goutte à goutte ", un système d'irrigation moderne en test dans le Gandiolais

Le système «goutte à goutte » actuellement abandonné pour des raisons techniques.

Le puits foré qui
sert à alimenter
la motopompe.

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005 à Dègou Niayes

Les premiers tests de l'irrigation au "goutte à goutte" n'ont pas réussi dans le Gandiolais. L'absence de maîtrise technique est la raison qui explique cet échec. Une formation préalable aux producteurs est indispensable pour la réussite de cette technique d'irrigation moderne.

60

Sa réussite dans le Gandiolais contribuerait à réduire le gaspillage de l'eau, à faciliter le puisage et à économiser beaucoup plus de temps. Il permettrait également d'éviter les pertes d'eau par évaporation.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote