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L'expression du réel dans l'honneur perdu d'Amadou Ousmane.

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par Abdoulaye DOUMARI DOUBOU
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maà®trise es-lettres 2010
  

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III.1 Le roman sous l'emprise des faits réels

Pour étudier l'emprise du réel dans un roman, il importe de rapporter succinctement les faits. Ainsi on peut faire l'économie du récit de même que le rappel de certains faits marquants. Ils constituent la trame du roman d'Amadou Ousmane. C'est pourquoi il y a lieu de les mettre en rapport avec l'histoire romancée en vue de démontrer leur coexistence.

A travers cet article de Diado Amadou, romancier et journaliste nigérien, on se rend compte que : 

« L'ancien président de la République, le Général de corps d'Armée, Ali Saibou est sans conteste le père de la jeune démocratie nigérienne. Dès son accession à la magistrature suprême le 14 Novembre 1987, il manifesta en effet la prédisposition d'un homme acquis à la démocratie et à l'Etat de droit. Il commença d'abord par vider les prisons de tous les détenus politiques et n'en a pas enfermé d'autres lui-même tout au long de son mandat.

En 1990, lorsque les syndicats, les scolaires et une partie de la société civile insistaient pour l'instauration du multipartisme immédiat et la convocation d'une conférence nationale et que suivirent les événements douloureux du 9 février, le général Ali Saibou estima, en son for intérieur qu'il devait opter pour l'instauration du multipartisme intégral dont est issue la démocratie. »64(*)

S'agissant de l'Honneur perdu, il traduit nettement l'influence des réalités sociopolitiques du Niger, pendant les années 90 auxquels Diado Amadou fait justement allusion.

En effet, Amadou Ousmane y retrace les bouleversements sociaux ayant marqué le Bamoul. On peut citer les revendications de la société civile en faveur de l'instauration d'un régime nouveau, la démocratie. Cette situation est rapportée en disant : 

« Ce processus d'un retour à un Etat de droit a été précipité par la mort du Général Seyni Kountché et l'arrivée au pouvoir du très démocratique président Ali Saibou, avec sa politique de décrispation qui a eu le mérite d'avoir détendu la population et d'avoir suscité en elle l'envie toujours grandissante d'un minimum de liberté et de démocratie. » 65(*)

En effet, la démocratie au Niger a vu le jour dans un contexte particulier. D'abord, on note les quinze années de gouvernance monopartite (de 1960 à 1974), ensuite le régime militaire du Général Seyni Kountché s'en est suivi du 15 avril 1974 à l'année 1987. Puis celui d'Ali Saibou et enfin l'avènement du multipartisme.

L'auteur s'est inspiré de ces métamorphoses sociales pour écrire son roman, c'est pourquoi on y retrouve des faits réels, relatifs à la crise sociopolitique. On remarque un travestissement car ils reflètent le processus de démocratisation au Bamoul. Ainsi le recours à un pays imaginaire tout en adaptant le récit à l'histoire politique du Niger montre le réalisme du romancier, de même que l'emprise des faits réels dans l'Honneur perdu.

Par ailleurs, la caractérisation des personnages dans l'Honneur perdu semble calquée sur la personne réelle. Le but n'est pas de dissimuler l'influence de certaines personnalités politiques et historiques, mais de la simuler. Ainsi, il dédie son oeuvre au « Général Ali Saibou, pour le rôle éminemment positif qu'il a joué dans l'avènement de la démocratie au Niger. »66(*)

En effet, Amadou Ousmane s'intéresse aux hommes dans leurs actions, puisqu'il part des faits vrais pour faire oeuvre d'art. Cela montre son attachement à l'esthétique réaliste. Il raconte donc le réel. On peut affirmer que l'auteur de l'Honneur perdu apparaît tel un observateur de la scène politique du Niger, dans la mesure où il en fait un tableau en exposant des faits romanesques presque assimilables aux faits réels. En se référant à Engels, on constate qu' « il avait plus appris sur la société du XIXè siècle dans Balzac que dans tous les livres des historiens, économistes et statisticiens professionnels.»67(*) En effet, l'oeuvre romanesque de Balzac est profondément ancrée dans la société du XIXè en raison de la peinture des us et coutumes qui y est faite.

Les faits dans l'Honneur perdu coïncident avec d'autres beaucoup plus réels. C'est ce qu'on remarque dans l'ouvrage de Soli Abdourahmane, un ancien procureur de la République du Niger lorsqu'il dit : « Soudain, c'est le drame. L'un des manifestants s'écroule, atteint d'une balle à la jambe. Il est aussitôt relevé, soutenu et emporté par des camarades vers l'arrière de ce qu'on peut considérer comme un véritable front de bataille. »68(*) Il rapporte concrètement les évènements du 09 février 1990 vécues par les étudiants pour revendiquer l'avènement du multipartisme. En conséquence, Soli Abdourahmane met l'accent sur ce qu'il appelle le drame, la mort d'un manifestant. Quant à Amadou Ousmane, il s'inspire des mêmes faits mais en les rendant vraisemblables, puisqu'il incrimine la police s'agissant du même meurtre. L'un se base sur les faits tel qu'ils apparaissent, dans leur réalité tandis que l'autre crée la vraisemblance.

Dans une autre perspective, on dira que l'Honneur perdu est fortement influencé par le réel. On y retrouve les faits saillants qui ont marqué l'histoire récente de l'Afrique, notamment celle du Niger. Pour le narrateur, la démocratie apparaît comme un régime politique émanant de la volonté des pays occidentaux. Et pareillement, on constate que cela s'avère évident dans un autre article de Diado Amadou.

« ...le vent de la démocratie s'est emparé aussitôt des pays de l'Est par la Roumanie, et a déferlé aussitôt sur l'Afrique suite au discours de La Baule prononcé par le président français, François Mitterrand, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat de France et d'Afrique de Juin 1990.

Dans ce discours paternaliste, il appelait instamment ses pairs africains à aller vers la démocratisation de leurs régimes, en adoptant, le multipartisme, seul gage de l'Etat de droit et d'élections libres, transparentes et équitables. Et pour les y obliger, il leur signifia sans ambages, que l'aide de la France ne serait octroyée désormais qu'aux seuls pays qui opteront pour ce système politique. »69(*)

Par ailleurs, l'envoi des missionnaires dans des régions, notamment Gariko prouve l'évolution du Bamoul vers le multipartisme. L'auteur de l'Honneur perdu s'est inspiré d'un fait vrai malgré l'aspect imaginatif du récit. En effet, l'emprise du réel se dégage au regard de l'exactitude des preuves fournies par l'auteur de la Conférence Nationale du Niger. Le gouvernement de la IIè République a chargé son premier ministre Aliou Mahamidou pour sensibiliser la population de l'avènement du multipartisme. Sa mission a débuté lé 02 janvier 1991 et visait selon Soli Abdourahmane à informer le peuple sur la nécessité d'assurer une transition pacifique du monopartisme vers le multipartisme.

On constate que l'emprise des faits réels est évidente dans l'Honneur perdu, d'où on y relate l'histoire sociopolitique du Niger mais teintée par l'imagination créatrice de l'auteur.

* 64 DIADO Amadou, « Le général Ali Saibou, un grand démocrate pétri de patriotisme » in la Voix Libérée, Niamey, Imprimerie IMBA, Août 2010, p.24.

* 65 Evolution Politique du Niger de 1987 à nos jours, Niamey, FONDS Niger, 1995, p 10

* 66 L'Honneur perdu, op. Cit. p 7.

* 67 http : //fr.wikipedia.org

* 68 SOLI Abdourahmane, Conférence Nationale du Niger, Niamey, Presses de l'imprimerie des Arts graphiques du Niger, p. 26.

* 69 DIADO Amadou, « La Baule, François Mitterrand et l'Afrique » in la Voix libérée, op. Cit, p.26.

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