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L'essor de la micro-assurance en Afrique : enjeux et perspectives.

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par Hubert DADEM GNIAMBE
Institut international des assurances (IIA) de Yaoundé ( Cameroun) - Cycle III  2010
  

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INTRODUCTION

« L'Afrique ne demande pas l'aumône...l'Afrique veut pouvoir, comme cela se fait ailleurs, capitaliser les fruits de ses propres efforts. Elle n'en a pas la capacité parce que ses habitants sont totalement exposés à des risques divers qu'ils ne peuvent ni prévenir, ni transférer, ni réparer. L'Afrique a besoin d'assurance »1(*). Ces quelques mots de Michel Vaté illustrent à suffisance le rôle déterminant que l'essor de la micro-assurance peut avoir sur le développement du continent africain.

Les personnes à faible revenu vivent généralement dans un environnement plus risqué que celui des autres couches de la population. En conséquence, elles sont plus exposées à divers dangers tels la maladie, le décès, l'invalidité accidentelle, le vol, l'incendie ou toute autre forme de perte de biens.

Bien que les ménages pauvres disposent souvent de moyens informels pour faire face à ces risques, il demeure que ces moyens ne les protègent pas suffisamment. En effet les stratégies de gestion informelles parmi lesquelles la répartition des ressources (financières et humaines) sur plusieurs activités génératrices de revenus, l'auto assurance, les dons, les tontines et autres associations, ne peuvent apporter aux personnes à faible revenu qu'une protection partielle. Ainsi les moyens de gestion informels des risques ne résistent pas aux dangers survenant en série. Non seulement la survenance d'un sinistre fragilise énormément les personnes à faible revenu, mais lorsqu'elles n'ont pas eu le temps de s'en remettre qu'un autre les frappe encore, il y a de fortes chances qu'elles ne s'en remettent jamais ou qu'elles se trouvent ainsi prises dans une spirale sans fin, un éternel recommencement dans lequel leurs efforts pour en sortir sont chaque fois annulés au premier choc.

A l'instar de la microfinance qui a révolutionné le secteur bancaire, il est de plus en plus admis aujourd'hui que la micro-assurance peut contribuer largement à améliorer le niveau de vie des populations à faible revenu notamment en Afrique où la grande majorité des populations est exclue des systèmes de protection sociale existants. A l'issue de la 5ème Conférence internationale sur la micro-assurance qui s'est tenue à Dakar (Sénégal) du 3 au 5 Novembre 2009 et qui a réuni près de 400 experts et praticiens issus de 64 pays, il ressort que « la micro-assurance constitue la première solution pour permettre aux pauvres de gérer les risques auxquels ils sont exposés... En Afrique tout particulièrement, la micro-assurance dispose encore, en dépit de sa croissance rapide, d'un énorme potentiel pour atteindre les pauvres. Des études économiques montrent que les pauvres sont prêts à payer pour un produit proposé à un prix raisonnable qui répond à leurs besoins et qui fait appel à des systèmes flexibles pour le payement des primes »2(*)

Depuis son avènement au début des années 80 avec les travaux de Yunus, le concept de micro-assurance a progressivement pris de l'ampleur pour occuper aujourd'hui le devant de la scène dans les stratégies de développement socio-économique du continent africain. Les groupes Allianz Africa et AIG3(*) qui sont de grandes compagnies multinationales d'assurances s'intéressent de près à la micro-assurance ainsi qu'aux possibilités de son essor en Afrique. Ainsi la micro-assurance n'est plus un sujet tabou ou une préoccupation mineure laissée aux seules IMF4(*) et autres mutuelles de santé ; les assureurs professionnels qui sont des spécialistes de la gestion des risques sont donc capables de relever le défi d'assurer l'autre partie du continent, celle qui est exclue de l'assurance classique aux prix « inabordables », celle pour qui les couvertures assurantielles actuellement proposées sont « inadaptées ».

Mais la micro-assurance n'est pas tout simplement de l'assurance classique avec des primes plus faibles ; l'exigence de l'adaptation des garanties aux besoins réels des populations à faible revenu en fait toute la différence et l'assureur n'a pas toujours l'expérience des risques liés à ces populations à faible revenu d'où le manque de données fiables lui permettant de faire la tarification. Dans ces conditions, comment intervenir de manière efficiente ?

L'assureur commercial est d'abord préoccupé par des objectifs de rentabilité lorsqu'il envisage de se lancer à la quête de nouveaux marchés. Est-il paradoxal de parler de profitabilité dans l'octroi d'une couverture sociale aux plus démunis ?

Les produits de micro-assurance doivent être adaptés aux besoins spécifiques des populations à faible revenu. Comment identifier et comprendre ces besoins ?

L'inversion du cycle de production en assurance oblige les assureurs à se préoccuper davantage de la faisabilité technique d'un produit que des particularités de la demande des potentiels assurés. Dans ces conditions comment concevoir des produits adaptés aux besoins spécifiques des populations africaines à faible revenu tout en répondant aux exigences des calculs actuariels liés à toute opération d'assurance ?

Faut-il favoriser la création de nouvelles sociétés d'assurances spécialisées dans la commercialisation des produits de micro-assurance ?

Faut-il une réglementation spécifique aux activités de micro-assurance ?

Enfin l'assurance agricole et la micro-assurance peuvent-elles connaître un développement séparé en Afrique où plus de 60% de la population vit de l'agriculture ?

Ce mémoire s'intéresse à la micro-assurance en tant que mécanisme de couverture des populations africaines à faible revenu contre les risques assurables auxquels elles peuvent être confrontées, la couverture assurantielle étant apportée par les assureurs professionnels. La question de savoir quel peut être le degré de contribution réel de la micro-assurance dans l'amélioration du niveau de vie des populations africaines ne sera pas abordée ici. Nous tiendrons pour acquis que l'expansion de la micro-assurance peut être un début de solution aux problèmes de santé publique et de sécurité des biens qui inhibent l'enclenchement d'un développement durable en Afrique. L'objectif in fine est donc de démontrer la faisabilité de la micro-assurance en Afrique et surtout qu'elle peut être un business rentable pour les compagnies commerciales.

Nous présenterons, dans un premier temps la micro-assurance et ses spécificités par rapport à l'assurance traditionnelle. Nous verrons qu'au delà de la modicité des primes, les principes de l'assurance ne s'appliquent pas moins aux risques encourus par les populations africaines à faible revenu.

Ensuite nous mettrons en exergue les fondements de la micro-assurance. Les difficultés à atteindre les objectifs du millénaire, la croissance rapide de la population africaine ainsi que la quasi unanimité sur la nécessité d'étendre la protection sociale amènent à reconsidérer la place que pourrait occuper la micro-assurance si elle se déployait tout azimut au travers du continent africain.

En outre pour nous convaincre de la possibilité d'étendre la couverture assurantielle aux populations africaines à faible revenu, nous allons mettre en relief quelques expériences abouties ou en cours de réalisation au travers du continent.

Enfin nous proposerons un schéma de mise en place d'un programme de micro-assurance réussi en Afrique. Du fait que le débat reste ouvert sur l'existence ou non d'une culture de l'assurance en Afrique, de par la contrainte de réduction des frais de promotion et de distribution inhérente à toute pratique de micro-assurance, les étapes de mise en oeuvre d'un programme de micro-assurance présentent plusieurs particularités ; surtout en Afrique où l'Assurance traditionnelle ne jouit déjà pas d'une très belle image.

* 1 « Contre la pauvreté, l'Afrique a besoin d'assurance » ; Michel Vaté 2005.Disponible sur www.institut-thomas-more.org . Michel Vaté est professeur émérite à l'Université de Lyon et Chercheur associé à l'Institut Thomas More.

* 2 compte rendu de la 5ème conférence sur la micro-assurance, disponible sur www.munichre.org

* 3 American International Group, la plus grande compagnie d'assurance au monde

* 4 Institutions de Microfinance

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci