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Mémoire, identité et dynamique des générations au sein et autour de la communauté harkie. Une analyse des logiques sociales et politiques de la stigmatisation.

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par Emmanuel BRILLET
Université Paris IX Dauphine - Doctorat de sciences politiques 2007
  

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Les options à effet immédiat :

- L'engagement dans les armées ;

- Le licenciement avec prime de démobilisation ;

- Un contrat de réflexion de six mois non renouvelable comme personnel civil des armées.

L'option à effet différé :

- Une demande de transfert en France dont l'examen est subordonné à la constitution d'un dossier.

Cet éventail de solutions est censé garantir le libre choix des anciens supplétifs : démobilisation définitive ou souscription d'un contrat d'active, et leur libre destination : l'Algérie ou la France. Mais, dans les faits, tant leurs modalités d'application pratique que l'esprit de leur mise en oeuvre (préfixé par des instructions ministérielles adressées aux cadres responsables) tendent à restreindre le champ des possibles : tout est fait pour conformer les choix individuels à l'optique de "délestage" (c'est-à-dire de maintien des ex-supplétifs en Algérie) dépeinte sans fard par le général de Gaulle (voir supra).

b.1 Les procédures et modalités d'application pratique des options précitées

? Première option : l'engagement dans les armées

Si les conditions habituelles d'aptitude physique, d'âge et d'état sanitaire ne sont susceptibles de décourager ou de faire obstacle qu'à une minorité de demandes, il n'en va pas de même des conditions pratiques d'incorporation et de transfert vers les garnisons métropolitaines, qui font fi de la situation des chargés de famille. Rien n'est prévu, en effet, pour l'accompagnement des proches parents : « S'engager dans l'armée, souligne le général François Meyer, c'est suivre son régiment dans ses garnisons, la famille restant au pays »410(*). Pour des raisons évidentes, affectives aussi bien que sécuritaires, cette option - dans les conditions où elle se présente - est donc incompatible avec le statut de chargé de famille et seuls quelques jeunes célibataires vont pouvoir en bénéficier. Du reste, une note de la Direction du Recrutement à Alger en date du 23 mai 1962 viendra préciser ce qui jusque-là était de l'ordre de l'implicite : l'engagement dans les armées devait être réservé aux seuls célibataires411(*). Selon François Meyer, qui se réfère à une fiche du Cabinet du Ministre des Armées en date du 29 juin 1962, ils seront mille pour l'ensemble des supplétifs.

? Deuxième option : un contrat de réflexion de six mois non renouvelable comme personnel civil, sans arme

Cette option, censée ménager un délai de réflexion aux ex-supplétifs qui hésitent entre l'engagement dans les armées et le retour à la vie civile, n'a pour effet, en pratique, que de les désigner davantage encore à leurs anciens adversaires. Ceux-ci réservent d'ailleurs explicitement leur pardon (ou, plutôt, leurs promesses de pardon) à ceux d'entre les supplétifs qui n'attendent pas pour se débarrasser de leur uniforme : « Tous ceux qui après le 1er avril porteront encore l'uniforme des colonialistes ou logeront près des postes militaires signeront d'eux-mêmes leur arrêt de mort »412(*). Dès lors, souligne François Meyer, « c'est en fait, pour ceux qui choisiraient cette mesure, repousser de six mois la plongée dans l'Algérie du FLN, tout en allant vivre désarmé au milieu d'une population maintenant fortement structurée par le parti, unique et victorieux »413(*).

Ils seront tout de même près de deux mille à faire ce choix au moment du cessez-le-feu. Principalement des célibataires là encore, puisque l'une des options proposées au terme du délai de réflexion - à savoir l'engagement dans les armées - leur était réservée (voir ci-dessus). Après l'indépendance, cependant, ce premier chiffre sera encore grossi par l'obligation dans laquelle seront placées les autorités militaires de régulariser la situation de ceux qui, ayant initialement opté pour la prime de recasement au moment du cessez-le-feu (voir ci-dessous), n'auront par suite d'autre choix que de refluer vers les camps de regroupement pour échapper aux représailles massives dont ils seront l'objet de la part du FLN. Les autorités feront alors signer aux réfugiés (des chargés de famille aussi bien que des célibataires) ces fameux contrats transitoires de six mois - originellement dits de « réflexion » - pour que soit régularisée leur situation administrative dans les camps. Dans ce dernier cas de figure, l'alternative originelle - engagement dans les armées ou retour à la vie civile - ne sera bien sûr plus de mise, pas plus que le délai de six mois auquel se substituera simplement l'attente de la mise à disposition de moyens de transfèrement vers la France.

? Troisième option : une demande de transfert en France dont l'examen est subordonné à la constitution d'un dossier

Ainsi que le précise François Meyer, la demande de transfert en France (pour ceux qui ne souhaitaient ou ne pouvaient s'engager dans l'armée) était subordonnée à la constitution d'un dossier, autrement dit à l'inscription sur une liste et à la production de pièces, documents et témoignages censés témoigner de ce que cette demande était « manifestement justifiée par des menaces »414(*). Dans un message du 13 avril adressé à tous les préfets d'Algérie par Christian Fouchet, haut-commissaire de la République française en Algérie entre le 19 mars et le 3 juillet 1962, l'attention de ceux-ci est appelée sur « nécessité faire preuve menace et volonté réelle intéressés grand discernement dans évaluation s'établir métropole »415(*). De fait, de l'aveu même du général Buis, alors colonel et directeur du cabinet militaire de Christian Fouchet, les camps de regroupement n'étaient ouverts qu'à « ceux que nous estimions réellement en danger »416(*).

Autrement dit, aux yeux des autorités françaises, le contexte en Algérie au sortir des accords d'Évian n'était pas tel que tous les musulmans précédemment engagés à un titre ou à un autre aux côtés de la France pussent être - ou se sentir être - en danger. À l'encontre d'une politique proactive de sécurisation, cette mise en doute a priori de la pertinence mais aussi de la sincérité de la démarche des demandeurs d'asile faisait reposer la charge de la preuve sur le demandeur lui-même. Cette manière de procéder était symptomatique de la volonté des autorités françaises de faire comme si les accords d'Évian allaient être respectés par la partie adverse, tout en sachant pertinemment qu'ils ne le seraient pas, comme en témoigne cette déclaration - déjà citée - du général de Gaulle : « Que les accords soient aléatoires dans leur application, c'est certain. Mais il était indispensable de dégager la France d'une situation qui ne lui procurait que des malheurs »417(*).

Au caractère tatillon et suspicieux de l'instruction des dossiers s'ajoute l'impréparation logistique. François Meyer de souligner qu'aucune mesure pratique - regroupement, transport, prise en charge - ne sera édictée avant le 11 avril pour organiser la protection des anciens supplétifs concernés et de leurs familles. Or, ajoute-t-il, « les supplétifs ont dû se décider rapidement, pratiquement dans les dix jours, souvent avant le premier avril »418(*). Résultat : « Au moment de sa démobilisation, aucun supplétif ne pourra faire ce choix autrement qu'en se faisant inscrire sur une liste, si l'on veut bien, puis en retournant attendre, sans arme, dans un village maintenant sous le contrôle du FLN »419(*). Ainsi, ceux parmi les supplétifs qui sont censés être « les plus menacés » n'ont d'autre choix, en pratique, que d'attendre désarmés dans leurs villages la conclusion de l'instruction de leurs dossiers. Telle est du moins la situation jusqu'au 11 avril. Cette impéritie initiale des autorités ne sera pas sans conséquences pour certains des demandeurs. François Meyer, ancien chef de harka : « Avant le premier avril, de nombreux moghaznis de la tribu des Rézeigats ont demandé en ma présence de partir pour la France. Le Commandement local leur a signifié d'attendre dans leurs douars. Plusieurs ont été enlevés et assassinés, le 17 avril, en compagnie du maire de Bou Alam »420(*).

Ce n'est donc que le 11 avril que deux directives vont venir organiser la protection des anciens supplétifs et membres de leurs familles ayant sollicité un transfert pour la France :

- une lettre de Louis Joxe (n°443/API/POL), qui prescrit « le recensement des personnes à rapatrier, et leur regroupement en Algérie, dans des lieux où leur protection puisse être efficacement assurée »421(*). Louis Joxe prescrit cependant à nouveau de « ne rapatrier que les personnes particulièrement menacées » et, ce, « en nombre très limité », insistant pour que soient vérifiées « leurs aptitudes physiques et morales ainsi que leur volonté de s'établir en métropole »422(*) ;

- et une Note du Commandement Supérieur en Algérie à tous les Corps d'Armée (n°1013/CSFA/EMI/MOR), qui enjoint les récipiendaires à « regrouper les personnes considérées dans un camp par Secteur, qui sera gardé, et à assurer leur subsistance »423(*). Répercutant avec zèle les instructions du ministre d'Etat en charge des Affaires algériennes, cette note ne se contente pourtant pas de prescrire les modalités d'accueil des supplétifs et membres de leurs familles en instance (conditionnelle) de rapatriement, puisqu'elle entend aussi ajouter aux critères d'instruction des demandes. La mise en doute du danger encouru par les demandeurs était-elle jugée insuffisamment sélective ? Toujours est-il que le commandement entend désormais « vérifier que les personnes recensées sont bien aptes physiquement et moralement à s'installer en Métropole »424(*). C'est ainsi que, selon Jean Monneret, « certains responsables du camp de Tefeschoun souhaitaient faire passer des épreuves d'orthographe aux supplétifs pour les sélectionner avant embarquement »425(*). Ainsi les autorités ont-elles effectivement envisagé de subordonner l'instruction des demandes d'asile à l'examen de critères totalement étrangers à la situation sécuritaire des intéressés. Combien de demandes ont-elles été déboutées sur ces bases ? Rien ne permet de répondre précisément à cette question. Une chose est sûre, cependant : plusieurs milliers d'« inadaptés sociaux » (ou du moins considérés comme tels par les autorités, à commencer par les grabataires et les invalides de guerre) seront finalement transférés en France puis regroupés dans le camp de Bias (spécialement dévolu à leur accueil), témoignant de ce que ces instructions ont parfois été appliquées avec souplesse, voire volontairement ignorées426(*).

Encore faut-il que les supplétifs qui ont demandé à être transférés - et qui, dans l'intervalle, ont rejoint douars et bourgades - soient informés des dispositions visant à rendre opérantes leurs demandes de rapatriement, et qu'ils parviennent à gagner les postes militaires avec femmes et enfants. Ce qui implique d'abord d'échapper à la surveillance du FLN, dont la présence s'affirme à raison inverse de celle de l'armée française. Jean Monneret de rappeler, à cet égard, combien « il était difficile, en pratique, de rouler sur des routes tenues par l'ALN »427(*).

? Quatrième option : le licenciement avec prime de démobilisation

Cette option, qui consiste en un retour définitif et immédiat à la vie civile, s'accompagne de l'octroi d'une prime de démobilisation équivalant à un mois de solde par année d'engagement. Compte tenu des barrières ou des insuffisances des trois options précitées (les seules à même, théoriquement, de conserver les supplétifs dans le giron de l'armée française), cette option est apparue comme étant la moins compromettante ou la seule possible (au moins à court terme) à l'immense majorité des supplétifs.

Pour autant, aux yeux de certains spécialistes de cette période, l'explication est ailleurs. Ainsi, dans un article publié en 1995, l'historien Charles-Robert Ageron, considérant que les conditions d'engagement dans l'armée d'active offertes aux harkis au moment de leur démobilisation étaient « exceptionnelles »428(*), s'étonne de ce que « moins de 6% des harkis [aient accepté] de s'engager dans l'armée » et en conclut que, « dans leur grande majorité, [les harkis] ne s'étaient jamais considérés comme des soldats de l'armée française »429(*). Mais la question se posait-elle en ces termes à ce moment-là ? S'agissait-il seulement pour les intéressés - placés dans une situation de fragile équilibre entre la vie et la mort - d'opérer le choix de l'engagement dans les armées comme on opère un choix normatif, voire un choix affectif ? Et c'est précisément parce que les autorités françaises savaient que ce choix risquait de répondre à d'autres impératifs - à commencer par des impératifs de survie - qu'elles ont assorti l'activation de cette option de conditions hautement limitatives (et dissuasives). Du reste, Charles-Robert Ageron omet de mentionner ce facteur décisif qu'est l'interdiction faite aux chargés de famille d'activer cette option (cf. la fiche du Cabinet du Ministre des Armées en date du 29 juin 1962, déjà mentionnée). Dès lors, comment s'étonner que seuls 6% des harkis aient opté pour cette solution quand, pour la plupart, ils avaient la charge de leurs ascendants et/ou étaient mariés et pères de famille ? Les témoignages de Séraphin Berthier et Gilbert Gardien, tous deux chefs de harkas (témoignages recueillis par Patrick Rotman et Bertrand Tavernier), disent d'ailleurs combien - à rebours de ce qu'avance Charles-Robert Ageron - les conditions d'engagement dans l'armée à la suite du cessez-le-feu étaient tout sauf « exceptionnellement » incitatives. Séraphin Berthier :

« C'était pénible. J'avais 80 harkis. Il s'est passé quelque chose qui, pour moi, est impardonnable. On leur a offert le choix entre deux solutions : la première était de venir avec nous en s'engageant dans l'armée française - mais on ne rapatriait pas les familles... la famille, en Kabylie, c'est tout. C'est un pays montagneux, très tribal, la famille compte énormément. Trois ont choisi cette voie. La deuxième possibilité : on leur donnait une prime et on leur racontait qu'ils avaient leur place dans l'Algérie nouvelle. La plupart sont restés sur place. On en a récupéré un quatre ou cinq mois plus tard à Alger. Il était dans un sale état et il nous a dit que les autres avaient été massacrés ».

De même, Gilbert Gardien :

« C'était très difficile à vivre. Avec quelques compagnons, on a chialé [Il essuie une larme]. Tous les chefs de section ont pleuré. Il a fallu faire les adieux... On proposait aux harkis de s'engager dans l'armée française en laissant les familles. Je l'ai vécu... Sentimentalement, c'était épouvantable. On leur a fait rendre les armes. Nous avions un sentiment d'abandon total. Total. Quand on s'est embrassés avec les harkis, il y avait un déchirement absolu [Il se tait, trop ému] »430(*).

Ainsi, au vu des conditions plus que restrictives auxquelles était assujettie l'option d'engagement dans l'armée d'active, et à l'inverse de ce qu'avance Charles-Robert Ageron, il semble bien plutôt que ce soit les autorités françaises qui n'aient pas ou plus considéré les harkis comme des soldats de l'armée française. Il n'est qu'à se reporter, à cet égard, à la déclaration déjà mentionnée du général de Gaulle, exigeant que l'on se débarrasse au plus vite de « ce magma qui n'a servi à rien »431(*).

Quant aux autres options - contrat de « réflexion » de six mois dans les armées ou demande de rapatriement assujettie à la constitution d'un dossier, leurs conditions de mise en oeuvre furent là encore - nous l'avons dit - conçues pour être dissuasives. François Meyer : « Ce n'est qu'un mois après la conclusion du cessez-le-feu que les armées prendront les premières mesures pour protéger les anciens supplétifs dont les demandes de rapatriement sont en cours d'instruction. Et ce n'est que trois mois après les licenciements que les premiers rapatriements du «plan général» seront effectués. Pendant ces temps d'indécision - ou de non-décision - les supplétifs seront soumis à des pressions [fausses assurances du FLN et/ou pression des proches angoissés par la perspective d'un départ pour la métropole et les conséquences du déracinement] qui leur seront finalement fatales »432(*). L'auteur d'ajouter : « Il eût fallu organiser le rapatriement des combattants musulmans dès leur désarmement »433(*). Or, il est un fait, nous l'avons vu, que les autorités ont pensé à limiter l'accueil avant même de le structurer.

Mais, outre le fait qu'elles négligent les obstacles pratiques et procéduraux liés à l'activation des options autres que le retour immédiat à la vie civile, les analyses de Charles-Robert Ageron font également fi de l'esprit qui a présidé à la mise en oeuvre de ces options par les autorités. Soucieuses de maintenir les ex-supplétifs en Algérie, les autorités n'eurent en effet de cesse, pendant la courte période de transition (19 mars-2 juillet 1962), de prodiguer des discours rassurants à leur attention434(*), déniant les dangers auxquels ceux-ci seraient exposés par suite du désengagement brutal de la France.

b.2 L'esprit de la mise en oeuvre des options précitées

En réponse à un questionnaire adressé en octobre et novembre 1961 aux préfets d'Algérie par Louis Joxe, ministre d'État chargé des Affaires algériennes, le préfet d'Alger, conscient des périls auxquels seraient exposés « les musulmans engagés à nos côtés » en cas de perte de la souveraineté française ainsi que de la fragilité des engagements - même formalisés - de l'adversaire, préconisait que les intéressés fussent en toute hypothèse « informés du caractère relatif des garanties »435(*). C'est très exactement l'inverse qui s'est produit.

Au cours d'une première phase, correspondant à la courte période de transition entre la conclusion des accords d'Évian et l'accession à l'indépendance de l'Algérie (19 mars - 2 juillet 1962), les autorités s'attachent non à souligner mais à minorer les périls auxquels sont susceptibles d'être exposés les musulmans pro-français au jour de l'indépendance, et ce afin de les fixer - autant que possible - en Algérie.

Puis, à compter du jour de l'indépendance (le 3 juillet 1962), les autorités françaises feignent publiquement d'ignorer la gravité des supplices effectivement endurés par les anciens serviteurs d'armes de l'État français ; en même temps, dans des notes confidentielles, elles prescrivent aux troupes encore stationnées en Algérie non seulement de rester l'arme au pied en toutes circonstances (y compris lorsqu'elles sont les témoins directs d'exactions perpétrées à l'encontre des ex-supplétifs et autres catégories de musulmans pro-français), mais encore de n'ouvrir qu'au compte-gouttes les portes des camps de regroupement vers lesquels affluent quotidiennement les réfugiés.

b.2.1. La minoration des périls (19 mars - 2 juillet 1962)

Au cours de la brève période transitoire qui courre de la conclusion des accords d'Évian à la proclamation de l'indépendance de l'Algérie, les autorités françaises se sont publiquement et uniment attachées à brosser un tableau, sinon idyllique, du moins étonnamment optimiste des garanties offertes à la sécurité des personnes par lesdits accords. L'objectif en était, en dépit de l'exclusion des tendances autres que pro-FLN du processus de négociation, ainsi que de l'absence de clauses spécifiques visant à sauvegarder les intérêts et l'intégrité physique des musulmans pro-français, de décourager au maximum les demandes de transfert vers la France de leurs anciens serviteurs d'armes musulmans. À cet égard, les considérations cinglantes - mais confidentielles - du président de la République en date du 3 avril 1962 sur le « magma de supplétifs qui n'a jamais servi à rien et dont il faut se débarrasser au plus vite »436(*) commandaient et résumaient à elles seules l'esprit de la mise en oeuvre des solutions offertes aux supplétifs au moment de leur démobilisation ; lesquelles, précisément, visaient moins à garantir l'avenir des intéressés qu'à s'en « débarrasser », en les orientant vers la solution du recasement en Algérie (voir ci-dessus). Déjà, dans un communiqué en date du 8 mars 1962 (déjà cité sur la question de la nationalité ; voir ci-dessus), le ministre des Armées, Pierre Messmer, enjoignait le Commandement supérieur en Algérie d' « inciter [les différentes catégories de personnels musulmans] à rechercher le recasement en Algérie plutôt qu'à demander l'installation en métropole »437(*). A cet effet, des tracts porteurs de considérations lénifiantes sont diffusés au sein des unités supplétives en cours de démobilisation : « Harkis ! (...) Vous n'aborderez pas la vie civile comme l'enfant nouveau-né aborde la vie » ; ou encore, dans le but de les convaincre de se laisser désarmer malgré les lourdes menaces qui pèsent sur eux : « Harkis ! (...) A l'heure de la paix, le blé vaut plus cher que les cartouches »438(*).

Cette politique de minoration des périls n'était pas nouvelle. Déjà, le 28 janvier 1960, au moment de la semaine des barricades, Paul Delouvrier, nommé Délégué général du gouvernement en Algérie de décembre 1958 à novembre 1960 (il sera alors remplacé par Jean Morin), invite les musulmans à se débarrasser du « complexe de l'abandon » en liant leur sort à celui du général de Gaulle : 

« Ne pas être le glaoui ! Voilà votre crainte, voilà votre peur. (...) Criez : «de Gaulle ! Vive de Gaulle !» (...) l'homme qui vous conservera cette conquête par la présence définitive de la France. (...) En [le] plébiscitant (...) vous vous délivrez du complexe de l'abandon »439(*).

Un an plus tard, dans une note du 5 janvier 1961, au moment où - à l'hiver 1960-1961 - la politique algérienne du général de Gaulle s'orientait plus nettement encore vers la solution du « dégagement », le général Crépin (qui avait remplacé le général Challe au poste de Commandant supérieur des forces armées en Algérie) entendait faire conduire à ses subordonnés une action psychologique telle qu'elle apaise les craintes les plus élémentaires des supplétifs, au risque d'endormir leur vigilance. Il invitait ainsi « les cadres à tous les échelons à conduire une action vigoureuse pour faire disparaître de l'esprit [des supplétifs] l'idée que les événements actuels [allaient] aboutir à de sanglantes représailles »440(*). Il leur faisait part de sa « certitude qu'au-delà du référendum d'autodétermination, et quel qu'en soit le résultat, (...) l'Armée [resterait] en mesure d'assurer par sa présence le retour à la vie normale de ceux qui [combattaient] à ses côtés et de leurs familles ». Il précisait qu' « en cas de sécession, le partage [de l'Algérie] assurerait à l'Armée la possibilité de faire face à ses engagements ». Concernant le statut et les options offertes aux supplétifs, le Commandant en Chef se voulait également rassurant : « Ceux-ci auront la possibilité de rester Français441(*), et la France leur fera la place à laquelle leurs activités au service du pays leur donne plein droit ». Et de conclure curieusement : « Sur ce point d'ailleurs, la politique gouvernementale n'a jamais changé ». L'on peut s'étonner, rétrospectivement, de la légèreté de promesses fondées sur des conjectures - l'éventualité du « partage » - et sur une lecture étonnamment captive, quoique peu assurée, de la politique du gouvernement. En témoigne la terrible ambiguïté de la phrase de conclusion du général Crépin : « Sur ce point d'ailleurs, la politique gouvernementale n'a jamais changé ». Des propos qui laissaient entendre que cette politique avait certes été à géométrie variable sur d'autres points, mais qu'il importait, sur ce point précis, de faire comme s'il n'allait rien en être. Un pari audacieux, qui conduisit le général Crépin à s'engager auprès de ses cadres qu'en toutes circonstances l'Armée serait à même de garantir le « retour à la vie normale » des supplétifs placés sous leurs ordres. En toutes circonstances, c'est-à-dire quel que soit le résultat du référendum d'autodétermination, donc l'autorité souveraine442(*).

Au regard de promesses si peu assurées, les tracts du FLN avaient beau jeu de souligner, exemples à l'appui, la fragilité des engagements français en même temps que de faire montre, pour ce qui les concernait, d'une sombre détermination. Un tract du FLN trouvé en septembre 1957, qui se référait au précédent marocain, "informait" ainsi les supplétifs qu'ils seraient inéluctablement abandonnés par la France et qu'ils subiraient alors « le sort des amis du Glaoui »443(*). Un autre tract, attribué à la wilaya 2 et diffusé à Grarem en juillet 1961, prévenait la population que « ceux qui ont travaillé avec la France seront égorgés » et que « les moins mauvais travailleront à votre place »444(*).

Feint ou pas, l'optimisme du général Crépin servait parfaitement les intérêts du gouvernement dont la visée première était, certes, d'éviter que les supplétifs ne désertent avant la conclusion du cessez-le-feu mais aussi, plus secrètement, d'éviter qu'ils ne se réfugient puis se fixent en métropole après. À cet égard, dans une étude préliminaire aux premières négociations d'Évian (mai-juin 1961) - étude contemporaine de la note du général Crépin, les directives données par Louis Joxe et Bernard Tricot aux négociateurs français concernant les « garanties à négocier en faveur des musulmans fidèles à notre cause » apparaissent des plus explicites. Je cite : « L'installation en France n'est pas à prévoir, ni à encourager »445(*). Un an plus tard, à l'issue des secondes négociations d'Évian, Louis Joxe, fidèle à lui-même et aux consignes données par le chef de l'État (sous la responsabilité duquel il est directement placé en sa qualité de ministre d'État chargé des Affaires algériennes), confirmera cette ligne de conduite dans une note du 7 avril 1962. Il informe ainsi ses subordonnés que « de toute manière, on fera effort pour maintenir ces personnes [les supplétifs] en Algérie »446(*). Le 19 avril, Louis Joxe obtient la dissolution d'une commission interministérielle en charge du dossier des supplétifs et présidée par Michel Massenet (commission créée seulement deux mois auparavant par Michel Debré, le 17 février 1962 très exactement), après que celle-ci eut remis le 10 avril un rapport sur le Rapatriement Éventuel des Personnels placés sous le contrôle des Autorités Militaires. Louis Joxe jugea intempestif le zèle mis par le président de cette commission, le Conseiller d'État Michel Massenet, à alerter le gouvernement sur les dangers encourus par les anciens supplétifs et sur le devoir moral qui incombait à la France de les protéger. Selon Michel Massenet, Louis Joxe aurait déclaré à Georges Pompidou, alors Premier ministre : « Ce rapport est inadmissible. Il trouble les esprits ». On ne saurait mieux dire, en effet, que ce rapport contrariait l'esprit minimaliste du plan général de rapatriement. Louis Joxe aurait ajouté qu'il fallait « scier les pieds de la commission Massenet ». Ce qui fut fait promptement. Et Jean Monneret d'écrire que « cela laissait mal augurer de la suite »447(*). Le 19 avril encore, Louis Joxe prescrivait d'ailleurs à nouveau d' « assurer en priorité le reclassement en Algérie du plus grand nombre de harkis, moghaznis et de personnes engagées »448(*).

Face à la représentation nationale et à l'opinion publique, les discours se font plus sinueux. Mais l'on devine, derrière les circonvolutions, la visée décrite sans fard dans les instructions ministérielles. Certes, on assure les musulmans pro-français que la porte de la métropole leur est ouverte. Mais, plus encore, on insiste sur le fait que le gouvernement s'emploiera à garantir leur sécurité en Algérie, où - leur dit-on - « tout les attache ». Je cite Georges Pompidou, s'exprimant devant la représentation nationale le 26 avril 1962 : « Les accords intervenus donnent les garanties nécessaires et la France veillera sur le respect de ces garanties jalousement et fermement (...). Si les musulmans aussi, préfèrent quitter cette terre d'Algérie, où pourtant tout vous attache, la Métropole vous accueillera »449(*). Le lendemain, plus solennel encore : « Aucune représaille ne pourra en Algérie être exercée contre quiconque à l'occasion de son activité politique, l'application rigoureuse de cette disposition est pour le gouvernement un principe fondamental »450(*).

Un principe "fondamental" dont le général de Gaulle s'attachera pourtant, peu après, dans le secret des délibérations du Comité des Affaires algériennes du 16 mai 1962, à circonscrire les limites, elles-mêmes "fondamentales" : « La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l'ordre après l'autodétermination. Elle aura le devoir d'assister les autorités algériennes. Mais ce sera de l'assistance technique. Si les gens s'entre-massacrent, ce sera l'affaire des nouvelles autorités »451(*).

Ainsi, ce qui, en public, est un principe fondamental devient, en privé, une charge indue. Les déclarations pré-citées de Georges Pompidou n'avaient-elles donc d'autre vocation que dilatoire ? Ces questionnements apparaissent d'autant plus légitimes que, à rebours des assurances publiques de son Premier ministre, le président de la République, nous l'avons vu, sait - et se satisfait - de l'extrême précarité des garanties contenues dans les accords d'Évian, accords négociés à sa demande « sans juridisme excessif »452(*) : « Que les accords soient aléatoires dans leur application, c'est certain. Mais il était indispensable de dégager la France d'une situation qui ne lui procurait que des malheurs »453(*).

Ce double discours s'inscrit de toute évidence dans une logique de minoration des périls et a délibérément contribué à orienter les supplétifs vers la solution qui était la moins à même de garantir leur protection, à savoir : le licenciement avec prime de démobilisation.

- La duplicité du FLN

A cet égard, l'ambivalence, sinon le louvoiement des instances gouvernementales n'ont eu d'égale que la duplicité des cadres de l'ALN. Ainsi qu'en témoignent certaines directives confidentielles retrouvées par l'armée française, ceux-ci entendaient clairement soumettre les intéressés à leur vindicte et passer outre la clause de non-représailles contenue dans les accords d'Évian. Pour ce faire, il leur fallut d'abord fixer les supplétifs en Algérie et user, à compter du cessez-le-feu (et à l'instar des autorités françaises, quoique pour d'autres raisons), d'un double discours, faussement rassurant.

Ainsi, au cours du mois d'avril 1962, le Comité de la wilaya 2 prescrit « [de] se montrer conciliant envers les harkis afin de ne pas provoquer leur départ en métropole, ce qui leur permettrait d'échapper à la justice de l'Algérie indépendante »454(*). Au même moment, en Kabylie, la Nahia 324 édicte : « Dans un premier temps, pratiquer la politique du sourire et de la réconciliation jusqu'à la libération des détenus, quand la moitié de l'armée française aura quitté l'Algérie, régler les comptes »455(*). Mais la directive qui, dans ses attendus, illustre le mieux cette politique dilatoire du pardon est celle qui émane le 13 avril du Commandement général de la wilaya 5 (Oranie) :

« République Algérienne

* 410 « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.4.

* 411 Jean Monneret, La phase finale de la guerre d'Algérie, Paris, L'Harmattan, 2001, p.340.

* 412 Tract de la wilaya V (Oranie), cité par le général François Meyer, in « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.4.

* 413 Ibidem.

* 414 Communiqué de Pierre Messmer, ministre des Armées, en date du 8 mars 1962 ; cité par le général François Meyer, in « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.4.

* 415 Message rapporté par Saïd Boualam, L'Algérie sans la France, Paris, France-Empire, 1964, p.69.

* 416 Général Buis, interview donnée à la revue L'Histoire, janvier 1991 ; extrait cité in Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Éditions Autrement, 1999, p.84-85. C'est nous qui soulignons.

* 417 D'après le témoignage de Louis Terrenoire, De Gaulle et l'Algérie, Fayard, cité in Philippe Tripier, Autopsie de la guerre d'Algérie, France-Empire, 1972, p.552, et repris in Bernard Coll et Taouès Titraoui, op.cit., p.180.

* 418 « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.5.

* 419 Ibid, p.4.

* 420 Ibid, p.5.

* 421 Ibid, p.6.

* 422 Mohand Hamoumou, « Le drame des harkis ou la double faute des gouvernants », Guerre d'Algérie magazine, n°4, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur », juillet-août 2002, p.33.

* 423 « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.6.

* 424 Ibidem.

* 425 Jean Monneret, La phase finale de la guerre d'Algérie, Paris, L'Harmattan, 2001, p.377.

* 426 Pour autant, l'existence de telles instructions est on ne peut plus symptomatique de la volonté des autorités de tutelle de maintenir un maximum de supplétifs et membres de leurs familles en Algérie. Il a sans doute fallu la résistance, au moins passive, de certains officiers (y compris supérieurs) chargés de les appliquer pour qu'elles ne soient pas systématiquement suivies d'effets. Ainsi en fut-il, par exemple, du "contournement" par l'état-major de la base de Mers-el-Kébir des procédures présidant à la constitution comme à l'instruction des demandes de rapatriement des supplétifs de la demi-brigade de fusiliers marins de Nemours (DBFM) : des civils sont faits commandos-marines de dernière heure, si bien que ce sont 650 personnes au lieu de 400 prévues initialement que l'on embarque vers la France (cf. Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Paris, Éditions Autrement, 1999, p.46-47).

* 427 Jean Monneret, La phase finale de la guerre d'Algérie, Paris, L'Harmattan, 2001, p.340.

* 428 Pour en convaincre, l'auteur souligne notamment que l'engagement proposé était « résiliable à tout moment » ; cf. Charles-Robert Ageron, « Les supplétifs algériens dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie », Vingtième siècle. Revue d'histoire, Presses de la F.N.S.P., n° 48, octobre-décembre 1995, p. 20.

* 429 Ibidem.

* 430 Patrick Rotman, Bertrand Tavernier, La guerre sans nom. Les appelés d'Algérie 54-62, Paris, Seuil, 1992 p.267-268.

* 431 Charles de Gaulle, Comité des Affaires algériennes du 3 avril 1962, notes prises par le secrétaire général du gouvernement et citées in Maurice Faivre, op.cit., p.98.

* 432 « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.10.

* 433 Ibidem.

* 434 Voir à cet égard le témoignage éclairant de Brahim Sadouni, Destin de harki. Le témoignage d'un jeune Berbère enrôlé dans l'armée française à 17 ans, Paris, Cosmopole, 2001, p.86-87. Brahim Sadouni a écrit une première version de ce récit dans un livre, Français sans patrie, édité à compte d'auteur en 1985.

* 435 Cité in « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.10-11. C'est nous qui soulignons.

* 436 Le 3 avril 1962, au cours d'une séance du Comité des Affaires algériennes ; voir plus haut.

* 437 Cité in Maurice Faivre, op.cit., p.95-96.

* 438 Tract reproduit in Maurice Faivre, op.cit., p.102-103.

* 439 Yves Courrière, La guerre d'Algérie - III : L'Heure des Colonels, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1970, p.622 à 624.

* 440 « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.2.

* 441 En l'état, cette affirmation pouvait laisser penser que cette possibilité leur serait aussi offerte en Algérie. Ce qui ne sera pas le cas, nous l'avons vu.

* 442 Il importe de mettre en perspective les assurances du général Crépin, assurances contemporaines des faits, avec les propos rétrospectifs du général Buis, alors colonel et chef du cabinet militaire du haut-commissaire de la République en Algérie, pendant la période de passation des pouvoirs (19 mars - 2 juillet 1962). Ce dernier explique désormais qu' « il n'était pas question pour l'armée de s'aventurer dans la nature pour récupérer des harkis qui n'avaient pas été rassemblés en même temps que les unités organisées. Dites-vous bien qu'elle n'était plus opérationnelle, sauf pour sa défense, et remplacée par une vague force territoriale. Elle était simplement stationnée sur le territoire algérien, dans des garnisons » (Témoignage du général Buis, L'Histoire, n°140, janvier 1991, p.121. C'est nous qui soulignons).

* 443 Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie. Des soldats sacrifiés, Paris, L'Harmattan, 1995, p.40.

* 444 Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie. Des soldats sacrifiés, Paris, L'Harmattan, 1995.

* 445 Ibid, p.83.

* 446 Cité in « Le drame des harkis en 1962 », texte de l'allocution donnée le 7 mars 1999 au Pavillon Gabriel par le général François Meyer à l'occasion de la rencontre « Histoire et Mémoire : les Harkis, 1954-1962 », organisée par l'association Jeune Pied-Noir, p.11.

* 447 Voir notamment Jean Monneret, La phase finale de la guerre d'Algérie, Paris, L'Harmattan, 2001, p.324 ; Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie. Des soldats sacrifiés, Paris, L'Harmattan, 1995, p.95 ; et Maurice Faivre, « Les harkis contestés », texte inédit, décembre 1995, p.6.

* 448 Directive mentionnée dans une lettre adressée par l'historien Maurice Faivre à Arlette Chabot, présentatrice de l'émission « Mots croisés » sur France 2.

* 449 Cité in Taouès Titraoui et Bernard Coll, Le livre des harkis, Bièvres, Jeune Pied-Noir, 1991, p.175. C'est nous qui soulignons.

* 450 Ibidem.

* 451 Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, tome 1, « La France redevient la France », Paris, Éditions de Fallois/Fayard, 1994, p.136. c'est nous qui soulignons.

* 452 Charles de Gaulle à Louis Joxe, propos cités in Paris-Match, n°672 du 24 février 1962, et repris in Bernard Coll et Taouès Titraoui, Le livre des harkis, Bièvres, Jeune Pied-Noir, 1991, p.180.

* 453 D'après le témoignage de Louis Terrenoire, De Gaulle et l'Algérie, Fayard, cité in Philippe Tripier, Autopsie de la guerre d'Algérie, France-Empire, 1972, p.552, et repris in Bernard Coll et Taouès Titraoui, op.cit., p.180.

* 454 Directive citée in Maurice Faivre, op.cit., p.155.

* 455 Ibidem.

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