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Mémoire, identité et dynamique des générations au sein et autour de la communauté harkie. Une analyse des logiques sociales et politiques de la stigmatisation.

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par Emmanuel BRILLET
Université Paris IX Dauphine - Doctorat de sciences politiques 2007
  

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II. Etat des questionnements et des travaux

II.1 Les figurations politiques : construction, usages et réception

Comment un collectif disparate d'individus, produit catégoriel contingent né de la conjonction et situé à l'articulation des aléas du cours de l'Histoire (cette catégorie naît avec l'événement guerre d'Algérie) et de logiques périssables de classification administratives et militaires (cette même catégorie disparaît, en tant que telle, à la fin de la guerre), en vient-elle à être conçu comme une « essence haïssable »23(*), et à se concevoir comme une « communauté de destin » ? Ces rapports entre le politique et l'imaginaire social renvoient à une perspective constructiviste (dans un sens très générique) où, d'une part, la représentation et les usages du passé participent des stratégies d'instrumentalisation et d'appropriation de l'imaginaire à des fins de légitimation politique24(*) et où, corrélativement, l'identité - à la fois promesse faite à soi-même et assignation statutaire puissante venue de l'extérieur - est le fruit d'une « mise en récit », le produit évolutif et perméable de « mises en intrigue » concurrentes25(*). Cette approche globale du politique est attentive, à travers l'étude des systèmes de représentation26(*) et des « expressions publiques de la mémoire »27(*), à la manière dont la mémoire peut être utilisée à des fins politiques et sociales qui la transcendent28(*), notamment dans les questions liées à la production des identités collectives (l'on s'intéresse ici à la production du sens, à la manière dont les institutions donnent sens à l'histoire, ce que Paul Ricoeur appelle « la mobilisation de la mémoire au service de la requête d'identité »29(*)), mais encore aux effets de cette utilisation dans ce que Thomas Luckmann appelle le « temps négociable de l'interaction »30(*) (l'on s'intéresse alors aux effets de sens de telles mises en récit dans l'ordinaire des relations sociales).

Cette « mobilisation des systèmes symboliques et de leurs expressions rhétoriques » aux fins de « clôturer l'identité communautaire » (Paul Ricoeur) participe de ce que Marie-Claire Lavabre appelle le « choix du passé »31(*). L'accent est mis sur la mémoire comme « mécanisme d'ajustement du passé au présent » (Valérie-Barbara Rosoux), comme « travail de configuration et de refiguration narrative » qui consiste à « raconter autrement, en supprimant, en déplaçant les accents d'importance, en refigurant différemment les protagonistes de l'action en même temps que les contours de l'action »32(*). Ce qui est visé, ici, c'est « le rôle de l'imaginaire dans les choix collectifs »33(*), et plus encore « le rapport de l'idéologie au processus de légitimation des systèmes d'autorité » (Paul Ricoeur). Selon Marie-Claire Lavabre, « les usages et instrumentations du passé expriment ainsi moins la «mémoire» et «l'identité» [en tant que telles] que la volonté politique qui vise l'adhésion et l'identification »34(*). Il s'agit, avec Pierre Laborie, de « mettre en évidence la manière dont les représentations agissent par l'analyse de leurs fonctions sociales et socio-symboliques » et de « déterminer comment ces fonctions s'articulent avec les logiques de pensée dominantes »35(*). En somme, de « chercher à savoir quelle fonction tient tel ou tel événement, tel phénomène ou telle idée dans l'imaginaire collectif du temps »36(*). La notion de « choix du passé » renvoie ainsi clairement à ce que Pierre Nora appelle « l'économie générale et l'administration du passé dans le présent »37(*) et aux objectifs qui lui sont corrélatifs, à savoir notamment la légitimation de l'ordre social et du personnel politique. Elle obéit à une « logique de la téléologie » dans et par laquelle les exigences du présent donnent visage et sens au passé38(*). De fait, ainsi que le soulignent Bruno Jobert et Pierre Muller en s'inspirant de la notion gramscienne d'hégémonie, « une domination durable implique nécessairement une légitimation, c'est-à-dire l'identification de chacun à un ensemble de symboles et d'interprétation qui la justifie et la rend tolérable »39(*). Le choix du passé doit donc être pensé non pas en rapport avec l'historicité de l'événement mais en rapport avec les représentations qui le constituent comme événement historique, celles-ci bien ancrées dans le présent. Arno Mayer : « Car ce que l'on poursuit avec la valorisation d'une mémoire collective est moins la préservation d'un passé qui s'éloigne inexorablement que son réajustement et sa revivification afin de s'en servir dans les débats politiques d'aujourd'hui et de demain. Nier ou minimiser ces aspects utilitaires de la mémoire collective ou sociale revient à se méprendre sur sa nature »40(*).

Le réel qui nous intéresse ici « est fait d'une part idéelle et d'une part matérielle ; il est le produit de leur interaction »41(*). Les représentations sociales apparaissent ainsi comme « une articulation essentielle entre le fait, les réactions provoquées et leurs conséquences ». Pierre Laborie ajoute : « Elles sont des miroirs qui montrent, qui disent, mais aussi qui agissent. Apparemment attachées à un objet dont elles sont le reflet - les représentations de tel ou tel événement ou problème - elles appartiennent en réalité à un système possédant sa propre cohérence interne, à cet ensemble structuré que forme l'imaginaire social. Ainsi intégrées et reliées, les représentations sociales sont plus que de simples perceptions, plus que des images, plus que des mythes, plus que des idéologies... mais tout en étant aussi cela, dans des proportions et selon des hiérarchies changeantes ». L'imaginaire est « créateur de réalité sociale », il y a une "efficace sociale" de la représentation ou de la reconstruction du passé (le « choix du passé »), qui doit être clairement distinguée de la charge traumatique de l'événement (le « poids du passé »), c'est-à-dire de « ce qui, dans l'événement lui-même, était susceptible de durer et de resurgir une fois la crise passée »42(*), « sur le modèle de la trace, de la marque ou de l'empreinte, de la conséquence de l'événement »43(*).

La sociologie politique du nationalisme a présenté le concept d'identité nationale comme étant le fruit de telles constructions, autour du couplage "histoire / mémoire" : les nations seraient des « traditions inventées »44(*), des « communautés imaginées »45(*) ou "bricolées" à partir de réalités « ethniques » prénationales46(*), des doctrines empreintes d'une certaine religiosité47(*) en même temps que des outils de domination sociale. Ainsi, à travers la formation d'un "sens historique commun", la reconstruction du passé s'intègre à la construction du présent, la fiction historiographique et l'action politique se conjuguent et tendent à s'identifier.

Parallèlement, les historiens se sont attachés à distinguer l'histoire et la mémoire, et à construire la seconde en objet d'étude particulier de la première48(*). « Une nation, c'est une mémoire », écrit Pascal Ory, c'est-à-dire non pas un passé, non pas une histoire, mais une « belle histoire », de celle que les parents racontent aux enfants. Faire l'histoire de la mémoire, c'est faire l'histoire des « fables de la mémoire » et des « silences de l'oubli »49(*). « La mémoire est une forme de rapport au passé dont la cause finale n'est pas la connaissance, la réalité et l'intelligibilité du passé, insiste Marie-Claire Lavabre, mais la vérité du présent, la construction ou le renforcement d'une identité (...) »50(*). Ainsi a-t-on fait entrer l'imaginaire social, « la dimension non cognitive de la connaissance historique »51(*) dans les problématiques de l'histoire contemporaine52(*). « En faisant l'histoire de l'utilisation du passé, écrit D. Quattrocchi-Woisson, on apprend plus des sociétés contemporaines qu'en voulant retrouver une soi-disant vérité historique »53(*).

Il est donc ici question d'une histoire des interprétations historiques et des conflits - notamment politiques - d'interprétation : une histoire au « second degré », en somme (Pierre Nora). Il s'agit de montrer comment et pourquoi l'interprétation ou la falsification du passé peuvent devenir vérité historique : « C'est en étouffant la capacité critique et la réflexion historique des masses que l'idéologie devient force matérielle et socio-politique ». Francis Guibal ajoute : « Elle donne bien une identité substantielle au pays, mais dans une plénitude imaginaire qui ne peut que rejeter à l'extérieur tout facteur de division »54(*). A cet égard, Henry Rousso souligne que « la mémoire (...) remplit une fonction essentielle dans la prise en compte de l'altérité : altérité du temps qui change, en assurant la permanence plus ou moins fictive, plus ou moins réelle du groupe ou de l'individu ; mais aussi altérité du face à face avec d'autres groupes, d'autres nations, d'autres passés, donc d'autres mémoires, en permettant ainsi la distinction, donc la définition d'une identité propre »55(*). L'affirmation de l'identité passe ainsi d'abord par l'affirmation d'une opposition et d'une altérité. Les situations conflictuelles, en particulier, accentuent ces phénomènes de polarisation : les usages du passé et le formatage de l'identité - la sienne propre (construction d'un « soi collectif hypertrophié en fonction d'un appel à une mémoire mythique du groupe »56(*)) et celle que l'on assigne à l'autre (désignation du « bouc émissaire »57(*), désignation / mise à distance de l'ennemi58(*) ou construction d'une « idéologie de statut »59(*)) y apparaissent comme des enjeux politiques majeurs. Ainsi que le souligne Béatrice Pouligny, « il existe des stratégies d'appropriation de l'imaginaire, différents types d'instrumentalisation des récits du conflit, notamment à travers les constructions et usages politiques des figures de l'ennemi »60(*). Ce à quoi Michel Hastings ajoute que « le conflit entraîne une discrimination entre les parties en présence et oblige à choisir son camp. Plus il s'intensifie, plus il se dramatise, plus la séparation symbolique sera brutale. Il y a une surévaluation du groupe d'appartenance et une dévalorisation du groupe adverse »61(*).

Georges Sorel62(*), a défini le mythe comme un réseau de significations et un prisme d'élucidation de l'histoire, en somme une traduction symbolique du réel qui favorise la mobilisation des masses, y compris les mobilisations les plus violentes. Pour sa part, Jacques Sémelin, plaidant non pour le Grand Soir mais pour une « sociologie du passage à l'acte », insiste sur la « levée des inhibitions » préalable au déclenchement des violences de masse, sur le rôle de l'imaginaire comme « opérateur collectif », comme « matrice » du crime de masse, « ce par quoi il monte en puissance »63(*). De la même manière, Mark Levene souligne que, dans certaines situations, « des gens - que parfois même on n'aurait pas distingués du reste de la population dominante - se retrouvent étiquetés non seulement comme différents, mais d'une façon telle que l'Etat, à un certain moment, décide que la seule forme d'action possible est de les éliminer »64(*). Cette construction de l'opposition "ami/ennemi" participe d'un « jeu sur des frontières symboliques », d'un « discours vers l'essence » où les imaginaires « naturalisent » l'affrontement65(*). Plus généralement, Norbert Elias et John L. Scotson soulignent combien « le charisme collectif que l'on s'attribue et la disgrâce que l'on prête aux autres sont partout des phénomènes complémentaires »66(*). Ils ajoutent : « La prétention charismatique du groupe ne joue sa fonction de lien - sa fonction de préservation - qu'en érigeant des barrières hermétiques contre les autres groupes dont les membres sont, selon ce même groupe, à jamais exclus de toute participation à la grâce et aux vertus qu'il se prête. En élevant ainsi les siens, le charisme du groupe relègue ipso facto les membres d'autres groupes interdépendants à une position d'infériorité »67(*).

Ainsi, les récits identitaires sont en même temps - et au sens plein du terme - des « prédictions créatrices », au sens où ces narrations sont porteuses de sens pour les acteurs (y compris pour ceux qui les rejettent) et produisent des effets - qui s'expriment en termes de croyances, de stéréotypes, de préjugés, de mobilisations - dont l'épaisseur et la pérennité doivent être questionnées, et ce « depuis la constitution de l'identité personnelle jusqu'à celle des identités communautaires qui structurent nos liens d'appartenance »68(*). Qu'il s'agisse de mettre en acte des conduites conformes aux préceptes dominants (le processus de « nationalisation » ou de « désignation de l'ennemi » contribue à créer la réalité qu'il postule) ou d'opérer un « retournement du stigmate » (Erving Goffman), de produire des « contre-modèles », le mythe peut être dit « fécond »  (Georges Sorel) en ce sens qu'il fait naître la mobilisation. Les idéologies sont donc également « des schèmes à partir desquels nous agissons »69(*). Partant du théorème formulé par W.I. Thomas70(*), R.K. Merton souligne, dans un chapitre intitulé The Self-Fulfilling Prophecy, que les hommes réagissent non seulement aux caractères objectifs d'une situation, mais aussi, et parfois surtout, à la signification qu'ils donnent à cette situation »71(*). Et il ajoute : « Les définitions collectives d'une situation font partie intégrante de la situation et affectent ainsi ses développements ultérieurs »72(*). De fait, ainsi que le souligne Michel Wieviorka, « lorsqu'on appartient à un groupe faiblement structuré et organisé, il est difficile d'échapper individuellement à la stigmatisation du groupe. L'exclusion, à la limite, façonne chez ceux qu'elle atteint ce qu'elle leur reproche »73(*).

L'identité participerait ainsi d'un processus d'étayage ou d'un « travail de l'écart » sur les significations imaginaires de la société74(*). Dans cette visée d'intégration du monde commun, la formation de l'identité serait ainsi consubstantielle à sa reconnaissance par l'autre75(*). Pour G.-N. Fischer, « l'identité s'échafaude comme une construction représentative de soi dans son rapport à l'autre et à la société. L'identité est ainsi la conscience sociale que l'acteur a de lui-même, mais dans la mesure où sa relation aux autres confère à sa propre existence des qualités particulières ». Et il ajoute : « L'identité, c'est donc le produit des processus interactifs en oeuvre entre l'individu et le champ social, et non pas seulement un élément des caractéristiques individuelles »76(*).

Dans cette même optique, les théories interactionnistes de la déviance, tout comme les théories interactionnistes en général, accordent une attention particulière aux différences dans le pouvoir de définir, à la manière dont un groupe acquiert et utilise le pouvoir de déterminer comment d'autres groupes doivent être considérés et traités, tout en s'attachant à objectiver les moyens par lesquels cette oppression ou ce contrôle (basés sur la manipulation de définitions et d' « étiquettes »77(*), mais encore sur l'élaboration d'une « idéologie de statut », soit « un ensemble d'attitudes et de croyances qui soulignent et justifient la supériorité [du groupe établi] tout en marquant l'infériorité [d'autres groupes interdépendants] »78(*)) acquiert un statut de légitimité « normale » et ordinaire. Ainsi la stigmatisation n'est-elle qu'un aspect d'une relation "installés-marginaux" dont la pièce centrale est un rapport de forces inégal et les tensions inhérentes à cette situation.

Partant, pour Vincent de Gaulejac et Isabelle Taboada Léonetti, « c'est la non-reconnaissance de la place qu'occupe dans la société l'individu ou le groupe qui, dans l'examen des figures actuelles de l'exclusion, constitue le trait le plus pertinent »79(*). A cet égard, Norbert Elias et John L. Scotson, pointant « la dépendance des individus vis-à-vis de la position et de l'image des groupes auxquels ils appartiennent, [et] l'identification profonde des premiers aux seconds dans l'évaluation des autres et dans leur amour-propre », souligne que « les dénigrements qui mettent en jeu la honte ou les sentiments de culpabilité du groupe socialement inférieur par le biais de symboles d'infériorité, de signes d'indignité qui lui sont attribués, et la paralysie de sa capacité de riposte qui les accompagne font partie de l'appareil social grâce auquel les groupes supérieurs et socialement dominants assoient leur empire et leur supériorité »80(*).

Ainsi, ce qui est en cause, ici, à l'articulation des paramètres structuraux, familiaux et psychologiques81(*), et aux confins de l'histoire, de la mémoire et de l'identité82(*), c'est un voyage analytique au coeur de la « violence symbolique »83(*), telle qu'elle est "agie" et telle qu'elle est subie, depuis « la dépossession des acteurs sociaux de leur pouvoir originaire de se raconter eux-mêmes » jusqu'à « la reconquête par ces mêmes agents sociaux de la maîtrise de leur capacité à faire récit »84(*). Dans son étude du stigmate, Erving Goffman nous invite ainsi à considérer de concert « l'histoire de la capacité qu'à un attribut de servir de stigmate » et « l'itinéraire moral de l'individu stigmatisé »85(*). Il s'est surtout attaché à traiter le second aspect ; je m'attacherai autant au premier qu'au second.

* 23 Michel Hastings, « Imaginaires des conflits et conflits imaginaires », Colloque « Conflits, imaginaires, communautés », IEP de Lille, 27 octobre 2000.

* 24 Voir notamment Cornélius Castoriadis, L'institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975 ; Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975 ; Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986 ; Jean-François Bayart, L'illusion identitaire, Paris, Fayard, 1996 ; Pierre Laborie, « Histoire politique et histoire des représentations » in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991.

* 25 Cf. Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990 ; et Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000.

* 26 Gustave-Nicolas Fischer définit la représentation sociale comme « un processus d'élaboration perceptive et mentale de la réalité qui transforme les objets sociaux (personnes, contextes, situations) en catégories symboliques (valeurs, croyances, idéologies) » (Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Presses de l'Université de Montréal, Dunod, 1987, p.118).

* 27 Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.99, 100 et suivantes.

* 28 Ce qu'Arno Mayer appelle « les aspects utilitaires de la mémoire » (« Les pièges du souvenir », Esprit, « Le poids de la mémoire », 7, juillet 1993), et ce que Paul Ricoeur dépeint comme étant la « fonction ostentatoire de l'imagination », ou encore « la dimension pragmatique liée à l'idée d'exercice de la mémoire » (La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.99, 100 et suivantes).

* 29 La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.99, 100 et suivantes ; voir aussi Valérie-Barbara Rosoux, « Les usages de la mémoire dans les relations internationales », communication donnée dans le cadre de la journée thématique « Stratégies de la mémoire », le jeudi 26 avril 2001 à l'IEP de Grenoble.

* 30 Thomas Luckmann, « Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la vie quotidienne », Politix, « Se référer au passé », Paris, L'Harmattan, n°39, troisième trimestre 1997, p.17 à 38.

* 31 M.-C. Lavabre, « Du poids et du choix du passé. Lecture critique du «Syndrome de Vichy» », in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.265 à 278.

* 32 Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.579-580.

* 33 Pierre Laborie, « Histoire politique et histoire des représentations mentales » in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.167.

* 34 Marie-Claire Lavabre, « Lectures critiques. Usages du passé, usages de la mémoire », R.F.S.P., vol.44, n°3, juin 1994.

* 35 Pierre Laborie, « Histoire politique et histoire des représentations » in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.166-167.

* 36 Ibidem.

* 37 Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, tome 2, « La Nation », vol.3, Paris, Gallimard, 1986, p.25.

* 38 Paul Ricoeur, De l'interprétation. Essai sur Freud, Paris, Le Seuil, 1965.

* 39 L'Etat en action. Politiques publiques et corporatismes, Paris, PUF, 1987, p.23.

* 40 Arno Mayer, « Les pièges du souvenir », Esprit, 7, juillet 1993 ; voir aussi Tzvetan Todorov, « La mémoire et ses abus », Esprit, 7, juillet 1993.

* 41 Pierre Laborie, « Histoire politique et histoire des représentations mentales » in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.163.

* 42 Henry Rousso (1987), Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, Paris, Seuil, 1990, p.13.

* 43 Marie-Claire Lavabre, « Du poids et du choix du passé. Lecture critique du «Syndrome de Vichy» », in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.269-270.

* 44 Ernest Gellner, Eric H. Hobsbawn et Terence Ranger, The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1992.

* 45 Benedict Anderdon (1983), L'imaginaire national : réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996.

* 46 Anthony D. Smith, The Ethnic Origins of Nations, Oxford, Blackwell, 1986.

* 47 Anthony D. Smith, « Nationalisme et religion politique » in Féron (Elise), Hastings (Michel), L'imaginaire des conflits communautaires, Paris, L'Harmattan, 2002, p.25 à 40.

* 48 Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.579.

* 49 Pascal Ory, Une nation pour mémoire, 1889, 1939, 1989, trois jubilés révolutionnaires, Paris, Presses de la FNSP, 1992, p.8, cité in M.-C. Lavabre, « Lectures critiques. Usages du passé, usages de la mémoire », R.F.S.P., vol.44, n°3, juin 1994, p.483.

* 50 M.-C. Lavabre, « Lectures critiques. Usages du passé, usages de la mémoire », R.F.S.P., vol.44, n°3, juin 1994, p.487.

* 51 Diana Quattrocchi-Woisson, « Du rosisme au péronisme. Le rôle de l'histoire dans la construction d'une identité nationale », in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.215 à 232.

* 52 Voir par exemple : Pierre Nora, « Mémoire collective », in Jacques Le Goff (dir.), La nouvelle histoire, Paris, CEPL, 1978, p.398 à 401 ; Henry Rousso (1987), Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, Paris, Le Seuil, 1990 ; Pierre Laborie, « Histoire politique et histoire des représentations mentales », in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.155 à 170.

* 53 Diana Quattrocchi-Woisson, « Du rosisme au péronisme. Le rôle de l'histoire dans la construction d'une identité nationale », in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.227.

* 54 F. Guibal, « Sans idéologie ? » , in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.237.

* 55 Henry Rousso, « Pour une histoire de la mémoire collective », in Denis Peschanski, Michael Pollak et Henry Rousso, dir., Histoire politique et sciences sociales, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP, 1991, p.264.

* 56 Jacques Sémelin, « L'imaginaire dans le crime de masse », Colloque « Conflits, imaginaires, communautés », IEP Lille, 27 octobre 2000 ; voir aussi Jacques Sémelin, « Penser les massacres », R.I.P.C., vol.7, n°3, 8 février 2001 ; Jacques Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Seuil, 2005.

* 57 René Girard, La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972.

* 58 cf. Carl Schmitt, La notion de politique. Théorie du partisan, Paris, Flammarion, 1992 ; voir aussi John Crowley, « Pacifications et réconciliations. Quelques réflexions sur les transitions immorales » in Cultures & Conflits, n°41, Printemps 2001, p.75 à 98.

* 59 Norbert Elias et John L. Scotson, Logiques de l'exclusion, Paris, Fayard, 1997.

* 60 Béatrice Pouligny, Groupe de recherche : « Faire la paix : Du crime de masse au peacebuilding », Compte-rendu de la réunion inaugurale du 8 février 2001, p.12.

* 61 Michel Hastings, « Imaginaires des conflits et conflits imaginaires », Colloque « Conflits, imaginaires, communautés », IEP Lille, 27 octobre 2000. Voir aussi Elise Féron et Michel Hastings, « The new Hundred Years Wars », International Social Science Journal, n°177, septembre 2003.

* 62 Georges Sorel (1908), Réflexions sur la violence, Paris, Marcel Rivière, 1972.

* 63 Jacques Sémelin, « L'imaginaire dans le crime de masse », communication donnée dans le cadre du colloque « Conflits, imaginaires, communautés », IEP Lille, 27 octobre 2000. Voir aussi Jacques Sémelin, « From massacre to the genocidal process », International Social Science Journal, n°174, Décembre 2002.

* 64 Mark Levene, « Les génocides : une particularité du XXème siècle », conférence donnée dans le cadre de l'Université de tous les savoirs le samedi 4 novembre 2000 à Paris. Voir aussi Mark Levene, « The Changing Face of Mass Murder. Massacre, genocide and post-genocide », International Social Science Journal, n°174, Décembre 2002.

* 65 A ce sujet, voir Elise Féron, « L'impératif de loyauté : les deux communautés d'Irlande du Nord et la figure de l'ennemi intérieur », Communication dans le cadre de l'atelier sur la figure de l'ennemi intérieur, Congrès de l'AFSP, Rennes, 1999 ; voir aussi Elise Féron, « Le conflit après le conflit. L'Irlande du Nord sur les chemins de la paix », Colloque « Conflits, imaginaires, communautés », IEP Lille, 27 octobre 2000, ainsi que Elise Féron, La Harpe et la Couronne. L'imaginaire politique du conflit nord-irlandais, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2000.

* 66 Norbert Elias et John L. Scotson, Logiques de l'exclusion, Paris, Fayard, 1997, p.183.

* 67 Ibid, p.182-183.

* 68 Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.580.

* 69 G.-N. Fischer, La psychologie sociale, Paris, Seuil, 1997.

* 70 « Quand les hommes considèrent certaines situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences ».

* 71 R.K. Merton (1953), Eléments de méthode sociologique, Paris, Plon, 1965, p.170.

* 72 Ibid, p.172-173.

* 73 Michel Wieviorka, chapitre introductif à l'édition française de l'ouvrage de Norbert Elias et John L. Scotson, Logiques de l'exclusion, Paris, Fayard, 1997, p.182-183.

* 74 Voir Jacqueline Palmade, « L'identité comme travail de l'écart », Éducation Permanente, n°128, 1997 ; voir aussi Thomas Luckmann et la notion de « schème biographique », qu'il définit comme une « toile de fond significative » qui « [ancre] des déroulements temporels de courte portée dans des déroulements temporels de plus longue portée » et « [met] une vie individuelle en rapport avec quelque chose qui transcende le temps de cette vie » ; non pas « de simples mesures de la durée », mais « une mesure «morale» de l'enchaînement des actions ». Ainsi, la reconstruction est consubstantiellement liée à la justification ; elle vise à ramasser l'historicité du groupe d'appartenance en une formule narrative au caractère fortement axiologique (cf. « Les temps vécus et leurs entrecroisements dans le cours de la vie quotidienne », Politix, « Se référer au passé », Paris, L'Harmattan, n°39, troisième trimestre 1997, p.17 à 38). Thomas Luckmann utilise aussi la notion de « temporalités historiques », qu'il définit comme des catégories interprétatives « ayant acquis le statut d'objectivité culturelle » (Ibid).

* 75 Charles Taylor (1992), Multiculturalisme. Différence et démocratie, Paris, Aubier, 1994 ; voir aussi Charles Taylor (1989), Les sources du moi. La formation de l'identité moderne, Paris, Seuil, 1998.

* 76 G.-N. Fischer, La psychologie sociale, Paris, Seuil, 1997, p.162.

* 77 Howard S. Becker, Outsiders, études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié, 1985.

* 78 Norbert Elias et John L. Scotson, Logiques de l'exclusion, Paris, Fayard, 1997, p.91.

* 79 Vincent de Gaulejac et Isabelle Taboada Léonetti, La lutte des places. Insertion, désinsertion, Paris, Desclée de Brouwer, 1997 ; voir aussi Vincent de Gaulejac, Les sources de la honte, Paris, Desclée de Brouwer, 1996.

* 80 Norbert Elias et John L. Scotson, Logiques de l'exclusion, Paris, Fayard, 1997, p.181 et 182.

* 81 Denis-Constant Martin (dir.), Cartes d'identité. Comment dit-on "nous" en politique ?, Paris, PFNSP, 1994.

* 82 Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000.

* 83 Selon Pierre Bourdieu, la notion de « violence symbolique » renvoie et caractérise « tout pouvoir qui parvient à imposer des signification et à les imposer comme légitimes en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa force » (Pierre Bourdieu, Esquisse d'une théorie de la pratique, Paris, Droz, 1972, p.18), soit cette forme particulière de violence « qui s'exerce pour l'essentiel par les voies purement symboliques de la communication et de la connaissance ou, (...) à la limite, du sentiment » (Pierre Bourdieu, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998, p.11-12).

* 84 Paul Ricoeur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil, 2000, p.580.

* 85 Erving Goffman (1963), Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Les Éditions de Minuit, 1975, p.43, 44 et 46.

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