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La CEDEAO dans la crise ivoirienne: 2002- 2007

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par Didier Parfait BAPIDI- MBON
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 en science politique 2010
  

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3-La CEDEAO se remet en scène

L`idée de l`appropriation de la gestion des crises par les organisations régionales justifie en grande partie la distance que la France veut prendre dans le cas ivoirien. C`est pourquoi un consensus de toutes les organisations internationales ayant participé aux négociations inter ivoiriennes de Marcoussis se dégage aisément en faveur de la CEDEAO, afin qu`elle poursuivre sa médiation en Côte d`Ivoire. Le 1er février 2003, juste après le sommet extraordinaire de la CEDEAO à Dakar (Sénégal), le Groupe de contact désormais élargi au

103. SEREQUEBERHAN Hewane, Op.cit., p.328

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Sénégal se rend à Abidjan pour rencontrer le président Laurent Gbagbo et tient informées l`UA et l`ONU.

La résolution 1464 votée à l`unanimité le 4 février par le Conseil de Sécurité des Nations Unies salue les efforts de la CEDEAO, et se félicite des décisions du 26e sommet extraordinaire des chefs d`État et de gouvernement de l`organisation tenu le 31 janvier 2003 à Dakar104. Cette résolution autorise par ailleurs le déploiement de la force de la CEDEAO et de la force française qui la soutient pour six mois105 . Sur place à Abidjan, la situation reste tendue à cause des différences d`interprétations des Accords de Marcoussis et des prétentions des deux principaux acteurs (le pouvoir et la rébellion). Il faudra donc aller une fois encore chercher la paix à l`extérieur, à Accra au Ghana voisin précisément.

a) Les Accords d'Accra II et III

C`est sur invitation du président ghanéen John Kuofor, président en exercice de la CEDEAO que les protagonistes de Marcoussis et le président Gbagbo se rendent à Accra pour s`accorder finalement sur la formation du gouvernement de réconciliation dont deux moutures avaient déjà été rejetées par le chef de l`Etat ivoirien. Le conclave se tient du 6 au 8 mars 2003 et aboutit à ce que certains ont appelé « le compromis d`Accra » : partis politiques, mouvements rebelles (qui se font appeler depuis Marcoussis les Forces Nouvelles) et présidence ivoirienne s`accordent sur la formation du gouvernement. Les pommes de discorde

104. « La Conférence a exprimé sa vive préoccupation face à la persistance de la crise en Côte d`Ivoire. Les Chefs d`Etat et de Gouvernement ont réaffirmé leur décision du 29 septembre 2002 à Accra de privilégier le règlement de cette crise par des voies pacifiques. Ils ont décidé d`apporter leur soutien aux résultats des travaux de la Table ronde sur la Côte d`Ivoire qui s`est tenue à Linas Marcoussis du 15 au 24 janvier 2003 et ont invité les parties concernées à travailler ensemble en vue de mettre scrupuleusement en oeuvre l`Accord qui en a résulté. Les Chefs d`Etat et de Gouvernement ont lancé un appel pressant au Président de la République de Côte d`Ivoire, Son Excellence Laurent Gbagbo pour qu`il s`investisse pleinement dans l`aboutissement du processus de paix. »

105. A son 9e point, la résolution 1464 stipule que, « Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et conformément à la proposition contenue au paragraphe 14 des conclusions de la Conférence des chefs d`État sur la Côte d`Ivoire (S/2003/99), autorise les États Membres participant à la force de la CEDEAO en vertu du Chapitre VIII, de même que les forces françaises qui les soutiennent, à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la liberté de circulation de leurs personnels et pour assurer, sans préjudice des responsabilités du Gouvernement de réconciliation nationale, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques à l`intérieur de leurs zones d`opérations et en fonction de leurs moyens, pour une période de six mois à l`issue de laquelle le Conseil évaluera la situation sur la base des rapports mentionnés au paragraphe 10 ci-dessous et discutera du bien-fondé du renouvellement de l`autorisation.

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que sont l`attribution des ministères de l`Intérieur et de la Défense reviennent à un Conseil National de Sécurité composé notamment des signataires de Marcoussis106.

La dernière étape à franchir avant l`instauration effective du gouvernement de réconciliation nationale dans les termes fixés par les textes fut le transfert de certaines prérogatives de l`exécutif au premier ministre. Conformément à l`article 53 de la Constitution ivoirienne, le président Gbagbo délégua certaines de ses compétences au gouvernement par voie d`un décret signé le 10 mars. Les pouvoirs ainsi attribués à Seydou Elimane Diarra, seize au total, recoupent presque entièrement les missions du gouvernement de réconciliation nationale ainsi qu`elles figurent dans les textes des Accords signés à Marcoussis. Mais cette délégation de pouvoir au premier ministre porte en elle les germes d`un gouvernement clopin-clopant et se retrouvera quelques mois après dans l`impasse, incapable d`appliquer les réformes prévues par l`Accord de Marcoussis. Du fait notamment des accusations de mauvaise foi et de refus d`appliquer ces accords portées par l`opposition et les Forces Nouvelles contre le président Gbagbo. Du fait aussi de la politique de la chaise vide pratiquée par l`opposition et les ex-rebelles qui tergiversent à désarmer. Par exemple, les neuf ministres FN suspendirent leur participation au gouvernement le 22 septembre 2003 pour ne revenir que le 6 janvier 2004. Deux mois après, les FN se joignent à l`opposition et boycottent le gouvernement pendant quatre mois. La manifestation qu`elle organise les 25 et 26 mars 2003 est violemment réprimée par le pouvoir (au moins 120 morts selon l`ONU). Dans la résolution 1479, adoptée le 13 mai 2003, le Conseil de sécurité crée la Mission des Nations Unies en Côte d`Ivoire (MINUCI). Le Conseil de sécurité justifie cette résolution par « l`existence de défis pour la stabilité de la Côte d`Ivoire et considère que la situation en Côte d`Ivoire constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales dans la région107 ». Sur demande du président

106. Le " Conseil de sécurité ", indique le communiqué final, comprendra " le président de la République, le Premier ministre, un représentant de chacune des forces politiques signataires de l`accord de Marcoussis, un représentant des Fanci (Forces armées nationales de Côte d`Ivoire), de la gendarmerie nationale et de la police nationale ". C`est sur proposition de ce conseil que les futurs ministres de l`Intérieur et de la Défense seront désignés par le président Laurent Gbagbo.

107. L` ONUCI aura une durée initiale de 12 mois à compter du 4 avril 2004 et comprendra, en sus de l`effectif civil, judiciaire et pénitentiaire approprié, une force de 6 240 militaires des Nations Unies au maximum, dont 200 observateurs militaires et 120 officiers d`état-major, et jusqu`à 350 membres de la police civile. En coordination avec les forces françaises l`ONUCI sera notamment chargé de : observation du cessez-le-feu et des mouvements de groupes armés ; Désarmement, démobilisation, réinsertion, rapatriement et réinstallation ; appui à la mise en oeuvre du processus de paix ; assistance dans le domaine des droits de l`homme ; information et ordre public.

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Laurent Gbagbo et de la CEDEAO entre autres, la MINUCI deviendra en février 2004 une opération de maintien de la paix : l`Opération des Nations Unis en Côte d`Ivoire (ONUCI).

Face au blocage et aux risques d`escalade, John Kuofor président du Ghana et président en exercice de la CEDEAO et le secrétaire général de l`ONU Kofi Annan, invitent à nouveau tous les participants du précédent sommet à revenir ibidem. En présence d`une dizaine de chefs d`Etat africains dont Thabo Mbeki d`Afrique du Sud et Blaise Compaore du Faso, les forces politiques ivoiriennes vont se réunir du 29 au 30 juillet 2004 pour s`entendre sur ce qui sera appelé les Accords d`Accra III108. Elles disent notamment réitérer leur engagement aux principes et programme de gouvernement contenu dans les accords de Linas-Marcoussis et d`Accra II. Elles ont aussi réaffirmé leur détermination à s`engager résolument dans la voie d`une application intégrale et inconditionnelle desdits accords. Le 9 août, le conseil des ministres se tient avec 41 membres sur 42. Les trois ministres FN limogés quelques mois avant par le président de la république ont été réintégrés dans leurs fonctions. Le processus de sortie de crise paraîtra se mettre une fois sur les rails mais les dissensions ont la peau dure. Le 20 octobre, la CEDEAO tire la sonnette d`alarme et dit exprimer avec préoccupation l'absence de progrès enregistré dans le processus de paix en Côte d'Ivoire. On en était là lorsqu`intervint l`Opération Dignité : l`aviation des FANCI bombarda les villes de Korhogo et Bouake, tuant civils (86 selon les FN) et neuf militaires français109.Violation flagrante du cessez-le-feu, ce bombardement a été condamné à l`intérieur et à l`extérieur du pays. Le 15 novembre 2004, sur proposition de la France, le Conseil de Sécurité vote la résolution 1572 sur les armes en Côte d`Ivoire et un régime de sanctions contre des individus des deux camps considérés comme des obstacles à la paix. Mais, quelques jours avant (le 6 novembre) le président nigérian, Olusegun Obasanjo, président en exercice de l`UA a eu à Ota au Nigeria, des consultations avec la Commission de l`UA et Nana Addo Akufo-Addo, le ministre ghanéen des Affaires étrangères, représentant le président John Kufuor, président de la CEDEAO. Au terme de cette rencontre, le président Thabo Mbeki reçoit mandat du président en exercice de l`UA d`entreprendre d`urgence en Côte d`Ivoire une mission en consultation avec la

108. Accra III revient sur tous les points des Accords antérieurs et notamment les conditions d`éligibilité à la présidence.

109. La riposte de la Licorne détruisit l`aviation ivoirienne au sol à Yamoussoukro. Cette réaction française entraina à son tour de violentes manifestations antifrançaises à Abidjan notamment. Les militaires français tueront pendant ces manifestations 67 personnes, des milliers de blessés seront aussi dénombrés. Plus de 8000 fiançais et environ 2000 autres européens quittèrent la Côte d`Ivoire à la suite ces événements.

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Commission de l`Union africaine, en vue de promouvoir une solution politique110. L'Union africaine qui jusque là avait simplement mandaté un envoyé spécial pour suivre les différentes initiatives de la CEDEAO et les appuyer se saisit résolument du dossier ivoirien. Thabo Mbeki, sera l`artisan des négociations et Accords de Pretoria...

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway